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    Le mois de juin est finalement arrivé, avec ses grandes chaleurs, ses soirées en perspective, et par dessus tout, les examens de fin d'année. Et il faut avouer que même moi, je ne pouvais pas ne pas y passer. Me voilà donc là, nez dans mes bouquins alors que je viens à peine de mettre les pieds en dehors du lycée.
    _ Est-ce que je peux savoir pourquoi est-ce que c'est chez moi que tu as choisi de réviser ? Demanda mon hébergeur pour la fin d'après-midi.

     

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    _ Parce que toi, tu révises aussi, et donc tu ne m'embêteras pas.
    _ Raise aurait pu être à même de te prêter une table et une chaise.
    _ Il est à Saint Louis, je suis obligé de te rappeler combien de fois que Jade est née et qu'il préfère sa fille à sa nièce. C'est normal non ?

     

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    Et oui, j'ai une petite cousine, et je suis trop contente pour mon oncle d'ailleurs. Surtout qu'il m'a choisit pour être la marraine de sa dernière, donc ça me rend encore plus fière que tout ce que j'ai pu faire dans toute ma petite vie. Jade est née il y a deux semaines, et c'est une rouquine, à la plus grande joie de son papa, enfin quelque chose qu'il a réussit à transmettre à ses enfants. Donc, pour l'instant il est au chevet de sa petite famille, et m'envoie des photos régulièrement, pour me donner de leurs nouvelles, et également se renseigner sur ma petite vie tranquille.

     

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    _ Et je suppose que les hormones de future maman de ta chère et tendre mère t'empêchent aussi de travailler tranquillement, je me trompe ?
    _ C'est exactement ça. L'accouchement est prévu pendant mes examens, ça me rend chèvre. Je suis bien mieux ici, et chut j'ai dit, je travaille mon devoir.
    _ Je dis plus rien.

     

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    Un long silence, studieux bien sûr, s'installa entre nous, et discrètement, je me tournais vers la droite, pour y voir celui avec qui je sortais officiellement depuis deux mois en train de préparer du café.. Saint Priam.Je posai alors mon livre sur la table basse et le regardai. Il ne bougeait plus. Aurait-il remarqué mon regard insistant ? Il se ressaisit finalement, remplit deux mugs de café qu'il vint poser sur la table basse avant de s'asseoir à côté de moi.

     

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    _ Il y a un problème ? Me demanda-t-il en me regardant.
    _ Aucun, je me posai juste une question, lui dis-je en prenant le mug et en m'asseyant en tailleur sur le canapé.
    Il fit comme moi, en lâchant un profond soupir, et me regarda, quelque peu inquiet.

     

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    _ Je suppose que je n'ai pas le choix de l'écouter, et encore moins d'y répondre ?
    _ Exactement, fis-je en souriant. Mais je te rassure, ceci est une pure curiosité de ma part.
    _ Vas-y.
    Il soupira une deuxième fois et porta le mug à ses lèvres avant d'en boire une longue gorgée, que je lui laissai le temps d'avaler, ne voulant pas finir couverte de café comme dans les comédies romantiques. J'ai pas de vêtements de rechange ici en plus.
    _ Je voudrais savoir pourquoi tu étais aussi pressant juste avant que je te plaque ?

     

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    Et comme je m'y attendais, il écarquilla les yeux et manqua de s'étouffer avec sa salive. Heureusement que j'ai attendu un peu. Il resta comme ça un petit moment, et finalement se ressaisit, esquissa un petit rire derrière ses joues qui s'empourpraient.
    _ C'est une question piège ? Me demanda-t-il en toussant.
    _ En quoi elle serait un piège ? Je veux savoir, c'est tout. C'est un truc de mec de vouloir coucher avec une fille sans attendre la permission de celle-ci ? Je te jure, je suis juste curieuse. C'est pas comme si notre relation dépendait de ta réponse, au point où nous en sommes …

     

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    _ Tu es devenue plus mature, et je t'assure que c'est pas une question de coupe de cheveux.
    Je souriais, flattée, me joues durent rougir un peu elles aussi sous le coup, mais de mon regard, j'insistai pour qu'il continue. De nouveau, je bus une gorgée de mon café.
    _ C'était complètement ridicule comme raison, et j'en suis vraiment pas fier en plus, me dit-il.
    _ Mais je veux savoir, allez Priam, s'il te plaît.

     

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    _ J'étais jaloux d'Emilien, avoua-t-il finalement en baissant la tête.
    Cette annonce me fit d'abord l'effet d'un choc, que j'encaissais dans la seconde tellement c'était puéril, et je m'esclaffai de rire sous son nez, posant mon mug sur la table basse pour éviter d'en foutre partout. C'est vrai, je voyais mal comment Priam pouvait être jaloux d'Emilien.
    _ Te marre pas, c'est vraiment pas drôle, souffla-t-il en détournant le regard.
    _ Si, ça l'est. T'avais rien à craindre en plus.
    _ Et maintenant ?
    _ Encore moins ! Lui dis-je en grimpant sur ses genoux afin de m'y installer. Mais ça ne répond pas à ma question. Tu étais donc jaloux d'Emilien, donc tu t'es dit « vite, je dois coucher avec Mélie et je ne serais plus jaloux ! » ?

     

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    Il me regarda, blasé, ce qui me fit sourire.
    _ Tu crois quand même pas à cette conclusion complètement débile ? Je veux bien croire que mon raisonnement était totalement bête, mais il était un peu plus réfléchi.
    _ Développe, l'encourageai-je alors.
    _ Eh bien …
    Il se tritura les doigts, tout en évitant bien soigneusement de me regarder.

     

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    _ Je me disais que ça allait t'empêcher d'aller voir ailleurs, voilà.
    Il tourna franchement la tête, et je vis qu'il avait les oreilles rouges, ce qui me fit rire d'autant plus. Je lui attrapai le lobe, et tirait légèrement dessus pour qu'il tourne sa tête vers moi. Et il ne voulait visiblement pas se laisser faire le bougre, et insister ne fut franchement pas aisé.

     

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    _ Ok, ok … J'arrête de rire, c'est promis. Mais ton raisonnement était vraiment pourri, tu sais … Surtout que forcer les choses allait me faire déguerpir à la vitesse de l'éclair …
    _ Ouais, je sais que j'ai vraiment pas géré … mais je me suis excusé hein, alors on peut arrêter d'en parler.
    _ Ouais, on arrête.
    Je souris, l'embrassai furtivement sur la joue avant de descendre de ses genoux et d'empoigner mon livre de mathématiques pour essayer d'apprendre ses fichus théorèmes. Il ne dit rien de plus, se contenta de me regarder, au lieu de réviser pour ses propres examens, et pas besoin de le voir pour le savoir, j'avais une très bonne intuition dans ce domaine.

     

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    Ça ne tarda pas d'ailleurs, puisqu'il glissa sur mes genoux, et y resta sans me déranger pour autant, il avait l'air visiblement heureux de s'être installé ici, et je préférais l'y laisser, il ne m'embêtait pas, et j'appréciais ce contact, alors pourquoi s'en priver.
    _ Mélie ? Me demanda-t-il après plusieurs longues minutes durant lesquelles j'essayais en vain de mémoriser Thalès et autre Pythagore.
    _ Mmh ?

     

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    Je passai mes bras autour de son visage, le serrant contre moi doucement, comme on serrerait une peluche contre soi. J'en avais même abandonné mon ouvrage sur l'accoudoir.
    _ Je t'aime.
    Je me contentai de sourire, avant de glisser un timide moi aussi, heureuse de l'avoir auprès de moi, après toute cette galère pour retrouver le Priam de mon enfance.