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Quelques semaines plus tard...
_ Delphes !! appela Andy depuis sa chambre, posée devant son miroir, devant un problème existentiel : sa tenue.
Ca la faisait rire, ça faisait des mois qu'elle ne s'inquiétait pas pour des choses aussi futiles que ses vêtements ou sa coiffure.
_ Quoi encore ? Demanda Delphes en entrant dans la pièce, seulement emmitouflée dans une serviette de bain, ses cheveux retenus sur sa tête comme elle pouvait.
_ Je sais pas quoi mettre ... avoua-t-elle, piteuse.
Delphes s'approcha de la brunette, levant les yeux au ciel.
_ Ce n'est pas le pape ou Obama qui vient, c'est seulement Jason.
_ J'ai pas envie que ton mari me voit comme la dépressive que je suis.
_ Tu n'es pas dépressive. Et tu es très bien comme ça, t'inquiètes pas. Et il se fiche pas mal du look des gens, tu te présenterais en pyjama que ça le dérangerait pas. Destresse !
_ Tu le connais déjà en plus ...
_ Il va être content de revoir la folle, tu crois ? Rit Andy en se dandinant devant le miroir. Je l'ai jamais aimé ...
_ Il ne te portait pas dans son coeur ...
_ Ces retrouvailles vont êtres splendides dis moi ! Ironisa la brunette.
_ Fais pas ta rabat joie. Mets ce qui te plait, coiffe toi comme tu veux, j'aimerais bien me sécher les cheveux.
_ Oui Madame Miller ! Rit Andy avant que sa soeur ne sorte.
Mais une fois seule, son masque de jeune femme heureuse se fana pour laisser place à un masque terne, sans vie, totalement morne et indifférent.
_ C'est bientôt fini, murmura-t-elle en entreprenant de se coiffer un chouïa.
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♫ Within Temptation - Somewhere
_ Je sors, annonça Kael à sa femme, alors que celle ci était installée dans un canapé du salon du rez de chaussé.
_ Pas de problème, répondit-elle automatiquement, le nez fourré dans son livre.
_ Je serais de retour dans deux heures environ.
_ A tout à l'heure, répondit la femme d'environ cinquante ans sur un ton qui se voulait monocorde.
Kael ne dit rien de plus et sortit de chez lui, sacoche en main, résoudre un épineux problème avec un investisseur de Spencer, qui avait profité de la mort de celui-ci pour s'en mettre plein les poches.
Une fois seule, Elodie ferma son livre vivement, bien qu'elle l'eut pas lu. Juste une façade.
Elle ne voulait pas qu'on l'en empêche.
Parce qu'on ne peut jamais se remettre de la mort d'un enfant, que celui-ci ait cinq ans, vingt quatre ans ou soixante dix ans.
"Perdue dans les ténèbres, j'essaie de trouver le chemin de ta maison
Je veux t'embrasser et jamais te laisser partir...
J'espère presque que tu es au paradis alors personne ne peut blesser ton âme...
Vivant dans l'agonie juste parce que je ne sais pas Où tu es."
Car c'est aux parents de partir les premiers.
Ce n'est pas à eux d'enterrer leurs enfants.
Elle se leva, se dirigea vers la penderie et enfila une veste dans laquelle elle s'emmitoufla.
Elle ferme soigneusement la porte à clé derrière elle, et laissa les clés dans le pot de fleur à côté, pour que Kael puisse les retrouver.
Et elle partit à pied en direction du cimetière, pour lui dire, non pas au revoir, mais à tout de suite.
Car elle s'était décidée.
Elle ne pouvait vivre sans son fils, sans son bout d'elle, l'enfant qu'elle a porté pendant neuf mois, qu'elle a élevé et qu'elle a aimé de tout son être.
Elle resta quelques minutes devant la tombe, essayer de se rappeler ces quelques moments avec son fils, ses joies, ses peines.
Toutes ces petites choses qui l'ont fait tel qu'il était : fier et aimant, à l'image de ses parents, enfin, elle l'espérait.
Son bébé, son petit garçon.
Qu'elle n'a pas prit le temps d'aimer durant ses premières années, qui l'avait repoussée durant son enfance, qui l'avait finalement pardonné.
_ Je t'aime mon chéri, murmura-t-elle avant se retourner, vers la pièce d'eau.
Elle ne savait pas nager.
Un dernier regard aux alentours, vérifier que personne ne sera là pour l'en empêcher, et elle avança, faisant preuve du maximum de courage dont elle disposait.
_ Au revoir Kael, fit-elle en s'enfonçant dans l'eau.
"Où que tu sois, je n'arrêterai pas de chercher
Quelque soit le sacrifice, j'ai besoin de savoir.
Je te trouverai quelque part
Je continuerai d'essayer jusqu'à mon dernier jour
J'ai juste besoin de savoir ce qui est arrivé,
La Vérité libèrera mon âme."
« La plus violente douleur qu'on puisse éprouver, certes, est la perte d'un enfant pour une mère, et la perte de la mère pour un homme »
[Guy de Maupassant - Les contes de la Bécasse]
"Jamais arrêter d'espérer,
Besoin de savoir où tu es.
Mais une chose est sûre
Tu es encore dans mon coeur."
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Il n'est même pas encore seize heures de l'après midi que William ne ressemble déjà plus à rien.
L'oeil vitreux, des cernes énormes, affalé sur un canapé à regarder une énième série, Crash & Burn, pour ne pas changer, les bouteilles de bière s'accumulant à ses pieds.
Non, aujourd'hui, William a décidé de jouer à la loque.
Son job ? Parce qu'il en avait un ? Ah oui, peut-être, il a le loyer à payer.
Sans parler de la bouffe ... Les cartons de pizza qui s'accumulent à ses pieds.
Mais ce n'est pas cet après midi qu'il va faire quelque chose, complètement beurré, il ne peut même plus marcher droit, et bien évidement, célibataire, personne pour le raisonner, et il se laisse alors sombrer entre alcool, tabac, et sexe d'un soir, enchaînant les aventures d'un soir, pire qu'avant son histoire avec Kim.
Parce qu'à l'époque, il avait encore du respect pour toutes ces femmes qui défilaient dans son lit, se montrant affectueux, avec elles.
Mais là, il les sautait sans vergogne dans les toilettes d'établissements plus que douteux, s'en allait et les laissait seules une fois son affaire terminée.
Elles n'avaient rien à dire, selon lui.
Ce sont elles qui le chauffent à longueur de temps dans ces bars miteux, qui ne refusent pas ou ne protestent pas quand celui-ci les entraîne avec lui dans un lieu plus tranquille, bien que ça ne le gênerait pas de le faire sur la table de billard, il est pas à ça près.
Quelqu'un toqua vivement à la porte, ce qui énerva William, qui grogna à qui mieux mieux, signalant sa présence, mais également son mécontentement, il aimerait bien être tranquille, picoler comme un trou, frôler le coma éthylique ...
_ William, ouvre moi !
_ Casse-toi, maugréa-t-il en reconnaissant la voix de son amie d'enfance, Sienna.
_ Non, je me casse pas Will, ouvre moi. Qu'est-ce que tu as à cacher ?
_ Dégage j'ai dit !
_ Je vais défoncer la porte, tu sais que ça ne fait pas peur ...
_ Rien à branler.
_ William Mayers ! Bouge ton cul merde ...
_ Pourquoi je ferais-ça ?
La rouquine se laissa glisser le long de la porte, se recroquevillant, anéantie par la détresse de son ami.
_ Parce que je refuse de te voir te détruire comme ça William. L'alcool n'est pas une solution ...
_ Va te faire sauter par Keningston, et fout moi la paix.
_ Je te foutrais pas la paix, quitte à camper devant chez toi jour et nuit.
_ Dégage.
_ C'est à cause de Julia que tu te comportes comme ça ?
_ Va te faire foutre.
_ Tu crois qu'elle serait fière de toi si elle voyait dans quel état tu te mets pour elle ? Elle serait fière de toi, de voir que son frère est l'individu le plus méprisé de la ville ?
_ Dégage, dit-il, d'une voix qui trahissait un début de victoire pour la jeune femme.
_ Je ne veux pas te voir sombrer Willou, tu m'entends ? Quitte à ce que je m'installe ici pour te faire remonter la pente, je t'aime de trop pour te laisser faire sans rien dire.
La porte derrière la jeune femme grinça, et cette dernière se leva en vitesse, heureuse qu'il daigne enfin sortir de chez lui. L'odeur d'alcool émanait de tous ses pores, mais Sienna prit sur elle avant de croiser le regard inondé de son ami aux cheveux bleus.
_ C'est ma soeur Sienna, souffla-t-il en regardant son amie dans les yeux.
_ Je sais Willou.
_ Je l'aime, comme jamais. Ca veut pas sortir de ma tête.
_ Calme toi, souffla Sienna en le prenant dans ses bras, je vais te sortir de là, je te le promets.
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Justement, la raison première de l'alcoolémie du jeune homme rentrait paisiblement d'une visite de contrôle, sa première depuis le début de sa grossesse, ne voulant pas sortir par peur de Harry, ce qu'expliqua bien sûr Mikael au médecin qui pestait déjà.
Ils s'installèrent tous les deux dans le canapé du salon, devant le feu de cheminé, Mikael affichant un sourire béat depuis ce que le médecin leur avait annoncé.
Ce sera un petit garçon.
Et le jeune homme s'amusait déjà à chercher des prénoms pour ce futur tombeur, puisqu'il avait été décidé qu'il reconnaisse l'enfant, et d'ailleurs, depuis peu, Julia s'affichait avec une bague à la main gauche, demande de fiançailles qu'elle a accepté immédiatement.
_ T'en penses quoi de Nikolas ? Demanda-t-il en la prenant dans ses bras.
La blondinette, encore muette, fit non de la tête, tout en caressant son ventre rebondit. Elle savait ce qu'elle voulait, et pour l'instant, ce n'était pas un prénom pour son enfant qui allait naître dans un peu moins de trois mois, selon les calculs du médecin.
Non, ce qu'elle voulait à l'instant avait vingt ans révolus, était grand, tatoué et les cheveux bleus, s'il n'avait pas changé de coloration entre temps.
William n'avait pas donné signe de vie depuis des semaines, elle n'avait même pas pu lui annoncer ses fiançailles, il n'était au courant rien, et pour cause, il était aux abonnés absent. Bien évidemment, Mikael essayait de détendre l'atmosphère en cherchant un prénom pour son « rejeton », mais rien n'y faisait, ça ne intéressait pas pour l'instant.
_ J'aurais bien aimé une fille, le prénom aurait vite été trouvé, rit-il. Kaitlin, t'aurais pas eu le choix princesse. Ca t'aurait plu ?
Julia décrocha de ses songes, essayant de prendre part aux délibérations vaines de son compagnon, et elle acquiesça en souriant.
_ Ca n'aura qu'à être son deuxième prénom alors, ça nous donne pas le premier. Allez, cherche toi aussi, tu es sa mère, faut bien que tu lui trouves un prénom.
Julia se prit au jeu, écrivant ses idées de passage sur une feuille qui trainait à ses pieds, allant de Chris à Johan, passant par Ty, Samson ou Antoine, aucun n'ayant l'approbation des deux, Mikael optant pour la modernité, Julia pour un prénom classique.
_ On est pas sorti de l'auberge, s'amusa le jeune homme. Il est pas prêt d'avoir son prénom le marmot ...
_ On a encore deux mois pour chercher, hein princesse, on est pas pressés. Enfin, lui en faudra un pour le jour J quand même, on va pas l'appeler Kaitlin.
Julia se mit à rire, se creusant les méninges, en vain. Puisqu'aucun prénom ne semblait lui convenir.
_ On va demander à Will, il aura sûrement une i...
Mika se coupa dans sa phrase, réalisant la boulette qu'il venait de faire, parler de William alors qu'il essayait de tout faire pour que la jeune femme ne pense pas au jeune homme.
Mais au contraire, elle se mit à sourire, car après tout, c'était un moyen comme un autre de le voir directement, de lui annoncer la bonne nouvelle de leur fiançailles.
Et ce fichu prénom ne venait toujours pas !
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_ Tu pars ? Demanda Emilie alors qu'elle venait d'entrer dans la chambre de son futur ex colocataire, qui avait finalement décidé de prendre sur lui pour s'installer avec Marine, après tout, c'est ridicule de paniquer pour une seule et unique erreur de parcours.
_ Oui, et que ça te plaise ou non, pense à te chercher un nouveau coloc', moi, j'ai donné ma part.
_ Je ... mais je veux pas que tu partes moi !
_ Comme si ta seule volonté m'intéressait. Tu veux que je te le dise en vietnamien aussi, que ta présence n'a rien à foutre dans ma vie.
_ Mais, je ... on ..
_ Parce que, pour toi, dès que tu couches avec quelqu'un, il doit te passer la bague au doigt et te couvrir de mots doux ? Mais sors de ton monde mielleux ma vieille, t'as plus trois ans.
_ Et elle est au courant de tes aventures extra-relations ? Demanda-t-elle, voulant lancer une pique.
_ Non, car je n'ai rien fait de mal avec elle.
_ T'as quand même un caractère d'infidèle Nate. T'avais beau dire apprécier Coleen, tu te retrouvais dans mon lit dès qu'elle se barrait.
_ Et alors ? Sérieusement, rien à battre de ce qu'on a pu faire tous les deux. Tu appartiens à ce que j'appelle le passé, tu vois ? C'est fini, je veux plus entendre parler de toi ...
_ T'es qu'un connard !
_ C'est moi le connard ? S'emporta Nate, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Répète un peu pour voir ?
_ T'es qu'un connard , tu tires ton coup et tu te casses !
Vlaf !
Ce n'était pas dans les principes du jeune homme de gifler les femmes, il a horreur de lever la main sur elles, et il ne le fera jamais. Enfin, Emilie est un cas à part, l'exception qui confirme la règle, et il peut bien dire que celle là, elle ne l'a pas volée.
_ Qui c'est qu'est le connard entre nous, je me me le demande ! J'avoue, avec Coleen, j'ai fait une boulette, une erreur. On s'est mis d'accord d'arrêter tous les deux, mais qui est-ce qui rattaque dès que c'est possible, c'est toi que je sache ! Tu te promènes à moitié nue dans la maison, tu me sautes limite dessus dès que c'est possible, et c'est moi qui est un connard, révise ta définition.
_ ...
_ Maintenant, t'es mignonne, je me casse.
_ Tu ... tu comptes repasser un jour ?
_ Même pas en rêve. Je veux plus avoir de contact avec toi. Tu n'existes plus Emilie, je ne sais même pas si tu as sérieusement compté pour moi un jour. On a fait des conneries, ok, j'en ai tiré des leçons, mais toi, apparemment pas.
Dans un élan de désespoir, la jeune femme sauta dans les bras du jeune homme, les larmes roulant abondamment sur son visage.
_ Nate ...
_ Décolle toi Emilie. Marine m'attend ...
_ Tu ne la mérites pas ... Elle a le droit à mieux qu'un connard qui cherche à oublier son ex.