• (29)

     

    Elle ne l'avait pas encore vu de la matinée, si on excluait le petit déjeuner, qu'ils prenaient toujours tous ensemble le samedi matin. Il avait sifflé son bol de café d'une traite, avait embrassé ses deux filles sur chaque joue, puis sa femme tendrement mais très furtivement, avant d'aller s'isoler dans la chambre conjugale, pour ne plus en sortir de la matinée. Journée déprimante en perspective.
    Ses deux filles étaient parties en ville pour la journée, aller acheter une robe pour l'aînée. Et elles ne rentreraient sûrement qu'en début de soirée, pour le dîner. Marine soupira. Son regard balaya la pièce principale de sa maison, vide de toute présence humaine, hormis la sienne. Et elle était encore trop saine d'esprit pour se faire la discussion à elle-même. L'état des lieux ? Fait en deux minutes : sa maison était nickelle. Elle pouvait rayer le ménage de ses occupations. Le repassage : même conclusion. Jardinage : annulé, il pleut sans discontinuer depuis des jours, impossible de faire quoi que ce soit. La télévision, rien de passionnant. Sortir pour aller voir ses amis, impossible : Julia travaille le samedi, Sienna a des copies à corriger qui lui arrivent au dessus de la tête. Sa journée ne sera pas des plus excitantes aujourd'hui. Nouveau soupir.

     

    (29)

     

    Son regard s'arrêta sur l'ordinateur. Lui non plus ne sembla vraiment pas intéressant. Non, ce qu'elle voulait, c'était profiter de l'absence de ses enfants pour passer un peu de temps avec lui, son mari, Nate. Plusieurs semaines qu'il rentre tard le soir, et part tôt le matin. Elle ne sentait sa présence que quand il venait se coucher, mais s'endormait rapidement, sans même lui adresser un mot. Bien sûr que le travail de son époux est important. Il était directeur de sa propre entreprise après tout, qu'il avait monté lui même et fait grandir patiemment. Et maintenant qu'elle avait pris de l'ampleur, cette fichue entreprise devenait pire que n'importe quelle maîtresse, à lui kidnapper son cher et tendre sous son nez, sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit. Elle avait même dû dire adieu à certains projets qu'ils voulaient depuis le début : déménager dans une maison plus grande, partir en vacances en Europe, ou avoir un petit garçon. Et hop ! Tout était balayé, d'une seule traite.

     

    (29)

     

    Elle se contenta alors de s'asseoir sur son canapé. Voilà comment elle passera son samedi : vautrée sur son canapé, une télécommande dans la main et des rediffusions de vieilles séries à la télévision. Et il n'était que onze heures ! Il fallait tenir jusqu'à vingt-trois heures demain soir, ce qui fait donc trente-six heures d'ennui total. Rien que réaliser l'ampleur de son week-end lui donnait déjà envie d'aller au boulot et s'occuper de ces petits bouts de chou.
    Et pourtant, après quelques minutes, qui lui semblèrent interminables, elle entendit la porte de la chambre conjugale s'ouvrir dans un grincement, et le parquet crisser sous les roues d'un fauteuil roulant. D'instinct, elle se redressa, posa la télécommande sur la table basse du salon et se peigna très rapidement à l'aide de ses doigts. Elle fit semblant de s'intéresser à la télévision et aux images qu'elle diffusait sous son nez pour ne pas ressembler à une pauvre âme en perdition, et en mal d'amour, ce serait très mal joué de se montrer délaissée par son époux.

     

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    _ Marine ? Demanda finalement Nate en passant l'arche qui menait au salon rouge.
    Elle ne moufta pas, non, elle était absorbée par sa série. Le nom de la série ? Kyle XY il lui semble, première saison ou un truc dans le genre. En réalité, elle ne sait pas trop, elle ne suit même pas l'intrigue. Non, elle veut se faire désirer, elle veut avoir une once d'importance là maintenant.
    _ Marine, répéta-t-il une nouvelle fois en s'approchant encore plus d'elle.
    Il tendit alors la main pour lui toucher le bras, et à cet instant seulement, elle esquissa un sursaut et se tourna vers lui, feignant la surprise.
    _ Oh, excuse moi, je ne t'avais pas entendu. Tu veux quelque chose ? Demanda-t-elle.
    _ Je sais très bien que tu le faisais exprès, rit-il.
    _ Mais pas du tout, bouda-t-elle légèrement. J'étais très à fond dans ma série, c'est tout.
    Il la regarda, insistant, pendant quelques instants, avant qu'elle ne capitule, n’attrape la télécommande et éteigne la télé. Nate sourit légèrement et vint s'asseoir à côté d'elle sur le canapé.

     

    (29)

     

    _ Bon, d'accord, avoua-t-elle finalement, je m'emmerde, tu es content ? Les filles sont parties faire les boutiques toutes les deux, la maison est nickelle, j'ai plus aucune corvée en cours et tu es devant tes dossiers qui te kidnappent déjà cinq jours par semaine, alors que j'avais espéré profité de ta présence pendant que nous n'étions que tous les deux.
    Nate leva un sourcil, interrogatif, avant de prendre la parole.
    _ « Profiter de ma présence » ? Je peux savoir à quoi tu pensais ?
    _ Fais pas le naïf, Nate, tu sais très bien de quoi je parle. Je dis juste que tu t'occupes plus de ta boîte que de nous ou des filles. Je suis un peu frustrée, surtout qu'on a annulé tous nos projets à cause de ça.
    _ Si tu parles du troisième enfant, tu sais très bien que ce n'est pas la boîte qui nous a empêché de l'avoir, expliqua-t-il.

     

    (29)

     

    _ Comment ça ? Tu insinues quoi ? Que c'est de ma faute ? Attention à ce que tu vas dire Nate. Ce n'est pas parce qu'on a mis quatre ans à avoir Jayn que tout doit être de ma faute.
    _ Est-ce que j'ai dit ça Marine ? Calme-toi …
    Il s'approcha un peu plus d'elle et l'attira contre lui, avant de l'embrasser brièvement sur le front. Elle se calma légèrement, apaisée par cette étreinte qu'elle attendait depuis des mois, et n'aurait quitté les bras de son époux pour rien au monde.
    _ Mais tu as vu notre âge maintenant ? Supporter l'adolescence à plus de cinquante ans, je suis pas sûr d'être capable de le supporter, on a déjà du mal à supporter celle de Jayn qui commence à peine …

      

    (29)

     

    _ Mais on n'est pas si vieux que ça Nate. J'y pense toujours à ce troisième enfant, et puis, imagine si c'est un petit garçon, ce serait bien non ? Je trouve que tu te braques beaucoup trop vite. Ce n'est pas parce qu'on a un peu de mal avec Jayn qu'on aura du mal avec un autre enfant.
    _ Admettons que je dise oui, tu te doutes bien que ce sera à nouveau le parcours du combattant. Il faudra à nouveau courir chez les spécialistes, essayer tout un tas de remèdes miracles, je ne sais combien de fausse couches … Je ne me sens vraiment pas prêt à subir ce calvaire une deuxième fois. On a eu Jayn alors que les médecins nous disaient que ce serait impossible, tu ne peux pas t'en contenter ?
    _ Bien sûr que non.

     

    (29)

     

    Elle se redressa, pour le regarder droit dans les yeux. Comment pouvait-il dire tout ça ? Lui il se la coulait tranquille pendant qu'elle subissait les examens, les traitements et surtout les fausses couches. C'était elle qui souffrait, mais qui avait été la femme la plus heureuse du monde quand elle avait pu voir la bouille de sa fille pour la toute première fois. Et tout ça, même si les médecins l'avaient jugée stérile. Alors non, elle ne perdra pas espoir pour avoir son petit garçon, même si elle doit à nouveau subir tout ça. Ça en valait la peine.
    _ Je n'ai pas envie de me contenter de ça, tant qu'on peut avoir des enfants, je n'ai pas envie d'arrêter d'y croire. Et ne dis surtout pas qu'on est vieux Nate, hors de question ! Si tu n'en veux pas de ce troisième, et bien soit, je te le ferais pas dans le dos si ça peut te rassurer. Mais sache que je n'abandonne pas ce projet pour autant.
    Elle se leva d'un bond, laissant Nate sur le canapé. Elle se dirigea vers le fauteuil adossé à la cheminée pour prendre son sac à main qu'elle posa sur son épaule.

     

    (29)

     

    _ Marine, ne te vexe pas. Reste ici enfin, je m'excuse si j'ai dit quelque chose qui te déplaît.
    _ Ne te donne pas cette peine, je vais aller voir Sienna, je suis sûre qu'elle aura bien un ou deux potins à me raconter entre deux corrections de copies.
    Elle enfila sa veste et sortit de la maison en claquant la porte, bien décidée à cracher tout son venin contre Nate devant une bonne tasse de chocolat chaud chez son amie. Après tout, elle était la seule qui la comprenait quand Nate n'en faisait qu'à sa tête.


  • Au même moment, à quelques rues de là …

     

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    Un mince rayon de soleil passait à travers la vitre barbouillée par la pluie. Et il avait évidemment choisi d'aller directement sur son visage à lui. N'étaient-ils pas deux dans ce lit ? Il aurait pu aller l'embêter elle, non ? Il se tourna alors, pour ne plus avoir le soleil dans le visage pour se rendre compte que sa charmante compagne avait le dos tourné à la fenêtre, et donc au soleil. Il esquissa un sourire et joua avec une mèche folle qui s'était échappée de son chignon. Il resta quelques instants à la regarder respirer, mais ne pouvant se rendormir, il décida finalement de se relever et il s'assit sur le bord du lit.

     

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    La chambre blanche était très claire pour un samedi matin pluvieux. Un temps qui n'annonçait jamais rien de bon pour la suite. Il s'étira quelques instants, et se leva. Son regard fut aussi attiré par le piano droit qui se trouvait juste à côté du lit depuis quelques temps déjà. Un peu moins de trois ans si ces souvenirs étaient bons. C'était le père de la demoiselle qui le lui avait offert dans un vide grenier pour son anniversaire. Mais depuis quelques mois, il était devenu muet, la musique ne l'intéressait plus.
    Il s'approcha de l'instrument, fit glisser ses doigts sur les touches d'ivoire avant de chercher dans un panier au pied du piano, un recueil de partitions. Il les feuilleta toutes avant d'en choisir une, qui lui plairait, il le savait.

     

     

    Juste après – Pauline & Emmanuel Moire

      

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    Un son très léger envahi peu à peu la pièce claire. Connaissant le morceau sur le bout des doigts, Georg risqua de tourner la tête vers Emma, pour voir si elle réagirait à ce morceau, ou à la simple écoute d'un morceau de musique. Il remarqua qu'elle ne bougeait plus de la même manière après quelques notes effleurées, et finalement, elle se tourna vers lui. Son visage encore ensommeillé portait encore les traces des draps.

     

    (31)

     

    _ C'est ta façon de me dire bonjour ? Demanda-t-elle en s'asseyant en tailleur sur le lit.
    Elle attrapa la première tenue qui lui passa sous la main et l'enfila très rapidement.
    _ Pas tout à fait, répondit-il en accélérant le rythme quelque peu. J'essayais plutôt de te réveiller.
    _ Me réveiller ? On est samedi matin Georg …
    _ Et il est onze heures ….
    Il se mit à compter ses notes sur le bout des lèvres, et Emma fit la moue, réalisant ce qui aller se passer.

     

    (31)

     

    _ N'espère même pas que je chante Kaitlin, c'est hors de question, pesta-t-elle.
    Il haussa les épaules avant d'entrouvrir les lèvres.
    _ Elle a éteint la lumière, et puis qu'est-ce qu'elle a bien pu faire, juste après ?
    Georg regarda la jeune rousse avec un léger sourire tout en chantant ces quelques mots. Elle conserva la bouche close, résolue à ne pas chanter. Cependant, quand Georg commença à compter à nouveau du bout des lèvres, elle ne résista pas.
    _ Se balader, prendre l'air, oublier le sang, l'éther, c'était la nuit ou le jour, juste après …
    Elle rougit tout d'un coup, et tourna la tête pour ne pas voir le sourire satisfait de son petit ami, qui poursuivait la chanson, tranquillement.

     

    (31)

     

    Deux trois mots d'une prière, ou plutôt rien et se taire, comme un cadeau qu'on savoure, qu'a-t-elle fait ?
    Un alcool, un chocolat, elle a bien un truc comme ça, dans ces cas là.
    Le registre, un formulaire, son quotidien, l'ordinaire, son univers.
    A-t-elle écrit une lettre ?
    Fini un bouquin peut-être ?
    Une cigarette.

    Progressivement, le visage de la jolie rousse se tourna vers Georg qui l'invita à se rapprocher d'un hochement de tête. Elle esquissa un sourire, qui devint plus franc quand Georg glissa sur le banc pour lui faire de la place. Elle se leva alors, pour prendre place à côté de lui.

    Qu'est-ce qu'on peut bien faire, après ça ?

     

    (31)

     

    Elle posa sa tête sur son épaule, son regard filant sur les touches qu'il effleurait sans peine, comme si ce morceau n'avait même plus besoin d'être réfléchi ou même pensé. Elle buvait le son de sa voix, adorait son timbre et regrettait quelque peu de la gâcher avec la sienne, qui n'avait absolument rien d'extraordinaire, qui était peut-être même bien fausse. Mais elle s'en fichait, il le voulait, non ?

    Elle y est sûrement retournée, le regarder respirer, puis s'est endormie.
    Comment dort cet enfant, si paisible en ignorant, qu'on l'a pleuré jusqu'ici ? Qu'on l'a pleuré jusqu'ici. Qu'on l'a pleuré … jusqu'ici.
    Qu'est-ce qu'on peut bien faire ? Après ça ?
    Après ça …
    Qu'est-ce qu'on peut bien faire ?
    Après ça, après ça, après ça …
    Après ça, après ça, après ça …
    Qu'est-ce qu'on peut bien faire ?
    Après ça, après ça …

     

    (31)

     

    Alors que les dernières notes volèrent dans la pièce, Emma se redressa de l'épaule de Georg et l'embrassa furtivement à la commissure des lèvres
    _ Bonjour à toi aussi JJG, sourit-elle.
    _ Moi c'est Georg, mais merci du compliment.

     

    (31)

     

    Il se tourna vers elle et l'embrassa un plus longuement, sur les lèvres. Il lui caressa la joue du bout des doigts avant de s'éloigner de son visage.
    _ Et c'est comme ça qu'on dit bonjour, surtout que je t'ai offert un magnifique réveil, dont personne ne peut se vanter à part toi. Alors un peu de reconnaissance, ce serait vraiment gentil de ta part.
    Elle rit franchement avant de lui pincer les côtes. Elle se leva du banc du piano pour chercher des vêtements dans sa penderie, pour la journée. Elle sait bien qu'elle ne la passera pas avec lui, puisqu'il a un partiel de quatre heures, de quatorze heures à dix huit heures. Un rendez-vous avec les copines s'était donc imposé.

     

    (31)

     

    Elle ne remarqua pas que quand elle eut le dos tourné, Georg tourna les pages de la partition qui était en place pour en faire figurer une autre. Le morceau préféré de la demoiselle sur ce cahier, sur tous ces cahiers même. Il l'avait vu s'entraîner un nombre incalculable de fois avant de réussir à le jouer à la perfection, puis à le chanter. Malheureusement pour lui, sa petite amie, qui était alors franchement très timide devant lui, n'avait jamais eu le privilège de la chanter devant lui, et il espérait bien corriger cette grossière erreur.
    _ Emy, je vais me doucher, je reviens dans dix minutes.
    _ Pas de soucis, je bouge pas de toute manière.

     

    (31)

     

    Il se leva alors du piano, s'approcha d'elle et de dos, lui attrapa les épaules entre ses grandes mains. Elle eut un petit sursaut avant qu'il ne l'embrasse sur la joue, tout en lui murmurant très discrètement qu'il l'aimait. La jeune femme en rougit alors et ne le vit même pas disparaître par la porte pour rejoindre la salle de bain, qui se trouvait en face.
    Seule avec elle même, elle se tourna vers le piano, quelque peu nostalgique de tous ces moments qu'elle avait passé à jouer dessus. La première raison de cet investissement était l'existence de son petit ami. Elle ne savait pas jouer d'un instrument alors que lui jouait de la guitare, du piano, de la batterie et qu'il savait chanter à la perfection. Déçue de ne pas avoir de capacités musicales, elle avait réclamé ce piano à son père, qui n'avait pas su dire non. Georg avait été son prof pendant de très longues heures, ce qui les avait considérablement rapproché, et finalement, elle s'était prise d'affection pour ce piano. Le son du piano avait envahi la maison pendant de très nombreux mois avant qu'Emma, submergée par le travail qu'elle devait fournir en dernière année de lycée, ne finisse par le rendre muet, jusqu'à aujourd'hui.

     

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    _ Le bougre, souffla-t-elle en y repensant. Qui est-ce qui va pas avoir son diplôme à ce rythme ?
    Elle s'approcha du piano et reconnut la partition qui se trouvait sous ses yeux. Sans même qu'elle ne s'en rende compte, ses doigts jouaient d'eux même dans le vide. Bien sûr qu'elle connaissait cette chanson par cœur, et ses mains s'en rappelaient. Alors elle s'assit sur le banc, et laissa ses doigts courir sur les touches d'ivoire.

     

     

    Pas toi – Tal

     

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    Les premières notes lui firent venir un élan de nostalgie, de regrets aussi. Elle s'en était voulue quelque peu de ne pas y avoir touché durant tout ce temps, alors que cela été presque naturel pour elle d'en jouer. Elle entrouvrit la bouche, ferma les yeux et se laissa emporter par les notes et le texte qu'elle connaissait à la perfection.

     

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    Grave l'écorce, jusqu'à saigner, clouer les portes, s'emprisonner.
    Vivre des songes, à trop veiller. Prier des ombres, et tant marcher.
    J'ai beau me dire, qu'il faut du temps.
    J'ai beau l'écrire, si noir sur blanc.
    Quoi que je fasse, où que je sois, rien ne t'efface, je pense à toi.

     

    (31)

     

    Passe les jours, fille de Sion. Dans la raison, mais sans amour.
    Passe ma chance, tourne les vents. Reste l'absence, obstinément.
    J'ai beau me dire, que c'est comme ça.
    Que sans vieillir, on n'oublie pas.
    Quoi que je fasse, où que je sois, rien ne t'efface, je pense à toi.
    Et quoi que j'apprenne, je ne sais pas. Pourquoi je saigne, et pas toi.

     

    (31)

     

    La porte de la chambre s'entrouvrit, laissant apparaître une tête rousse, aux cheveux longs et aux yeux gris clair. Sienna écoutait attentivement sa fille, alertée par le son du piano. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire empli de fierté pour sa fille.

     

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    Y'a pas de haine, y'a pas de roi. Ni dieu, ni chaîne, qu'on ne combat.
    Mais que faut-il, quelle puissance, quelle arme brise l'indifférence ?
    Oh c'est pas juste, c'est mal écrit, comme une injure, plus qu'un mépris.
    Quoi que je fasse, où que je sois, rien ne t'efface, je pense à toi.
    Et quoi que j'apprenne, je ne sais pas. Pourquoi je saigne, et pas toi.

    Et pas toi, et pas toi ….
    Et pas toi.
    Et pas toi, et pas toi, et pas toi …

     

    (31)

     

    Georg était revenu depuis quelques secondes, et s'était approché de Sienna. Emma quant a elle, était restée assise au piano, sans rien jouer d'autre, visiblement ailleurs. Sienna se tourna alors, et remarqua Georg. Elle lui sourit.
    _ Merci beaucoup, dit-elle. Je savais que tu la ferais rejouer. Matt en sera heureux aussi.
    _ Pas besoin de me remercier, ça me manquait à moi aussi.
    Elle le gratifia d'un deuxième sourire avant de rejoindre sa chambre, et permettre à Georg de rejoindre Emma. Il indiqua sa présence en fermant la porte un petit peu plus bruyamment que de coutume. Emma fit volte-face avant de remarquer qu'il ne s'agissait que de son petit ami.

     

     

    (31)

     

    _ Tu as entendu, dit-elle après quelques secondes alors qu'il s'était assis sur le canapé juste derrière le piano. Ça devait être immonde.
    _ Bien sûr que non, tu as une voix superbe, je te l'ai déjà dit.
    _ T'es pas objectif, bouda-t-elle. De toute façon, tout ça, c'était qu'un piège pour me remettre dans la musique, c'est très vil. Tu sais que si j'ai pas de mention très bien, papa me refuse mon road trip, et je veux vraiment partir Georg …
    Georg se releva et s'empressa de l'embrasser pour l'empêcher d'en dire plus. Bien naturellement, elle ne dit pas un mot de plus, et se contenta de rougir comme une collégienne.

     

    (31)

     

    _ Ce sont tes parents qui m'ont demandé il y a quelques temps de te remettre au piano. Alors calme-toi Emma. Ça leur manquait, et faut avouer, que moi aussi.
    _ Mais ça ne me sert à rien de jouer au piano. Ça ne va pas me faire décrocher mon diplôme, ou un travail. Je ne m'appelle pas Georg-Kaitlin Mayers, je ne veux pas vivre de la musique.
    _ Tu sais très bien que moi non plus, Emma, bouda-t-il.
    _ Mais toi, tu es doué. Si tu pouvais, je sais que tu monterais ton groupe à toi tout seul, et ne dis pas le contraire. Tu écris des chansons Georg, ne me dit pas que c'est rien. Tu peux en vivre, tu es doué, répéta-t-elle.
    Il esquissa un léger sourire devant la naïveté de sa petite amie et préféra s'asseoir à côté d'elle, à cheval sur le banc du piano. Elle tourna la tête vers lui.

     

    (31)

     

    _ Et quand je serais célèbre, en tournée ou attaqué par des fans, où est-ce que je trouverais le temps pour être avec toi ? Cette vie ne m'intéresse pas, puisque de toute manière, elle m'éloignerait de toi.
    Emma hésita un instant devant ce que venait de lui dire Georg. Elle ne savait pas trop comment l’interpréter. Prêt à sacrifier une éventuelle carrière à succès pour sa simple petite amie, elle n'était que sa petite amie, pas sa fiancée, pas sa femme, pas la mère de ses enfants. Non, juste sa petite amie, quelqu'un avec qui il pouvait rompre sans souci.
    _ Et pour revenir à ton piano, tu devrais en jouer plus souvent, où il prendra la poussière et s'abîmera. Je ne pourrais pas toujours te l'entretenir.
    _ Promis, je ferais des efforts, dit-elle en essayant d'oublier ses doutes pour les quelques minutes qui lui restaient en sa compagnie.

     

    (31)

     

    A la place, elle préféra se rapprocher de lui. Elle glissa sa main contre son cou et l'embrassa tendrement avant de lui souhaiter une bonne journée et bonne chance pour la réussite de ses examens. Il fit son habituel sourire de vainqueur, et se leva, attrapa son sac avant de quitter la chambre de la demoiselle, la laissant seule sur le piano.
    _ Qu'est-ce que tu me caches ? Murmura-t-elle pour elle même en attrapant son recueil de partitions et d'en tourner les pages distraitement.

     

     

     

     


  • (31)

     

    Finalement, An avait accepté un peu plus tôt dans la journée de sortir avec Gabe pour le bal du lycée de sa petite sœur. Sortir, « faire les chaperons » est un terme un peu plus exact pour qualifier leur situation. Le bal aurait lieu d'ici une dizaine de jours, et An se désolait de n'avoir rien à se mettre sur le dos pour l'occasion. Après tout, ayant été malade lors de son bal de lycée à elle, elle voulait au moins avoir le mérite d'en profiter, même si elle ne fera pratiquement que de la surveillance. Et puis, cela fera plaisir à Gabe, et peut-être pourrait-elle reconsidérer son offre de sortir avec lui. Oui, enfin, avec un très grand « peut-être » et tout plein d'autres adverbes se rapportant à l'hypothétique hypothèse.

     

    (31)

     

    Elle avait donc finalement décidé de faire une après-midi shopping avec sa petite sœur de onze ans, Jayn. Mais l'après-midi s'éternisait et An ne trouvait absolument rien à se mettre sur le dos. « Une robe rouge » qu'elle disait, puisque le rouge était la seule couleur qu'elle portait en abondance et dans laquelle elle se sentait à son aise. Mais les étals ne possédaient que du noir, du lilas, du rose bonbon, du bleu électrique, mais pas la moindre trace de rouge.
    _ C'est parce que ça fait prostituée, avait clamé très sereinement Jayn à une énième supplique de sa sœur.
    _ Eh ! Où est-ce que tu apprends ça toi ?
    An écarquilla les yeux devant sa petite sœur, habituée à la voir régir comme n'importe quelle autre petite fille de dix ans ou moins.

     

    (31)

     

    _ Bah au collège, j'ai pas six ans hein, souffla-t-elle en regardant les portiques et en bougeant quelques robes des cintres.
    _ Et donc, tu insinues que j'ai l'air d'une « prostituée » parce que je porte du rouge ?
    _ Non, toi ça te va bien, et puis tu es jolie, pas comme les prostituées. Elles ressemblent à des Barbies passées au micro-ondes.

     

    (31)

     

    An ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer. Jayn avait débité cette phrase avec tellement de sérieux que c'en était complètement déroutant. An était restée quelques secondes à regarder sa petite sœur devenir une jeune fille, une adolescente. Quand avait-elle donc pris autant d’assurance ? Il lui semblait pourtant qu’elle était, à son âge, encore une enfant, au moins mentalement. Elle jouait encore aux poupées, adorait son père et réclamait à sa mère de rester dormir avec elle, parce que « c’est mieux que de dormir seule, et puis Papa il ronfle ». Mais Jayn était passée à côté de tout ça, elle était devenue une vraie ado, elle répondait même à ses parents quand quelque chose ne lui plaisait pas. Marine et Nate allaient avoir du fil à retordre avec cette petite effrontée, et An était heureuse de devoir bientôt quitter le nid pour ne pas assister à tout ça.

     

    (31)

     

    Alors que ses pensées vagabondaient, Jayn en avait profité pour filer à l’anglaise jusqu’aux rayons qui l’intéressaient : ceux des jeans et des tee-shirts. Car comme toute ado qui se respecte, il fallait bien rester habillé correctement, cela va sans dire. An la trouva du regard en quelques secondes, et voyant que cela ne craignait rien, elle retourna à sa chasse à la robe parfaite. Après quelques instants, son téléphone vibra dans sa poche, et elle lâche une robe qu’elle pinçait entre ses doigts pour découvrir qui chercher la joindre. Un texto envoyé par une de ses amies, et pas des moindres : Zhoo.
    « Hey ! T’es chez toi Anie ? J’ai besoin de soutien de fille célibataire là !! »
    An esquissa un sourire devant ce message. Elle savait très bien ce qu’il se passait. Ce qu’il s’était passé même. Zhoo, célibataire depuis toujours, cherchait en vain un moyen de rencontrer le prince (ou la princesse) de ses rêves. Alors elle allait à des rendez-vous arrangés, des rendez-vous avec des amies de lycées qui invitaient des gars d’autres lycées (un vrai petit gôkon japonais), et trainait constamment sur internet.

     

    (31)

     

    « C’était pas le gôkon cet aprem ? » répondit aussitôt la brunette en se rapprochant de sa jeune sœur qui venait d’entrer dans une cabine d’essayage.
    _ Jayn ! Tu sais bien que je n’ai pas la carte de maman aujourd’hui, alors tu ne t’achèteras pas de fringues. Sort de là, tu vas te faire du mal.
    _ Je peux bien m’amuser un peu ! bougonna-t-elle depuis sa cabine sans en sortir pour autant.
    _ Très bien, amusons nous, sort de là. Je veux voir ce que donnent tes trouvailles.
    Au même moment, le téléphone portable de An manifesta un nouveau message en vibrant depuis le fond de sa poche. Elle le tira de sa poche pour lire le message qui était affiché.
    « Ouaip. Ca a foiré. On peut se voir ? »
    « Je veux bien moi, mais je suis en shopping avec Jayn. Tu nous rejoins ? »

     

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    _ Zhoo va nous rejoindre, dit-elle ensuite à la cabine d’essayage puisque sa sœur n’avait toujours pas daigné sortir de là. Ca te dérange ? Je te paye même le goûter, tu vas pas me refuser ça quand même.
    Jayn sortit finalement de la cabine, portant sa tenue et ayant laissé ses essayages sur le crochet de la cabine. Elle se contenta d’hausser les épaules en regardant sa sœur.
    _ On va plus s’amuser qu’à nous deux, et puis de toute manière, je trouverai pas de robe. Peut-être que Zhoo nous donnera un coup de pouce. Fais pas ta tête de pioche …

     

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    _ Quoi, j’ai rien dit ? gronda-t-elle en soupirant longuement.
    _ Justement, je voulais entendre ta jolie voix approuver la venue de Zhoo. Alors ?
    _ Bah oui, de toute tu sais que Zhoo je l’aime bien, souffla-t-elle finalement. Mais c’est moi qui choisit où on va. Et ce sera pas au Starbucks !
    An ne put qu’accepter sa décision, alors que le Starbuks était son pôle caféine attitré tout comme celui de ses amies. Mais si Mademoiselle Jayn ne veut pas y aller, et bien, elles iront ailleurs. Jayn attrapa ses affaires dans la cabine, sous le regard noir et autoritaire de sa sœur, pour aller les ranger à leur place tandis qu’elle répondait à son amie.
    « Okay. On se retrouve au café à l’angle de la cinquième. Ca te convient ? »
    « Nickel ! Je suis là dans …. Maintenant ! »

     

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    _On se magne Jayn ! annonça An en sortant du magasin tout en prenant la direction du café où Zhoo les attendait.


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    _ Soit il te trompe et il essaie de te le faire comprendre subtilement, soit il veut t'épouser avant ton road trip car il a peur de te voir prendre le large, célibataire, à la rencontre d'hommes encore plus beaux que lui. En même temps, vu la tronche de ton chéri, c'est pas difficile de trouver mieux, surtout d'un point de vue capillaire.
    _ Sasha ! Gronda Emma, rouge tomate devant la réflexion de son amie.

     

     

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    Emma avait rejoint quelques amies en ville cet après-midi là, n'ayant d'autre choix pour aller en ville, puisque Georg était toujours en salle d'examen à plancher sur elle ne sait quel bâtiment français. De plus, cette sortie entre filles lui faisait le plus grand bien. Elle en avait besoin, d'emmagasiner le plus de temps possible avec ses amies de lycée avant de partir un an à l'autre bout du monde.
    Oui, car Emma avait décidé, il y a déjà deux ans de cela, de partir à l'aventure, en roadtrip, avant d'entrer à la fac. Cette jeune femme casanière avait décidé de quitter le nid, de voler de ses propres ailes et de découvrir le monde avant de se retrouver coincée dans un appartement, derrière une table à la fac, ou avec un enfant dans chaque bras. Bien évidemment, elle partait « seule », sans aucun proche. Pas de frère jumeau, pas de petit ami, pas d'amies. Elle avait besoin d'indépendance, et rencontrerait des gens, se ferait des nouveaux amis par elle-même. Et puis, au bout d'un an, elle reviendrait et reprendrait sa vie comme elle l'avait laissée. Du moins, c'est ce qu'elle avait calculé. Car un point noir subsistait sur le tableau. Un adorable point noir qui se trouvait encore dans son lit il y a quelques heures : Georg.

     

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    Il était la seule personne qui la faisait douter. Même si depuis le début, il l'encourageait du mieux qu'il pouvait, il avait même convaincu le père de la jeune fille que beaucoup de jeunes faisaient aujourd'hui un tour du monde par eux même avant d'entrer dans la vie adulte. Il avait été son porte parole, l'avait même aidé à programmer ses escales. Mais il était aussi celui qui devra l'attendre, qui ne verra pas passer cette année, et qu'elle abandonnera. Elle avait plusieurs fois pensé à l'idée de rompre avec lui juste avant le départ, pour lui rendre sa liberté, mais jamais elle n'a pu s'y résoudre. Le voir dans les bras d'une autre la répugne au plus haut point, et se dire que c'est parce qu'elle l'a plaqué à des fins « pratiques » que tout cela se produirait, lui donne encore plus mal au cœur, dans les deux sans du terme. Alors, d'une certaine manière, ce que venait de lui dire Sasha sur la demande en mariage la rassurait, même si c'était franchement peu crédible.

     

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    _ Georg ? Se marier ? Ok, je suis désolée de devoir te dire ça, mais ton mec n'est vraiment pas le type qui donne l'impression d'avoir envie de s'engager, s'esclaffa la deuxième jeune femme qui accompagnait la future aventurière.
    _ Tu ne me vexes pas du tout Lori, je suis d'accord avec toi à deux cents pour cent. Il refuse même d'avoir un porte clé en commun avec moi. Alors de là à m'épouser et afficher une bague en commun, c'est vraiment aller loin. Et puis, c'est pas à lui d'avoir peur, mais plutôt à moi.
    _ T'as pas confiance en lui ? Demande Sasha en se tournant vers elle.
    _ C'est un mec à qui je vais demander de m'attendre pendant un an. Avant de sortir avec moi, il avait une nouvelle copine à chaque soirée, alors un an sans copine à côté de lui, oui, j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer, avoua-t-elle.

     

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    _ Et si tu croises un type avec lequel tu bivouaques, que le courant passe super bien, et que …
    _ Je t'arrête tout de suite, c'est complètement impossible. Je me sens incapable de lui faire ça
    _ Que tu dis, mais bon, Chris Hemsworth en short de rando, je dis pas non moi, songea Lori à voix haute.
    Emma lâcha un profond soupir. Chris Hemsworth ne fera jamais de roadtrip seul, ce serait trop risqué pour son joli minois. Soyons rationnels. Emma porta machinalement son soda a ses lèvres en laissant ses amies discuter de la probabilité que le dieu Thor débarque et joue du marteau devant elle. Et puis de toute manière, elle ne se sentait pas capable d'avoir quelqu'un d'autre que Georg dans sa vie. C'était peut-être illusoire, il était son premier amour et sa première expérience amoureuse, et elle sait bien qu'il ne faut jamais se fier au premier. Après tout, il existe peut-être quelque chose de mieux encore avec quelqu'un d'autre, mais elle était tellement comblée de sa situation qu'elle n'envisageait même pas la possibilité de vivre avec quelqu'un d'autre.

     

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    _ Et si, il cherchait à me retenir plutôt, pensa-t-elle avant de se rendre compte qu'elle venait de prononcer ces mots tout haut.
    _Te retenir ? S'enquit Lori.
    _ Oui. Il m'a toujours soutenu pour mon roadtrip, il trouvait que ce serait bien pour moi, mais il ne m'a jamais dit ce qu'il en pensait pour lui. Peut-être qu'il ne veut pas me voir partir, et qu'il se trouve égoïste de le penser et qu'il ne me dit donc rien, débita-t-elle.
    _ Ce serait étrange, il t'aurait carrément dit « n'y va pas », tu nous disais qu'il était du genre super franc ton Georg.
    _ Très fier aussi, souffla-t-elle. Il n'avouera jamais avoir besoin de quelqu'un. Il m'a fait rejouer au piano, la musique c'est le seul truc qu'on ait réellement en commun, j'ai tout fait pour qu'il ne partage ça qu'avec moi. Je jouais plus, je m'éloignais de lui d'une certaine manière, et il veut que je revienne, que je reste …

     

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    _ C'est complètement alambiqué ton histoire.
    _ Georg est du genre tordu, alors ça marcherait. Mais je pense qu'il y a autre chose, enfin …
    _ Il te trompe, c'est ça ton « autre chose », ré-attaqua Sasha.
    Emma lui lança un regard noir, n'appréciant pas du tout ce genre de remarque sur son couple. Elle ne supportait pas que l'on puisse sous entendre que quelque chose n'allait pas entre eux, et qu'ils allaient voir ailleurs aux sus et aux vues de tout le monde.
    _ Peux-tu arrêter de l'emmerder avec ça ? Bougonna Lori en regardant Sasha. Tu verras tiens, quand ton mec te trompera, tu ne rigoleras plus comme aujourd'hui.

     

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    Elle se tourna alors vers Emma, un sourire compatissant sur son visage de poupée.
    _ Le mieux, c'est que tu lui parles, non ? Tu lui dis que tu doutes, que tu as peur de partir et de le laisser, de lui rendre sa liberté, que l'histoire du piano t'a perturbée, il ne va pas te laisser dans l'incompréhension la plus totale non plus.
    _ Tu as raison, sourit la jolie rouquine, tout de suite un peu plus rassurée.

    _ Et puis, il te trompera pas. Ça se voit dans son regard qu'il t'aime comme un fou, t'as rien à craindre. T'as rien à craindre à aller lui parler. De toute manière, qu'est-ce qu'il pourrait t'annoncer de terrible ?