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    Cela faisait quelques jours que Georg était arrivé dans son nouvel univers. Nouveau continent, nouveau pays, nouvelle ville, et surtout, nouvelle langue. Il avait choisi la petite ville de Bergerac comme point de jetée. Après tout, pourquoi pas ? Il était dans le Sud de la France, dans une région baignée de soleil assez régulièrement où les étés pouvaient être très agréables. Ce serait un avant goût des vacances, toute l’année. – attendez qu’il y découvre l’hiver, il ne chantera plus la même chanson – bien que ce soit moins glacial que le Nord des États-Unis actuellement.
    Le choix de cette ville n’est pas vraiment innocent. Elle lui a été soufflé par son meilleur ami, Camille, quand celui-ci lui disait que la France était un pays plutôt classe quand on étudiait les Beaux-Arts. Pour la ville, encore une idée du jumeau Philips, puisque un de ses amis virtuel est de la région de Bergerac, d’un petit pays perdu à côté. Alors finalement, il avait embarqué pour cette ville, après avoir fait de nombreuses recherches sur internet, et c’est ainsi qu’il avait découvert le potentiel inespéré de cette commune, notamment sur le domaine musical, une raison supplémentaire de venir voir ce qu’il s’y passait.

     

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    Ici, se trouvait un groupe de musiciens, un peu marginaux mais qui faisaient la fierté de la ville et dont leur notoriété commençait à poindre doucement. Une notoriété qui avait engendré de nouvelles vocations autour de la ville, et d’autres groupes se formèrent, pour tenter leur chance. Ce groupe presque célèbre s’appelait Alive! – s’il avait bien tout retenu – et étaient les principaux occupants de la salle de spectacle de la ville, le Rocksane. Une scène qu’ils ne quittaient presque plus, mais pour laquelle ils avaient la volonté de se battre, contre d’autres groupes locaux. La règle est simple : deux groupes, un applaudimètre et le gagnant remporte la salle, jusqu’à la prochaine battle. Et ce groupe, ces Alive! n’étaient toujours pas descendus de leur trône, malgré la forte concurrence et le potentiel des autres, dans des styles bien différents. Deux groupes se battaient constamment pour le titre, en vain : Osmose pour l’un plutôt pop-rock, et l’autre, Ephéméria, plutôt Hard-Rock.
    Bien évidemment, le jeune homme avait aussitôt cherché un moyen d’assister à ces concerts, en vain, puisque les billets sont introuvables, tout a été vendu en très peu de temps – la salle doit être petite qu’il se disait alors, ce n’est pas possible autrement – et qu’ils se trouvaient actuellement et jusqu’en septembre, en pause estivale. Bref, aucun moyen d’y accéder, à la plus grande déception du jeune homme. Et bien il attendra, se disait-il, jusqu’au prochain concert où il se ruera sur un ticket.

     

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    Il n’avait que deux mois à attendre après tout, ce ne serait pas si long que ça. Il aurait de l’occupation de toute façon. Il devait se réinscrire à la fac en étudiant à distance, faire le tour de la région, se perfectionner en français, parce que bien que sa tante, Marine, qui est canadienne ancien résidente française, et son oncle Nate, fuyard en France, lui aient appris les bases de la langue, ce n’était pas la fluidité de son langage qui risquait de l’étouffer. Emma était bien plus douée que lui quand il était question de parler en français quand ils avaient leur leçons chez les Handers.

     

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    Il soupira longuement tout en poussant la porte de son nouvel appartement, un peu à l’extérieur de la ville. Celui-ci était presque vide, avec le strict nécessaire et la décoration ne semblait composée que de cartons. Georg accrocha ses clés au clou posé à côté de la porte avant de se vautrer sur le canapé de la pièce, son regard filant directement à sa fenêtre, sur son balcon, où les nuages blancs commençaient à parsemer ce magnifique ciel bleu d’été.

     

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    Cela faisait seulement quelques jours qu’il était là, et la solitude lui pesait déjà, jamais il n’aurait cru qu’elle puisse être présente à ce point. L’appartement était constamment silencieux, et ce même quand il allumait la radio ou la télévision. Le son n’arrivait pas à emplir la pièce, il se sentait presque perdu au milieu de tout ça. Comme si les ondes sonores l’évitaient pour aller s’écraser sur le mur derrière lui. Les cris de ses parents lui manqueraient presque, ils avaient au moins le mérite de casser la monotonie constante de son quotidien, même s’il cherchait un moyen de les masquer. Sa sœur qui cherchaient absolument un moyen pour venir l’emmerder, cela lui manquait aussi.
    Mais par-dessus tout, Emma lui manque. Cela faisait plus de quatre ans qu’il étaient constamment l’un sur l’autre, même s’ils ne se voyaient pas. Il savaient qu’elle était là, deux rues plus loin, et ça lui suffisait finalement.

     

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    Et maintenant ? Il s’était totalement bercé d’illusions, il espérait vraiment que Emma accepte son choix, qu’elle le comprenne. Jamais il n’aurait pensé rompre avec elle, enfin, qu’elle ne rompe avec lui. Il les avaient peut être idéalisés, ils n’étaient pas si parfaits que ça, ils n’étaient pas THE couple, eux aussi avaient leurs failles. La distance en était une, et voilà où cela les a amenés. Séparés par des milliers de kilomètres, par un océan … Avec la probabilité de ne plus se recroiser, du moins, avant de nombreuses années…

     

    Set The Fire To The Third Bar - Snow Patrol

     

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    I find the map and draw a straight line || Je trouve la carte et y dessine une ligne droite
    Over rivers, farms and states lines || A travers les rivières, les fermes et les frontières d’états
    The distance from here to where you’d be || La distance entre ici et là où tu devrais être
    It’s only finger lenghts that i see || Ce n’est qu’une courte distance pour mes yeux

     

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    I touch the place || Je touche l’endroit
    Where I’d find your face || Où je trouverais ton visage
    My fingers increases || Cette distance s’accroît
    Of distant dark places || Par de sombres et lointains endroits

     

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    I hang my coat up in the first bar || J’accroche ma veste dans le premier bar
    There is no peace that I’ve found so far || Il n’y a pas la paix que j’ai si longtemps cherché
    The laughter penetrates my silence || Le rire entre dans mon silence
    As drunken man find flaws in science || Comme un homme ivre cherchant des défauts dans la science

     

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    Their word’s mostly noises || Leurs mots ne sont que du bruit
    Ghosts with just voices || Des fantômes avec juste des voix
    Your words in my memory || Tes mots dans mes souvenirs
    Are like music to me || Sont comme une musique pour moi

     

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    I’m miles from where you are || Je suis à des miles de toi
    I lay down on the cold ground || Je gis par terre, sur le sol froid
    I, I pray that something picks me up || Je, je prie pour que quelque chose me relève
    An sets me down in your warm arms || Et me ramène dans la chaleur de tes bras

     

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    After I have traveled so far || Après avoir voyagé aussi loin
    We’d set the fire to the third bar || Nous mettrons le feu au troisième bar
    We’d share each other like an island || Nous prendrons soin de l’autre, comme sur une île
    Until exhausted, close our eyelids || Jusqu’à ce qu’épuisés, nous fermons nos paupières

     

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    And dreaming, pick up from || Et rêvant, nous nous relevons
    The last place we left off || Du dernier endroit que nous avons laissé
    Your soft skin is weeping || Ta peau douce répand
    A joy you can’t keep in || Une joie que tu ne peux pas garder en toi

     

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    I’m miles from where you are || Je suis à des miles de toi
    I lay down on the cold ground || Je gis par terre, sur le sol froid
    I, I pray that something picks me up || Je, je prie pour que quelque chose me relève
    An sets me down in your warm arms || Et me ramène dans la chaleur de tes bras