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    Robbie et Xander venaient juste de descendre d’un immeuble du centre-ville de Houlton. Plutôt bien placé, celui-ci se trouvait juste à côté d’un parc et à proximité de différents commerces. Ces atouts en faisaient l’appartement idéal pour leur déménagement. Et ils venaient justement de signer le bail de location quelques instants plus tôt auprès de l’agent immobilier. Celui-ci venait à l’instant de les laisser au pied de l’immeuble pour rejoindre son agence, et poursuivre sa journée de travail. Les deux hommes l’avaient donc congédié, et étaient restés au pied de l’immeuble.

    Robbie en profita pour sortir son téléphone portable de sa poche, pour annoncer la nouvelle à sa mère, qui s’était montrée plutôt insistante toute la journée. Agacée d’avoir un rejeton aussi peu bavard, elle craignait que celui-ci oublie de lui confirmer la location de l’appartement. Et elle voulait absolument contacter les assurances, compagnie d’eau et d’électricité assez rapidement pour que son fils ne se retrouve pas à se geler le derrière dans un appartement sans électricité, eau chaude ou chauffage à la rentrée. Il s’éloigna alors de Xander pour téléphoner, laissant celui-ci seul sur le trottoir.

    Mais ça ne dérangeait pas Xander. Il appréciait plutôt la solitude, et surtout en ce moment. Ça lui laissait tout loisir de réfléchir, ou de juste penser. Et depuis quelques jours, il devait dire que ses pensées étaient accaparées par un blond aux yeux bleus. Au début, il lui était impossible de repenser à leur baiser sans avoir soudain une bouffée de chaleur et les joues rouges de honte. Désormais, c’était plutôt la culpabilité qui le rongeait. Il n’avait pas encore eu l’occasion de rappeler Charlie.

     

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    Cette dernière l’avait appelé l’après-midi ou Kellan était passé chez lui « prendre un café glacé ». Mais trop occupé, il n’avait pas entendu le téléphone sonner. Quand il avait finalement retrouvé ses esprits après le départ de Kellan, il était allé vérifier son téléphone et avait constaté avec effroi qu’il avait manqué un appel de sa petite-amie, et qu’il l’avait ouvertement trompée, et sans regret. Depuis, son téléphone lui semblait bien lourd dans sa poche. Il avait été incapable de la rappeler. Il devrait pourtant. Au moins pour mettre les choses au clair avec lui-même. Il ne pouvait pas avoir embrassé Kellan de la sorte et faire comme si de rien n’était avec Charlie. Car plus Kellan se faisait présent dans ses pensées, et plus Charlie s’effaçait.

     

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    Son téléphone vibra dans le fond de sa poche. Il le récupéra par réflexe et regarda le cadran. Il poussa un soupir de soulagement quand il remarqua que ce n’est pas Charlie qui cherchait à le rappeler, mais seulement Kellan qui venait aux nouvelles.

    « Alors ? Comment il est cet appart ? »

    « Mieux qu’en photo. On a signé le bail avec Rob »

    « OUAH ! J’ai le droit à plus que trois mots aujourd’hui, joli progrès :) »

    Xander sourit un peu distraitement. C’était étrange de constater à quel point sa relation avec Kellan s’était largement améliorée depuis l’épisode du baiser. Ils ne sortaient pas ensemble, Xander restait malgré tout campé sur ses positions, mais il avait eu l’impression qu’un mur était tombé entre eux, et qu’il pouvait se permettre plus de libertés. En tout cas, il se sentait bien plus à l’aise à discuter avec lui.

    « Il faudra que tu penses à me filer ta nouvelle adresse »

    « Ah ? Pourquoi ? »

    « Parce que je compte bien passer te voir ! T’as cru quoi là ? Je ne vais pas t’envoyer de carte postale de Bloomington, tu connais déjà je crois »

    « Très drôle … :) »

    « Un smiley ! Planquez-vous, il va pleuvoir !! Bon, sérieux, je te laisse, je dois filer à la fac. Bonne fin de journée ;) »

    « A toi aussi »

     

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    Xander garda ses yeux rivés sur l’écran, comme s’il attendait la suite. Mais après deux minutes sans aucune nouvelle, il dut se rendre à l’évidence que Kellan n’allait pas poursuivre la conversation pour le moment. Alors qu’il contemplait l’inactivité de sa messagerie, il se décida à envoyer l’adresse de son futur appartement à Kellan pendant qu’il y pensait. Et puis comme Rob ne revenait pas de sa discussion avec sa mère, il se dit qu’il devrait peut-être en faire autant et contacter sa belle-mère. Il envoya alors un bref message à Zélie pour lui dire qu’ils avaient finalement signé le bail et que l’appartement leur convenait totalement.

    Toujours aucun signe de Robbie. Xander fit défiler alors ses messages, ses contacts et s’arrêta sur celui de Charlie. Il approcha son pouce du bouton d’appel, mais ne put se résoudre à appuyer dessus. Qu’est-ce qu’il allait bien lui dire ? Il avait pensé commencer par lui envoyer un sms avec un « faut qu’on parle » mais ce genre de message n’était jamais très bien accueilli, et souvent synonyme de rupture. Et elle allait se mettre dans tous ses états, et il n’arriverait pas à lui faire entendre raison. D’un autre côté, elle ne risquait pas de se déshabiller devant lui pour détourner la conversation. Alors même s’il n’était pas très fan de l’idée de rompre par téléphone, il se disait que c’était sûrement la seule solution pour qu’il y arrive. Il prit alors son courage à deux mains, et plutôt que de l’appeler maintenant, car Robbie pouvait revenir d’un moment à l’autre, il écrivit le fameux message. Celui qui allait fiche le bordel dans la vie de Charlie, et dans la sienne aussi.

     

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    « Salut Charlie. T’es libre ce soir ? Je dois te parler de quelque chose. Xan’ »

    Et envoyé. Il rangea aussitôt son téléphone dans sa poche. Il n’avait pas spécialement envie de savoir si Charlie lui répondrait aussitôt, et surtout ce qu’elle dirait. Il espérait que son message n’avait pas été trop violent. Quand bien même il voulait mettre fin à sa relation avec Charlie, il n’avait pas non plus envie de la faire souffrir. Quand il releva le nez, Robbie revint vers lui, grommelant. Apparemment, réussir à partir du domicile familial était quelque chose d’assez laborieux. Mais il se garderait bien de le lui dire.

    - Tu veux manger un truc ? demanda alors Xander en indiquant le carrefour à quel pas de là. J’ai vu un fast-food à l’arrivée.

    - Ça marche. J’ai faim.

     

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    Les deux hommes se dirigèrent en silence vers le restaurant situé à l’angle de la rue. Alors qu’ils s’arrêtèrent au passage piéton pour traverser, une joggeuse blonde prit l’angle de la rue sans regarder sa trajectoire et entra directement en collision avec le bras de Robbie. Celui-ci ne fut pas bousculé par l’apparition, mais la jeune femme tituba avant de retrouver son équilibre et s’empêcher ainsi de s’affaler au sol.

    Ils la regardèrent un instant. Assez grande, avec des très longs cheveux blonds et vêtue d’une tenue de sport constituée d’un short, d’un tee-shirt et d’énorme baskets. Par reflexe, Robbie lui attrapa malgré tout le bras pour l’empêcher de basculer en arrière et de se retrouver sur la route.

    - Eh, ça va ? s’enquit alors le métis.

     

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    La jeune femme releva le nez alors, avec un sourire qui se voulait rassurant. Oui, ça allait très bien. Sauf son nez qu’elle s’était aplati contre le bras musclé du mastodonte qui se tenait en face d’elle, et de son ego qui en avait pris un coup. Elle se massa alors le bout du nez pour s’assurer que celui-ci n’était pas cassé. Ça avait l’air d’aller. Il l’élançait, mais il ne saignait pas. Elle s’en remettrait.

    - Oui, ça va. Merci de m’avoir rattrapée.

    Elle cligna des yeux plusieurs fois quand son regard croisa celui de son sauveteur, et rougit presque instantanément. Non seulement elle avait manqué de se vautrer en public, mais devant un public carrément beau gosse. La honte !

    - Désolée, je ne regardais pas où j’allais. Je ne vous ai pas fait mal ?

    - Non.

    - Ouf, dit-elle alors tout sourire. Je m’en serais voulue, hé hé.

     

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    Elle les détailla un court instant, et réalisa assez rapidement qu’ils n’étaient pas du coin. Houlton était certes une ville plutôt importante, mais elle avait écumé assez de soirées pour avoir une idée du panel des garçons de son âge en ville. Et ses deux-là n’avaient jamais été à aucune soirée ou dans un aucun lycée de la ville, elle en mettrait sa main à couper.

    - Vous êtes nouveaux en ville, je me trompe ? demanda-t-elle aussitôt.

    - Hein ?

    - Oui, répondit Xander. On est étudiants.

    - Ah ! Je me disais aussi que je ne vous avais jamais vus. Et bien, bienvenue à Houlton messieurs. Moi c’est Zhoo !

     

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    Elle leur adressa leur plus beau sourire, tout en restant comme à son habitude, cordiale et bienveillante. Elle adorait rencontrer de nouvelles têtes, et c’était encore plus agréable quand c’était des étudiants qui s’installaient, car ils n’étaient pas juste de passage, et elle pouvait ainsi créer de vraies amitiés.

    - Robbie, répondit le grand brun.

    - Xander. Enchanté.

    - Moi de même.

    Elle leva le nez vers l’horloge au coin de la rue. Elle devait rentrer chez elle pour l’heure du déjeuner, sinon sa mère risque de l’assassiner. Elle essuya ses mains sur son short et se baissa ensuite pour resserrer ses lacets.

    - Bon, Xander et Robbie, dit-elle en se relevant, je serais bien restée bavarder, mais je suis attendue. Je vous dis à bientôt en ville alors.

    Elle leur fit un signe de la main en guise d’au revoir et reprit sa course avant de disparaître à l’angle de la rue suivante. Robbie n’avait pas quitté son regard de la jeune femme entre le moment où elle leur dit au revoir, et celui où elle disparut, ce que Xander ne manqua pas de remarquer. C’était assez drôle à regarder.

     

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    - Tu aurais dû lui demander son numéro, lui dit Xander alors qu’ils reprenaient leur chemin vers le restaurant.

    - Quoi ?

    Robbie se tourna aussitôt vers Xander, en écarquillant légèrement les yeux. Ce qui fit s’amuser encore plus Xander. Il était plutôt habitué à voir Robbie avec un visage neutre. Alors le voir avec cette tête déstabilisée était assez inédit, et donc plutôt distrayant.

    - Je disais que tu aurais dû lui demander son numéro de téléphone. Bon, ce n’est pas comme si on risquait de ne jamais la recroiser.

    Robbie n’ajouta rien et passa devant Xander pour ne plus l’entendre déblatérer ses bêtises. Comme s’il était du genre à demander le numéro d’une parfaite inconnue dans la rue, aussi aimable soit-elle. Et puis, ce genre d’histoire, ça ne l’intéressait clairement pas. Il avait d’autre chats à fouetter, comme réussir ses études. Et ce n’est pas en rencontrant des gens qu’il allait y arriver.

    Xander haussa les épaules face à la nonchalance de son ami. Il était même en train de se demander si ce qu’Emilien lui avait raconté quand il lui avait présenté Robbie était une boutade ou un fait avéré. Son meilleur ami lui avait dit que Robbie avait été amoureux de Mélie, sa demi-sœur, mais qu’il s’était fait voler la place par un autre de leur bande, Priam. Et vu comment il avait l’air de se braquer à l’idée de revoir cette fille, cette pensée ne lui sembla plus aussi improbable.

     

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    Son téléphone vibra dans sa poche, et par réflexe, il le récupéra pour lire son message. Sûrement Kellan qui avait reçu l’adresse. Mais il grimaça aussitôt quand il vit qu’il s’agissait en réalité de Charlie. Il ferma les yeux un instant, le temps d’ouvrir le message. Il devait le lire aussitôt, comme quand on enlevait un pansement. Ça fait mal sur le coup et après ça va mieux. Il ouvrit alors un œil pour y découvrir le message de sa … son ex petite-amie ?

    « Tu veux me plaquer ? Ça ne me surprend même pas. Et bien ok. Ciao »

    Il cligna des yeux à plusieurs reprises. Elle venait vraiment de le plaquer par texto ? Il ne savait pas trop ce qu’il se passait. Mais ce n’était absolument pas prévu que ça se passe comme ça. Il essaierait quand même de l’appeler dans la soirée, pour lui fournir un minimum d’explication, et essayer de discuter. Il n’avait quand même pas envie que ça se termine de cette manière entre eux. Ils avaient été ensemble durant plus de trois ans après tout. Elle avait été sa première petite amie, et sa première pour tout. Ils ne pouvaient pas se séparer comme ça, sur un texto.

    Il soupira alors, verrouilla son téléphone et le rangea dans sa poche. Il l’appellerait ce soir. Du moins, il essaierait.

     

     


  •  

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    An prit une très grande inspiration, et expira longuement. Elle jeta un regard à côté d’elle, à la tombe de sa génitrice. Une fois n’est pas coutume, ses pas l’avaient conduite ici. Ça devenait plus qu’une habitude. Aujourd’hui, elle devait retrouver Gabe chez lui, pour qu’ils puissent passer l’après-midi ensemble. Et comme elle avait pris un peu d’avance en partant de chez elle, elle avait finalement fait un détour par le cimetière.

    Gabe. Rien que d’y penser, elle s’empourpra. Après le bal du lycée, elle l’avait finalement accompagné chez lui, et elle n’était rentrée chez elle qu’au petit matin, provoquant ainsi la colère de son père, qui avait explicitement exigé qu’elle rentre avant deux heures du matin. Ce qui ne s’était absolument pas passée. A deux heures du matin, elle dormait profondément dans les bras de Gabe. Nouvel afflux de sang dans ses joues.

    Ils avaient sauté le pas finalement. Et elle ne s’était absolument pas attendue à lui céder un jour. Mais il faut croire que l’ambiance bal du lycée avait fini de lui prouver que Gabe pouvait être plus qu’un ami à ses yeux. Et c’était ça toute la question du moment. Qu’est-ce qu’ils étaient l’un pour l’autre à présent ? Un flou croissant se déployait autour de ses pensées pour l’étudiant en médecine et elle ne savait pas comment faire pour y voir plus clair. Et pour rien arranger, ils n’avaient pas eu l’occasion de se revoir depuis le bal. Ça le faisait donc une semaine que An marinait dans ce flou relationnel.

    Sortir ou ne pas sortir avec Gabe ? Voilà la question qui hantait ses pensées en ce moment.

     

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    - Toi tu serais sortie avec, lâcha-t-elle à la tombe à côté d’elle. C’est bien pour ça que je suis là, non ? Et regarde où ça t’a conduit. Je ne suis pas convaincue du bienfondé de la chose tu vois.

    D’un autre côté, elle ne pouvait pas prendre la vie d’Andy comme exemple. Elle avait des circonstances atténuantes, comme une famille en lambeau, un meilleur ami – petit-ami complètement lâche et l’amour de sa vie était un trafiquant d’armes et de drogue. La seule drogue que Gabe serait capable de dealer, c’est son tube de vitamine C pour survivre en cours. Donc elle devrait plutôt bien s’en sortir. Ce n’est probablement pas lui qui allait la tirer vers le bas.

    Ni vraiment personne d’autre. Ce n’est pas comme si elle avait une foule de prétendants qui se bousculait à sa porte actuellement. Et elle se disait qu’elle serait bien bête de ne pas en profiter. Après tout, la phase de test avait été concluante, et il n’y avait pas eu une seule goutte d’alcool pour enjoliver sa soirée.

    - Bon, allez hop, on n’a qu’une vie, conclut-elle en se relevant. Bye Andy, salut Spenc’.

     

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    Elle s’étira rapidement et sortit du cimetière pour rejoindre le quartier où vivait Gabe à quelques rues de là. Elle y serait en quelques minutes, sans se presser. Un bref coup d’œil à son téléphone lui confirma qu’elle n’allait pas arriver en retard. Elle reçut presque aussitôt un message tout excité de sa meilleure amie, Zhoo.

    « J’ai rencontré un trop beau mec Anie ! OMG ! Je n’en reviens pas ! Tu l’aurais vu ! »

    An esquissa un sourire face à la réaction exacerbée de sa meilleure amie. Dès qu’elle était heureuse, elle n’avait plus de filtre et laissait déborder sa bonne humeur. Si Zhoo pouvait être amoureuse par procuration en regardant le bonheur des autres, elle avait surtout le don d’être contagieuse en matière de bonne humeur.

     

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    « Trop beau ? Parce que c’en était choquant ? »

    « Complètement ! Et je ne lui ai même pas demandé son numéro de téléphone, je suis trop nulle è_é »

    « Tu le recroiseras. Houlton n’est pas si grand que ça. Enfin, s’il habite en ville, hé hé »

    « Méchante ! Et oui, il habite Houlton, il déménage juste. Il s’appelle Robbie aussi, et il est grand, brun, métis, musclé ... OMG ! Je ne vais pas m’en remettre. Donc ben, je ne vais pas pouvoir t’emprunter Gabe finalement. Tu m’excuseras auprès de lui ? ;) »

    « T’inquiète. Je crois qu’il a quelqu’un finalement. Il s’en remettra »

    «  Ah oui ? Quiiiii ? »

    «  Moi ? »

    Elle piqua un fard monumental quand elle envoya son dernier texto. Ce n’était même pas encore officiel avec Gabe qu’elle l’annonçait comme ça à sa meilleure amie. Elle l’imaginait déjà se décrocher la mâchoire, sautiller partout autour d’elle et aller diffuser la nouvelle auprès de sa mère. Il ne manquerait plus que Gabe change d’avis, et elle aurait l’air fine à avoir fait des plans sur la comète.

    « Je veux les détails ! »

    « Plus tard, je dois aller le voir. Mais je te tiens au courant Zhoo. Va donc chercher le numéro de téléphone de Robbie mystère plutôt ;) »

     

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    Elle était arrivée devant l’immeuble de Gabe. Elle lui envoya alors un rapide message pour lui signifier sa présence, puis rangea son téléphone dans sa poche. Une grande inspiration, et elle y allait. Elle fit de grands pas jusqu’à la porte de l’immeuble et grimpa les marches jusqu’à l’appartement. Elle toqua brièvement à la porte, et Gabe lui ouvrit presque aussitôt.

    - Salut An.

     

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    Il était rayonnant, presque éblouissant pour An qui avait du mal à se tirer de son flou. Elle lui rendit alors son sourire, et prit la main qu’il lui tendit, pour le suivre dans l’appartement. Elle l’arrêta aussitôt dans l’entrée, pour l’empêcher d’aller plus loin. Gabe se tourna alors vers elle, interloqué.

    - An ? Il y a un problème ?

    - Aucun, lui dit-elle en souriant. Tu ne m’as juste pas laissé l’occasion de te dire bonjour.

     

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    Elle s’approcha alors de son meilleur ami, posa sa main libre sur l’avant-bras de Gabe, et se rapprocha de son visage avant de finalement l’embrasser. D’abord surpris, Gabe ne resta pas figé bien longtemps. Il enlaça An et la rapprocha de lui pour poursuivre ce baiser qu’elle venait de débuter, et qui lançait finalement leur relation. Il ne pouvait pas être plus heureux qu’en cet instant, en embrassant la fille dont il était amoureux depuis des lustres.

     

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    - Bonjour, murmura-t-elle contre ses lèvres.

    - Bonjour, lui répondit en écho Gabe avec un petit sourire. 

    Il caressa la joue de An du bout des doigts, tout en la regardant dans les yeux. Il n’avait pas besoin de lui demander ce qu’elle avait décidé. Ses yeux parlaient pour elle à cet instant précis : elle avait finalement décidé de faire évoluer leur relation. Et il fera tout pour qu’elle n’ait pas à regretter son choix.

     

     


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    Quelques jours après son entrevue avec Eliott Thatch, Yann Leiner avait convoqué ses deux acolytes, et meilleurs amis, à son cabinet de détective afin de faire le point sur la situation. Car depuis la libération de Harry Mayers il y a quatre ans, les trois comparses avaient continués, à leur niveau et dans leur domaine de compétences, à glaner des informations sur Mayers et ses malfrats. Et cette fois-ci, la pêche avait été bonne pour Yann. Il espérait que ce soit également le cas pour Matt et Akira.

    Il terminait alors de consigner ses découvertes dans son ordinateur quand la porte d’entrée sonna. Il se leva alors de son bureau, traversa la pièce et rejoignit la porte d’entrée de son appartement – où se trouvait donc son cabinet – pour aller ouvrir. Derrière la porte, Matt et Akira, comme convenu. Yann se décala alors pour les laisser entrer, et ils se dirigèrent tous les trois ans le bureau de Yann après s’être échangés les politesses de circonstances.

     

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    - Tu as eu du nouveau ? demanda Akira une fois qu’ils furent tous installés dans le cabinet. Je n’ai pas avancé d’un iota de mon côté et ça devient frustrant.

    - Oui, j’ai réussi à parler à Eliott, en tête à tête. Et c’était plutôt enrichissant.

    - Ah oui ? s’interloqua Matt. Et qu’est-ce qu’il t’a dit d’intéressant ?

    - C’est plutôt ce qu’il ne m’a pas dit qui était intéressant Matt.

    Il s’appliqua alors à leur raconter l’entrevue, sans omettre le moindre détail. S’ils voulaient espérer avancer sur cette affaire, ils devaient tous les trois en savoir le plus possible. Yann leur raconta ses deux semaines de filature et ce qu’il avait pu constater au domicile des Thatch, jusqu’à départ de Faith Thatch du domicile conjugal. Il décrivit alors la tenue d’Eliott ce jour-ci, son regard perdu, sa coiffure désordonnée, et l’amoncellement de dossiers sur les tables et bureau. Et il retranscrit leur conversation, presque mot pour mot.

    Après ce compte rendu précis, Matt écarquilla légèrement les yeux. Ils n’avaient pas besoin de plus d’éléments pour en être convaincus. Cela ne constituait pas de preuve bien évidemment. Rien de tout ceci n’aurait de valeur devant un juge, mais ces éléments leur étaient indispensables pour savoir où chercher les preuves dont ils avaient besoin.

    - Donc Mayers manipule Eliott en menaçant sa femme. Je ne comprends pas comment on a pu passer à côté de ça …

     

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    - Ah ! la coupa aussi Matt. On y a pensé. Moi j’y ai pensé, mais vous n’aviez pas voulu me croire car rien ne semblait coïncider. Il va falloir cesser de douter de mon flair.

    - Tout doux Stevie. Apprends donc à respirer avant de parler de flair, rétorqua Yann.

    - Sérieux ? Tu viens vraiment de m’appeler Stevie ? Tu sais plus quoi inventer, il va vraiment fal…

    - Les garçons ! les coupa aussitôt Akira. On n’est pas là pour débattre de l’originalité des surnoms que te donne Yann, Matt. Donc revenez sur le sujet de fond, merci.

    - Oui M’dame, bougonna Mathieu. Donc on a la preuve, par la non preuve, que Mayers menace Thatch par le biais de sa femme. Celle-ci n’est plus en ville depuis quelques jours, et tu as la preuve formelle qu’elle est partie, donc loin de Mayers.

    - Exact.

    - Et tu es sûr qu’elle est assez loin de Mayers ?

    - Non. Comme je ne sais pas où elle est, je ne peux pas confirmer qu’elle est bien en sécurité.

     

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    - Et tu parles d’un détective privé ! C’est la base d’être capable de récupérer ce genre d’information Yann. Il va vraiment falloir que tu retournes à l’école de police. Acheter un billet d’avion ça laisse des traces sur un compte bancaire, sur des quais d’embarquement, partout.

    Yann râlait d’entendre Matt lui faire la leçon. Quand il prenait sa casquette de professeur de l’école de police, il devenait totalement ingérable, et pouvait parfois en oublier la réalité du terrain. Entre la théorie et la pratique, il y a un fossé parfois abyssal.

    - Paiement en liquide, fausse identité et heure de pointe. Voilà trois façons assez simples de camoufler ses traces. Je te rappelle que Thatch doit cacher sa femme de Mayers, et ce dernier connaît toutes les techniques pour disparaître des écrans radars. Il a déjà joué avec l’illégalité pour avancer sur le dossier de Mayers. Crois-moi, Thatch savait très bien comment faire pour faire disparaître sa femme. Et il l’a très bien fait.

    Matt allait pour s’exprimer pour rajouter une faille dans le plan de Yann, mais ce dernier leva la main aussitôt pour l’empêcher d’aller plus loin.

     

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    - Et oui, avant que tu me le précises, j’ai fait mettre ses appels sur écoute. Et pour l’instant, je n’ai rien. Je te le dis, il est rôdé. Il travaille pour le roi de la pègre, il a été à bonne école. Et même s’il n’est clairement pas de cet univers, il sait très bien s’en servir. Donc pour le moment, la piste est froide de ce côté-là. On va devoir trouver autre chose.

    - Et bien, justement j’ai autre chose, dit alors Matt.

    Il se leva alors, laissant ses deux comparses incrédules. Son principal atout dans cette affaire avait été sa capacité à filer Mayers, autrefois, et désormais, il laisser traîner ses oreilles un peu partout, sous couvert de ne plus être dans le système judiciaire. Mais cela faisait un moment que Matt revenait bredouille de ses sorties. Il continuait de rentrer tard, mais sans aucun résultat. Alors l’entendre annoncer qu’il avait du nouveau était quelque chose d’assez déroutant.

    Mathieu s’approcha alors de la fenêtre pour jeter un œil au dehors, et tint ses deux mains jointes dans son dos, dans une posture grave. Il ne mimait rien, car finalement ce qu’il allait leur annoncer n’avait rien d’anodin. Même pour lui. Il n’en avait parlé à personne, et surtout pas à Sienna. Il n’avait encore rien accepté, mais il ne pouvait pas le refuser.

     

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    - Mayers aurait développé un réseau de trafic d’armes dans le Vermont, et en communication directe avec Montréal. Il serait basé à Burlington, à distance raisonnable de la frontière canadienne. Et cette partie de la frontière est bien plus avantageuse que la nôtre et …

    - Attends, le coupa aussitôt Akira. Burlington ça n’a rien de nouveau pour Mayers. Il y a vingt ans il y avait déjà un pied. Et ça c’était mal fini pour lui, il en a perdu des hommes. Et tu crois vraiment que Mayers retournerait là-bas ? Ce n’était même pas les autorités qui avaient mis fin à ce trafic, mais une guerre de gangs frontaliers.

    - Je sais, je sais tout ça, soupira Matt. Mais les autorités du Vermont ont noté une forte croissance de trafic d’armes et de drogues depuis quatre ans…

    - Depuis la libération de Mayers, souffla alors Yann qui arrivait enfin à suivre. Tu ne trouves rien sur Mayers ici car il ne fait plus rien ici. Il se tient à carreaux et tout se passe deux états plus loin.

    - C’est ce que je pense aussi. C’est pour ça que je vais aller voir.

     

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    Akira et Yann protestèrent alors d’une seule voix face à l’annonce de Matt. Il n’était quand même pas sérieux ? Qu’il s’amuse à filer Mayers sur Houlton n’était pas un problème en soi, car il était chez lui, il avait ses contacts et connaissait la ville comme sa poche, et l’activité de Mayers y était moindre. Mais là-bas ? Là où la délinquance montait croissante ? Alors qu’il n’était rien de plus qu’un homme lambda désormais, et handicapé.

    - Mais tu n’as pas à y aller Mathieu, rétorqua Akira. Des hommes spécifiques vont être mis en place si c’est prouvé que l’activité a repris. Tu n’en tirerais rien.

    Mathieu soupira, et se tourna finalement vers eux. Son visage était fermé, mais quelque chose brillait dans son regard. Akira ne sut dire si c’était de l’excitation, de la joie ou de la peur. Sûrement un peu des trois.

     

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    - C’est moi qui vais contrôler les opérations de surveillance à Burlington. J’ai eu mon ordre d’affectation il y a une semaine, c’est officiel. Je dois donner ma réponse demain. Et j’irais.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Je ne suis déjà plus là à l'heure où vous lisez ces lignes ♥

    Coucou les gens ! J'espère que vous avez apprécié cette MaJ un peu choue, un peu ... Ouais ok, Matt a décidé d'avancer une bonne fois pour toute sur le dossier Mayers. Il fallait bien que quelqu'un s'y colle non ? Non ..? Oui, et bien tant pis, c'est Stevie qui s'y colle, nah !

    Et sinon, ce fut une MaJ un poil maudite ! Si je ne compte pas les erreurs fatales récurrentes que je peux avoir, celle-ci fut saupoudrée de bugs en tout genre concernant Emma & GK (corps rouges pétard avec les bras en croix, impossible de tenir la pose plus de 0.15 secondes avant de s'auto-reset ... J'ai cru que j'allais les tuer), Fraps qui a décidé de m'abandonner en cours de partie, et, le summum de la joie : une coupure de courant en plein tournage ! *O*
    Morale de l'histoire : ne pas couper les cheveux de Camille, où je sens que mon jeu va carrément s'autodétruire o_O

    Parmi les petites infos à faire tourner : les galeries de ParagraphesThis Is War et Don't Turn Around sont à jour (finally !). De même, les playlists Deezer des trois histoires sont aussi à jour, et les musiques rangées dans l'ordre. Suite à la mort de Flash, les lecteurs ne fonctionnent plus, donc vous avez au moins les chansons sur les playlists (quand elles existent sur Deezer) D'ici la prochaine MaJ, les musiques de Para et TIW (c'est déjà fait pour DTA) seront en lien cliquables directement sur les articles.

    Des bisous tout le monde, et à dans 15 jours pour la suite ♥

     

     

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