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    Akira arriva relativement tôt à la morgue ce matin. Café en main, elle descendit les escaliers qui menaient au sous-sol du poste de police de Houlton pour rejoindre James Lillywhite, le médecin légiste. Ils avaient découvert le corps de Savannah Envey la veille à son domicile, et si tout se déroulait normalement, le légiste aurait des nouvelles un peu plus intéressantes à transmettre à Akira. 

    - Bonjour Lillywhite, du nouveau ? demanda l’inspectrice en s’avançant dans la morgue. 

    Cette pièce n’était clairement pas sa préférée du poste. Non pas pour l’ambiance qui y régnait, après tout, boire un café, entourée de cadavres ne la dérangeait pas plus que ça. Surtout parce qu’il n’y avait aucune fenêtre, sous-sol oblige. Et elle avait parfois quelques tendances claustrophobes. 

     

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    Lillywhite se tourna alors vers Akira, laissant le cadavre de Savannah à la tranquillité. Elle était étendue sur une table d’acier, sa nudité recouverte par un simple drap blanc. Sa tête cependant n’était pas couverte et elle pouvait deviner les cicatrices de l’autopsie sur le haut de sa poitrine. Elle marqua un petit temps d’arrêt : pauvre femme de finir sa vie ainsi cruellement. 

    - Bonjour Akira, dit Lillywhite en se lavant les mains au pied du corps. Et bien, pour ce qui est de nouveau, je peux commencer par dire que j’avais raison ? 

    Il afficha un grand sourire de victoire tout en se tournant vers Akira. Celle-ci garda un visage impassible tout en portant son café à ses lèvres. Comme si elle avait le temps pour lancer des confettis à Lillywhite. Il ne fallait pas abuser non plus. Elle fit alors un moulinet de sa main libre, l’enjoignant à continuer. 

     

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    - Ouais, okay, j’ai compris. Je me lancerais des confettis tout seul dans mon bureau. Je disais donc que j’avais raison, il n’y a pas de balle. Le tueur, ou son complice, a bien pris soin d’extraire la balle avant de partir. Je n’ai rien trouvé, pas même un éclat.  

    - Un complice ? demanda Akira en s’approchant de Savannah. 

    Elle regarda le visage paisible de la jeune femme, tournant la tête, espérant trouver un indice dans la quiétude de sa mort. 

    - Oui, ou alors le tueur a voulu prendre une pause avant de poursuivre. L’entaille a été effectuée post-mortem, dit-il tout fier. 

     

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    - Évidemment qu’elle a été effectuée post-mortem, le but était de retirer la balle, dit Akira en relevant un sourcil. 

    - Prenez moi pour un idiot. Imaginez juste une toute petite chose inspectrice. Je vous tue, là maintenant, d’une balle. Et dans les secondes qui suivent, j’enlève la balle qui peut m’incriminer. La deuxième plaie sera aussi fraîche que la première, avec écoulement de sang et tout le ramdam. Là, il n’y a pas d’écoulement de sang depuis la deuxième plaie, donc … 

    - Donc elle n’a pas été retirée aussitôt, conclut Akira. D’où l’hypothèse du complice. 

    - Quelle déduction inspectrice, vous m’épatez ! Tant de talent dans un … 

    - Shhh ! 

    Akira l’arrêta en portant sa main devant elle. Elle continuait de fixer le corps, réfléchissant tout en sirotant son café. Deux personnes pour un même crime. Ça devenait nébuleux cette histoire. Dans son champ de vision, elle voyait Lillywhite s’impatienter en se triturant les mains et en dansant d’un pied sur l’autre. Impossible de se concentrer. Elle leva le nez vers le légiste et soupira. 

     

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    - Vous avez autre chose à me dire ? 

    - Oui, et vous allez adorer. 

    Elle posa son café, et posa les mains sur les hanches, attendant patiemment. 

    - La deuxième plaie a été faite plusieurs heures après le décès. Mais genre, plusieurs, dit-il en insistant bien sur le dernier mot. 

    - Combien de temps après ? 

    - Entre dix et douze heures après la mort, lui dit-il avec cet air des enfants qui se retiennent d’avouer un secret. 

    Akira soupira. Il ne pouvait pas faire simple ? Comme si elle avait le temps de jouer aux devinettes. Non seulement, elle n’avait pas le temps, mais elle n’avait pas l’envie non plus. Elle tapota du pied sur le carrelage, s’impatientant. 

     

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    - On a découvert le corps entre dix et douze heures après le décès, donc … 

    - Le nettoyeur était avec nous sur la scène de crime, dit Akira en ouvrant les yeux en grand. Ou juste avant qu’on arrive. 

    Elle s’empressa de prendre le dossier de l’enquête qui était posé à côté de la table où se trouvait Savannah, et elle fouilla frénétiquement dedans. Elle n’avait pas fait attention à la personne qui avait contacté la police, car ce n’était pas ce qui l’avait intéressée sur le coup. Elle tourna alors les pages, et écarquilla les yeux quand elle reconnut le nom à côté de la mention “Corps découvert par …” 

    - Ce n’est pas possible ... 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    BONJOUR TOUT LE MONDE ! ♥

    Ca va bien ? Petite surprise de l'été qui n'était pas du tout prévu, je vous offre la MaJ 11 avec trois semaines d'avance. Petits veinards ;) La suite, ce sera sûrement que le deuxième week-end de septembre normalement, faut bien que je retourner bosser un peu.

    J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous laisser sur un tel cliffangher ... J'ai pas fait exprès *fuit très loin* ni de vous avoir raconté la véritable histoire de Spencer ... héhé.

    Et sinon, blague à part, la chanteuse de American Dream, DIAMANTE, a les cheveux bleus ! Non mais avouez que c'est trop un signe ! Alana a trouvé sa voix, niark niark niark.

    Je vous souhaite un excellent mois d'août, plein de soleil et je vous dis à tout bientôt !

    Et comme la dernière fois, ♥ sur vos c*ls !

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Camille avait l’impression de passer un entretien d’embauche. Du moins, d’attendre le résultat d’un entretien d’embauche. Le jeune homme faisait les cents pas dans sa chambre, attendant le verdict. Son père était rentré la veille au soir de son séjour à Burlington, et presque aussitôt, Sienna lui avait sauté dessus pour discuter du cas Camille. Et ce dernier n’en menait pas large. Tout le temps de l’absence de son père, il n’avait pas senti le moindre indice concernant le choix de sa mère : elle aurait carrément pu lui dire oui ou non, elle aurait tiré la même tête.

    Et ce matin, le grand conseil de la maison n’avait pas encore délibéré. Il se serait presque cru à l’élection du pape, à attendre qu’une fumée blanche veuille bien daigner s’élever depuis cette foutue cheminée !

    - Raaaah ! Ils me soûlent, bougonna-t-il. Et l’autre-là qui ne répond pas !

    L’autre étant Cameron. Camille lui avait envoyé un message il y a presque une heure, et il n’avait pas reçu de réponse. Mais ce con avait quand même eu l’amabilité de lire son message, en témoigne la petite coche bleue en bas de son message. Il l’ignorait royalement. Et ça l’énervait d’autant plus.

     

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    Il se laissa tomber devant son PC, trainant sur internet, à la recherche d’une manière de s’occuper comme une autre. De toute façon, hormis attendre le jugement dernier, il ne lui restait plus beaucoup de possibilités.

    Et là, il vit le petit pop-up en bas à droite de son écran lui indiquer que Cameron venait de se connecter. Il était temps bordel ! Il mis la vidéo qu’il regardait en pause et ouvrit le logiciel de discussion qu’il utilisait avec Cameron pour aller engueuler ce connard de venteur !

    - Ah te voilà enfin, toujours en train de t’attendre ! écrivit-il assez rapidement.

    La réponse de Cameron ne se fit pas attendre. Il vit très rapidement les trois petits points s’affoler sous son pseudo, très vite suivis par une réponse fort peu avenante. Non, mais il a ses règles ou quoi le moche ?

    - La ferme, je suis encore libre de faire ce que je veux, t’es pas ma mère à ce que je sache ?

    - ‘Tin t’es vraiment désagréable en ce moment, t’as tes règles ou quoi le moche ?

     

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    Au moins, il avait fini par lui lancer le fond de sa pensée. Cameron était toujours un peu brute dans sa manière de parler, parfois piquant mais jamais foncièrement désagréable. Il était son pote après tout, il acceptait assez bien les vannes et les remarques bien senties, mais ça restait toujours dit sur un fond d’humour, ce qui n’avait clairement pas l’air d’être le cas actuellement.

    Et d’un coup, son écran afficha un appel vidéo. Il écarquilla les yeux un instant. Il se passait quoi là ? Jamais Cameron ne lançait d’appel de lui-même, et il n’avait clairement pas l’air dans le mood pour mater Camille. D’un autre côté, il n’y avait pas grand-chose à mater si ce n’est un stressé, assis seul dans sa chambre. Croyant à une erreur, il ne répondit pas tout de suite, et l’appel persista. Camille finit par accepter, et entendit la voix de Cameron par-dessus un écran parfaitement noir, mais qui affichait un petit sablier de chargement. Il avait mis sa caméra ?!

    - Dis moi Camille … commença la voix grave et posée de son interlocuteur. Ca fait combien de temps que tu ne m’as pas vu ?

     

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    Le brunet n’eut pas le temps de répondre que la vidéo finit enfin de se charger, et venait de lui afficher sous les yeux un magnifique torse halé, dessiné et tatoué. Il déglutit avec peine, ne s’attendant clairement pas à ça. C’était Cameron ça ? Il toussa et essaya de reprendre contenance.

    - Putain t’as fait de la muscu’ ? Impressionnant, c’est fou comme ça doit pas aller avec ta tronche mon gars ! lâcha finalement Camille avec son humour habituel.

    Il était totalement subjugué par ce qu’il avait devant les yeux. Non seulement le torse devant lui était clairement à son goût, mais le fait de savoir qu’il risquait de le côtoyer de plus prêt dans les semaines à venir lui donna automatiquement des idées peu catholiques. Encore fallait-il que la tête ait suivi les mêmes transformations. Bon, d’un autre côté, il pouvait toujours lui mettre une cagoule, non ?

    - Tu veux me voir, ou rien que de t’imaginer ma vue te donne envie de vomir ?

    A croire que Cameron l’avait percé à jour, et Camille esquissa un petit sourire. Il lisait dans ses pensées visiblement. Puis l’écran se fit tout noir, Cameron avait posé sa main contre la caméra.

     

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    - Je t’avoue avoir un peu peur de débander après ça, mais montre toujours hein. Ça doit être mieux qu’une douche froide.

    Il entendit Cameron rire, et ce son lui donna froid dans le dos. Il a même cru entendre un court instant le même rire que dans un film d’horreur. Et bien qu’il aimait assez le genre, ce genre de rire suivait souvent une infirmière folle les mains pleines d’aiguilles, et là clairement, il ne fallait pas abuser. Il attendit alors patiemment, les yeux rivés sur son écran, pour voir ce que Cameron allait bien lui révéler. Si ça se trouve, il s’était totalement enlaidit !

     

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    Et là, devant ses yeux apparut un magnifique jeune homme avec un sourire en coin, amusé. Camille ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux en grand face à cette apparition, et secoua la tête de droite à gauche devant cette apparition. C’était Cameron, sérieusement ? C’était le moche ça ?!

    - Ne te retiens pas pour moi surtout hein, lui dit Cameron en prenant ses aises contre son siège. Après tout, je t’ai déjà vu te branler devant moi.

    Camille esquissa un petit rire. Visiblement, il n’avait pas juste pris de la gueule au sens propre, mais également au figuré. Il avait une telle assurance dans sa façon de se tenir ou de parler que Camille ne savait plus comment se tenir sur sa chaise.

    - C’est … impressionnant, balbutia-t-il, le regard toujours fixé sur son écran et sur les traits parfaits de l’homme en face de lui. Tu es … mais t’as fait de la chirurgie ou quoi mec ?

    - J’ai fait tout ce que toi tu n’as pas fait et dont tu aurais pourtant besoin … crevette.

    Aouch. Camille n’était clairement pas fan de ce surnom à double sens que lui donnait ses proches, dont Cameron. Effectivement, Camille était plutôt fluet et ne prenait pas très bien sa situation, selon la personne – ou le mec plutôt – qu’il avait en face de lui. Quant à la deuxième interprétation, ça collait plutôt bien à son caractère. Après tout, c’est bien connu. Les crevettes n’ont rien dans la tête, et tout dans la queue.

     

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    - Oui, et après ? Tu vas te mettre à poil et me faire un petit show ? Après tout, moi quand Cloud est là, je me gêne pas pour partager.

    Il tentait. Après tout, s’il ne demandait pas, il ne risquait pas d’en voir plus. Mais il se doutait que Cameron serait plus difficile que ça à convaincre. Et si jamais il acceptait, l’Appolon devant ses yeux baisserait largement dans son estime.

    - J’ai pas besoin de ça pour te faire baver, ça se voit dans tes yeux.

    - Ça va tes chevilles, bougonna Camille.

    Il était devenu arrogant et sûr de lui, ce qui décevait Camille. D’habitude, ils parlaient plus franchement entre eux, sans tabou ou sans rabaisser l’autre. Mais cette fois-ci, c’était différent. Il avait l’impression que Cameron voulait faire mal, et il n’était pas très fan.

    - T’as cru que voir un téton me suffisait pour bander comme un taureau ? Allez, ne sois pas timide, montre-moi la marchandise.

    - Non, pas tout de suite, faut le mériter tu sais … et pour l’instant, t’es pas prêt.

     

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    - Prêt ? J’en ai vu bien plus que tu en verras dans toute ta vie, couillon !

    Son égo était vexé. Il osait faire son grand homme maintenant parce qu’il s’était greffé une belle gueule ? Il n’aurait jamais cru ça possible venant de sa part, et il allait en désillusion.

    - C’est bizarre, mais j’ai la légère impression que tu as perdu toute assurance depuis que tu m’as vu… Tu t’y attendais tellement pas … Aurais-je réussi à couper le sifflet au grand Camille Phillips ?

    - Crève, rétorqua Camille, acerbe.

    Si c’était à un concours de bites qu’il voulait participer, Camille n’allait clairement pas participer à son petit jeu. C’était trop facile, et surtout pas dans ses habitudes. Et puis, de toute manière, Cameron perdrait.

    - T’as perdu ta langue ? demanda Cameron, toujours aussi mesquin.

    Camille tendit l’oreille. Il entendit sa mère l’appeler au rez-de-chaussée. Ça tombait plutôt bien, il n’avait plus très envie de poursuivre cette conversation avec ce bellâtre. Mais il avait quand même furieusement envie d’aller le voir en vrai, de le toucher et surtout de lui foutre du gravier au cul – entre autres choses qui l’intéressaient plus – pour lui faire comprendre qu’il avait intérêt à se calmer fissa.

     

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    - Non. J’me disais juste que … t’étais plus le Cameron que j’ai rencontré. T’as changé physiquement, certes, c’est super … Mais t’es aussi devenu un gros connard.

    Et il mit fin à la conversation, non sans avoir manqué un dernier sourire carnassier sur le visage de son ami. Il se releva alors et éteignit son ordinateur, pour descendre au rez-de-chaussée. Le voilà passé de stressé à bougon en l’espace d’un petit quart d’heure de discussion. Et c’est donc dans cet état mental qu’il arriva dans le salon, où il retrouva ses parents, déjà assis sur le canapé. Son père l’invita à les rejoindre, ce qu’il fit presque immédiatement.

    - Vous avez pris votre décision ? demanda-t-il en posant ses fesses sur le canapé rouge de la pièce.

     

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    Il ramena ses jambes contre lui, comme pour se protéger devant ce verdict. Il s’attendait clairement à tout, même à cet instant, ces parents étaient parfaitement insondables.

    - Oui, débuta Mathieu. Nous sommes d’accord pour que tu ailles étudier à l’étranger, en France, comme tu nous l’avais demandé.

    Le visage de Camille s’illumina subitement et il sentit son cœur partir en embardée. Il avait réussi à les convaincre, et il allait en France pour retrouver son meilleur ami et rencontrer enfin Cameron. Et avec ce qu’il venait de voir, il était encore plus emballé à l’idée de partir. Pour le caractère de Cameron, il lui mettra un bâillon et ça devrait le faire. Après tout, rien ne l’empêche d’appliquer la parité sur le très célèbre « sois belle et tais-toi » qu’on inculquait encore aux jeunes filles.

     

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    - Mais … débuta Sienna.

    Son cœur rata un battement. Evidemment, ce serait bien trop facile s’il n’y avait pas eu de « mais ». Il connaissait sa mère sur le bout des doigts et elle ne le laisserait jamais partir sans poser ses conditions. Mais s’il n’y avait que ça pour qu’il puisse partir, il accepterait d’office.

    - Je pose deux conditions. Tour d’abord, tu rentres aux vacances scolaires. Ensuite, si tu reviens avec des notes inférieures à la moyenne, tu es rapatrié d’office à la maison. Je te laisse le premier trimestre pour t’habituer à la langue. Mais passé le 1er janvier, toute note en dessous de 10 est éliminatoire.

    Camille acquiesça en silence, et leva les yeux vers son père. Son expression était neutre, signe qu’il était d’accord avec les conditions posées par sa mère. D’un autre côté, il aurait pu s’en tirer avec bien pire. Il a trois mois pour faire ses preuves, et rentrer pour les vacances ce n’était pas la mer à boire non plus.

    - Ca marche, dit-il très sérieusement. J’accepte vos conditions.

    - Ce n’est pas comme si tu avais le choix, lui dit Mathieu avec un petit sourire amusé. Ta mère a fait partir ton dossier d’inscription en urgence pendant mon absence et on a eu la réponse officielle ce matin du lycée que tu visais : ton inscription est prise en compte. Tu es attendu pour la rentrée.

     

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    Le jeune homme écarquilla les yeux, encore plus stupéfait. Il n’aurait jamais cru que sa mère envoie le dossier dans son dos, encore moins qu’il se fasse accepter aussi facilement. D’un autre côté, avec les lettres de motivation écrites par An, il avait clairement mis toutes les chances de son côté.

    - Ils te laissent cependant quinze jours de délai pour faire tes cartons, chercher un logement et prendre tes billets d’avion. Tu es donc attendu au plus tard le dix-sept septembre dans ton nouveau lycée.

    Camille se leva alors et sauta directement dans le canapé en face de lui pour enlacer ses parents. Il jubilait, littéralement. Il les serra alors contre lui, heureux comme un roi. La réaction de sa mère le surprit, c’était évident, mais son père ? Exactement là où il l’avait attendu : après tout, s’il y avait bien quelqu’un pour céder au moindre de ses caprices, c’était bien lui.

     

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    Pour lire la scène originale, du point de vue Cameron, ça se passe par ici - You're The One ♥


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    - C’était le dernier carton.

    Kellan le posa à côté des autres et se laissa tomber dans le canapé du salon, tout en soufflant, tel un ballon de baudruche se vidant de son air. Il avait les jambes étendues devant lui, sa tête balancée en arrière du canapé et il fixait le plafond. Il n’aurait jamais imaginé que trois paires de chaussettes et deux tee-shirts pouvaient peser aussi lourd. Il allait vraiment falloir que Xander apprenne à évaluer les poids et les quantités, car là il n’y était pas du tout.

    Et en parlant du loup, le voici qui arrivait avec une bière décapsulée dans chaque main. Il les posa sur la table basse devant Kellan, et après lui avoir donné un gentil coup de pied dans le mollet pour lui faire ranger ses jambes, il se laissa tomber à côté de lui, dans à peu près le même état d’harassement.

    - Aux dernières nouvelles Xan’, trois chaussettes et deux tee-shirts ça passe dans une valise cabine. Et vu l’état de mon dos, je peux t’assurer que j’ai déménagé bien plus que ce qui était prévu.

     

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    Xander tourna la tête vers Kellan, la mine boudeuse. C’était une expression : il n’avait jamais eu l’intention de n’apporter que trois morceaux de vêtements ici, ce serait plutôt difficile de tenir avec si peu. Petit point qu’il devait noter au sujet de Kellan : celui-ci prenait visiblement tout au pied de la lettre.

    - Tu pensais vraiment que je n’aurais que trois fringues à déménager ? lui demanda Xander, affichant toujours la lippe.

    - Oui. C’est ce que tu m’avais dit.

    Le blond leva les yeux vers Xander sans bouger pour autant de sa position de profonde lassitude. Il étira simplement ses jambes devant lui, reprenant sa posture initiale d’avant l’arrivée de Xander. Ce dernier leva les yeux au ciel face à la réaction de son petit ami et il attrapa la bière devant lui avant de boire une longue gorgée désaltérante.

     

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    Initialement, c’était ses parents et Emilien qui auraient dû l’aider à s’installer. C’est ce qui était prévu depuis de nombreuses semaines, et tout le monde était préparé à cette idée. Cependant, depuis qu’il était avec Kellan, il s’était dit que c’était probablement l’occasion de passer un peu de temps seulement tous les deux. D’ici la rentrée en septembre, il ne leur restait que quelques semaines puis chacun allait reprendre sa vie à des kilomètres loin de l’autre. Alors si leur histoire se transformait en amour de vacances, il se disait qu’ils en auraient au moins profité au maximum.

    D’un autre côté, il était quasi persuadé que Kellan, bien qu’enthousiaste au départ, avait désormais une furieuse envie de le tuer, ou de l’éviscérer, suite au calvaire qu’il avait dû subir. C’est vrai qu’avec une ou deux paires de bras en plus, le déménagement aurait été bien plus facilité.

    - Désolé, dit alors Xander en se tournant vers Kellan après avoir posé sa bouteille sur la table.

    - De ?

    Le blond se redressa pour regarder Xander. Il haussa un sourcil, se demanda bien ce que celui-ci allait encore lui inventer.

    - De n’avoir demandé qu’à toi pour le déménagement. Ça aurait été plus facile si ma famille m’avait aidé comme prévu.

    - Certes, ça aurait été plus facile. Je suis d’accord sur ce point, mais t’as pas à t’excuser, parce que s’ils avaient été là, je n’aurais jamais pu faire ça.

     

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    Aussitôt, il s’approcha de Xander et l’embrassa. Ce dernier sourit et posa sa main contre la nuque de Kellan, glissant ses doigts dans les cheveux à la base de sa nuque. Il sentit d’ailleurs le sourire de Kellan contre ses lèvres, et pour l’empêcher de rire il entrouvrit la bouche comme une invitation à se taire et à s’appliquer. Ce qu’il fit, au plus grand plaisir de Xander.

    - Bon, ok, t’as raison, dit finalement Xander une fois qu’il se fut détaché des lèvres de Kellan.

    - Quoi ? Tu ne vas pas me dire que tu n’y avais pas pensé ?

    - Hein ? De quoi ?

    - Tu ne m’as quand même pas demandé de venir porter tes cartons parce que je suis plus musclé que ton meilleur pote et que tu avais peur qu’il se pète le dos ?

    - Ah ! Non. C’est parce que je voulais passer du temps avec toi.

    - Alors pourquoi tu t’excuses ? Je suis content de passer du temps avec toi. J’en ai peut-être plein le dos, mais rien qu’une douche chaude ne soit capable de réparer, donc t’as pas à t’excuser.

     

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    Il releva alors un peu la tête et embrassa Xander sur le front. Ce dernier rougit légèrement, peu habitué à ces marques d’affection gratuites. Kellan recula ensuite, s’étira et récupéra la bouteille de bière que Xander lui avait ramené. D’abord une bière, et la douche ensuite.

    Le téléphone de Xander sautilla dans sa poche, et il s’en empara pour regarder la notification qu’il venait de recevoir. Il ne dit rien, lisant avec un calme olympien le message qu’on venait de lui envoyer, puis il verrouilla son téléphone avant de le poser sur la table basse.

    Kellan n’avait pas raté une miette de ce qu’il venait de se passer, regardant du coin de l’œil Xander lire son message et se figer. Ce n’était peut-être pas visible au premier coup d’œil, mais il l’avait vu faire cette tête assez régulièrement ces derniers jours pour réaliser que ces notifications le contrariaient. Et le téléphone de Xander recevait beaucoup de notifications.

     

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    - Tu ne veux toujours pas me dire ce qui te tracasse ? demanda Kellan en buvant une gorgée de bière.

    - Y’a rien. Tout va bien, lui répondit le brunet, les yeux un peu ailleurs.

    - Je t’ai dit que ça ne servait à rien de me mentir. Ton visage est un vrai livre ouvert, et tu es contrarié à chaque fois que tu regardes ton téléphone. Il se passe quelque chose.

    - Mais non. C’est juste de la pub.

    Kellan reposa la bouteille sur la table basse et se tourna vers Xander, le visage fermé et le regard décidé. Il se redressa alors, et passa une jambe de chaque côté des cuisses de Xander, pour l’empêcher d’esquiver et parce qu’il était absolument décidé à obtenir une réponse.

    - Hé ! Je peux savoir ce que tu fais ?

    - J’attends des réponses, lui dit Kellan très simplement. Pourquoi tu ne veux pas me dire que ça ne va pas ? Tu sais bien que je ne vais pas te juger, au contraire.

    - Je sais, souffla Xander en baissant la tête. C’est juste que je veux arrêter d’y penser …

    Il se pencha vers Kellan et posa son front contre son torse, sans rien ajouter de plus. Interloqué, Kellan passa une main dans les cheveux de Xander. Il était clair qu’il se passait quelque chose de grave, et Kellan commençait à s’inquiéter, et à craindre le pire.

     

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    - Bae ? Dis-moi ce qui ne va pas.

    Xander eut un petit sourire. Ce n’était pas la première fois que Kellan l’appelait comme ça. Ce n’était pas fréquent non plus, mais Kellan le lui avait déjà dit, notamment quand il s’inquiétait pour lui. Xander n’était pourtant pas très fan de ce genre d’appellation mielleuse. Il avait tendance à trouver ça ridicule, notamment quand il entendait des couples s’appeler par ce genre de petits noms en public. Mais Kellan ne l’appelait ainsi que quand ils étaient tous les deux, et quand il tentait de le rassurer. Et dans ce contexte, ça ne le gênait pas, au contraire. Ça avait même plutôt le don d’être efficace.

    - T’es vil, tu utilises les mots magiques.

    - J’utilise ce qui marche. Alors ?

    - Charlie est revenue.

    Kellan écarquilla les yeux. Il ne s’était pas attendu à ça. Aux dernières nouvelles, Charlie avait plaqué Xander par texto avant même que celui-ci ne prenne le temps de s’expliquer avec elle, ce qui avait grandement contrarié le brunet. Et puis, Charlie vivait à Albany, dans l’état de New-York, ce qui n’était clairement pas la porte à côté de Bloomington : elle avait fait un voyage de monstre avant d’arriver à destination.

    Voyant que la conversation allait prendre un tour plus sérieux, Kellan se releva des jambes de Xander pour s’asseoir devant lui, sur la table basse, une main posée sur son genou. Xander posa une main contre son front, et lâcha un profond soupir.

     

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    - Quand Emilien est venu m’aider à faire mes cartons, il a deviné, pour toi et moi. Enfin, il a deviné que j’avais quelqu’un surtout, et j’ai fini par céder en disant que c’était toi. Il a été super compréhensif, pas choqué …

    - Normal, lui dit Kellan dans un sourire. C’est ton meilleur ami, c’est le plus à même de t’accepter, non ?

    - Peut-être. Enfin, toujours est-il que Charlie est arrivée à ce moment-là.

    Xander lui raconta, avec le plus détachement possible, la conversation plutôt houleuse qu’il avait échangé avec son ex petite-amie. Il essayait d’en parler comme si tout ceci ne l’avait pas affecté, et à chaque insulte qu’il répétait, Kellan sentait une forme de colère s’emparer de lui. Il était pourtant confronté à ce genre de remarque constamment, il savait que la connerie existait partout, mais il en restait bouche bée à chaque fois.

     

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    - C’est elle qui t’envoie des messages ? demanda Kellan une fois que Xander eut terminé son récit.

    - Non. Ses amis. Ils m’insultent. Ils prennent la défense de Charlie, je comprends, je …

    - Non. Tu ne comprends rien du tout, car il n’y a rien à comprendre Xander. Tu n’as pas à te faire insulter de la sorte car tu as plaqué ta meuf. Tu as le droit de la plaquer, tu ne l’as pas trompée, ni battue, ni quoi que ce soit d’autre. Tu as juste décidé qu’entre vous c’était fini.

    - Je l’ai quittée pour toi, pour un mec, reprit Xander. C’est normal qu’elle soit en colère.

    - Xander, elle n’est pas en colère là. Elle est haineuse. A part te pourrir la vie, elle et ses amis ne font rien. Aujourd’hui, ce sont des messages que tu peux ignorer, mais demain ? Ils pourrissent tes réseaux sociaux ? Te clouent au pilori et te descendent en flèche sur internet ? Viennent te casser les dents ? Et tout ça parce que tu es gay. Alors, je te le répète, ce n’est pas de la colère. C’est de la haine.

    - C’est sympa tout ça. Mais moi, je fais quoi ?

    - D’abord, tu ne gardes pas ça pour toi. Tu m’en parles, ou à Emilien vu qu’il sait déjà. Et si elle se lasse, tant mieux. Si ça prend des proportions démesurées, on va faire quelque chose pour les calmer.

    - Comme si ça allait les arrêter, marmonna Xander.

    - Je me permets de te rappeler que contrairement à ce que tu penses, être bi ne me rend pas la vie plus facile. Les remarques homophobes, j’en connais un rayon. Et autant te dire que se faire appeler « salope », « putain » ou « chien en rut », ça permet d’en voir un peu plus sur la nature humaine.

    - Que … ? Toi ? s’étonna Xander.

     

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    Il ne s’était pas attendu à ce que Kellan soit victime de ce genre d’insultes. Après tout, il s’était dit, naïvement, qu’aimer autant les hommes que les femmes devait lui rendre la vie plus facile.

    - Il y a les filles qui sont comme Charlie, me traitent de « salope » ou du classique « PD » quand je leur dis que je suis bi, ou alors les mecs qui disent que je suis un homo refoulé ou la putain à je ne sais pas trop qui ou quoi. Certains sont très imaginatifs. Et puis, il y a les autres. Selon eux, je vois le monde comme un baisodrome géant et je souhaite donc forniquer avec la terre entière.

    - Et … tu fais quoi quand ils te disent ça ?

    - Je leur réponds qu’ils se rassurent car je ne suis pas spécialement attiré par les cons.

    Le brunet esquissa un sourire, imaginant plutôt bien la scène. Soit ses interlocuteurs devaient se ratatiner sur place de honte, soit l’insulter encore plus fort de s’être faits traiter de cons.

    - Alors, tu vois, je ne les laisserai pas faire. Mais ne garde pas ça pour toi, ok ?

     

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    Xander acquiesça timidement. Il se demandait bien ce que Kellan pourrait bien faire de tout ça. Après tout, il ne risquait pas de débarquer chez Charlie, tel le dernier cavalier de l’apocalypse, pour l’engueuler de tout son soûl et lui dire d’arrêter de maltraiter son mec. Ce serait absolument la honte assurée. Il n’avait pas besoin qu’on le protège, il ne voulait pas passer pour le petit homo frêle qui regarde son copain casser la gueule des désaxés qui leur souhaiteraient du mal. Hors de question de devenir un cliché.

    - On peut changer de sujet, s’il te plaît ?

    Kellan acquiesça et lâcha les mains de Xander. Ce dernier le remercia brièvement puis se releva pour prendre la direction de la cuisine afin d’y déposer les bouteilles vides dans l’évier. Kellan le suivit presque aussitôt et enlaça Xander de dos alors que celui-ci était encore debout devant l’évier. Xander ferma les yeux, posa ses mains sur les avants bras de Kellan.

     

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    - Tu veux aller faire un tour en ville ? Il y a un parc à côté, de l’air frais nous fera du bien.

    - Ça marche.

    Kellan recula d’un pas pour laisser à Xander la possibilité de faire demi-tour. Celui-ci se tourna effectivement vers le blond mais ne lui adressa ni un sourire, ni un geste affectueux quelconque. Il avait l’impression de tout faire de travers avec Kellan, et ne savait plus comment prendre les choses avec lui après leur conversation. Mais il avait raison, de l’air leur ferait le plus grand bien.

    Et pour la suite ? Il verra ça plus tard. Il trouvera bien un moyen de réduire la distance qui venait de s’installer, d’une façon ou d’une autre.