♫ Tout est éphémère - Sofia Essaïdi & Christopher Stills

 

 

 Jouer des apparences

Et tout faire pour être belle

Déjouer l'évidence

Que personne n'est éternel

 

 

 Seul on rêve à des jours

Des nuits meilleures

Mais seul on le devient

On le demeure, dans son cœur

 

 

  Tout est tellement éphémère

Fragile comme l'amour

Un jour faste, un jour amer

Tout se perd jour après jour

 

 

 Tout n'est pas comme dans un rêve

Comme on croit tout feu tout flamme

Les voiles un jour se lèvent

Car tout se fane et tout s'achève

 

 

 Jouer l'indifférence

Pour mieux tirer les ficelles

Déjouer les avances

Et les pièges artificiels

 

 

 Seul on pleure sur des jours

Des nuits meilleures

Et seul on se souvient, en douceur, on en meurt

 

 

 Tout est tellement éphémère

Fragile comme l'amour

Un jour faste, un jour amer

Tout se perd jours après jours

 

 

 Tout n'est pas comme dans un rêve

Comme on croit tout feu tout flamme

Les voiles un jour se lèvent

Car tout se fane et tout s'achève

 

 

 Mais le temps est au désir

Et se laisser désirer

S'attendre à tous les plaisirs

Au charme s’envoûter

 

 

 Et demain verra grandir

Le fruit que j'aurai porté

Pour lier, conjuguer

Nos avenirs

 

 

 Tout est tellement éphémère

Fragile comme l'amour

Un jour faste, un jour amer

Tout se perd jours après jours

Tout n'est pas comme dans un rêve

Comme on croit tout feu tout flamme

Les voiles un jour se lèvent

Car tout se fane et tout s'achève

 

 

 

 Nate et Coleen étaient tous les deux installés dans un petit café de centre ville, Nate très à l'aise, Coleen beaucoup moins, surtout avec les deux folles assises derrière Nate qui la dévisageaient atrocement. Si elle avaient eu des mitraillettes à la place des yeux, Coleen ne serait déjà plus de ce monde.

 

 

 _ Fais pas gaffe à elles … soupira Nate. Si tu les regardes, ça les amusera encre plus.

_ Comment tu les connais ?

_ Elles me suivent partout, dès que je vais en ville, chuchota-t-il.

Il esquissa un sourire, qui rendit sa bonne humeur à Coleen.

 

 

 _ Tu fais quoi comme études ? Demanda Nate, afin d'oublier les deux folles de derrière.

_ Je suis en fac de droit, expliqua la blondinette. Mais pour être quoi, bonne question. C'est ma première année.

_ Donc, t'as dix huit ans ?

 

 

 _ Yep, je sais que j'en fais seize, tu peux me le dire tu sais.

_ Non, je connais une fille de seize ans, la sœur d'un de mes amis et on voit qu'elle est plus jeune. Moi, j'ai vingt et un ans, je suis un vieux, je sais, dit-il en riant.

_ Nan, t'es pas vieux m'enfin, le rassura-t-elle. T'as pas encore quarante balais !

_ Mais ça ne saurait tarder, avec les soucis qui me tombent sur le coin du pif … je vieillis prématurément. Ce serait pas étonnant de voir des cheveux blancs se pointer !

 

 

 Waly ouvrit de grands yeux et donna un coup de pied discret à Lulu qui couina sous la douleur.

_ Hé ! Mais t'es pas folle Waly ?! J'ai des tibias moi !

_ Et Nate a des soucis, expliqua Waly.

_ Tu crois que c'est à cause d'Andy ?

 

 

 

 Waly secoua vivement la tête, sûre que non.

_ Je pencherais plus pour Emilie. Bah si, Emiel a débarqué à la coloc, ça veut dire qu'il peut plus lui sauter dessus !

_ Bah, il me choisira peut-être moi ! S'émerveilla Lulu.

 

 

 _ Taratata, protesta Waly. Moi d'abord ! Je suis la plus âgée de nous deux, priorité aux anciens !

_ C'est moi qui l'ai vu en première ! Et puis, t'as vu la nache de tes cheveux ? Il aime pas les cheveux violets !

_ Qu'est-ce que t'en sais ? Ils sont beaux mes cheveux !

_ Andy a la même couleur de cheveux que moi, j'ai plus de chance !

_ Ca veut rien dire ! hurla Waly en se levant, mains sur la table.

 

 

 Tous les clients du café se retournèrent vers les deux gladiatrices, et Waly rougit de gêne, d'avoir hurlé aussi fort. Nate la dévisagea, un sourire moqueur au coin des lèvres et Lulu pouffa un « bien fait » juste assez audible pour que Waly l'entende.

_ Dé … désolée, dit-elle en se rasseyant.

 

 

 Nate et Coleen se regardèrent avant d'éclater de rire.

« Shame on you Waly, try again ! »

_ Tu viens ? Je sens que je vais finir la proie de ces folles si je reste ici, dit Nate en se levant et en déposant l'argent pour les consommations.

 

 

 Coleen acquiesça et le suivit jusqu'à l'extérieur du petit café. Distraitement, elle regarda sa montre avant que son visage ne parte en déconfiture.

_ Mon bus va pas tarder. Merci encore pour le café.

_ Tu notes ?

_ Gné ?

_ 06-xx-xx-xx-11, récita Nate. Bippe moi et je viendrais te voir !

 

 

 Il laissa Coleen en plant avant de se diriger vers l'agence d'emploi qui lui présentait refus sur refus.

Cependant, aujourd’hui, il y allait le cœur beaucoup plus léger. Et tant pis s'il se faisait rembarrer, il n'en tiendrait pas rigueur, pas cette fois-ci.

Tiliiiit !

 

 

 Nate sortit son téléphone de sa poche et vit un message envoyé d'un portable qu'il ne connaissait pas.

« Mon numéro :) Coleen. »

Nate afficha un petit sourire victorieux avant de reprendre sa route. Oui, aujourd'hui, ce ne serait pas une journée comme les autres.

 

 

 _ Ca t'arrive souvent ? demanda Kim à William.

William et Kim se promenaient en ville, comme de simples amis, faisant plus ample connaissance, au grand désespoir de William, ça faisait trois semaines quand même qu'il se faisait rembarrer avant de pouvoir aller plus loin avec la jeune femme.

_ Nan, pas souvent, j'avoue. D'habitude, quand je sors comme ça, c'est avec ma sœur.

 

 

 

 _ T'as une sœur ? S'enquit Kim.

_ Hin hin … Elle a seize ans. Je ne t'en ai pas parlé ?

_ Jamais, s'enjoua la jeune femme.

_ Eh bien, Julia est une petite blondinette de seize ans, elle est le portait craché de notre mère, je me demande où sont les gênes de notre père là dedans. Des yeux clairs, une peau pâle. Elle avait une voix cristalline aussi, quand elle chantait, on aurait dit un ange.

_ Avait ?

 

 

 _ Elle est devenue muette suite à la mort de notre mère. Elle a été assassinée. On a consulté nombre de médecins, qui sont tous venus à la même conclusion : Julia a vu notre mère se faisant tuer ou a été la première à la découvrir. Elle était très jeune, et elle s'est terrée dans un mutisme pesant.

_ Désolée, j'ai dû réveiller des souvenirs plutôt tristes …

_ T'inquiètes pas, ça ne me gêne pas d'en parler. J'espère juste que son meurtrier sera vite retrouvé avant qu'il y ait prescription.

 

 

 _ Ça fait combien de temps ? Enfin, si c'est pas trop indiscret.

_ Neuf ans. La prescription est à quinze ans, mais je n'ai pas l'impression que ça avance vite chez les flics.

_ Et Julia ? Si elle a vu le meurtrier ?

 

 

 _ Oh, les flics l'ont interrogée, mais elle n'a rien pu dire. Autant parler à une tombe. La police a laissé tomber depuis le temps, ils savent qu'elle ne dira rien.

_ Aujourd'hui, elle te dira peut-être quelque chose Will … non ?

 

 

 _ Je ne veux plus aborder le sujet avec elle. Un genre de fossé s'est construit entre nous depuis un moment, et je ne veux pas qu'il devienne plus important, et je ne vis même plus avec elle, j'ai peur que ça l'ait beaucoup affectée …

_ T'inquiètes pas Will, ça va sûrement s'arranger … Tout fini par s'arranger un jour ou l'autre, crois moi.

 

 

 Sur ces mots, Kim se rapprocha de William et l'embrassa timidement, sur le bout des lèvres. Un baiser simple, empli de douceur. William en fut surpris et écarquilla les yeux.

_ Considère ceci comme un oui à ta proposition. Je veux bien sortir avec toi Will.

 

 

 

 Au même instant, Eliott Thatch, petit frère d'Andy, rentrait de l'école paisiblement, afin de rejoindre sa tante, Valérie, un femme mûre blonde, copie à l'identique de de Claire Thatch, mère du petit garçon.

 

 

 Valérie, quant à elle, était dans sa cuisine et préparait le goûter se son neveu, jetant un coup d'œil à l'horloge assez fréquemment, attendant le retour du blondinet avec impatience. En effet, Valérie, étant célibataire, n'a jamais eu d'enfant, et se plaisait à veiller sur ceux de sa sœur, se comportant un peu trop maternelle avec eux, comme le soulignait régulièrement Andy, quand celle-ci se faisait trop présente dans sa vie.

 

 

 Or, c'est un tout autre accueil dont bénéficiera Eliott cet après midi là. Alors qu'il marchait paisiblement dans une rue vide, un jeune homme blond l'accosta avant de le frapper et le ramener à son chef de gang. Il ne fait pas bon être un Thatch en cette période de troubles, et c'est Eliott qui sera la prochaine victime.

 

 

 Delphes

 

Claire

 

Paul

…

 

 

Eliott

 

 

 

 

Une semaine plus tard ...

 

 

 La nuit commençait à tomber doucement sur la petite ville. La fraîcheur d'octobre envahissait progressivement les rues, faisant frissonner les quelques passants surpris par le brusque changement de température. Et oui, nous ne sommes plus en août, et décembre arrive à grand pas, armé de neige et de givre.

 

 

 Mikael, emmitouflé dans un gros pull, se dirigeait vivement vers un immeuble de briques rouges, bien décidé à rencontrer un petit prétentieux, enfin, selon la description qu'on lui en a faite.

 

 

 Le jeune homme pénètre dans l'immeuble indiqué par Julia, se dirige vers l'ascenseur et monte au premier étage, papier en main. Il doit sonner à l'appartement numéro deux, celui où est écrit « Nate Handers » « Son meilleur ami » lui avait précisé Julia dans un sourire. Mikael toqua donc vivement à la porte, espérant ne pas déranger l'habitant des lieux.

 

 

 William ouvrit la porte, aucune expression sur le visage. « Au moins, je l'ai pas réveillé » pensa Mikael, un peu rassuré.

_ Ouais ? C'est pourquoi ?

_ Tu dois être William ? Non ? Demanda Mikael.

William acquiesça, jugeant de haut en bas son visiteur.

_ Enchanté, je m'appelle Mikael. Je viens de la part de Julia.

 

 

 Le jeune homme aux cheveux bleus ouvrit de grands yeux ronds, et son interlocuteur attisa son intérêt.

_ Qu'est-ce qui lui arrive ? Paniqua William. Elle va bien ? Réponds merde !

Will tira le jeune homme dans l'appartement avant de fermer vivement la porte.

 

 

 _ D'où tu connais Julia ? Qu'est-ce qu'elle a ? Réponds !! gronda Will.

_ Elle va bien … Je suis client au bar où elle bosse, et, je sors avec elle …

_ Pas possible, Harry t'aurait tué !

_ Il est pas au courant, expliqua Mikael. Mais là n'est pas le problème …

 

 

 _ Accouche merde !

Mika se tut quelques instants, et baissa la tête.

_ C'est ça justement le problème, expliqua-t-il.

_ Elle ? … Enceinte ?

 

 

 Mikael n'eut même le temps de protester que le poing de William lui atterrit dans la figure, laissant un filet de sang couler sur son visage meurtri.

_ Mais t'es con bordel ! J'ai dit qu'elle était enceinte, mais pas de moi merde ! Tu crois que je serais venu te voir sinon ?

_ Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Beugla William.

Ces jurons étaient hurlés tellement forts qu'ils auraient pu en réveiller les voisins … heureusement que Kim était partie chez sa famille, quand à Mimi, ça lui fera les pieds comme ça !

 

 

 _ Tu aurais dû la voir quand elle l'a appris, quand elle m'a demandé de te prévenir. Je peux te certifier que ce gosse et tout sauf le résultat d'une relation amoureuse ! En plus, je ne connais Julia que depuis peu de temps, elle est enceinte de deux mois. Elle voulait à tout prix que tu sois au courant.

 

 

 Tandis que William faisait les cents pas dans le pièce, ruminant, cherchant le père de l'enfant, Mikael se massait douloureusement le nez, grimaçant. Quand Will frappe, il n'y va pas de main morte.

_ Désolé pour ton nez.

_ Ca va passer; dit-il en accompagnant ses paroles d'un geste synonyme que tout va bien. Aïeuh ! Je crois qu'il est cassé en fait.

_ … Harry … soupira William, rendu à l'évidence.

 

 

 _ Quoi Harry ?

_ C'est lui … le père !

_ Le père ? S'étonna Mikael, complètement perdu

_ Mais t'es con ou te le fais exprès ? Beugla Will. Il viole sa fille et maintenant, elle est enceinte ! Elle peut pas sortir de la maison de toute, ça peut-être que lui !

_ T'en sais rien William, soupira Mikael.

_ Tu connais rien de nous, ok ? T'es qu'une pièce rapportée pour l'instant. C'est pas parce que tu embrasses ma sœur et fantasme sur elle la nuit que ça te permet de tout comprendre.

 

 

 William s'éloigna de Mikael, avant de faire un drame. Sa Julia, sa précieuse Julia, sa petite soeur. Ce petit bout de femme n'était plus qu'un jouet pour leur père … Et maintenant, la voilà coincée. Il ne pouvait qu'imaginer ce que fera Harry quand il l'apprendra. Il la battra, avant de finalement la tuer, comme pour leur mère. Et ça, il l'en empêchera, hors de question que sa sœur suive les traces de sa mère. Il n'en survivrait tout simplement pas.

 

 

 _ Merci d'être passé, va-t-en maintenant, souffla William, le dos tourné à son interlocuteur.

_ T'es sûr que …

_ Va t'en j'ai dit, tu as juste le nez cassé, estime toi heureux que je te casse pas autre chose.

_ Ouais, c'est bon, j'me tire. Je te laisse mon numéro au besoin.

William grommela brièvement, sans pour autant faire face à son interlocuteur. Harry n'emportera pas son dernier crime au paradis, et le jeune homme, derrière le rideau de ses larmes, se le promit à lui même. S'il devait mourir dans les jours qui venaient, laissez le au moins venger les deux femmes qui comptent le plus à ses yeux d'enfant : sa mère et sa petite sœur.