Allongé sur le dos, sur son lit, Nate essayait de se reposer, mains sur les yeux, voulant à tout prix faire filtrer les rayons du soleil.

Les décalages horaires, c'est pas son truc.

 

 

 La porte de sa chambre grinça, et il grogna.

_ Bordel Emilie, tu peux pas frapper ?

_ Marine est arrivée ducon. Je la fais monter ?

_ Ouais, vas-y.

 

 

 _ Tu comptes me bouder encore longtemps ? Grimaça Emilie.

_ Tant que tu feras l'enfant, oui. Je commence à en avoir de tes sautes d'humeur.

_ Je ...

 

 

 _ Tu me prend le chou Emilie. On avait conclu que nous deux, ça durerait pas, alors maintenant, je suis plus que ton colloc', on essaye de s'entendre, mais point barre.

_ Je suis plus rien pour toi ?

_ T'as jamais été quelque chose non plus Emilie. Je pourrais jamais aimer une fille comme toi. So, tu te casses maintenant. Merci.

 

 

 Emilie sortit à la va vite de la chambre, indiquant au passage à Marine que Nate l'attendait dans sa chambre, complètement naze, ce qui n'étonna pas la jeune femme pour autant.

 

 

 _ Bonjour mon chéri, dit Marine en passant la porte. Tu as fait bon voyage ?

_ Oui, je suis juste crevé, le décalage horaire et moi, ça fait deux. Viens t'asseoir, t'as peur que je morde ?

Marine se mit à rire avant de s'asseoir à côté du jeune homme, passant sa main sur son visage.

 

 

 _ Tu m'as manqué ... souffla-t-il, les yeux fermés.

_ Toi aussi, dit-elle en souriant.

_ Tu m'expliques ton attitude de tout à l'heure ? J'ai eu à moitié peur.

_ Rien de méchant je te dis ...

_ Marine ...

 

 

 _ Je voulais te demander ...

_ Oui ?

_ Tu veux venir habiter avec moi ?

 

 

 _ Attends ? C'est pour ça que je me suis inquiété ? Demanda Nate, éberlué. J'ai cru que tu étais enceinte ! Imagine pas la panique ! J'ai paniqué pour rien ...

_ C'était censé être une surprise, bouda Marine. J'avais peur que tu le prennes mal, que tu t'énerves, je voulais préparer mon coup ... et je ...

 

 

 Nate se hissa à l'aide de ses avants bras pour atteindre les lèvres de la demoiselle, la forçant à se stopper dans son début de monologue, à la plus grande surprise de celle-ci, qui ne rechigna pas pour autant, afin de gouter à ses lèvres tant désirées depuis plus de deux semaines.

 

 

 

 Quand ils se décollèrent, Nate fit basculer Marine sous lui, la regardant dans les yeux.

_ Je ne me suis pas énervé, sourit-il, en l'embrassant amoureusement.

_ Tu ne m'as pas répondu pour autant ...

_ Tu as besoin de ta réponse maintenant, ou tu peux encore attendre, murmura-t-il en cherchant les lèvres de la jeune femme.

_ Je crois que je peux attendre finalement, sourit-elle en sautant sur les lèvres de son compagnon.

 

 

 Ce dernier ne se fit pas prier plus longtemps pour passer ses mains sous la jupe de la jeune femme, bien décidé à la dévêtir.

Deux semaines loin d'elle, il ne tenait plus.

Et c'est sans retenue qu'ils se dévêtirent tout deux mutuellement, ne se retrouvant plus qu'en sous vêtements ...

 

 

 _ Je croyais que tu étais fatigué, rit Marine en caressant le visage de Nate, une fois qu'elle eut basculé au dessus de lui ...

_ Jamais pour toi, rit-il en passant ses mains sur les hanches de la jeune femme, désireux de lui retirer ce bout de tissu, désormais de trop.

 

 

 Et dans les secondes qui suivirent, ces dernières entraves regagnèrent le reste des vêtements gisant sur le sol, permettant à ces deux amants de se retrouver, et puis, peut-être, d'oublier.

 

 

 De redémarrer.

De marquer d'une pierre blanche le début d'une nouvelle vie, aucun regard sur son passé.

Oui, mais, est-ce qu'il arrivera à franchir ce cap qui lui fait tant peur ?

 

 

 Qui l'a fait reculer plus d'une fois ?

Qu'il veut tout de même franchir...

 

 

 

 Agenouillée au sol, les yeux fermés, la jeune femme ne bougeait pas, perdue dans ses pensées. Réfléchissant à tout ce qui lui arrivait. Un genre de rétrospection sur sa vie, peser ses bonnes et ses mauvais actions. Reprendre tout depuis le début, voir où tout a commencé.

 

 

 Elle a beau retourner le problème dans tous les sens, le faire remonter le plus loin possible, elle n'arrive qu'à cette seule et même conclusion.

Si elle n'était pas née, le monde se serait mieux porté.

Elle n'aurait jamais souffert autant, c'était un point primordial. Tu n'existes pas, tu ne souffres donc pas.

Elle n'aurait jamais foutu la merde entre William et son père, la musique, c'était quand même son idée à elle au départ.

Ses amis et sa famille ne se ferait pas de mouron pour elle.

Ils vivraient tranquilles, sans la dépressive de service dans les pattes.

Leurs vies seraient bien mieux.

 

 

 Spencer serait en vie à l'heure qu'il est.

Il n'aurait pas quitté son trafic pour elle, il ne se serait surement pas fait tuer, parce qu'elle est convaincue que tout est de sa faute.

Elodie et Kael seraient avec leur fils.

Il aurait dû vieillir, avoir des enfants, et puis mourir, à un âge respecté, au chaud dans son lit.

Pas d'une balle tirée dans le cœur, à vingt quatre ans.

 

 

 Nate aussi s'en serait porté mieux.

Il serait arrivé, aurait rencontré seulement Sienna et William.

Il n'aurait pas quitté Lucie pour ses beaux yeux.

Il ne se serait pas enfui, parti sûrement, il aime voyager, mais enfui, non.

 

 

 Elle ne se définissait plus que comme une source à emmerdes, et maintenant, on lui demandait, à elle, à celle qui avait tué Spencer de récupérer ses biens, comme si elle avait été la personne la plus importante de sa vie ...

D'une certaine façon, elle l'était ...

 

 

 Elle était celle qui avait provoqué sa mort ...

Et qui se devait de rester indifférente, de ne pas montrer sa faiblesse.

Son amour pour Spencer était pur hypocrisie.

Elle s'était attachée à lui comme un rescapé de naufrage à une bouée.

Elle pensait qu'il allait la sortir de son trou, de sa tristesse ...

 

 

 Elle n'a fait qu'y replonger, tête baissée.

 

 

 Doucement, en s'appuyant sur ses mains, elle se relève, et rentre chez elle, voir sa sœur, se changer les idées.

Peut-être s'installer à la batterie, peut-être dormir ...

Peut-être se rappeler...

 

 

 

 _ Tu ne m'a pas répondu, souffla Marine alors qu'elle était tendrement lovée dans les bras de son petit ami. Tu m'as promis une réponse ...

_ Je t'ai dit pas maintenant Marine.

 

 

 Elle leva les yeux au ciel, à moitié exaspérée que son Roméo esquive la question.

_ Ne me fais pas croire que c'est parce qu'on vient de faire l'amour que je vais oublier ma question, nan nan nan !

_ Tu sais que tu peux être énervante quand tu t'y mets ? Pourquoi tu t'excites au sujet de ça ...

_ Pourquoi ne me réponds tu pas tout simplement ? C'est si dur que ça de dire oui ou non ?

_ Ca dépend de la question, et là, oui, c'est dur de faire un choix.

 

 

 Marine se leva, s'assit sur le lit, incompréhensive.

_ T'es en train de me dire que choisir entre vivre ici avec ta colloc', ou avec moi, c'est dur ? Je m'en doutais, tu te tapes ta colloc !

_ Que ... ? Tu vas pas t'y mettre toi aussi ? Soupira Nate.

 

 

 _ Comment ça moi aussi, souffla la jeune femme tandis que Nate s'asseyait à son tour.

_ Mon ex m'a fait le coup du « tu te tapes ta colloc' ». Je commence à croire que vous vous êtes passées le mot. Et non, je ne me tape pas ma colloc' !

_ Pourquoi alors tu me réponds pas ...

_ Parce que j'ai besoin de temps pour réfléchir ...

_ Réfléchir ?! Genre, t'as pas envie de vivre avec moi, c'est bon, j'ai compris, dit la jeune femme en se levant pour récupérer ses sous vêtements et s'habiller à la hâte.

 

 

 

 _ Stop Marine !

Nate se leva, enlaça sa petite amie par derrière alors que celle ci cachait de ses bras son corps, honteuse.

_ Tu comprendrais pas si je t'expliquais.

_ Explique toujours. J'ai pas juste envie d'être là seulement quand t'as besoin de moi, pas juste te voir une fois de temps en temps ... J'ai envie de vivre avec toi, me réveiller à coté de toi tous les matins ... Marre de ne se voir qu'en coup de vent ...

 

 

 _ Je ... je suis désolé Marine, mais je peux pas, y'a comme un blocage dès qu'il est question de m'installer avec quelqu'un.

_ Comment ça ?

_ J'ai foiré une relation comme ça, j'ai pas envie de faire pareil avec toi ... Je préfère qu'on vive chacun de notre côté, qu'on se voit comme maintenant, mais pas non stop.

 

 

 _ Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Osa doucement Marine en se retournant.

_ Oh, ce n'était pas définitif, rit-il. Juste pour les vacances. C'était avant que je sorte avec Andy, elle s'appelait Lucie.