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    On est donc vendredi soir.

    Aussitôt après être rentré du lycée, j'ai retrouvé Drew, et nous sommes rentrés ensemble, puisque aujourd'hui encore, il avait accepté de m'héberger. Depuis le temps que je viens squatter, il me disait que je n'avais même plus besoin de demander pour venir, que je dérangerais jamais. Mais maintenant, avec sa copine, je pense que je vais être très vite de trop.

     

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    J'étais donc installé sur mon matelas, en vieux jogging, mes bras entourant mes genoux, tandis que Drew était allongé sur son lit, un livre à la main. Moi, seul mon MP3, offert par Heaven pour mes dix huit ans, me suffisait.
    - Drew, débutai-je.
    - Quoi ?
    - Je vais rentrer chez moi demain, fis-je. Je t'embête assez comme ça.
    - Tu déconnes là ?

     

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    Il posa son livre par terre, et s'assit sur son lit. Pour ma part, je levai la tête dans sa direction, et éteignis mon baladeur, afin de ne pas être dérangé.
    - Non, je sais très bien que je dérange. C'est pas nouveau.
    - Tu veux rire, tu sais très bien que tu déranges pas ... Pourquoi on t'aurait installé un matelas si c'était le cas ?
    - Ta frangine m'aime pas, et j'empêche ta copine de venir
    - Ma frangine n'aime personne, sauf moi. C'est chiant, mais c'est comme ça. Quant à Zupp, elle te l'a dit tout à l'heure. Alors, tu discutes pas, et tu bouges pas de ce matelas du weekend ...

     

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    - Du week end ? ris-je. Tu m'apporteras le petit déjeuner au lit ?
    - Déconne pas non plus, en plus, tu m'as très bien compris.
    - Rooh, je te charrie ... La vie est morne si je ne peux pas t'embêter. D'ailleurs, sympa les chaussons mon mignon ! lui dis-je en allusion aux Winnie l'Ourson que portaient fièrement ses pieds.
    - C'que t'es con !

     

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    Drew leva les yeux au ciel avant d'éteindre sa lumière de chevet, ne laissant plus que la petite lampe au pied de mon matelas pour tenir la pièce éclairée.
    - Bonne nuit, me dit-il en s'allongeant sur les couvertures.
    - Ouais, c'est ça bonne nuit...

     

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    A mon tour, j'éteignis la petite lampe, et m'allongeai sur les draps, conservant mon baladeur sur mes oreilles. Il n'y a qu'avec ça que je me sentais réellement chez moi.


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    J'étais bien décidé à la revoir.
    Par n'importe quel moyen.
    Voilà une semaine que je l'avais bousculée, et elle ne me sortait pas de la tête. Son image me martelait le crâne dès que je n'avais plus rien pour m'occuper l'esprit. D'un côté, je préférais que ce soit elle qui débarque à l'improviste dans ma caboche de demeuré, que les souvenirs de mon adolescence, c'est toujours ça de gagné. Au moins, je ne risquai pas d'en faire des cauchemars
    Revenons à nos moutons.

     

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    Il est sept heures du matin. J'ai cours dans une heure et je ne suis pas en retard. Tout va à la perfection me direz-vous, oui, sauf que je suis bien décidé à attendre toute la journée s'il le faut, assis sur les marches devant la station de métro, pour qu'elle rapplique, en espérant qu'elle passe devant chez moi tous les matins, comme la dernière fois que je l'ai vue.

     

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    Ce n'est pas que je m'impatiente, mais presque. Je m'en fiche royalement d'être en retard, je vais juste être collé, ça m'éloignera de mon père pour la soirée.
    Alors que je psalmodiais dans ma tête, je vis deux personnes arriver dans ma direction, portant, à vue de nez, l'uniforme de Van Heim. Manque de chance pour moi, ce fut deux gars.

     

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    Il s'arrêtèrent devant les grilles de la station de métro, apparemment, ils attendaient quelqu'un.
    Franchement, ils avaient la classe. Je sais pas si c'est parce qu'ils sont à Van Heim, mais je suis sûr que j'ai pas la même prestance. Le blondinet avait un visage étrangement inexpressif, de grands yeux bleus tristes pour le peu que je les ai vu, et il parlait peu à son collègue, qui, quant à lui, avant la langue bien pendue. Je supposais le brun d'être un poil trop rigolard, du genre qui n'a rien à foutre des études ... vu comment il parlait avec détachement de tout ça.

     

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    - Un coup de main peut-être ? demanda une voix féminine.
    Je secouai la tête rapidement, avant de constater que la voix s'adressait à moi, et provenait d'une magnifique jeune femme aux longs cheveux d'ébène, des yeux verts pétillants soulignés par un maquillage discret et subtil.
    - Tu m'écoutes quand je te cause ? répéta-t-elle.
    - Ah pardon, fis-je en me relevant.

     

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    Purée, elle était immense comme nana, et sa coupe la rendait encore plus grande.
    - Ca t'éclate d'écouter la discussion des autres ? continua-t-elle.
    Pouah, elle m'a pas l'air commode celle-là.
    - Pardon, répétai-je. Mais rien ne te prouve que j'écoutais, ok ? Je suis juste assis sur ces marches, à attendre quelqu'un. Ce sont tes potes qui se sont posés à côté de moi.
    - Oh, regardez les gars, nous avons un rebelle, pouffa-t-elle.

     

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    - Toi, la grande perche, ferme ta grosse gueule enfarinée, tu veux.
    - Tu lui parles pas comme ça,fit le châtain en s'avançant, suivi du blond.
    Merde, trois contre un, j'ai aucune chance. J'aurais peut-être mieux fait d'aller en cours ce matin. Un cours le Lhomer me semblerait beaucoup moins périlleux. J'ai de la repartie, mais pour tout ce qui est attaque physique, Raise était mieux équipé que moi.

     

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    - Foutez lui la paix, lâcha une voix provenant de derrière eux.
    Merde, un autre gars de Van Heim. Putain, je suis plus aussi sûr de vouloir intégrer ce lycée finalement. Le lycée JFK me semble beaucoup mieux tout d'un coup.
    - Occupe toi de tes fesses Cory, cingla la grande brune sans se retourner. C'est un JFK, laisse moi m'amuser un peu.

     

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    - Cynthia ! perça une voix fluette.
    Je ne bougeais plus, reconnaissant la voix de la jeune fille que j'avais bousculé l'autre jour. J'ai peut-être de la chance finalement.
    - Vous n'êtes pas drôles les mecs, grogna la dénommée Cynthia. Moi qui comptait m'amuser un peu. Pas tous les jours qu'on voit un JFK nous tenir tête.
    - Le JFK a un nom, persiflai-je.

     

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    - Aaron, c'est ça ? dit la châtaine en s'approchant de moi.
    - Euh, ouais, c'est ça. Comment tu ...
    - J'ai pas la mémoire d'un poisson rouge tu sais. Moi, c'est Meredith, Méré si tu préfères. Et les autres, mes potes ...
    - Enchanté, fis-je aux autres qui commençaient à "bouder".
    Le brun du début se rapprocha de Meredith avant de passer un bras autour de ses épaules, propriétaire. Me dîtes pas que ...

     

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    - Florian, mon petit ami, dit-elle en riant. Sinon, il y a Cynthia, Cory ... et puis Julio.
    - Ok, fis-je, déçu, et tant pis si ça se ressentait dans ma voix.
    L'autre crevard de Florian devait être aux anges. Je crois bien qu'il a tout tilté.
    - Bon, c'est pas tout, mais faut que je file en cours, si je veux pas être collé. Content de t'avoir revue Meredith...
    - Moi de même, fit-elle en souriant.

     

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    Je pris donc la direction du lycée, peu joyeux.
    Voilà que la seule fille qui m'intérresse un chouïa est entourée d'une horde de fous furieux, dont une grande perche mal commode et un petit ami un poil jaloux à ce que j'ai pu voir. Je sens que je suis pas prêt a être pote avec cette bande là. C'est moins risqué et plus probable que je me rapproche des moisis ...