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    Nate avait disparu. Et cela faisait maintenant deux jours qu’il n’avait donné aucun signe de vie à William ou à Sienna. Son colocataire n’avait pas eu d’explication ou d’avertissement au sujet de son départ. Il n’avait pas vraiment remarqué qu’il était parti d’ailleurs. Il était parti au travail comme tous les jours, laissant Nate à l’appartement, et le soir en rentrant de sa journée, l’appartement était vide, et il le demeurait.

    Il avait évidemment contacté le téléphone de son meilleur ami, mais il sonnait dans le vide. Il avait contacté Sienna, mais celle-ci n’avait pas obtenu plus de nouvelles. C’était un véritable silence radio, et finalement, William avait fini par se résigner à aller chez Marine et Nate, enfin, chez Marine puisque normalement Nate n’y vivait plus, espérant y voir son meilleur ami sur roulettes en train de prier sa femme de le reprendre.

     

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    Il avait donc fait le chemin à pied jusqu’à cette maison perdue dans un lotissement de maisons quasi similaires. Ses pensées furent accaparées sur tout le temps du trajet aux possibilités que Nate soit rentré chez lui, et il priait que ce soit le cas. Avec les menaces qu’il avait reçues, l’absence de Nate était inquiétante, et s’il n’était pas chez lui, il n’aurait plus qu’à contacter la police pour disparition inquiétante, en espérant qu’ils le retrouveraient en vie. Il réprima un frisson d’effroi, et il poussa le portillon qui menait au jardin de cette maison. Il s’avança dans l’allée, et une fois devant la porte, il sonna.

    La propriétaire des lieux ne mit pas longtemps avant de se diriger à l’entrée et d’ouvrir la porte. Il n’avait pas vu Marine depuis plusieurs semaines déjà, et il voyait parfaitement sa fatigue creuser son visage, et plus particulièrement ses yeux. D’un coup d’œil, il remarqua même qu’elle avait perdu du poids. Elle n’était pas au meilleur de sa forme.

    - Will ? Que … Qu’est-ce que tu fais là ?

     

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    Elle semblait plutôt surprise de le voir. Bon évidemment, il ne l’avait pas prévenu qu’il passerait, mais avant le départ de Nate de la maison, ça ne posait pas de problème. Elle l’avait toujours accueilli avec un sourire, se décalant aussitôt pour le faire entrer. Là, elle semblait complètement désemparée. Elle savait pour la disparition de Nate ? Enfin, il avait disparu de sa vie, mais il ne se cachait pas. Là, il avait vraiment disparu.

    - Tu sais pour Nate ? demanda-t-il tout piteux.

    Et aussitôt, le visage de cette mère de famille se ferma et ses yeux foncèrent, noirs. Marine ne supportait plus d’entendre le nom de son mari, qui allait bientôt rejoindre le rang des exs pour défection face à ses responsabilités.

    - Non, je n’en sais rien, et je ne veux rien savoir. Et il n’a pas intérêt à revenir s’il tient à ses couilles !

    William baissa la tête, s’excusant d’avoir parlé de Nate. Il ne se doutait pas que l’animosité de Marine à l’égard de Nate soit aussi farouche. L’homme ne devait donc pas être par ici, pas si elle ne voulait plus le voir. Son inquiétude grandit.

    Marine nota que quelque chose n’allait pas. Elle respira calmement, essayant de ne pas cracher sa haine de Nate à la figure de ce pauvre William qui n’avait rien demandé, et dont la vie était aussi merdique que la sienne en ce moment, à l’exception près qu’il n’avait pas de bébé dans le ventre jouant avec ses hormones à cet instant précis.

     

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    - Désolée, dit-elle. Je ne suis pas dans mon assiette. Qu’est-ce qu’il a Nate ?

    - Il a disparu, répondit William sobrement.

    Il releva la tête, et il vit l’incompréhension sur le visage de Marine. Evidemment qu’il avait disparu pour elle, elle n’avait pas de nouvelles depuis des semaines, alors un jour ou deux de plus ne ferait pas la différence.

    William passa une main dans ses cheveux, et reprit, le plus posément possible.

     

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    - Il était venu s’installer avec moi, et ça fait deux jours qu’il est parti sans laisser de nouvelles. Je voulais savoir s’il était là.

    - C’est dans ses gênes de fuir quand il a des problèmes. Ne t’en occupe pas. Il ne se soucie jamais de la peine des gens, seulement de la sienne. Ne gaspille pas ton énergie à t’occuper de lui.

    Elle soupira, passa une main sur son front, et elle proposa finalement à William d’entrer pour prendre un café. Ce dernier accepta, et il emboîta le pas de la maîtresse de maison jusque dans la cuisine. Marine y disparut et William pu voir des cartons dans l’entrée de la maison. Ce n’était pas le genre de Marine de laisser traîner des choses chez elle, cette maison était un véritable hymne au rangement et à l’organisation. Alors un tel dépôt sauvage l’intriguait.

     

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    Il rejoignit Marine dans la cuisine, tandis qu’elle préparait les boissons, et il demanda innocemment :

    - An déménage ?

    - Non. Ce sont tes affaires.

    - Quoi ?

    Il se tourna vers les cartons. Il y’en avait six ou sept, empilés. Il ne se rappelait pas avoir laissé autant d’affaires à Nate, et puis, celles-ci, dont sa console, étaient à l’appartement. Il regarda à nouveau Marine, ne comprenant pas. Elle s’arrêta dans sa tâche, regarda William avec toute la tristesse du monde qui habitait ses yeux.

    - C’est Julia. Elle savait que tu finirais par venir ici, elle me les a laissés il y a une semaine.

    - QUOI !? répéta William, au bord de la crise d’apoplexie.

    Cette fois-ci, il se précipita vers les cartons, en ouvrit un, puis un deuxième, et constata que tout ce qui se trouvait dedans était effectivement ses affaires de maintenant, d’avant son départ pour l’appartement de Nate. Elle lui avait tout rendu, toute sa vie tenait dans ces quelques malheureux cartons. Il fouilla hâtivement dans ses poches, à la recherche de son téléphone, et il composa le numéro de téléphone de Julia, sans faire attention à ce que Marine pouvait lui dire. Il n’en avait rien à cirer.

    - Le numéro que vous demandez n’est plus attribué. Veuillez raccrocher.

    Il recommença une nouvelle fois, pour la même réponse. Il fit de même avec le numéro du duplex. Même réponse.