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    - Comment va Raise ? me demanda Meredith alors que je venais de pousser la porte de l’appartement, avec une seule envie, penser à autre chose.
    - Physiquement bien, moralement, c’est une autre affaire … soupirai-je en continuant d’avancer pour finalement aller m’affaler sur le canapé. Je doute fort que l’univers carcéral soit pour lui. Si les geôliers lui donnent pas de punching ball, il va faire un massacre du premier qui va lui passer sous la patte …
    Meredith lâcha un soupir puis s’approcha de moi, avant de s’asseoir à même le sol pour avoir sa tête en face de la mienne. Elle posa alors chacune de ses mains sur ma taille, et me regarda tendrement.

     

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    - Tu as l’air complètement exténué… souffla-t-elle en soulignant mes cernes avec son pouce.
    - En même temps, il y a de quoi, je dors plus très bien depuis une semaine, avec ce qui arrive à Raise, répondis-je en fermant les yeux.
    Elle resta muette quelques instants avant de reprendre la parole.
    - Il est dix huit heures … On va prendre un bain, on mange et dodo, ça te va comme programme ?
    - « On va prendre un bain » ? repris-je en ouvrant à nouveau les yeux. Tous les deux tu veux dire ?
    - Euh oui, pourquoi, tu veux pas ? Je t’ai déjà vu nu, idem pour moi, on a plus rien à cacher … Si tu veux pas, je te fais juste couler de l’eau chaude hein …

     

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    Je souris tout en tendant ma main vers elle pour la glisser sur sa nuque et l’attirer à moi.
    - Si si, je veux bien, sans hésiter même …
    - Vieux pervers, c’est qu’une raison de plus pour mater, mais pas question qu’on le fasse dans la baignoire.
    - Comme si je pensais qu’à ça moi aussi, fis-je en claquant la langue et en levant les yeux au ciel. Et de toute façon, je suis trop crevé, je vais m’endormir en plein milieu …

     

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    - Ça c’est que tu dis ! clama-t-elle en se levant. Allez, debout monsieur loque !
    Je m’assis sur le canapé, et la regardai.
    - Le monsieur loque te merde mademoiselle punkette ! fis-je en m’étirant.
    Elle se mit à rire, puis me tourna le dos pour prendre la direction de la chambre, ou elle s’empara de vêtements propres pour nous deux ainsi que de serviettes propres également, avant de s’engouffrer dans la salle de bains, ou je la rejoignis après avoir éteins les lumières dans le salon.

     

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    Tandis que je poussais la porte, elle était déjà en sous vêtements, en train de se débattre avec son soutien gorge, ce qui me fit sourire aussitôt.
    - Au lieu d’afficher un air niais, tu veux pas plutôt m’aider, je crois que les agrafes sont coincées dans les coutures…
    - Chef oui chef ! singeais-je alors que je fermai la porte de la salle de bain avant de m’approcher d’elle, et de la libérer de son vêtement récalcitrant.
    Une fois débarrassée, elle se rapprocha de la baignoire pour y faire couler de l’eau bouillante, tandis que je me dévêtis aussi, ne me retrouvant plus qu’en boxer devant elle. Une fois l’eau arrivée au maximum envisageable de la baignoire, je me dévêtis totalement et plongeait dedans, suivi de très prêt par Meredith qui se lova contre moi. Je passais alors un bras autour de ses épaules, et l’autre sur son ventre.

     

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    - Pourquoi on a jamais fait ça avant, mmh ? souffla-t-elle en fermant les yeux et en se blottissant un peu plus contre moi.
    - La promiscuité qui te gênait peut-être, osai-je répondre, me doutant parfaitement de la réponse.
    - Dixit le mec qui ose plus me toucher depuis des mois.
    Elle ouvrit alors les yeux, et afficha une grimace d’enfant, ce qui me fit à la fois sourire et me sentir mal, parce qu’elle avait pas tort, et que ça allait amener la conversation gênante qu’on attend depuis des semaines.

     

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    - D’ailleurs, pourquoi tu joues les distants ?
    Et toc, je suis sûrement devin. Devin Aaronanix, toujours à votre service. Laissez-moi régler mes problèmes avant, ensuite on voit pour les vôtres. Pour unique réponse, je détournai le regard pour ne pas avoir à affronter le sien, et préférai jouer la politique du « je-me-tais-et-j’espère-qu’elle-oublie-sa-question-merci ».
    - Aaron …
    - Je sais comment je m’appelle, soupirai-je, les yeux levés.
    - Bah réponds moi, plutôt que de faire comme si tu ne m’avais pas entendue …
    - …

     

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    - Je dois t’avouer que l’idée du bain n’était pas anodine, voilà, c’est dit, j’espérais peut-être te rendre moins distant, mais visiblement, ça change pas. T’as encore fait des conneries avec Heaven ?
    - Hein ? Nan, je te jure que j’ai rien fait, on a juste une relation amicale maintenant …
    - Alors pourquoi tu es aussi distant avec moi … Certaines fois, j’ai l’impression que je t’emmerdes, que tu préférerais être seul … Si tu veux qu’on casse, dis-le moi au lieu de tourner autour du pot …
    Sa voix tremblait et quand je tournai mon visage vers elle, je vis qu’elle pleurait. J’eus un pincement au cœur de la voir comme ça, et je la blottis un peu plus contre moi, en lui caressant les épaules tout doucement.
    Après mon frère en larmes un peu plus tôt, c’était au tour de Meredith, comme s’ils s’étaient passé le mot pour m’empêcher de réaliser ce que j’avais prévu pour la fin de ma vie, qui arriverait bien plus tôt qu’ils ne l’auraient pensé…
    - Ne dis pas ça Meredith, la suppliai-je. Je veux tout sauf rompre avec toi … Ça n’a absolument rien à voir…
    - Alors pourquoi ? renifla-t-elle. Pourquoi tu t’éloignes de moi comme ça ?

     

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    - Excuse moi … Avec ce qu’il s’est passé cet été, je … j’ai eu peur d’aller trop vite avec toi, de me faire rembarrer peut-être, je ne sais pas … Et tu avais été distante avec moi au départ, je voulais pas m’imposer…
    - Faut pas …
    Elle me sourit tendrement avant de monter une main vers mon visage et de caresser ma joue doucement du bout de ses doigts. Je fermai alors les yeux, savourant ce contact avec elle que je m’étais refusé pendant trop longtemps. Elle m’embrassa alors sur le bout des lèvres tout en collant son corps au mien.
    Meredith ne se tenant plus comme il le fallait dans la baignoire, nous glissâmes tous les deux, et par la force des choses, je me retrouvais allongé au dessus d’elle, m’appuyant de chaque côté de la baignoire.
    - Pas dans la baignoire j’ai dit, bouda-t-elle.
    - Je te rappelle que je suis trop crevé pour te faire grimper aux …
    Je regardai alors vers la fenêtre pour voir ce qui faisait office de rempart aux vis-à-vis pour la fenêtre de la salle de bain, à savoir des …
    - … stores ! continuai-je en riant.
    - Boulet !
    Et finalement, nous sortîmes de la baignoire, avant d’enfiler des vêtements de nuit, pour nous glisser sous la couette, après un rapide dîner histoire de nous caler l’estomac.