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    Année 2006 – Bloomigton, Illinois, USA.
    Lycée JFK.

     

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    - Heaaaaaaaaaaaven ! Hurlai-je dans la direction de ma meilleure amie, assise comme à son habitude, sur un des nombreux bancs de la cour du lycée, à jouer les grands mères.
    Franchement, qu'est-ce qu'il peut bien avoir à faire, une fois que tu t'es posée seule sur un banc moisi, de ce lycée moisi, dans cette ville moisie ?
    - Allez, bouge ton cul grosse limace ! Continuai-je.
    Bien évidemment, elle se tait, et me regarde, l'air de dire que ce n'est plus de mon âge de gueuler à tout va dans une cour dite de « récréation ».

     

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    J'avoue, j'ai un peu beaucoup dix huit ans, et je suis un peu beaucoup en terminale, à quelques semaines de la remise des diplômes. J'avoue que j'ai l'air fin à gesticuler comme un singe pour lui foutre la honte, mais bwarf quoi, si je peux pas profiter de ma jeunesse aussi, je vais pas me mettre à vieillir prématurément. Déjà que la vie est pas longue, je veux pas avoir l'air d'un aigri de la vie à même pas vingt ans.

     

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    Fallait pas s'étonner, Heaven ne moufta pas, resta assise sur son banc putride à me regarder. Je prends donc l'initiative de courir en sa direction, si ce n'est pas le beignet qui va au morfale, c'est le morfale qui ira au beignet. Quoi ? Elle est pas géniale ma comparaison ? Tsss, laissez tomber, vous avez aucun sens de l'humour.

     

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    - Tu devrais pas faire ça, me dit-elle alors que je m'asseyais à ses côtés.
    - Faire quoi ? Te foutre la honte ? Désolée, mais t'es tellement coincée du cul que c'est tentant.
    - C'est pas de ça que je te parle Aaron, je m'en fous d'avoir la honte, même si c'est plutôt toi qui devrait être couvert de ridicule. Tu n'as pas le droit de courir, dit-elle finalement.
    - Et alors, je prends le gauche, c'est tout, finis-je par dire, concluant ainsi la discussion, enfin, à ce que j'aurais aimé, mais c'est sans compter sur la rationalité d'Heaven, et sa volonté de se mêler de ce qui ne la regarde pas.
    - Je vais aller en parler à Raise si tu continues Aaron.

     

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    - Raise en à rien à carrer de moi. Laisse le avec sa "copine", et fous moi la paix avec lui.
    - Je ne vais pas « rapporter » à tes parents non plus. Qui se soucie de toi, sinon lui ? Continua-t-elle.
    Mais elle peut pas me foutre la paix cinq minutes ? Si elle n'était pas ma meilleure amie, il y a bien longtemps que je l'aurais envoyée paître. En même temps, elle a raison, faut bien que quelqu'un se préoccupe un chouïa de ma santé, et le seul de ma famille à avoir un peu de considération pour moi, c'est bien Raise, mon frère jumeau.

     

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    En même temps, tous les deux, on a pas forcément eu la vie rêvée par tous les gamins de notre âge, et tout ça à cause de ma fichue santé, qui coûte la peau du cul à mes parents. Et je pense qu'il m'en veut, de l'avoir privé de ce que peu posséder un ado, rien qu'en pompant l'argent de nos vieux. Qui d'ailleurs, n'ont du mot parents que l'appellation, puisque ils sont plutôt du genre drôle de gugusses, si vous voyez ce que je veux dire.

     

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    - Sinon, tu racontes quoi de beau ? Me demanda-t-elle pour couper notre silence.
    - Rien de spécial. Enfin, si, j'ai pris rendez-vous chez le cardio.
    - Ah ouais ?
    - Ouaip. Rendez-vous deux semaines après le diplôme. Ce sera pas Jose qui s'occupera de prendre rendez-vous. Ça fait une semaine que je l'ai pas vue, elle doit croupir dans un coin de la ville, avec son mac.
    - Parle pas d'elle comme ça, elle est sympa Jose.
    - Pas quand elle a le sang infesté d'alcool.

     

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    Jose, c'est ma mère.
    Elle a quarante deux ans, elle en fait plutôt soixante selon mon humble avis. On ne peut pas dire que le mélange alcool-drogue-tabac soit le meilleur des produits de jouvence. Ses cheveux ressemblent à de la paille, d'immenses tatouages sur le haut du corps et au coin de l’œil, le regard vitreux, maquillée comme une prostituée, en même temps, c'est ce qu'elle est. Et elle est habillée de la même manière. Et on ne peut pas dire que je la porte dans mon cœur, pas après ce qu'elle a fait, à Raise et à moi. Je crois qu'elle peut toujours rêver.

     

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    La sonnerie de début des cours se fit entendre, et je me lève de mon banc, vite suivi par Heaven, qui épousseta sa jupe au passage. Il était sale ce banc ?
    - T'es maniaque ou quoi ? Ris-je en avançant avec elle dans la cour.
    - Comment ça ? S'enquit-elle.
    - Dès que tu te lèves, hop, on essuie la jupe.

     

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    - C'que t'es con, dit-elle en riant. Dis moi que tu as bossé ton histoire aujourd'hui, monsieur le petit génie.
    - Bien évidemment, qu'est-ce que tu crois ?
    - T'as révisé ton Histoire de France, toi ?
    - Vas-y, teste moi, je suis calé !
    - Voyons voir … Révolution française !?
    - Dix sept cent quatre vingt neuf m'dame !
    - Bataille de Marignan ?!
    - Quinze cent quinze !
    - Il est mort où Napoléon Ier ?
    - Page soixante et une de ton livre crétine.

     

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