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    Année 2025 - Maison de la famille Snavel
    Fin septembre - Dix heures du soir.

     

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    Allongée sur mon lit, sur le ventre, j'essayais de dormir, en jetant de temps à autre un coup d'œil par la fenêtre, histoire de.
    Ce que m'avait dit Maman me préoccupait, et j'essayais de ne pas y penser, essayant de trouver le côté positif de tout ça, j'apprenais enfin des choses sur mon père. J'avoue que c'est peu pour l'instant, mais en quelques heures je ne peux pas tout apprendre, tout savoir.

     

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    Enfin bon, je commence à connaitre mon père, et il ne m'apparait pas comme quelqu'un de sympathique, on peut dire maintenant d'où vient mon caractère difficile, il est pas là par la présence du Saint Esprit, c'est moi qui vous le dit.
    En résumé, mon père a eu une enfance normale jusqu'à ses six ans, puis ses parents ont commencé à le battre, il est entré dans un réseau de prostitution, je ne sais pas comment, ni pourquoi, ni à quel âge, il s'est tiré de là avec difficultés et une fois en dehors de ça, il devait vivre avec ça en lui.
    Je crois que je commence à comprendre pourquoi Maman ne voulait surtout pas me parler de lui.

     

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    - Papa ... murmurai-je.
    Je dirigeais mon regard vers la photo, sentant des larmes couler sur mes joues. Plus j'apprends de choses sur lui, et plus j'ai envie d'en savoir un peu plus. Pourquoi il n'a pas voulu se battre ? Pourquoi m'avoir voulue moi si c'est pour mourir avant ma naissance ? Et Raise, il est où aujourd'hui ? Je suis sûre et certaine que Maman est au courant.

     

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    Alors que j'essayais de m'endormir, des bruits sourds se firent entendre dans les escaliers, et paniquée, je me figeais, me demandant bien ce qu'il pouvait se passer dans la maison. Un cambriolage ? Un fantôme ? Oui, j'ai peur des fantômes !
    Par réflexe, et surtout par peur, je bondis hors de mon lit pour m'accroupir derrière le fauteuil, de façon qu'il me cache entièrement.
    Drew ! Viens me sauver idiot ! Rends toi utile.

     

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    La porte de ma chambre grinça, laissant apparaitre un rai de lumière, tandis que je me figeai, tétanisée par la peur. Pitié, faites que ce ne soit qu'un cauchemar, je vous en prie.
    - Dis moi pas que tu dors, je te croirais pas, cingla une voix masculine.
    Alertée par le son de la voix que je reconnu sans difficultés, je me rassurai avant d'ouvrir grands les yeux, incompréhensive.
    Qu'est-ce qu'il fiche ici celui là ?

     

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    Il alluma la lumière, qui m'éblouit un instant, avant de continuer de parler dans le vide.
    - Mademoiselle Mélie Fewser ! Sors de ton trou, je sais que tu dors pas, grogna-t-il.
    Sans sortir de ma cachette, je me décidai à lui répondre, il va réveiller la maison à ce rythme.
    - Ta gueule Priam, t'es pas discret ! Si Drew et Maman t'entendent, t'es mort ...
    Un bruissement se fit entendre et je sursautai quand je remarquai qu'il s'était allongé sur mon lit, une moue boudeuse sur le visage.

     

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    - On a la peste ? me demanda-t-il.
    - Pourqu... commençai-je.
    Je m'arrêtais de moi même. Bien sûr que je savais pourquoi il était là. J'avais lâchement décidé de rester à la maison, après ce que j'avais appris sur la mère de Priam, Ath'. Comment est-ce que je pouvais aller chez mon meilleur ami, tout en sachant ce que Ath' avait fait à mon père.
    - Alors Mélie ? Figure toi que c'est parce que je pas encore en pyjama que je suis là, sinon Sean serait venu de lui même ... Voilà que je viens jouer les flics.

     

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    - Je n'irais pas, dis-je en grimaçant, laisse moi dormir vieux pervers !
    - Tu sais ce qu'il te dit le vieux pervers ?
    - Bonne nuit ? fis-je en me levant afin de le pousser hors de mon lit pour que je m'y allonge, décidée à passer ma nuit ici.
    Mais monsieur Priam n'est pas décidé et s'installe au dessus de moi, pour me regarder droit dans les yeux.

     

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    - Es-tu au courant que Sean t'attend avec Ivy et Marine à la maison pour, dixit le blondinet, "la soirée du siècle" ... A savoir, manger des pizzas, des chips et regarder un film d'horreur.
    - Laisse moi Priam, soupirai-je. Je veux passer ma soirée seule.
    - Et pourquoi ça mademoiselle ?
    - Je ...

     

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    Son regard planté dans le mien, je perdais tout moyen de défense. Du haut de ses vingt deux ans, Priam était terriblement séduisant et il avait le don de me faire fondre. Malgré nos six années de différence, ça ne m'a pas empêchée de tomber amoureuse de lui, bien que je le vois les trois quarts du temps comme un très bon ami.
    - Je veux rester ici ce soir ! dis-je finalement de manière saccadée et décidée.
    - Ça, c'est ce qu'on verra.
    Il esquissa un sourire malicieux avant de se relever brusquement de mon lit, pour m'attraper par les hanches et me jeter sur son épaule, tel un vulgaire sac de pommes de terre.

     

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    - Si tu avais coopéré, je t'aurais donné le temps de te changer, histoire que tu sortes pas en petite tenue, mais pas le choix, tu vas sortir comme ça. J'appellerai Heaven pour qu'elle t'amène des fringues demain.
    - Lâche moi, criai-je en frappant son dos de mes petits poings et me débattant comme je pouvais.
    - Essaye toujours miss, mais je suis beaucoup plus fort que toi.
    - Je te hais !
    - Mais bien sûr !

     

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    Il m'entraîna hors de ma chambre tandis que j'essayais toujours de me tirer de son emprise, au risque de réveiller mes parents, mais je m'en foutais comme de l'an mil, je voulais descendre.
    - Calme-toi, soupira-t-il.
    - Mais lâche moi gros imbécile !
    - Tu peux toujours courir, ou du moins, frapper. Je te tiens, je te laisse pas filer.
    - Je vais porter plainte pour kidnapping !
    - Essaye pour voir, Papa te laissera pas faire.
    Suis-je obligée de préciser que Daren, le père de ce monstre, travaille en tant que flic ? Je suis très soutenue dans ma tentative d'évasion. C'est ça de grandir avec les enfants des amis de nos parents, ils se donnent des astuces pour nous tenir en laisse, et moi, j'adhère pas ! La dernière fois, ma mère a du m'envoyer garder Fiona, la fille de son meilleur ami de lycée, parce que Geist devait amener Rob chez le dentiste. Et Geist a approuvé, bien sûr. Et Fiona m'a rendue chèvre, comme d'habitude. La prochaine fois, c'est Priam qu'on envoie, j'ai assez donné avec cette peste bicolore !

     

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    Une fois au rez de chaussée, il me posa finalement au sol, en riant.
    - T'es lourde !
    - Genre, je suis lourde.
    - Oui, t'es un poids mort Mélie, dit-il en riant.
    - Geeeeeeeeeeeenre ! fis-je en boudant, un peu vexée.

     

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    Il se pencha alors vers moi, et posa ses lèvres sur ma joue en un petit bisou sans bruit, qui me fit virer rouge pivoine. Je crois pas que c'est le moment de te faire griller Mélie, il se conduit juste comme un grand frère.
    Un ... Grand ... Frère.
    Ce qu'il a toujours été et ce qu'il restera toujours.

     

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    - Allez, chope une veste, on est partis ! dit-il en souriant, comme si de rien n'était, tandis que j'essayais de calmer le feu de mes joues.