-
Par Zhuen le 8 Mai 2023 à 20:24
Le lendemain matin, Houlton.
La nuit avait été agitée.
La présence de Kellan avait fait littéralement sauter les vannes des émotions de Xander. Pendant des jours, des semaines, ce dernier s’était refermé sur lui-même, n’avait parlé de ces tracas à personne, les laissant prendre racine en lui, refoulant tout ce qui pouvait essayer de passer le barrage.
Mais cette nuit, le barrage avait cédé. Sûrement par la seule présence de Kellan. Xander avait réalisé l’inquiétude qu’il lui avait causé, mais également à ses parents, sa sœur et Emilien. Il s’en voulait terriblement.
Un peu plus tard dans la soirée, alors qu’il était sorti de sa chambre pour rejoindre la salle de bain, il avait croisé Robbie. Ce dernier lui avait simplement annoncé qu’il sortait ce soir. Probablement pour retrouver sa petite amie. De retour dans sa chambre, il l’avait annoncé au grand blond. Au moins, ils seraient tranquilles ce soir, sans avoir à se cacher de son colocataire.
Kellan se réveilla le premier. Xander dormait encore, sur le ventre, contre son flanc. Ses paupières étaient rosies, bien loin du rouge de la veille au soir. Il avait commencé par lui faire des reproches avant de se rendre compte du réel mal-être qui rongeait le jeune homme. Il n’aurait jamais pensé le trouver dans cet état-là.
Il se pencha vers lui, l’embrassa sur la tempe et guetta sa réaction. Xander ne bougea pas, esquissa simplement un léger sourire dans son sommeil, ce qui suffit à Kellan. Ce dernier finit par se lever du lit. Un coup d’œil à son téléphone lui annonça qu’il était à peine sept heures. Il jeta un œil autour de lui, cherchant un moyen de s’occuper en attendant le réveil de son petit ami, quand son estomac le rappela à l’ordre. Il avait sauté le dîner la veille, trop occupé à essayer de calmer et rassurer Xander.
Vu l’heure, il ne risquait pas de croiser le colocataire de Xander. Ce dernier lui avait dit qu’il était parti chez sa petite amie pour la nuit. Aucune chance qu’il soit dans l’appartement à cette heure prématurée de la journée.
Il sortit donc de la chambre, vêtu comme il l’était pour la nuit, donc de son seul sous-vêtement, et navigua jusqu’à la cuisine. Quand il y entra, il tomba nez à nez avec Robbie, assis à table, une tasse devant lui et un bouquin juste à côté. Pour le côté discret, on repassera.
- Salut, dit-il en restant dans la porte de la cuisine.
Il repensa à sa tenue, inexistante ou presque, et piqua un fard. Il n’y avait pas trente-six mille explications pour qu’un mec en sous-vêtement sorte de la chambre de son colocataire. Si ça ne tenait qu’à lui, il s’en ficherait à vrai dire. Mais Xander était toujours sur la défensive quand il était question de dire qu’il sortait avec un mec. Là, le secret était clairement hors du placard.
- Salut, répondit Robbie.
Il leva à peine les yeux vers Kellan avant de retourner à son livre. L’ambiance, du coup, était pesante. Kellan resta un peu bête, à ne pas savoir que faire. Comment sauver le secret de Xander ? Il n’allait même pas essayer un « ce n’est pas ce que tu crois » puisque de toute façon, c’était s’auto-griller. Le mieux était encore de lui demander de se taire.
- Ecoute, si tu pouvais faire comme si tu n’avais rien vu, ce serait sympa, dit finalement Kellan.
- Rien vu ?
Robbie redressa la tête pour le regarder. Difficile de ne rien voir. Il y avait un monsieur muscles en slip dans sa cuisine, à l’heure du petit déjeuner. Difficile de ne pas le remarquer.
- Je ne suis pas débile. Je sais que tu sors avec Xander. Mais c’est d’accord, je n’ai rien vu.
Il retourna à sa lecture, et à sa boisson, laissant Kellan comme deux ronds de flan. Il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi peu réactif. Il avait l’air de s’en fiche comme d’une guigne, ce qui est bien en soi, mais un peu déroutant. Le blond hocha la tête, resta quelques secondes dans la porte, se demandant s’il pouvait du coup aller tailler un croc dans un croissant, et se rappelant de sa tenue, décida de faire demi-tour, direction la chambre de Xander.
Quand il entra, il referma la porte et s’appuya contre celle-ci, se tenant le front. C’était lunaire ce qu’il venait de vivre là. Après trois secondes à se traiter d’imbécile, il s’approcha de son sac au pied du lit et en récupéra une tenue propre.
Le mouvement fit réveiller Xander, qui s’assit doucement au milieu du lit. Il avait les yeux à peine ouverts et il s’étira longuement.
- Désolé, je t’ai réveillé ? demanda Kellan alors qu’il enfilait son tee-shirt.
Xander nia de la tête. Il tourna la tête vers la fenêtre pour voir que le soleil se levait timidement, et un bref coup d’œil à son téléphone lui confirma l’heure. Il s’assit alors sur le bord du lit, silencieusement et s’étira doucement avant de se lever.
- Je vais faire du café, dit-il un peu machinalement.
Il n’était clairement pas dans la meilleure de ses formes ce matin-là, et il espérait vraiment qu’un café puisse le réveiller et lui faire oublier la soirée qu’il avait vécu la veille, ainsi que sa honte à l’égard de son petit ami. Kellan se contenta d’un simple hochement de tête. Il termina de s’habiller et s’approcha de Xander. Il lui prit les mains et l’embrassa brièvement.
- Aujourd’hui, tu sèches, ok ? Je ne veux entendre aucune protestation.
Kellan regarda Xander droit dans les yeux. Il savait que son petit ami aurait refusé en temps normal. Xander était studieux et aimait beaucoup trop ses cours pour envisager l’idée de ne pas y aller pour rester chez lui, dans le confort de son appartement. Mais cette fois-ci, il accepta l’idée. De toute façon, il n’avait pas la tête à réfléchir. Il rattrapera ses cours autrement.
- Parfait. On prend notre petit déjeuner, on se prépare et on va à ce fichu hôpital quémander tes résultats. Et je ne sortirais pas de ce lieu infernal sans eux, ou je ne m’appelle pas Adorable.
Xander esquissa un sourire suivit d’un petit rire, se souvenant de son anniversaire et de Kellan qui lui avait sorti une bêtise parce qu’il lui avait dit être « Adorable ».
- Merci.
- Me remercie pas encore, je n’ai pas acheté les croissants.
-
Par Zhuen le 8 Mai 2023 à 20:28
Voilà le constat : Marine devait absolument trouver une occupation ou elle allait devenir folle, littéralement barge, et elle tenait à sa santé mentale.
Cela faisait des semaines que Nate avait disparu. Elle avait beau crier sur tous les toits qu’elle s’en fichait comme d’une guigne, le bébé dans son ventre lui chantait une toute autre chanson. Elle était morte d’inquiétude et elle n’avait aucun moyen de le contacter. Elle avait tout essayé. Téléphone, mail. Elle avait même fini par contacter sa belle-mère, Katia, la mère de Nate, qui ne pouvait pas la supporter pour lui demander si elle avait eu des nouvelles de Nate récemment. C’est pour dire à quel niveau se trouvait son inquiétude.
Du coup, il fallait qu’elle s’occupe. Elle avait évidemment son travail, sa maison, Jayn. Mais tout ceci restait dans un univers habituel qui ne l’empêchait pas de penser à son déserteur de mari qu’elle avait envie de détester de toute son âme. Elle avait même songer à se mettre au tricot ! Cependant, rien de ce qu’elle pouvait essayer n’arrivait à lui faire penser à autre chose. Elle s’était fait une raison, et peut-être que ce sentiment complet d’impuissance finirait par lui passer un jour.
Sur le retour du travail, installée au volant de sa voiture, elle remarqua une personne allongée sur un banc. Elle avait l’air mal en point, potentiellement ivre. Ce n’était pas rare de croiser des personnes aussi démunies en ville, cela devenait même de plus en fréquent. Elle ne se serait d’ailleurs pas arrêtée si cette personne n’avait pas les cheveux bleus. Elle pila aussitôt, pied sur le frein et manqua de se faire rentrer dedans par une voiture qui la suivait et qui la doubla en klaxonnant. Elle sortit de sa voiture sans vraiment prendre garde à la circulation, s’approchant de l’homme allongé sur le banc.
- William ? demanda-t-elle en restant néanmoins à une distance raisonnable.
Il ne manquerait plus qu’elle hallucine et se fasse agresser par un ivrogne aux cheveux bleus. Elle ne connaissait personne d’autre dans Houlton avec une telle couleur de cheveux, la ville était assez traditionnelle. Il y avait peu de chance que ce ne soit pas son ami.
L’homme grommela, bougea la tête dans ses bras, la tournant un court instant vers Marine qui n’eut plus aucun doute sur l’identité de l’ivrogne avachi devant elle. Elle s’approcha alors de lui plus vivement, le prit par les épaules pour le secouer en grondant de sa voix d’autorité maternelle.
- Debout cuve à vin !
Nouveau grognement de la part de William. Elle lâcha un soupir. Sienna lui avait dit qu’il finirait dans un mauvais état, qu’il avait retouché à l’alcool.
William avait un problème avec l’alcool qui était de notoriété publique. Il avait commencé à boire il y a plus de vingt ans, pour oublier sa vie chaotique et surtout ses sentiments pour Julia, qui était encore sa sœur aux yeux de tous et de la loi. Il avait fini par devenir sobre après la naissance de Georg, poussé par Julia et n’avait plus touché à une seule goutte d’alcool depuis. Autant dire que la chute était rapide et violente tant la marche était haute.
- Lève-toi William, s’il te plaît, dit-elle plus calmement.
Elle s’agenouilla à côté de lui, pour avoir son visage en face du sien. Il laissa échapper une longue respiration, droit sur le nez de Marine, qui inspira des effluves d’alcool et de mauvaise haleine qui rappela ses nausées matinales à son bon souvenir. Elle posa sa main sur son nez et sa bouche, pour essayer de se contenir. Ce n’était pas le moment de dégueuler.
- Laisse- moi, dit-il finalement.
- Certainement pas. Je te ramène à la maison. Allez, debout.
William ouvrit un œil, jaune et vitreux, et regarda Marine. Elle avait le regard droit et décidé, imperturbable. Quand elle avait une idée derrière la tête, bon courage à celui qui voudrait la lui faire changer.
- Va emmerder Nate, s’il te plaît.
- Je sais pas où il est, et il m’énerve. Toi au moins, je peux t’emmerder, t’es sous mon nez.
- T’es chiante.
- Merci de relever l’évidence. Tu veux bien te lever, mon canapé est plus confortable que ce banc si tu veux mon avis.
William abdiqua finalement. Il se redressa assis sur ce banc, et Marine se releva. Elle attendit patiemment qu’il se lève. Vu son probable taux d’alcool dans le sang, il valait mieux qu’il y aille à son rythme si elle ne voulait pas qu’il tombe. Elle serait bien incapable de le relever seule.
William fit preuve de la plus grande concentration qu’il put et il se tint finalement debout devant Marine. Cette dernière lui esquissa un petit sourire encourageant, tendit la main vers lui et celui-ci l’accepta, lui prenant le bras en plus de la main. Ils retournèrent tous les deux à la voiture de Marine. Elle l’aida à s’installer sur le siège passager, et retourna ensuite derrière le volant pour reprendre sa route.
- C’est Sienna qui t’envoie me sauver ?
- Je pense qu’elle serait venue d’elle-même te sauver si elle t’avait vu tel un cadavre sur ce banc. Je t’ai vu par hasard.
- Elle a autre chose à faire, vu que son Matt est de retour dans le coin. Elle va pas perdre du temps avec le clochard du village.
- Heureusement pour toi, j’ai du temps à perdre vu que Nate m’a larguée.
William hocha légèrement la tête en silence. Il n’avait pas envie de parler de Nate, tout comme il ne voulait pas non plus parler de Julia. Il ressentait la désertion de Nate comme une attaque personnelle. Il était plus que son meilleur ami, plus que son frère. Il avait l’impression de revivre son départ en France, quand il avait préféré fuir Andy plutôt qu’affronter ses sentiments.
- Il nous a largué tous les deux, lâcha finalement William.
- On va pouvoir le haïr en duo et sa tête finira par exploser tellement il aura eu les oreilles qui sifflent.
Marine se gara après quelques minutes de trajet sur l’emplacement réservée à sa voiture, devant sa maison. Elle coupa le moteur, sortit de la voiture et en fit le tour pour ouvrir la porte à William et lui tendre le bras.
- Ca va, je tiens debout, dit-il en sortant de la voiture.
A peine eut-il mis un pied hors de l’habitacle qu’il tangua et s’accrocha au bras de Marine. Elle passa son autre bras sous l’aisselle de William pour l’empêcher de chuter. Il tient debout, mais bien sûr ! Autant que Nate sans son fauteuil. Elle fit un léger pas de côté, William accroché à son bras, et ferma la portière avant de prendre la direction de la maison. Le chemin se fit au ralenti, William n’arrivant pas à lever les pieds assez haut pour ne pas se prendre chaque pierre du dallage dans les orteils.
Une fois dans la maison, Marine lâcha William sur le canapé et alla aussitôt dans la cuisine mettre une cafetière à couler. Quand elle retourna dans le salon quelques secondes plus tard, William regardait le plafond, dans le vague.
- Tes cartons sont toujours là. Je les ai rangé dans le débarras. Tu ferais bien d’aller prendre une douche, ce ne serait pas du luxe.
- Tu me traites de puant ? demanda-t-il en relevant la tête.
- Tu pues, t’es crade, t’es soûl et tes fringues ont vingt ans. Va te doucher.
Il ne pouvait pas nier l’évidence. Il ne s’en rendait pas compte, mais il savait très bien, pour l’avoir expérimenté quand Julia attendait Zhoo, que les sens d’une femme enceinte, notamment l’odorat, étaient décuplés. Il se redressa sur le canapé, et se leva difficilement, essayant de tenir sur ses jambes.
Marine le regarda, les bras croisés. Elle le jettera dans la douche s’il le faut et s’il est incapable de tenir debout, ça ne lui faisait pas peur. Par contre, elle savait que la fierté de William en avait déjà pris un coup, et qu’il ferait son possible pour pouvoir aller se doucher sans se faire materner. Il prit alors tout son temps pour rejoindre la salle de bain, se tenant aux murs. Marine le suivit, trois pas derrière lui et récupéra un sac de vêtements sur le chemin avant de le déposer dans la salle de bain. Elle lui récupéra des serviettes dans un placard, tandis que William retirait son tee-shirt. Quand elle se tourna vers lui pour les lui tendre, elle écarquilla les yeux un instant, les yeux rivés sur les bras de William, sur les traces violacées dans ses coudes.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-elle.
William récupéra les serviettes sans rien dire. Il les posa sur une table à côté de la douche, et continua de se déshabiller, comme si elle n’était pas là. Il n’avait pas envie d’en parler. Marine baissa la tête, sortit de la salle de bain et referma la porte derrière elle.
Elle ne s’était pas attendue à ça, à voir William diminué et marqué. Elle réalisait que l’alcool n’était que la surface visible de l’iceberg qu’étaient les problèmes de William. Elle ne pouvait pas le laisser comme ça, le laisser se détruire par tous les moyens possibles.
Au moins, elle avait fini par trouver une occupation. Elle aurait préféré se mettre au tricot, c’était bien moins angoissant.
-
Par Zhuen le 8 Mai 2023 à 20:31
Xander et Kellan avaient quitté l’appartement en début d’après-midi, pour prendre la direction de l’hôpital général d’Houlton. Xander avait été incapable de manger quoi que ce soit au petit déjeuner, et à midi, l’estomac bien trop noué à l’idée d’avoir ses résultats aujourd’hui. Il était rongé par le stress, et incapable de bouger de la matinée. Il ruminait, se disait qu’ils allaient l’appeler pour lui donner une réponse, ou un rendez-vous, ou il ne sait quoi.
Kellan avait prit le taureau par les cornes. Après s’être saisi de son téléphone, il avait appelé le service d’état civil de l’hôpital et avait insisté pour prendre un rendez-vous avec Claire Forest, appuyant bien sur le caractère urgent de sa demande.
L’hôpital avait cédé et ils avaient rendez-vous à quatorze heures. Maintenant, Xander n’avait plus aucune raison de se débiner et de rester à larmoyer sous son lit. Kellan l’avait tiré presque par les chevilles en dehors des draps pour le vêtir et le faire sortir.
Le chemin jusqu’à l’hôpital fut silencieux. Xander n’était certes pas un personnage des plus bavard, malgré tout, son silence complet était inquiétant. Kellan n’arrêtait pas de jeter des regards dans sa direction, sans savoir qu’elle attitude adopter à son égard. Il n’y avait rien à faire avant que la nouvelle, peu importe laquelle, ne tombe. Il avisera à ce moment-là.
Connaissant maintenant le chemin, Xander s’engouffra dans l’hôpital, son petit ami dans son sillage. Une fois devant la porte du bureau de l’état civil, il toqua. La voix de la femme de la dernière fois lui indiqua d’entrer. Il déglutit péniblement, tourna la poignée et entra.
Claire se leva de sa chaise et serra la main des deux hommes avant de les inviter à s’asseoir. Sur la table, Xander remarqua un dossier, sur lequel il pouvait deviner les lettres du prénom Spencer. Son dossier. S’il était bien celui qu’il avait toujours cru.
- Je vous prie d’accepter mes excuses, Monsieur Thompson, pour le délai pris pour vous répondre. Mais nous voulions être sûrs avant de vous rappeler, de ne pas vous balloter dans les incertitudes.
Elle s’arrêta un instant, croisa ses mains sur la table et prit le dossier à côté d’elle pour l’ouvrir devant ses yeux. Elle en sortit une feuille, pleine de lignes et de chiffres. On aurait dit des résultats d’analyses médicales.
- Votre cas est unique Monsieur Thompson, Xander …
Le cœur de Xander s’emballa dans sa poitrine, il avait l’impression qu’il allait exploser. Kellan finit par lui prendre la main, et Xander la serra de toutes ses forces dans la sienne, comme un moyen de s’accrocher, de ne pas faillir.
- Vous avez eu raison de vous obstiner. Vous êtes bien Spencer, né le 15 août 2010 ici, à l’hôpital General d’Houlton, de père et de mère inconnus.
Xander écarquilla les yeux, et ses larmes roulèrent sur ses joues, impossibles à arrêter. Il sentit comme un poids, tomber de son cœur jusque dans son ventre avant de simplement s’évanouir.
- Suite aux analyses, nous avons voulu en savoir plus sur l’acte de décès qui a été apposé à votre acte de naissance, et notamment sur l’officier qui l’a déclaré : Edward Daniels. Il s’est avéré qu’aucun officier, ou médecin, répondant à ce nom n’aie travaillé à l’hôpital de Houlton au moment de votre « décès ». Cet acte est un faux.
Xander écouta Claire Forest, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Il s’était arrêté à la seule mention que l’acte qui le définissait était vrai, et que dans le dossier de sa naissance se trouvait une lettre. Rien de plus.
Kellan, quant à lui, tiqua déjà plus. Pour quelle raison est-ce qu’on ferait un faux d’un acte de décès, pour un enfant d’à peine six mois ? Ce n’était pas une simple erreur administrative, où le médecin aurait été retrouvé. Son acte avait été falsifié volontairement.
- Vous avez plus d’informations sur les raisons de ce faux ? demanda Kellan, posément.
- Non. Nous avons ouvert une enquête interne.
Elle se tourna ensuite vers Xander.
- Avant de vous donner la suite Xander, sachez que si votre acte a été falsifié, ce n’est pas sans raison. Toutes les pistes sont envisageables. Vos parents biologiques ont peut-être été les destinataires de cette falsification, ou même les commanditaires. Je vous demanderai donc de faire preuve d’une extrême prudence si vous souhaitez poursuivre vos recherches.
Le brunet acquiesça. Il était loin de tout ça, ne voyait pas le danger, pour le moment. Il était simplement sur son nuage, à deux doigts d’en apprendre plus sur les origines de sa naissance, à deux doigts de retrouver ses parents.
Claire lui tendit alors une lettre. Le document n’avait pas bougé de ce dossier depuis vingt ans, et n’avait jamais été ouverte. Elle-même n’avait aucune idée de son contenu.
Il tendit alors la main et referma ses doigts sur le papier. Une fois la lettre entre ses mains, il regarda Kellan, qui d’un signe de tête, l’encouragea à l’ouvrir. Xander déchira alors le coin de celle-ci, pour en sortir un petit carton, une carte postale publicitaire. Il la retourna pour y trouver quelques mots griffonnés.
« Spencer, si tu cherches un jour des réponses sur tes origines, contacte-moi.
Nate Handers – 0044XX-XX-XX-XX-XX »
Un numéro de téléphone et un nom. Il n’en espérait pas tant. Un sourire étira ses lèvres, et il n’arrivait pas à lâcher du regard les quelques mots écrits à la va-vite sur cette carte postale. Nate Handers. Un tas de questions commençaient à débouler dans sa tête. Il savait pourtant que le prénom de son père était Spencer, mais il se perdit à penser que ce Nate était peut-être lié à l’histoire de sa naissance, peut-être même qu’il était son père en définitive.
- Merci, murmura Xander en serrant la carte contre lui.
- Je vous en prie, répondit Claire. Mais rappelez-vous : faites attention. Houlton n’est pas la ville qu’elle semble être.