• MaJ 12 (3)

     

     

     _ Tu m'expliques ?

    _ Mais que je t'explique quoi ? M'enfin, Sienna …

    _ Y'a pas de m'enfin Sienna qui tienne Matt ! Tout ce que je vois, c'est que tu me mènes par le bout du nez … J'ai l'impression d'être un pantin !

     

     

     Ca bardait dans l'appartement du jeune homme aujourd'hui. Sienna avait attrapé son sac, sa veste, et avait pris le premier taxi qui lui tomba sous la main, dont le chauffeur, soit dit en passant, était plus que douteux, à régler son rétroviseur intérieur pour détailler la jeune femme. Plus aucune dignité dans ses taxis aujourd'hui.

     

     

     _ Tu es venue pour qu'on s'engueule, c'est ça ? La mère Thompson n'est pas la seule à avoir le droit de profiter de nos querelles, tu comptes en rassasier mon quartier aussi !

    _ Si tu me cachais pas tant de choses, on en serait pas là Mathieu !

    _ Parce que maintenant, c'est Mathieu ? Madame nous sort les grands mots hein ? Et bien la dame, elle va aller s'exciter ailleurs que chez moi, j'ai du boulot !

     

     

     _ Du boulot ? S'offusqua la rouquine. Et mon cul c'est du poulet tant que tu y es ! Pas une fois je t'ai vu bosser, et en quoi un simple agent de mairie bosse-t-il chez lui ! Moi aussi j'ai du boulot ! La fac, mon job ! Les démarches pour retrouver mes parents, ça ne se fait pas en brassant de l'air !

    _ T'as fini ? Je peux aller me changer !

    _ Ah oui, monsieur n'est pas assez élégant, c'est ça ? Mais j'en ai marre de toi Mathieu ! Je … je …

    _ Tu ?

     

     

     _ Je pensais être tombée sur le bon cette fois-ci … commença-t-elle à sangloter. Un qui ne serait ni marié, ni bourré, encore moins gay ! Mais c'est connu, tous les bons mecs sont soit pris, soit homos, soit ont une double vie !

    _ Je suis peut-être Superman, qui sait ?

    _ T'as pas la tête de l'emploi, dit Sienna, des rires passant le barrage de ses lèvres.

     

     

     Matt s'approcha d'elle avant de la prendre finalement dans ses bras. La jeune femme déversa un torrent de larmes sur l'épaule de son compagnon, répétant inlassablement les mêmes excuses, encore et encore.

     

     

     _ Akira est une amie de boulot, on s'est rencontrées, j'avais huit ans, et puis, on a fini par se retrouver dans les mêmes locaux au boulot. La boucle d'oreille affreuse de l'autre jour, comme tu le dis si bien, c'est le cadeau d'un ami. Quand je vais le voir, et qu'il est susceptible, je la mets. Et la seule personne qui compte le plus dans ma vie, c'est ni cet ami, ni Akira, mais bien toi Sienna.

    _ Pourquoi tu ne me dis jamais rien ?

    _ Et toi alors ? Tout ce que je sais de toi est bien limité !

     

     

     Et c'est reparti, une nouvelle pique était lancée et la hache de guerre était déterrée.

    _ Mais moi, je … je n'aime pas parler de moi Matt ! Tu veux savoir quoi, hein ? Le nombre de mes ex ? Combien de fois j'ai chopé la crève ? Qu'est-ce que tu as à me demander ?

     

     

     _ Ta couleur préférée ? Osa doucement Matt. Ta pierre précieuse préférée ? Le nom de ton poisson rouge ? La chanson de Green Day que tu préfères … Car ça, figure-toi qu'on en a jamais parlé. On passe notre temps à nous quereller, du matin au soir et du soir au matin. Sérieux, notre situation ne rime plus à rien Sienna …

    _ Et bien, on casse tout alors ! Un coup t'es tout mielleux, dix secondes plus tard, tu me gueules dessus !

    _ Car tu crois que tu es mieux toit peut-être ? A piquer tes crises de jalousie toutes les cinq minutes, contre des personnes qui ne le méritent pas …

    _ Car Akira est innocente ? Vas-y ! Dis le moi dans le blanc des yeux !

    _ Oui, elle et moi, nous sommes juste amis ! Et je peux te le dire dans le blanc des yeux !

     

     

     Sienna enserra sa tête de ses mains, agrippant ses cheveux, les yeux fermés, se massant les tempes, essayant vainement de se calmer.

    _ J'me casse. On casse rien, tu me laisses réfléchir s'il te plaît Matt.

    _ Mais je t'en prie, tu connais la sortie, lui répondit le brun en lui tournant le dos.

     

     

     Sienna sortit finalement de l'appartement, les larmes aux yeux, les essuyant tant bien que mal. Elle sait très bien qu'elle est en tort, à accuser tout le monde, à juger tout le monde, à ne pas faire confiance à ceux dont elle finit par tomber amoureuse, ceux qui lui promettent tant de « je vais me séparer de ma femme », « je viens habiter près de chez toi » ou des « tu es la personne qui compte le plus pour moi ». Finalement, la personne qui compte le plus pour eux, c'est bien eux même. Les hommes en général, quels qu'ils soient, ne pensent d'abord qu'à eux seuls.

     

     

     Matt, quant à lui, se dirigeait vers son bureau, la petite chambre qu'il avait ré-aménagé avec beaucoup de plaisir. Il s'approcha du classeur, qu'il ouvrit sur des dizaines de dossiers multicolores et savamment classés. Il en tira un, sans aucun hésitation, avant de la lancer sur le bureau.

     

     

     Finalement, il s'approcha du bureau, décrocha le téléphone et composa un numéro de téléphone fixe, de tête.

    [Oui ?]

    _ Akira ? C'est Matt. Je viens de ressortir le dossier Thatch.

    [Tu as revu Mayers ?]

    _ Il m'a accueilli les bras ouverts, affirma-t-il avec un sourire victorieux.

     

     


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