• MaJ 14 (4)

     

     

     Sienna fit le tour de son appartement à pas précipités. Il était seize heures à quelques minutes près, et il n'était toujours pas là. Ils avaient rendez-vous en ville tous les deux, chez un détective privé plus précisément. Elle en avait assez de faire tout toute seule, et elle savait qu'à ce rythme là, elle n'y arriverait jamais. Alors, elle l'a appelé, lui. Ca faisait pourtant des mois qu'elle ne l'avait pas vu, faisant une croix sur toutes les personnes susceptibles de la faire redescendre plus bas que terre.

     

     

     Mais avec lui, ça avait été différent. Il avait finalement tenu ses promesses, il avait finalement quitté sa femme pour elle, avait tout fait pour la rendre heureuse. Avant que leur bonheur se fane, comme avec les autres. Qu'après deux mois de concubinage, ils réalisent qu'ils ne peuvent vivre l'un avec l'autre. C'était avec amertume et déception qu'ils s'étaient finalement quittés, sans se donner de nouvelles, ou très peu.

     

     

     D'après ce qu'elle savait, il ne s'est pas remis avec sa femme, bien qu'il continuait de la voir. Cette dernière estimait que l'amour, ça ne se contrôlait pas, que ça pouvait disparaître aussi vite que s'était apparu.

    Ding-Dong

    _ Ah bah quand même, s'exclama Sienna en se dirigeant vers la porte.

    Elle crut entendre un petit rire derrière la porte mais fit comme de rien n'était et l'ouvrit …

     

     

     … sur un homme d'à peine trente ans, la peau claire, des yeux bleus profonds derrière ses mèches de jais, un petit sourire charmeur comme autrefois et des mimiques désormais bien connues.

    _ Keny ! S'exclama Sienna. Tu pourrais au moins arriver à l'heure tu sais !

    _ Désolé princesse, j'ai été un peu retardé, par un monstre du nom de Kilie.

    _ Tu avais ta fille aujourd'hui, oops, je suis désolée, j'aurais pas dû exiger de te voir.

    _ T'inquiètes pas pour ça, fit le dénommé Keny, je peux entrer ?

    _ Ah, oui ! Vas-y. Excuse moi.

     

     

     L'homme entra dans l'appartement, reconnaissant les lieux. Leur idylle n'était pas si lointaine que ça, une année, au grand maximum.

    _ Alors ? Comment va la famille ? Demanda Sienna.

    _ Je sais très bien que tu t'en contrefiche princesse, pas la peine de feindre.

    _ Excuse moi, fit Sienna en baissant la tête.

     

     

     _ Pas la peine. Par contre, moi, tes amours m'intéressent, célibataire ma belle Sienna ?

    _ Non, enfin, si je peux sauver des meubles.

    _ Ouh là ! Encore en peine de cœur ?

    _ Tu sais à quel point je suis jalouse et parano. Il en a fait les frais.

    _ T'inquiètes, ça va s'arranger.

    _ Je suis pas si sereine que toi. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

     

     

     _ Tu as cet éclat dans les yeux qui ne trompe pas princesse. Cet éclat que tu n'as jamais eu pour moi.

    _ J'étais amoureuse de toi Keningston, n'en doute jamais. C'est juste …

    _ Ouais, comme le dit Mallory, l'amour ça peut disparaître comme c'est apparu.

    _ Ouais … Mais, avec Mathieu, c'est différent, je … j'ai beau être en colère contre lui, jalouse, je ne peux me résigner à le quitter. Un autre m'aurait fait ça, je lui claquai la porte au nez.

     

     

     Keningston se mit à rire devant la franchise de Sienna.

    _ Tu es plus qu'amoureuse Sienna, tu l'aimes, tout simplement. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu n'as pas changé durant les quelques mois où tu étais loin de moi. Tes sentiments envers les gens sont les mêmes. Tu refuses de n'être qu'une partie de l'histoire que tu vis, tu veux être l'homme et la femme en même temps dans la relation, et tu finis par mener tous les hommes par le bout du nez, jusqu'au jour où tu lâches la bride, et qu'ils préfèrent s'enfuir.

     

     

     _ Je refuse de le perdre, dit Sienna, rouge de honte.

    _ Tu veux mon avis, aussitôt après ton rendez-vous, saute dans un taxi et va chez lui. Excuse toi, dis lui à quel point tu l'aimes, mets y des larmes s'il le faut, mais ne le laisse pas filer.

     

     

     _ Merci Keny, t'es génial.

    _ Les amis, ça sert à ça.

    _ J'espère que tu fuiras pas toi, soupira-t-elle.

    _ Un truc avec tes trois potes ?

     

     

     _ Oh, trois fois rien. Nate s'est barré en Europe, Andy passe ses journées dans un squat et William, bah, euh … j'en sais trop rien quoi. Le rê-ve !

    _ Mais tu as super Keningston avec toi ma belle !  

    _ Ouais, heureusement …

    _ Allez, viens là.

     

     

     Keningston attira la jeune femme à lui, la prenant dans ses bras, la consolant, la rassurant.

    _ On va retrouver tes parents, ensuite je pars en Europe engueuler Nate, je détruis le squat d'Andy, et je te ramène William par la peau du cul. Je refuse de voir ma princesse malheureuse.

    _ Merci …