De grosses larmes roulèrent sous les joues de la jeune femme et s’écrasèrent finalement à même le sol, produisant de petits «　ploc　» sur le parquet vitrifié.

_ Parti, marmonnait-elle. Parti….

 Un grincement de porte se fit entendre, et le petit Eliott sortit de sa chambre, le visage tout ensommeillé. Il se frotta les yeux, constatant sa sœur assise au sol, désemparée.

_ Andy ? dit-il de sa petite voix endormie.

Aux pieds de sa sœur, il découvrit son téléphone et le porta à son oreille.

_ Allô ? dit-il d’une voix hésitante.

_ Eliott ? questionna Sienna. Comment va Andy ?

_ Elle est au sol, elle pleure. Il se passe quoi ?

 Sienna n’osa pas tout raconter à Eliott, elle le savait impulsif pour un gamin de son âge, et elle ne voulait pas qu’il remonte sa sœur contre Nate sans raison.

_ Ecoute mon grand, tu vas coucher ta sœur tout de suite, j’arrive. J’arrive, répéta-t-elle en raccrochant presque au nez d’Eliott.

 Le petit garçon considéra un instant le téléphone avant de le poser sur la table basse du salon. Il s'approcha de sa sœur aînée pour lui caresser tendrement les cheveux et entourer sa tête de ses frêles bras.

_ Je suis là Andy, lui murmura-t-il avec toute la tendresse dont il était capable. Viens, on va dormir.

 A quelques pas de là, un jeune homme âgé de vingt et un ans ne trouvait pas le sommeil, se tournant constamment sur son lit, cherchant la position adéquate pour profiter d’un sommeil réparateur et porteur de conseils comme le dirait un célèbre dicton.

 Nate Handers venait de boucler ses valises et elles attendaient patiemment à côté de la porte de son appartement. Bien que son départ pour la capitale fut mûrement réfléchi, il ne cessait de penser à ce qu’il laissait derrière lui. A qui il laissait derrière lui.

 Cette jeune femme brune aux yeux verts pétillants qu’il connaît depuis l'adolescence, d'abord simples amis de lycée et de salles d'arcades avant d’être amants.

 Oh que oui qu’il l’aimait cette jeune femme, il aimait sa force de caractère, son humour, sa personnalité haute en couleur son physique également, ses formes élancées, ses cheveux bruns soyeux et ses petites billes vertes qui lui servaient d’yeux et dans lesquelles le jeune homme aimait se noyer.

 Pourtant, ce soir, il est décidé à l’abandonner et à partir loin d’elle, car la force de caractère de sa petite amie, il ne la possède pas. Il est faible, il est égoïste, et il en a bien conscience en cette soirée d’août.

 Tiré de ses songes par un bruit répété contre sa porte d’entrée, Nate se leva précipitamment de son lit, alluma les pièces en les traversant et se trouva face à cette porte de couleur sombre.

 Sans même prendre le soin de vérifier l’identité de son visiteur, il s’en fiche finalement, que ce soit un ami, un tueur ou un parfait inconnu, il tourna la poignée et ouvrit le pan de bois.

 Un homme se tenait devant lui, tête baissée et cheveux bleus. Le regard de William se voulait fuyant, son sac de lycée sur ses épaules comme seul bagage, honteux de se pointer chez son meilleur ami à une heure aussi tardive de la nuit.

_ Entre, lui dit Nate sans même lui adresser le moindre salut.

 William s’exécuta et pénétra dans l’appartement de son ami. Nate lui indiqua le salon où il pouvait s’installer. En entrant, William ne put que remarquer les valises posées dans l’entrée, soigneusement verrouillées. Mais il ne s’arrêta pas à cette vision et poursuivit son avancée jusque sur les canapés.

 Agacé, Nate attrapa le paquet de cigarettes posé sur la table basse et en alluma une, espérant que cette prise nocturne lui soit bénéfique.

_ Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Nate en reposant le briquet sur la table basse.

 _ Mon père m’a éjecté de chez lui, lui confia William, toujours aussi piteux qu’à son arrivée. Et, je voulais savoir si tu pouvais m’héberger pour la nuit.

_ Ouais, pas de problème, mais pas plus longtemps, je prends l’avion demain matin pour la France.

 _ Tu nous quittes ? osa William en dévisageant son ami. Tu quittes Andy ?

_ Mais qu’est-ce que vous avez tous avec Andy ? D’abord Sienna puis toi !

_ On pense à elle, à la perte qu’elle a subit, tu pars, mais c’est la fin des haricots pour elle, tu sais à qu’elle point elle est sensible !

 _ Elle est forte, en haussa les épaules Nate. Elle survivra bien à mon départ Will, pas de crainte là-dessus.

_ Elle n’est pas si forte que ça tu sais, et toi ? Tu t’en remettras de la quitter ?

_ Moi, c’est moi. T’occupes pas de mes oignons.

 Nate se leva et écrasa sa cigarette dans le cendrier sous le regard surpris de William.

_ Je te laisse le canap’ bien sûr. Finalement, si tu as besoin de l’appart’, reste dedans, du moment que tu me rembourses le loyer.

 _ Tu ne peux pas partir sans garder d’attache ici, n’est-ce pas ?

Nate se stoppa quelques instants, ne relevant pas la phrase de son ami avant de repartir en direction de sa chambre.

_ Bonne nuit Will.

_ Ouais, c’est ça, répondit le jeune homme aux cheveux bleus.

 La journée venait de se lever sur la petite ville, le soleil pointait timidement ses rayons au travers des rideaux d’un petit salon où un jeune homme était paisiblement endormi.

Endormi, après une nuit difficile, réveillé à de multiples reprises par l'inconfort de son "lit".

William se réveilla, le dos réduit en bouillie par la mauvaise nuit qu’il a passé sur le canapé de son meilleur ami.

Il s’étira longuement et entendit le bruit de la douche. Nate était réveillé lui aussi.