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    MaJ 15 (14)

     

     Julia ne courrait plus, elle était fatiguée. Cela faisait des heures qu'elle vagabondait, et elle ne pensait plus qu'à une chose, s'allonger dans un lit moelleux et confortable.

     

    MaJ 15 (14)

     

     Elle se stoppa un instant, une main sur son ventre légèrement rebondit. Elle avait mal, elle savait qu'elle devait se calmer, pour elle et pour son enfant. Tout en se calmant, elle jeta un regard alentours. Elle était dans le bon quartier, elle connaissait cette ville par cœur, à force d'avoir suivi son père partout.

     

    MaJ 15 (14)

     

     Quand elle arriva devant le numéro sept, une petite maison nichée entre deux autres, beaucoup plus imposante, elle se dépêcha de lire le nom de l'habitant.

    Mikael Egarh.

    Elle soupira de soulagement, la voilà arrivée à destination. Elle sonna à multiples reprises, voulant alerter l'occupant, quand celui ci lui ouvrit, en pyjama.

     

    MaJ 15 (14)

     

     _ J... Julia ?

    Pour unique réponse, la blondinette sauta dans les bras de l'homme devant elle, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle avait réussi, elle l'avait fuit, et elle était devant la maison de l'homme qu'elle aimait, dans les bras de l'homme qu'elle aimait.

     

    MaJ 15 (14)

     

     _ Entre princesse, reste pas là, tu vas attraper froid.

    Ils entrèrent tous les deux, et Mikael installa Julia sur le canapé, près du feu qui était allumé.

     

    MaJ 15 (14)

     

     _ Mais qu'est-ce que tu fiches ici Julia ? Lui demanda-t-il alors qu'il la tenant tout contre lui.

    Pour unique réponse, elle prit la main du jeune homme et la posa sur son bas ventre, là où grandissait son enfant.

     

    MaJ 15 (14)

     

     _ C'est pour lui que tu as fait ça, dit Mikael en caressant le ventre de la blondinette. Ne panique pas, je vais m'occuper de toi ma princesse, endors-toi.

     

    MaJ 15 (14)

     

     Et dans les minutes qui suivirent, Julia s'endormit, bercée par le crépitement du feu et le son de télévision lui faisant comme un bruit de fond. Les bras de Mikael étaient rassurants, si seulement ça pouvait durer toute l'éternité.

     

    MaJ 15 (14)

     


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    MaJ 16 (1)

     

     Environ deux mois plus tard …

     

    MaJ 16 (1)

     

     Le mois de décembre avait doucement commencé, sans torrent de neige ni de givre, rendant les habitants de Houlton confiants : l'hiver ne serait pas dur cette année, et on en profiterait bien plus.

    Mais c'est tout autre chose que virent les habitants en cette journée du douze décembre : un épais manteau blanc recouvrait tout aux alentours.

     

    MaJ 16 (1)

     

     Et bien évidemment, on ne peut pas dire que Mikael Egarh se soit douté de quoi que ce soit ce matin en se levant. Il était encore ensommeillé, avait ouvert ses rideaux sans rien réaliser et était descendu, comme chaque matin, récupérer son journal.

     

    MaJ 16 (1)

     

     _ Aaaah !!

    A peine eut-il ouvert la porte qu'une bourrasque glacée lui sauta au visage, et également sur son torse. Évidemment, il ne comptait pas se vêtir plus pour la nuit, vu que pas de neige, pas de vent glacé, et pas de nécessité de mettre un tee-shirt, suivant sa propre logique.

     

    MaJ 16 (1)

     

     Il attrapa donc le journal à toute vitesse avant de se diriger dans sa cuisine et se servir un café brûlant, histoire de se remettre les idées en place.

    _ De la neige, bougonna-t-il. De la neige, merde !

    Un petit rire se fit entendre derrière lui et il se retourna vivement.

     

    MaJ 16 (1)

     

     Julia venait d'entrer dans la cuisine, en pyjama d'hiver, elle est pas folle non plus, qui ne cachait pas pour autant on ventre arrondit par cinq longs mois de grossesse.

    Ne croyez pas que c'est parce qu'elle rit qu'elle a retrouvé la parole, mais depuis qu'elle vit ici, elle se sent revivre, et peut-être qu'un jour, la parole reviendra d'elle même.

     

    MaJ 16 (1)

     

     _ Bonjour, lui dit Mikael en se rapprochant d'elle. Bien dormi ?

    Elle acquiesça vivement avant de lui déposer un léger baiser sur le bout des lèvres.

    _ C'est moi qui t'ai réveillé ?

    La blondinette hocha la tête positivement, en riant.

    _ Navré ma puce, mais y'a de la neige ! J'aime pas la neige.

    Julia émit un petit rire avant d'embrasser Mikael sur la joue et prendre la tasse café qu'il avait abandonné.

     

    MaJ 16 (1)

     

     _ Eh ! C'est à moi ça ! C'est pas parce que t'es enceinte que je vais tout te laisser faire. C'est ma tasse mademoiselle.

    Julia haussa les épaules avant de boire le café brûlant à longues gorgées, sous le regard ahuri de Mikael.

    _ Petite peste, tu viens d'engloutir mon petit dèj !

    Nouveau haussement d'épaule de la part de la blondinette qui déposa la tasse dans l'évier une fois qu'elle l'eût engloutie totalement.

     

    MaJ 16 (1)

     

     Elle se fraya un chemin entre Mikael et la porte, mais ce dernier ne la laissa pas faire et l'attrapa.

    _ On ne bouge plus mademoiselle ! Tu as bu mon petit déjeuner, ça va se payer !

    La jeune femme leva les yeux au ciel avant d'embrasser Mikael à pleine bouche.

     

    MaJ 16 (1)

     

     Le bonheur a des goûts d'éternité.

     


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    MaJ 16 (2)

     

     A quelques rues de là, une brunette se réveillait doucement, seule dans les draps blancs. Elle plissa les yeux, le soleil se répercutant sur la neige l'aveuglant, quelle idée aussi de pas fermer les rideaux, ça éviterait des mauvais réveils.

     

    MaJ 16 (2)

     

     Doucement, Andy s'assit dans le lit et sourit. Arf vi, ici, il n'y a pas de rideau. Elle n'est plus chez elle, elle avait tendance à l'oublier ces temps-ci, qu'elle avait déménagé défénitivement chez Spencer.

    Elle lança un regard par la fenêtre en soupirant.

     

    MaJ 16 (2)

     

     On est samedi matin, pas de cours, pas de boulot, elle allait pouvoir passer la journée avec Spencer.

    D'ailleurs, où est-ce qu'il est encore celui-là ? Il a toujours à son côté quand elle se réveille …

     

    MaJ 16 (2)

     

     _ Spencer ? Appela-t-elle, peu rassurée.

    _ Je suis dans la salle d'eau Andy !

    Ouf ! Toujours là.

     

    MaJ 16 (2)

     

     Andy se leva du lit, baillant, avant de se diriger à son tour dans la salle de bain.

    _ Je peux entrer ? Demanda-t-elle.

    _ Bien sûr.

     

    MaJ 16 (2)

     

     La brunette poussa la porte pour découvrir Spencer, torse nu, se lavant les mains, avec une coupe très différente de la dernière fois.

    _ Tu t'es coupé les cheveux ? Tout seul ? Dit-elle en riant.

    _ Eh, je suis pas fou ! Je me coupe pas les cheveux moi !

    _ Ils sont plus courts pourtant, avoue qu'ils sont plus courts.

    _ Bien sûr, ma mère en a eu marre et à chopé les ciseaux se matin …

     

    MaJ 16 (2)

     

     Andy se rapprocha de son compagnon, qui avait finalement fermé le robinet, afin que celui-ci la prenne dans ses bras.

    _ Bonjour au fait, dit Andy en riant. Bien dormi ?

    _ Si tu avais moins bougé cette nuit, oui.

    _ J'ai bougé ? S'étonna-t-elle.

    _ Oui, et pas qu'un peu.

     

    MaJ 16 (2)

     

     _ Excuse moi Spenc' …

    _ Qu'est-ce qui t'arrive ? T'as le sommeil agité en ce moment, des tracas ? S'inquiéta-t-il.

    _ Nan, rien de bien méchant, laisse tomber.

    _ Andy, insista-t-il.

     

    MaJ 16 (2)

     

     _ C'est bientôt Noël, avoua-t-elle.

    _ Tu n'aimes pas Noël ? S'enquit-il. Si c'est le cas, dis le moi avant que mon père foute un sapin dans la baraque.

    _ Nan, c'est pas ça, dit Andy en riant. Cette année, mes parents ne seront pas là, et je pense pas qu'on va se retrouver tous les quatre en boîte, comme tous les ans.

    _ T'en sais rien … Il va peut-être revenir …

     

    MaJ 16 (2)

     

     _ Je ne veux pas le voir, cingla-t-elle. Il m'a abandonnée, je refuse de le revoir, qu'il croupisse dans son pays de merde avec sa salope de merde !

    _ On se calme Andy, lui dit Spencer en la serrant plus fort contre lui. Il avait peut-être une bonne raison, tu n'en sais rien. Je sais que je ne le connais pas, mais je n'aime pas te voir aussi vulgaire ! Je veux pas prendre sa défense, mais ce n'est pas une raison pour t'exciter comme ça. Il t'entend pas d'où tu es …

     

    MaJ 16 (2)

     

     _ Je peux pas le voir, souffla-t-elle. Je … veux pas … je … pas …

    _ Chuut … la rassura Spencer. Tu ne le verras pas, il n'est pas là Andy, calme-toi.

    La jeune femme enfouit son visage dans le torse de Spencer, essayant de chasser ses idées noires. Nan, si elle agissait ainsi, ce n'est pas parce qu'elle ne voulait pas le voir, elle le sait. Elle veut le revoir, le voir sourire, rire, comme avant. Elle veut l'embrasser, le toucher, le sentir, elle veut tout revivre, et elle sait que ce n'est pas bien. Elle sait que ça blesserait Spencer aussi si il le savait, alors, elle se tait et préfère ne plus bouger, garder l'odeur de Spencer en mémoire, oublier Nate, l'effacer de sa mémoire, tirer un trait sur son passé.

     

    MaJ 16 (2)

     

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    MaJ 16 (3)

     

     A l'autre bout du globe, la neige se faisait attendre par une brunette plutôt excitée à l'idée des vacances qu'elle s'était mise de côté pour Noël. Une semaine de bonheur complet, d'extase et de folies, et tout ça, bien sûr, elle comptait le partager avec son petit ami.

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ T'as pris tes vacances pour Noël ? Demanda Marine à Nate qui avait le nez dans le frigo.

    _ Oui, deux semaines, pourquoi ?

    _ Deux semaines ? S'étonna la jeune femme. Moi j'en ai pris qu'une, et je trouve déjà ça énorme.

    _ J'en prends pas pour le reste de l'année, genre à Pâques. Et je compte aller voir mes parents, je suis désolé, je serais pas avec toi …

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ Tu … tu retournes aux States ? S'étonna-t-elle.

    _ Oui, pourquoi ? Mes parents habitent là-bas que je sache, et puis, les billets sont pas donnés, je préfère y aller deux semaines et ne pas y retourner avant l'été.

    _ …

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ Quoi ? Tu avais prévu quelque chose ? Arf, je suis désolé, j'aurais dû t'en parler plus tôt.

    _ Tu habites où au States ?

    _ Dans le Maine, la ville de Houlton, tu vois ?

     

    MaJ 16 (3)

     

     Marine ouvrit de grands yeux étonnées, comme si on venait de lui annoncer qu'elle avait un bras qui lui poussait sur le nez.

    _ J'habite pas loin, dit-elle en riant.

    _ Sans dec ?

    _ Bien sûr. Je suis canadienne, je te l'ai dit, et Woodstock, c'est à dix kilomètres de Houlton. C'est là bas que je pars … et que je comptais t'emmener … La neige me manque, il y'en a chez eux.

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ Je pense que mes parents sont barricadés chez eux alors, dit-il en riant.

    _ Tu viendras ? Demanda-t-elle, en suppliant.

    _ T'as réservé ton vol ?

    _ Pas encore, je voulais t'en parler avant.

    _ Bah cours nous réserver deux places en vitesse, dit-il en riant. Une semaine avec toi, une semaine avec mes vieux, ça devrait le faire.

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ Merci, merci, merci ! Dit-elle en lui sautant au cou.

    _ Calme-toi Marine, t'es si contente que ça de partir en vacances avec moi ?

    _ Oui !

    Elle se mit sur la pointe des pieds pour embrasser le jeune homme qui se mit à rire tandis que la brunette l'embrassait. Il souda ses mains sur les tempes de la jeune femme, ne voulant pas la laisser fuir.

     

    MaJ 16 (3)

     

     _ Je t'aime, lui murmura-t-il avant de l'embrasser furtivement.

    Marine s'étonna un instant avant de sourire. Il le lui avait enfin dit. Et elle était heureuse. Nate, quant à lui, se sentait soulagé. Il n'avait dit cette phrase à personne d'autre qu'à Andy, il se disait qu'il avait finalement tourné la page, qu'il avançait, sans elle à ses côtés.

     

    MaJ 16 (3)

     

     Mais on n'oublie jamais un premier amour.

     


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    MaJ 16 (4)

     

     De retour aux USA, au squat.

     

    MaJ 16 (4)

     

     Cela faisait des heures qu'il poireautait, qu'il tournait en rond, qu'il regardait sa montre toutes les cinq minutes, qu'il s'asseyait pour ensuite se lever et puis se rasseoir, et ce, continuellement.

     

    MaJ 16 (4)

     

     Julian n'en pouvait plus.

    Il était où ? Dans les bras de qui ?

    Qui est-ce qui l'empêchait de recevoir sa dose ?

    Le mois dernier, c'était déjà comme ça, il était à la limite de tourner fou. Où était-il ?

     

    MaJ 16 (4)

     

     Enervé, il finit par se lever de sa chaise pour partir à sa recherche. Il allait pas emporter cette crasse au paradis. Et tout le monde le sait, il ne faut pas énerver un quelconque drogué en manque, au risque de se prendre non seulement des mots et injures, mais également coups en pleine figure.

     

    MaJ 16 (4)

     

     Alors c'est décidé que Julian Jewel part à la recherche de son « ami » dealer, pour le lui faire comprendre, et il n'hésitera pas à jouer des poings si cela devenait nécessaire. Il doit comprendre qu'un accord est un accord, et que ce qu'il a donné, il est capable de le reprendre, d'un claquement de doigt, ou dans son cas, d'un doigt sur la gâchette.