Quatre mois et demi plus tard.

31 décembre 2010

 Cette année, les festivités n'allaient pas être aussi importantes qu'au précédent nouvel an. Les quatre amis avaient décidé de rester chez eux pour cette soirée, soirée télé pour la plupart, comme pour William et Julia, qui avait décidé de regarder une énième série, qu'ils connaissaient sur le bout des doigts tous les deux.

 Georg était au lit depuis plusieurs heures, laissant la soirée tranquille aux deux jeunes gens, qui regardaient tranquillement la télé, attendant impatiemment la sonnerie du téléphone du jeune homme, annonçant le début de la nouvelle année.

 Depuis quelques jours, une gêne était palpable entre eux.

Dès qu'ils se frôlaient, ils s'éloignaient aussitôt l'un de l'autre, pour finir chacun dans un coin opposé de la pièce, à essayer de faire autre chose, le plus souvent sans succès.

 C'est donc un exploit que ce soir, ils soient assis l'un à côté de l'autre, à rire ensemble comme des enfants, sans cette gêne présente entre eux, bien qu'ils ne pensait qu'à cela à longueur de journée, William essayant de refouler ses sentiments, Julia essayant de comprendre ce qui lui arrivait, puisque depuis quelques temps, elle s'est surprise à regarder son frère différemment, à le voir dans ses rêves, où même à se lever en pleine nuit pour le regarder dormir, prétextant pour elle même que c'était Georg qu'elle allait voir.

 Le téléphone de William sortit les deux jeunes gens de leur série, leur indiquant le début de la nouvelle année.

Ils se regardèrent tous les deux un instant, avant de se lever, et William prit la blondinette dans ses bras.

 _ Bonne année Julia. Je te souhaite beaucoup de bonheur.

_ Bonne année à toi aussi Willou, dit-elle en soupirant, ne voulant pas quitter les bras de son frère, parce que désormais, elle en était sûre et certaine.

Alors, quand elle se décolla de lui à regret, elle planta ses yeux dans les siens avant de se hisser sur la pointe des pieds, et déposer un léger baiser sur les lèvres du jeune homme.

 D'abord surpris, William ne se laissa pas abattre et posa ses mains sur les joues de la jeune femme, voulant la garder le plus possible près de lui, de peur qu'il ne rêve, qu'elle ne s'échappe, que la magie disparaisse. Il prit alors les mains de la jeune femme pour les passer au dessus de ses épaules, avant de cesser de l'embrasser, et de la regarder dans les yeux.

 _ Excuse moi, dit-elle en détournant le regard. J'aurais jamais dû.

_ Pourquoi ?

_ Parce que ... je... je ne pourrais répondre à tes attentes William.

_ Pourquoi tu as commencé alors, tu savais très bien ce que je ressentais pour toi...

_ Parce que, j'en avais envie. Je n'ai pas compris, mais, je devais le faire...

_ Tu avais envie de le faire, c'est tout ?

_ Je ...

 Le jeune homme se détacha d'elle, tandis qu'elle se remettait en position de repli.

_ Si tu ne veux rien tenter avec moi, il ne fallait pas commencer Julia. Mais merde, pense à ce que je ressens. Tu me sautes dessus, pour me repousser ensuite. Je suis pas un surhomme, faut pas me pousser à bout.

_ Je ...

_ Je t'aime, tu le sais. Ce que je souhaite, c'est qu'un jour, tu ne me considères plus comme ton frère, mais toi, tu fais l'enfant gâtée. Tu me sautes dessus pour me repousser ensuite, voir ce que ça fait, me tester, et ça, je peux pas le tolérer.

_ Will, je ...

 Le jeune homme tourna les talons, avant de se diriger vers la porte de l'appartement, dans l'intention de sortir.

_ Où est-ce que tu vas ? Demanda-t-elle.

_ Là où tu n'es pas. A plus tard.

_ William...

_ Bonne année encore.

 CLAC !

 _ Tuuuuuuuuuuuuuuut, tuuuuuuuuuuuuuuuuut !

_ Bordel, grogna Nate en envoyant valser son téléphone dans un coin de la chambre, encore.

Voilà une énième fois qu'il essayait de joindre son ancienne petite amie sur son téléphone portable, pour lui souhaiter une bonne année.

 Enfin, personne n'est dupe.

La nouvelle année n'est qu'un prétexte pour entendre sa voix, et peut-être réussir à lui glisser un « je t'aime », « tu me manques » ou « je n'aurais jamais du ». Les mois ont beau passer, la brunette ne veut pas sortir de ses pensées, elle se fait même de plus en plus présente.

 Est-ce qu'elle va bien ?

Son nouveau pays lui plaît ? Elle s'y est habituée ?

A-t-elle trouvé quelqu'un comme il le souhaitait ? Est-ce que elle, au moins, elle avait avancé, tourné la page, pas comme lui qui n'arrive même pas à avoir de relation sérieuse ...

 Furieux, il sortit finalement de sa chambre, pour découvrir Andy recroquevillée dans le salon, des bouteilles d'alcool à ses pieds.

Il n'allait pas la juger, il comptait en faire autant.

 Et c'est ce qu'il fit, sans attendre une seconde de plus, en s'asseyant à côté d'elle pour lui prendre une bouteille de bière et l'avaler presque d'une traite.

_ Qu'est-ce que t'as à noyer toi ? Demanda la jeune femme. Ta vie n'est pas aussi parfaite que ça ?

_ Je n'ai jamais dit qu'elle était parfaite. Et toi, qu'est-ce que tu noies ?

 _ Moi, je fais la fête, toute seule. J'ai vécu un an sans l'homme de ma vie, et je suis entière, ça se fête, dit-elle en grimaçant.

_ Tu noies pas plutôt ta peine en te disant que ça fait un an qu'il est mort ?

_ Même pas. Au moins, je le fais plus chier là où il est.

_ Si tu le dis, soupira Nate en buvant une nouvelle gorgée de bière.

 Les bouteilles jonchèrent vite le sol, transformant le salon en scène de guerre, entre bouteilles vides, pleines, renversées, alcool répandu au sol, mais après tout, ils n'étaient pas à ça près. C'est facile de ranger, moins d'oublier, alors plus les minutes passent, plus l'état d'ébriété des deux jeunes gens se fait ressentir.

 Puisque tout en riant aux éclats, ne se rendant pas compte de leur état, voilà qu'Andy sauta sur les genoux de Nate, l'embrassant entre deux gorgées d'alcool.

_ Tu pues le clodo, dit-elle en riant.

_ Toi, t'es complètement pétée.

_ Nan, je suis bien ... dit-elle en fondant une nouvelle fois sur ses lèvres, laissant tomber sa bouteille d'alcool, et voulant retirer une partie de ses vêtements par la même occasion.