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    Quand Eliott arriva ce jour-ci au palais de justice, il rasa les murs, ne saluant absolument personne. Ni le personnel d’accueil, ne ses collègues, ni sa collaboratrice, Savannah, avec laquelle il travaillait depuis maintenant près de cinq ans. Il se contenta de serrer sa main sur son attaché-case, de garder la tête basse et de poursuivre en direction de son bureau, sans se retourner. Il jetait des coups d’œil furtifs à droite ou à gauche : il était persuadé qu’on le surveillait. Qu’ils savaient ce qu’il avait fait. Et s’ils savaient … ? A cette pensée, il fut traversé d’un frisson absolument glacial, contrastant avec la chaleur de cette après-midi d’été. Tout le monde ici suffoquait ; lui était gelé.

    Une fois arrivé à son bureau, il s’y enferma à double tour, laissa tomber son attaché-case au sol et fixa la porte devant lui. Sa respiration, qui s’était accélérée pendant le trajet de son domicile à son lieu de travail, reprit finalement un rythme normal. Il inspira longuement, expira de la même façon et il sentit son cœur se calmer dans sa cage thoracique.

    Qu’avait-il fait ?

     

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    Il se laissa alors tomber sur un des fauteuils où il s’affala, tirant sur le col de sa chemise à la recherche d'un air salvateur. Il ne serait à l’abri nulle part désormais. Il avait hésité ce matin à prendre quelques vêtements avec lui, pour s’enfermer dans le palais de justice et ne pas rentrer chez lui. Mais ça semblerait encore plus suspect aux yeux de Mayers. Non. Il devait garder sa routine, faire comme s’il n’avait rien fait. Faire comme s’il n’avait pas envoyé sa femme et son enfant à naître au loin. Loin de Mayers, de ses sbires. Il espérait avoir été assez discret en l’accompagnant à l’aéroport, et que Mayers ne se mettrait pas à sa poursuite.

    Il tourna la tête et son regard croisa la pile de dossiers qui concernait Mayers. La date était passée, et il n’avait pas réussi à sortir ses hommes de prison. Harry Mayers pouvait débarquer d’un moment à un autre pour exiger des explications, et proférer ses menaces, les mettre à exécution. Il espérait tellement que personne n’avait vu Faith partir, car elle n’était plus en sécurité à présent. Pas face à Mayers et sa folie de destruction.

    On frappa à la porte.

     

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    Eliott fit un bond monumental sur son canapé, et il posa sa main sur son front. Son cœur battait à tout rompre contre sa cage thoracique. Son rythme s’accélérait, il allait finir par lâcher. On toqua une nouvelle fois, et Eliott contempla la porte. Ça ne pouvait être que Mayers. Il ne pouvait pas lui ouvrir. Pas dans cet état-là.

    - Maître Thatch ? Détective Yann Leiner. Vous êtes là ?

    Sa pression artérielle redescendit d’un cran. Ce n’était pas Mayers. Bien au contraire. Il se releva, remit de l’ordre dans ses cheveux, sa tenue, afin de ne pas paraître totalement paniqué ou effrayé face à ce détective privé. Il devait reprendre contenance, et faire comme si tout allait bien. Il était l’avocat du diable après tout. Il ne pouvait pas se permettre de flancher.

    Il s’approcha alors de la porte, la déverrouilla et l’ouvrit. Il fut surpris de voir le détective seul. Habituellement, il était accompagné d’une commissaire de police et d’un civil. Il hocha la tête pour le saluer et l’invita à entrer. Yann le remercia et entra dans la pièce.

     

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    D’un simple coup d’œil, il avait repéré les dossiers entassés sur la table basse, les épis dans les cheveux d’Eliott et sa tenue pas très droite. Et tout ceci ne faisait que confirmer ses doutes, obtenus en le tenant en filature ces dernières semaines. Et il n’en était pas peu fier. Deux semaines de nuits presque blanches, et il était reparti avec des informations sur le lien unissant Eliott à Mayers.

    - Vous me permettez de m’asseoir ?

    - Faîtes, lui répondit Eliott. Que puis-je faire pour vous M. Leiner ?

    Yann s’assit alors, et aperçut l’attaché-case gisant au sol. Il croisa alors les bras et leva la tête vers Eliott.

    - C’est plutôt moi qui peux faire quelque chose pour vous. Asseyez-vous, que je ne reste pas le seul dans ce salon.

    Eliott s’exécuta alors, intrigué par les dires de Yann.

     

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    - Mais avant, si je peux me permettre une question : où se trouve votre femme actuellement ?

    Eliott tiqua et eut un léger mouvement de recul. Qu’est-ce qu’il avait à lui demander où se trouvait Faith ? Il essaya alors de garder une expression neutre, pour ne donner aucun indice à l’homme assis en face de lui.

    - A notre domicile.

    Yann fit la moue et hocha la tête de droite à gauche, tapotant des doigts sur ses genoux.

    - Mauvaise réponse. Et vous êtes un bien piètre menteur. Plutôt mal avisé pour un avocat, non ? Donc, vous ne souhaitez pas me dire où se trouve votre femme. Très bien, je ne vous forcerai pas. Je suppose que vous avez eu de bonnes raisons de la cacher.

    - La cacher ? répéta Eliott aussitôt. Je ne l’ai pas …

    - Je viens de vous dire que vous êtes un mauvais menteur, et vous continuez de me mentir. Je sais qu’elle n’est pas chez vous car j’ai été obligé de vous prendre en filature ces dernières semaines. Donc je peux vous confirmer qu’elle n’est pas à votre domicile, comme vous venez pourtant de me l’affirmer. Elle a pris un avion, mais je n’ai pas la destination. Ce n’est pas important vous me direz. Pouvez-vous me garantir que votre femme est assez loin d’ici ?

     

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    Yann se pencha alors en avant, coudes sur ses genoux, et regarda Eliott directement. Il était incollable pour déchiffrer les expressions de ses interlocuteurs. C’est d’ailleurs une des raisons qui l’avait poussé à l’école de police puis à monter son propre cabinet. L’esprit des gens.

    Eliott confirma la supposition de Yann. Celui-ci la compléta d’un « Bien » puis se leva et fit le tour de la pièce pour se dégourdir les jambes.

    - Maintenant, allez-vous me dire quelles sont les natures de vos relations avec Harry Mayers, Maître Thatch ?

    - Harry Mayers est mon client, dit simplement Eliott.

    Ce qui n’était pas un mensonge. C’était bel et bien le cas. Même si c’était un client un peu particulier. Yann se tourna alors vers lui.

    - Bien. Vous refusez vraiment de m’en dire plus. Pourquoi vous obstinez-vous à me voir, moi ou mes collègues d’ailleurs, comme vos ennemis ? Notre objectif est d’empêcher Harry Mayers de nuire. Et le vôtre, quel est-il ?

     

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    D’empêcher Harry Mayers de nuire également, voilà ce qu’il aurait envie de lui répondre. Car si Yann et ses collègues souhaitaient remettre Mayers derrière les barreaux à tout prix, lui se retrouvait à céder au moindre de ses caprices pour avoir la vie sauve. Mais il était hors de question que ce détective le sache. Si Harry apprenait qu’il collaborait avec les autorités, il pouvait signer son arrêt de mort.

    - Les intérêts de Monsieur Mayers sont les miens, Monsieur Leiner. Si vous n’avez pas d’autres questions à me poser, je vous prierais de bien vouloir quitter mon bureau.

    - Il vous a menacé ?

    - Non, répondit Eliott sèchement.

    - Il a menacé votre épouse ?

    - Non.

    - Bien. Maître Thatch, je m’excuse de mon intrusion et de vous avoir dérangé. Je vous souhaite une excellente fin de journée.

    Yann baissa la tête et sortit alors du bureau de Eliott.

     

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    Le grand blond ferma aussitôt sa porte à double tour et se laissa tomber au sol le long de la porte. Les yeux perdus dans le vide, il fixait un point droit devant lui, tandis que sa respiration s’accélérait. La crise d’angoisse était imminente.

    Car Yann Leiner savait. Il savait que Faith avait pris l’avion. Il savait que Mayers le manipulait. Il savait que Mayers allait tuer Faith.

    Et il était encore plus terrifié qu’auparavant.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Coucou ! Ca va bien vous ?

    Pas trop mal par ici, j'avoue. Bon, je sais, c'est pas ce que vous vouliez avoir comme nouvelles. Je vous ai servi du niais, du très niais, et là, -- PAF PASTEQUE ! -- c'est le retour de Harry Mayers, en filigrane. On ne le voit peut-être plus, mais il n'est jamais bien loin ♥ 

    Bonne soirée à tous, et à bientôt !

     

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     Et sinon, si vous avez apprécié la chanson de Kellan/Xander, elle est issue d'un Webtoon dont je suis GRAVE amoureuse.
    Ca s'appelle Phase, mais ce n'est disponible que en anglais pour le moment.
    Quant à l'artiste qui a réalisé les musiques de ce Webtoon, c'est A Million in Vermillion.
    Vous pouvez le retrouver sur Youtube, Deezer et Spotify

     

     

     

     


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    Cela faisait quelques jours que Emma était finalement arrivée à l’appartement de Georg. Et non seulement ces retrouvailles avaient été amplement attendues, mais elles ont largement été célébrées et consommées. Et l’idée prochaine de leur séparation à venir ne faisait qu’alimenter ce sentiment d’urgence qui les animait tous les deux depuis leurs retrouvailles sur les quais de la gare. Emma et Georg étaient devenus inséparables et vivaient l’un sur l’autre constamment, chose qui ne leur arrivait jamais quand ils vivaient aux Etats-Unis. Vivre chacun chez ses parents n’aidait certainement pas à la promiscuité, certes, mais là ils poussaient l’idée jusqu’à l’extrême. Ils refusaient tout simplement l’idée de se séparer l’un de l’autre plus que de nécessaire. Alors, ils pouvaient recevoir toutes les critiques du monde, que ce n’était pas la façon la plus saine de vivre une relation amoureuse. Mais peur leur importait : tout ceci s’arrêterait. Et ils avaient ri quand Georg avait glissé qu’ils avaient une date de péremption. Drôle, mais vrai. Ils ne tiendraient pas l’été, alors à quoi bon se rationaliser ?

     

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    Cette après-midi-là était pluvieuse. Alors plutôt que de risquer de choper la crève en voulant absolument jouer les touristes ou les gens sociables, ils avaient décidé finalement de passer la journée au lit. Allongés sur celui de Georg, très peu vêtus, ils discutaient actuellement de tout, de rien, jusqu’à ce que fatalement l’un des deux décide de toucher l’autre, pour que les discussions s’arrêtent pour une activité un peu plus terre à terre.

    Mais pour le moment, Emma était allongée sur le ventre, les jambes croisées au-dessus d’elle. Elle avait le nez fixé sur des revues posées sur l’oreiller. Elle avait décidé de faire de l’Aquitaine la première étape de son road trip. En conséquence, elle avait ramené de sa dernière escapade en ville de nombreux magazines et brochures pour trouver sa future destination. Etendu sur le dos à côté d’elle, Georg l’écoutait parler de ce que son regard croisait sur les pages glacées, et battait la mesure du pied. Il acquiesçait à chacune de ses idées : tant qu’il serait avec Emma, elle pouvait le traîner sur la Lune si elle le voulait. Il suivrait.

    - Tu devrais te couper les cheveux tu sais, dit alors Emma.

     

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    Georg tourna aussitôt la tête vers Emma. Il avait dû perdre le fil de la conversation. A l’instant, elle parlait de châteaux et de vignobles, et voilà qu’elle se mettait à parler – une fois n’est pas coutume – de ses cheveux. Le sujet venait assez régulièrement sur le tapis. Emma ne supportait pas sa « queue de rat » comme elle l’appelait. Elle n’était pas la seule d’ailleurs. Mais il avait mis tellement longtemps à avoir les cheveux longs comme il le voulait quand il était ado qu’il n’avait jamais pu se résoudre à s’en débarrasser.

    - Mais c’est mon identité. Tu ne vas pas me l’enlever comme ça. Et si à moi ça me plaît ? bougonna-t-il.

    - Tu ne vas quand même pas finir par me dire qu’elle est la source de ta force comme Samson ? Parce que je ne vois aucune raison valable de la garder sinon … Non, même ça ce n’est pas une raison valable de la garder.

    Elle lui adressa un petit sourire en coin, et lui poussa légèrement la cuisse du bout du pied pour le taquiner.

    - Non, pas de ma force, mais de ma créativité. Donc pas toucher.

     

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    Emma s’écroula face contre le lit pour étouffer le fou rire qui venait de la prendre juste à l’instant. Il n’était pas sérieux quand même ? Quand elle se calma enfin, elle tourna un œil vers lui. Il s’était allongé sur le flanc, un bras sous la tête, pour la regarder avec sa moue boudeuse. Emma se tourna alors à son tour pour lui faire face et le regarder dans les yeux.

    - Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?

    - Tu étais déjà talentueux avant d’avoir ta queue de rat. Donc ça n’a rien à voir avec ton talent.

    - Et bien, je te signale que c’est grâce à cette coupe que tu es tombée amoureuse de moi. Donc c’est que ça marche pour séduire les filles, donc je garde. C’est ce qui fait tout mon charme.

     

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    Emma tourna la tête de droite à gauche en signe de négation, tout en se pinçant les lèvres.

    - Tu ne l’avais pas il y a quatre ans. Tu avais les cheveux longs, certes, mais pas à ce point. Donc ce n’est clairement pas ce qui fait que je suis tombée amoureuse de toi. Je pense plutôt que c’est l’inverse : ça a fait fuir mes potentielles rivales. Même mes copines me disaient qu’elles sortiraient avec toi si tu n’avais pas cette étrange coupe de cheveux.

    - Oh. Et que dois-je en conclure ? questionna alors Georg en se relevant sur un coude pour s’approcher d’elle.

    - Et bien, que c’est un tue l’amour et pas un charme. Donc il va falloir me couper tout ça si tu veux avoir du succès avec les filles.

    Elle lui adressa un petit sourire timide, mais n’en dit pas plus. Le sous-entendu parlait pour lui-même. C’était ce qu’ils avaient prévu après tout, il y a bien longtemps. Depuis qu’Emma préparait son road trip. Elle s’était faite plus ou moins à l’idée de le laisser partir loin d’elle, qu’il voit d’autres personnes. Et ils verront où ils en seront tous les deux à son retour.

    Georg se redressa complètement et s’assit en tailleur sur le lit. Son visage était grave, fermé. Emma en souriait peut-être, mais pas lui. Il n’arrivait pas à trouver de légèreté dans ce sujet. La jeune rousse remarqua bien son expression, et se redressa à son tour. Elle s’assit alors devant Georg, une jambe de chaque côté de ses hanches, et prit sa tête entre ses mains. Elle essaya de capter son regard, difficilement.

     

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    - Et si je ne veux pas avoir de succès avec les filles ? lui dit-il de manière purement théorique. Autant que je garde cette coupe, je serais tranquille, tu ne crois pas.

    Emma hocha la tête de droit à gauche de nouveau en guise de réponse négative. Elle fit glisser ses doigts dans les cheveux de Georg, regardant ceux-ci bouger sous ses mains. Georg glissa ses mains sur la taille de Emma, lui caressant les hanches du bout des doigts.

    - Je m’en fiche de plaire aux autres filles.

    Il leva les yeux vers elle.

    - Tant que je te plais à toi.

     

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    Il tendit alors le cou vers l’avant pour embrasser Emma sur le bout des lèvres. Ses mains se rejoignirent dans le dos de la jeune femme, et il entrecroisa ses doigts contre ses reins. Il garda son regard rivé à celui de Emma, et cette dernière rougit très légèrement. Il avait le don pour ce genre de chose. Pour la faire rougit au moindre regard. Elle posa alors son front contre le sien, et souffla doucement.

    - Et tu le ferais pour moi … ?

    - De ? Me couper les cheveux ?

    - Oui. Et de plaire aux filles.

    - Je n’en ai pas vraiment envie Emma …

    Elle glissa ses bras autour du cou de Georg, pour se serrer contre lui et poser sa tête contre son épaule. Ses mains étaient posées à plat contre le dos de son petit ami, comme si elle cherchait à s’accrocher à lui alors que c’était elle qui le poussait à partir. Elle l’embrassa alors sur la joue, et garda son visage contre sa mâchoire, s’y refugiant.

    - On n’en est pas encore là Emma. Ça ne sert à rien de te faire du souci pour ça. On verra ça en temps voulu, ok ?

     

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    Elle hocha doucement la tête puis se redressa pour se tenir droite devant Georg. Elle gardait malgré tous les bras posés sur ses épaules. Distraitement, de ses mains, elle jouait avec les cheveux de Georg, et sa queue de cheval. Cela le fit sourire. Après tout, si elle tenait tant que ça à lui couper les cheveux…

    - Il y a des ciseaux dans le bureau, lui dit-il. Au moins, il n’y aura eu que toi à me connaître avec ma force et mon talent. Les autres n’auront qu’un Georg estropié.

    Emma esquissa un sourire avant de rire un peu plus franchement. Elle se releva alors des genoux de son amant, et descendit du lit pour sortir de la chambre et rejoindre la pièce de vie principale où se trouvait son bureau. Elle ouvrit le tiroir en question en récupéra les ciseaux. Après un bref passage dans la salle de bain pour récupérer une serviette, et éviter de mettre des cheveux partout sur le lit, elle retourna dans la pièce. Georg n’avait pas changé de position, toujours assis en tailleurs. Emma s’installa alors derrière lui, posa la serviette sur le lit et lui prit la tête entre ses mains.

     

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    - Prêt ? lui demanda-t-elle.

    - Me rate pas surtout, je serais fâché si je ne te plaisais plus au final.

    - Ne t’inquiète pas va. Je coupe les cheveux de Camille depuis des années, et il n’y a pas plus maniaque des cheveux que lui. Alors reste sage, et tout devrait bien se passer.

    Georg ne bougea plus, et garda son plus grand sérieux. Il ferma les yeux, et se calma dès qu’il entendit le frottement particulier causé par les lames des ciseaux sur ses cheveux. Il sentait les mains de Emma courir sur son crâne, ne s’arrêtant pas seulement sur ses cheveux trop longs à son goût. Apparemment, il y avait plus de choses à rattraper qu’il n’aurait voulu.

    Il ne sait pas trop combien s’est écoulé entre le moment où il avait fermé les yeux, et celui où il entendit Emma poser le ciseau sur l’étagère. Alors qu’il allait se redresser, il sentit les mains d’Emma sur ses épaules qui lui enlevaient les quelques cheveux qui y étaient restés, puis son souffle sur son cou avant qu’elle n’y dépose un baiser furtif.

    - Fini. Tu veux voir ?

    - Je n’ai pas de miroir de poche, et je n’ai pas très envie de me lever.

     

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    Il se tourna alors vers Emma, et le sourire qu’elle lui offrit le rassura. Visiblement, elle semblait satisfaite de son travail. Il passa sa main dans ses cheveux, ceux-ci semblaient bien plus courts, et la sensation d’avoir sa nuque à nu ne lui fut pas aussi dérangeante qu’il ne l’aurait cru. Elle glissa une main dans les cheveux de Georg pour lui remettre une mèche en place, et sourit en contemplant son œuvre.

    - Ça te va ? lui demanda-t-il. Tu ne m’as défiguré ?

    - Non, pas du tout. Je dirais même que je t’ai sublimé. Sans vouloir me vanter bien sûr.

    - Parfait alors …

    Il passa ses bras autour du corps de Emma et la fit basculer doucement sous lui, l’allongeant sur le lit. Emma esquissa un sourire et crocheta ses mains autour du cou de Georg, tout en continuant à jouer avec ses cheveux.

     

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    Georg fit courir ses doigts le long du flanc d’Emma, ce qui la fit frissonner de plaisir. Elle resserra un peu plus ses bras autour de lui pour l’attirer vers elle. Quand son regard croisa celui de Georg, elle vit bien qu’il n’était pas complètement là. Le voilà partit sur une planète bien lointaine.

    - A quoi tu penses ? lui demanda-t-elle en caressant sa joue du bout des doigts.

    - Devine.

    Il l’embrassa alors du bout des lèvres, et fit glisser ses doigts sur la joue de Emma. Il entrouvrit alors les lèvres, ferma les yeux et se concentra sur la dernière chanson qu’il avait écrite, en pensant à elle, et dont il battait la mesure il y a plusieurs minutes. Et de sa voix la plus douce, il se mit à fredonner sa dernière création, pour Emma.


  • -- Article lourd, les images sont en PNG --

     

    ♫ The Script – For the first time (Acoustic)

     

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    - She’s all laid up in bed with a broken heart, while I’m drinkin’ Jack all alone in my local bar, and we don’t know how. How we got into this mad situation, only doing things out of frustration. Tryna make it work, but man, these times are hard….

    [Elle reste allongée dans son lit, le coeur brisé, tandis que je bois du Jack (Daniels, whisky) tout seul dans le bar du coin, et on ne sait pas comment. Comment on en est arrivés là, à faire toutes ces choses par frustration. Je fais en sorte que ça marche, mais bon sang, ces temps sont durs ...]

     Emma sourit, les yeux pétillants d’étoiles. Elle ne se lassait jamais de l’entendre chanter, et encore moins de l’entendre chanter ce qu’elle lui avait inspiré. Certaines fois, elle ne se sentait pas méritante de tout ça. Il chantait pour elle, lui écrivait des chansons pour lui dire à quel point il pouvait l’aimer et en retour, elle ne lui donnait rien.

    Alors elle se cambra un peu plus vers lui pour l’embrasser doucement.

    - C’est superbe Georg …

     

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    But we're gonna start by || Mais nous allons commencer par
    Drinkin' old cheap bottles of wine || Boire de vieilles bouteilles de vin pas chères
    Shit talkin' up all night || Parler de rien toute la nuit
    Doin’ things we haven't for a while, a while, yeah || Faire des choses que l’on n’a pas fait depuis un moment
    We're smilin' but we're close to tears || Nous sourions, mais les larmes ne sont pas loin
    Even after all these years || Même après toutes ces années
    We just now got the feelin' that we're meetin' || Nous avons simplement maintenant le sentiment que l’on se rencontre
    For the first time || Pour la première fois
    Ooh
    Ooh
    Ooh

     

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    She's in line at the door with her head held high || Elle attend devant la porte, la tête haute
    While I just lost my job but didn't lose my pride || Tandis que j’ai perdu mon job, mais pas ma fierté
    And we both know how || Et nous savons tous les deux comment
    How we're gonna make it work when it hurts || Comment nous allons nous en sortir quand ça fait mal
    When you pick yourself up, you get kicked to the dirt || Quand on se redresse, qu’on tombe dans la boue
    Tryna make it work, but man, these times are hard || On va essayer que ça marche, mais bon sang, ces temps sont durs

     

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    But we're gonna start by || Mais nous allons commencer par
    Drinkin' old cheap bottles of wine || Boire de vieilles bouteilles de vin pas chères
    Shit talkin' up all night || Parler de rien toute la nuit
    Doin’ things we haven't for a while, a while, yeah || Faire des choses que l’on n’a pas fait depuis un moment
    We're smilin' but we're close to tears || Nous sourions, mais les larmes ne sont pas loin
    Even after all these years || Même après toutes ces années
    We just now got the feelin' that we're meetin' || Nous avons simplement maintenant le sentiment que l’on se rencontre
    For the first time || Pour la première fois
    Ooh
    Ooh
    Ooh
    Yeah

     

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    Drinkin' old cheap bottles of wine || Boire de vieilles bouteilles de vin pas chères
    Shit talkin' up all night || Parler de rien toute la nuit
    Doin’ things we haven't for a while, a while, yeah || Faire des choses que l’on n’a pas fait depuis un moment
    We're smilin' but we're close to tears || Nous sourions, mais les larmes ne sont pas loin
    Even after all these years || Même après toutes ces années
    We just now got the feelin' that we're meetin' || Nous avons simplement maintenant le sentiment que l’on se rencontre
    For the first time || Pour la première fois

     

     

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    Ooh (oh, for the first time)
    Ooh (oh, for the first time)
    Ooh (yeah, for the first time)
    Oh, these times are hard || Oh, ces temps sont durs
    Yeah, they're makin' us crazy || Yeah, ils nous rendent fous
    Don't give up on me, baby || Ne m’abandonne pas ma belle
    Oh, these times are hard || Oh, ces temps sont durs
    Yeah, they're makin' us crazy || Yeah, ils nous rendent fous
    Don't give up on me, baby || Ne m’abandonne pas ma belle
    Oh, these times are hard || Oh, ces temps sont durs
    Yeah, they're makin' us crazy || Yeah, ils nous rendent fous
    Don't give up on me, baby || Ne m’abandonne pas ma belle
    Oh, these times are hard || Oh, ces temps sont durs
    Yeah, they're makin' us crazy || Yeah, ils nous rendent fous
    Don't give up on me, baby || Ne m’abandonne pas ma belle