• En trois pages ...

    Pour des raisons X-Y, je me retrouve dans mon PC avec des écrits de quelques pages, généralement des concours, qui finissent dans le fond de mon disque dur, à mon plus grand regret.

    Je vais donc les poster dans le coin, au fur et à mesure, après tout, faut bien que mon ekla serve à quelque chose, non ?

     

     

    Bonne Lecture

  •  Je m'appelle Spencer, le reste n' aucune importance. J'ai dix sept ans, je suis célibataire parce que je le veux bien, j'ai une bande d'amis, des prétendantes qui me courent après à chaque pause ou inter cours : je suis le roi de mon lycée. J'aime les maths, la physique, l'histoire et la philosophie, je ne supporte pas le français, l'anglais ni même l'espagnol, encore moins la géographie, et je suis en classe de terminale Littéraire. Je suis étrange, et mes amis me le soulignent à tout bout de champ ! Je suis ce genre de mec qui affectionne la solitude, qui refuse les sorties entre potes, qui passe ses journées à garder ses cousins, à vivre constamment avec ma famille, si seulement j'en avais une.

    Ce que je viens de vous peindre, c'est la vie du Spencer de mes rêves. En réalité, j'en suis bien loin … Enfin, presque.

    J'ai bel et bien dix sept ans, je vous sors ma carte d'identité sans problème s'il n'y a que ça pour me rendre réel à vos yeux. J'adore toutes les matières que je vous ai citées, en particulier l'histoire, peut-être parce que je n'en ai pas moi, d'histoire. Je n'ai pas de parents, enfin, je suppose que j'en ai eu, vu que je suis là, mais je ne les ai jamais vu, abandonné dans les ordures alors que j'avais quelques jours, puis recueilli par une âme charitable, qui en a eu assez de mes pleurs et qui m'a laissé croupir dans un orphelinat. Mon nom vient de la rue où on m'a trouvé, devant les poubelles de la famille Spencer. Mais je n'ai pas de famille. J'ai toujours rêvé d'être un enfant comme les autres, avec des parents de rêve, ceux que les enfants n'ont jamais comme ils l'auraient eux même rêvé; Alors, chaque nuit, mes parents sont là, des parents de rêves, faits de bulles et d'étoiles scintillantes, m'appelant, me chérissant, se battant pour moi, pour que je ne souffre pas, que je sois, tel un roi.

    Je vis dans la rue, éjecté à mes seize ans pour troubles au sein de l'orphelinat, il est vrai que je suis de tempérament explosif, les murs ont encore gravé en eux les cris de la responsable, des « Spencer ! » forts et distincts, emplis de haine et de mépris, pour ce gosse des égouts. Je passe la plupart de mes journées sous les fenêtres de la terminale L-1 du Lycée Emile Zola, à deux rues de mon cabanon, et j'apprends la philosophie, j'aime beaucoup Kant « considère toujours autrui en l'humanité non seulement comme un moyen, mais comme un fin en soi », Descartes « je pense donc je suis ». Ces quelques philosophes qui par leurs paroles me réconfortent, même s'ils ne pensaient point à moi. Je suis humain, j'ai droit à autant de considération qu'en a droit le prince Harry. J'ai la possibilité de penser, de juger ce que je vois, d'avoir mon avis, mes idées sur tel ou tel sujet ! Sous cette fenêtre, j'apprends aussi les mathématiques, les limites, les exponentielles, les ombres, la récurrence. Il ne me manque plus que règle et compas pour enfin tout assimiler. La physique-chimie aussi, mais c'était l'an dernier. La lumière, les prismes, les centrales, l'écologie … j'aurais aimé moi aussi participer aux travaux pratiques, voir toutes ses réactions. Et puis, c'est surtout pour l'histoire que je passais mes journées sous cette fenêtre, même si je faisais des grimaces quand la professeur débutait un cours plombant sur Rio de Janeiro, permutant l'histoire pour le programme de géographie. Mais quand elle annonçait qu'elle reprenait le programme d'histoire, et que j'entendais Camille ou Anaëlle ronchonner, moi, je jubilais, et à chaque fois, à deux doigts de sortir de ma cachette sous la fenêtre, dans les buissons, pour montrer à cette professeur mon engouement pour ses cours.

    J'ai toujours suivi cette classe, et seulement celle ci. Le lycée ne change pas le contenu des classes à partir de la première, estimant, dixit le proviseur : « que les élèves se sentaient plus à l'aise et plus propices à l'apprentissage dans un environnement familier » alors, suivant ces préceptes, j'ai conservé la même classe en deux ans. Et je connais chacun de ses élèves, des filles pour la plupart. Je reconnais le son de leur voix, même si je n'ai jamais vu leur visage. Manue était la plus timide du lot, la professeur de Philosophie s'acharnait constamment sur elle afin qu'elle fasse preuve de bonne volonté, c'était également la plus brillante du lot, car, comme on pourrait le dire : tout en mots, rien dans le ciboulot ! Les autres, c'est Camille (un garçon), Anaëlle, Amélie, Pierre, Hugo ou encore Justine. Mais je ne m'en occupe peu, celle pour qui j'ai vraiment beaucoup d'affection, c'est Manue. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que c'est celle qui reste elle même quoi qu'il arrive, qui ne se construit pas un masque du matin au soir et qui sait qu'elle joue son avenir. C'est peut-être juste parce que je suis amoureux d'une voix finalement, la porte de l'âme quand les yeux en sont le fenêtre. Et j'aimerais tellement voir son visage, ses expressions, sa façon de parler, de marcher, de vivre. Alors, je passe mes mains devant mon visage, regardant la noirceur de celle ci, la saleté incrustée sous mes ongles, les multiples coupures dues aux nombreux travaux que j'effectue inlassablement. D'un geste vif, je passe ma main dans mes cheveux, longs et ternes. Finalement, je n'avais pas l'allure du lycéen, l'allure qui ferait que je pourrais m'approcher d'une vie prétendue normale.

     

    _ Spencer ! hurla une voix à l'extérieur.

    Doucement, je sortis de mon cabanon, ensommeillé et déboussolé. J'avais encore rêvé du visage de Manue, que j'aimerais tant voir, toucher, contempler, admirer, et peut-être, aimer.

    _ Je suis là, répondis-je non sans mal face au soleil éblouissant me frappant le visage directement. Qu'est-ce qu'il se passe ?

    _ On te demande, tu t'es fait prendre mon gros, rit la voix qui m'avait éveillé.

    _ Prendre à quoi ? feignais-je de comprendre, en approchant, mes paupières luttant contre l'astre lumineux.

    _ C'est vous Spencer ? demanda une grosse voix vêtue d'un costume noir et cravate rouge sang sur chemise blanche, certainement pas celle qui m'avait réveillé.

    _ Cela dépend, qui le demande ? répondis-je sur un ton insolent, comme à mon habitude.

    _ Je suis le proviseur du lycée Emile Zola, me répondit la grosse voix endimanchée. Je suis venu vous demander de cesser de passer vos journées sous les fenêtres de l'établissement jeune homme.

    _ Puis-je me défendre, Monsieur le proviseur ? demandai-je à la grosse voix qui acquiesça aussitôt. Je suis sous les fenêtres de la Terminale L-1 par pure curiosité pour les matières qui y sont dispensées. De plus, je suis assis à l'extérieur de votre établissement, et donc sur la voix publique, qui aux dernières nouvelles ne vous appartient pas. Excusez moi.

    Sur ces mots, je tournai les talons et retournai dans mon cabanon avant de m'affaler sur mon matelas de fortune, fait de vieilles étoffes récupérées de ci de là. A peine eu-je le temps de fermer les yeux que la voix qui m'avait réveillé re-fit son apparition.

    _ Tu passes tes journées dans un lycée ? rit l'homme. T'es complètement fêlé Spencer !

    _ C'est vrai, je n'ai pas eu d'éducation, et cela, non par choix de ma part, mais par celui de mes parents. Je suis complètement fêlé, effectivement.

    _ Excuse moi, dit-il, repentant. Tu vas y retourner ?

    _ Oui. Je dois connaître son visage, soupirai-je avant de m'assoupir.

     

    Le cours d'histoire de la journée était le dernier, de quinze heures dix à seize heures cinq. Et j'entrepris donc d'y assister, et mettre un visage sur la voix la plus mélodieuse du monde, celle de Manue, mon ange. Je m'installai donc sous les fenêtres, écoutant la professeur déballer son cours sur la guerre froide et la course à l'espace entre Russie et USA. C'est alors, que, timidement et le plus discrètement possible, je me levai, et lançai un regard furtif à l'intérieur de la classe. La professeur qui regardait dans ma direction ne vit étrangement pas le haut de ma tête au travers de la fenêtre. J'eus de la chance puisqu'à peine me suis-je levé que la prof appela Manue afin qu'elle lise un texte de propagande de Staline.

    Manue n'était pas la plus belle de la classe, ni la plus grande. Elle avait des cheveux d'un noir de jais, coupés au carré, un teint blanc, aucun maquillage, et son expression était d'une pureté telle que je me l'étais imaginé. Des yeux gris pâles, presque irréels, constamment dans le vague. Elle avait cette manie de tordre ses mains sous sa table tandis qu'elle lisait, et elle lisait vite, sans qu'aucun mot ne s'accroche dans sa bouche, avec une telle fluidité qu'elle en fut merveilleuse et convoitée très certainement par les fées.

    Mais absorbé par ma contemplation, je ne remarquai pas que la professeur s'était approchée discrètement de la fenêtre, je ne m'en rendis compte seulement quand son pull violet m'empêcha de regarder Manue. Je levai péniblement la tête, elle avait les mains sur les hanches, mon menton était posé sur le rebord de la fenêtre, elle tapait du pied, mes mains essayaient de s'accrocher à la pierre du montant. Soudainement, elle ouvrit la fenêtre, et hébété, je ne bougeai pas.

    _ Qui puis-je pour vous jeune homme ? cingla-t-elle de sa voix brisée.

    _ J'écoute votre cours, madame F., expliquai-je, le plus sereinement possible.

    Je jetai un regard dans la salle, et vis Manue qui ne savait pas trop si elle devait continuer sa lecture, ou faire comme les autres : rire à mes dépends. La professeur remarqua aussitôt le changement de direction de mon regard, et déduit qu'il était tout droit dirigé sur la brunette. Elle soupira et reprit la parole.

    _ Pour quelle raison, et la vraie je vous prie, nous espionnez-vous ?

    Je voyais là une solution pour parler directement à Manue, même si ça devait la mettre dans l'embarras, et aussi, d'avouer mon intérêt pour les cours de madame F. qui aboutirait peut-être, à une réelle scolarisation.

    _ Eh bien, cela fait maintenant deux ans que je passe mes journées sous cette fenêtre, écoutant attentivement tous les cours qui y sont dispensés, afin de pouvoir m'en imprégner. Au fur et à mesure, je me sentais appartenir à cette classe, je connaissais chaque élève, son point faible, et puis, j'aimais suivre ces cours, j'y prenais énormément goût. Et par dessus tout, je voulais mettre un visage sur la voix de Manue la concernée se mit à rougir que je voulais connaître. Voilà, madame, en toute franchise, ce que je fais agrippé à cette fenêtre. Je vous en prie, continuez comme si je n'étais pas venu vous déranger.

    La professeur ferma la fenêtre, vexée, avant de demander à Manue de poursuivre sa lecture, quant à moi, je restai sous la fenêtre, à attendre la sonnerie, qui vint plus tôt que prévue. Assis sous ma fenêtre, je voyais les élèves sortir, bras dessus, bras dessous. Doucement, je me levai, époussetai mon pantalon et regardai aux alentours, peut-être que Manue viendrait me voir, peut-elle serait-elle intriguée par mon apparition.

    Deux jeunes filles s'approchèrent de moi, et je reconnu Manue, virant rouge pivoine, serrant ses livres contre elle, à ses côtés, une jeune blonde lui parlait, et je ne reconnus pas sa voix, sûrement une élève d'une autre classe. A quelques mètres de moi, la blonde se stoppa alors que Manue se rapprocha.

    Deux mètres nous séparaient alors, et je pris une grande inspiration.

    _ Bonjour, moi, c'est Spencer. Désolé de t'avoir gênée tout à l'heure, m'excusai-je.

    _ Ce n'est rien, dit-elle en évitant mon regard, ça m'a fait plaisir, que quelqu'un se rende compte de ma présence. Je suis tellement invisible, ajouta-t-elle en riant.

    _ Je t'ai remarquée, car je ne t'ai pas vue. Un visage retient tellement d'expressions, qu'il est impossible de l'aborder, alors que la voix, elle, est une porte de l'âme, encore trop vague pour nous troubler par des jeux, pas comme des yeux, qui eux, t'empêchent tout discernement.

    Elle ne dit pas un mot de plus, me regarda, intriguée, déboussolée par ce que je venais de dire. Alors, j'avançai d'un pas, avant de reprendre la parole.

    _ Tu veux bien que je te raccompagne ?

    Elle me sourit franchement, un sourire qui atteint ses yeux. Finalement, si je l'avais vue avant, j'aurais été incapable de lui parler, tellement elle m'émerveillait.

    Je m'appelle Spencer, j'ai 17 ans, j'ai des parents de rêve et je suis tombé amoureux d'une voix.

     

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    J'avoue, la fin est un peu plate, mais si je faisais plus long, je débordais =/ J'aimerais donner vie un jour à ce petit Spencer ... On verra bien :)

     


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  • Ouh, il fait froid. Les gouttelettes d’eau tombèrent sur la peau nue de mon dos, ruisselant vers le bas de mon dos. Mes ailes frémirent, de peur. Lui avais-je échappé ? Etais-je enfin libre ? Le soleil perçait au travers des branches, réchauffant ma peau, refroidie par la peur d’être poursuivie. Qu’était-il donc finalement ? Que me voulait-il donc à la fin? Et pourquoi ne pas m’avoir reconnue ?

    Assise sur ce tronc déraciné, j’enserrai mes chevilles, rendues douloureuses par ma course folle. Mes cheveux, ramassés en une coiffure simple piquaient de part et d’autre de ma tête, descendaient le long de ma nuque, les branches s’y étant accrochées. Ma légère robe était trempée elle aussi et en devenait transparente. Que va me dire Chloé ? Je sens que je serais encore qualifiée d’irresponsable, mais n’y-a-t-il pas meilleure solution à mon problème ?

    J’entendis des mouvements dans les fourrés, et me retournai paniquée. Mes yeux tristes et ternes laissaient échapper mes larmes cristallines qui tombèrent sur mes genoux en une douce musique. Les pas lourds et rapides se rapprochèrent de moi. Je déployai mes ailes, voulant les faire réagir. Celle de droite resta pliée un instant trop long, et je remarquai qu’il l’avait déchirée, ou du moins, griffée. Flûte ! Je me levai, mes pieds nus glissant sur la mousse de l’arbre. Une branche au dessus de ma tête se tenait là pour moi. Je levai les bras, m’y accrochant. Je me hissai à la seule force de mes bras. Les pieds hors du sol, je me concentrai pour que mes ailes battent, en vain. Et les pas se rapprochèrent. J’étais perdue. Quand, tout à coup, je perçu un battement d’ailes au dessus de ma tête. Je levai les yeux vers la source du bruit et reconnu Mènphir, sa main constellée vers moi. Je souriais, heureuse de voir qu’on était venu me sauver. Il referma ses doigts autour de mon poignet et me hissa. Il passa ses bras sous mes genoux et autour de ma taille. J’entourai les miens autour de son cou et il déploya ses ailes faites de plumes blanches pour s’envoler vers le soleil miroitant. Au dessus des arbres, je perçu son hurlement, son action vaine pour me récupérer et je vis, finalement, la forme dorée en haut d’un pin dénudé par la mort, ses bras levés vers moi. Et je soupirai de soulagement.

    - Tu peux, me dit mon sauveur. Quelle idée de traîner dans les bois avec cette chose dedans ! Tu es irresponsable !

    - Chloé t’a passé le mot ? Génial !

    - Dis donc Kaede ! Tu crois que ça m’amuse de te sauver ?

    Je ne répondis rien et regardai par-dessus son épaule, vers les bois, là où le maelön m’avait pourchassée. Je levai les yeux au ciel, sachant pertinemment que Mènphir avait raison, mais je ne m’avouais pas vaincue, non, du tout.

    - Ouais, ça t’amuse ! T’as pas à supporter Enrico, ça t’amuse donc !

    - Merci beaucoup de te soucier de moi. Je ne vois pas ce que vous lui trouvez toutes…

    - Il est pas idiot lui, ironisai-je.

    - Je t’ai sauvé, je te rappelle, me dit-il.

    - T’as rien sauvé du tout, je voulais l’aider !

    - Aider cette bête ? Mais tu as perdu la tête, il t’a arraché l’aile droite Kaede ! Tu t’en rends compte ?

    - Oui, mais je suis en vie !

    Il ne dit rien de plus car les grottes pointaient à l’horizon, colorées par les tentures qui habillaient les parois extérieures. Les cascades crachaient leur eau bleutée par les roches de la source. Des millions d’elfes voletaient autour de ses parois, et je levai de nouveau les yeux au ciel, sachant que Chloé n’était pas très loin. Bon, mon aile me semblait réparée, ou du moins, capable de battre, et les bras de mon « sauveur » ne les bloquaient pas. C’était le moment ou jamais !

    Très rapidement, je les déployai, prenant un maximum de prise au vent possible. Une brise bénie vint jusqu’à moi et elle m’emporta vers les bois, où il m’attendait. A distance raisonnable de Mènphir, je me tournai en direction de ma destination, n’écoutant plus les plaintes et les supplications de mon meilleur ami. Pff, c’est pas parce qu’il a voulu ressembler à un ange que ça fait de lui un dieu, non mais.

    - Kaede ! Reviens ici idiote !

    - Moi aussi je t’aime, hurlai-je pour le charrier.

    Il haussa les épaules et je battais des ailes pour retourner vers Henry. Pourquoi tout le monde l’abandonne lui ? Il est différent des autres maelöns qui sont nos prédateurs naturels, à nous, les elfes. Leur peau dorée et cuivrée semblait faite de métaux et nous semblait impénétrable. Mais, comme nous, ils sont vulnérables.

    Henry est un maelön cuivré mais au soleil, il nous semblait doré. Sa tête hérissée était attendrissante, ses yeux azurs étaient doux et apaisants. Ses griffes acérées ne feraient pas de mal à une mouche, ou du moins, quand il se sentait en sécurité, comme ce jour-là.

    Je l’ai sauvé il y a quelques lunes d’une attaque entre maelöns. Il était le plus faible, juste ça. C’est-ce qui a autorisé ces brutes, ces bêtes à le maltraiter. Moi, je m’étais aventurée dans les bois, échappant une énième fois à Chloé. Et j’avais entendu cette plainte, froide, inquiétante, piteuse. Je m’étais approchée doucement, écartant les fourrées de mon passage. Il était là, appuyé contre un arbre, abdomen contre terre. Son dos était parcouru de griffures, plus profondes les unes que les autres. Son sang, bleu argenté, suintait de ses blessures, mais aussi de sa bouche. Il respirait avec peine, sa tête écrasée au sol, tournée vers moi. Quand il m’avait montré ses yeux azurs, différents de ceux dorés de ses congénères, je n’avais pu m’empêcher d’approcher. Une fois à côté de lui, je l’avais vu rentrer ses griffes sous ses ongles, ses dents aiguisées reprendre leur forme initiale. J’avais posé chacune de mes mains autour de son visage, afin de l’examiner. Ses yeux étaient un appel à l’aide.

    - Je m’appelle Kaede, lui avais-je dit. N’aie pas peur. Tu as un nom ?

    - Hen… ry… Je ne… te… veux… aucun mal….

    Il s’était évanoui et je m’étais empressée de nettoyer ses plaies. J’y avais passé un temps considérable. Quand j’étais partie vers la rivière pour laver mes mains et lui ramener de l’eau, il en avait profité pour s’éclipser dans la nature. Maintenant, je le cherchais. Et je le trouverais.

    Doucement, j’atterris dans les bois, mes ailes me servant de ralentisseur. Mes pieds touchèrent terre et se réfugièrent dans la mouse. Et je commençai mon expédition, fouillant derrière chaque arbuste, chaque buisson. Devant la rive droite de la rivière, je vis une créature cuivrée s’abreuver à gros lapements. Je m’approchai et elle se retourna brusquement, ses yeux dorés me toisant. Je me figeai, ce n’était pas Henry. Mes bras restèrent de chaque côté de mon corps, collés à ce dernier.

    Derrière moi, j’entendis des pas lourds, sa démarche saccadée, celle de tout à l’heure. Mais qui me dit qu’il ne viendra pas, comme tout à l’heure, pour partager un délicieux repas ? Je fermai les yeux et senti un courant d’air au dessus de ma tête. Quand je les rouvris, je vis deux maelöns se battre, le plus petit - Henry - ayant, étrangement, le dessus sur l’autre créature. Quand celle aux yeux dorés fut inconsciente, Henry se tourna vers moi, ses yeux azurs dans les miens. Il avança, et me prit dans ses bras, m’éloignant de ce lieu de carnage. Après quelques minutes silencieuses, il me déposa dans une grotte. J’avançai de quelques pas et déployai mes ailes, voir si je pouvais encore m’enfuir. Les deux semblaient s’ouvrir, malgré une réticence de la droite. Alors que je forçais, je sentis des doigts sur la blessure de mon aile et je me retournai, de peur.

    - Laisse-moi regarder, me dit Henry. Je t’ai fait ça, laisse moi te soigner.

    J’obtempérai et me retournai pour qu’il m’examine. Il se baissa, ramassa un pot en terre cuite et couvrit mon aile de la mixture blanche qu’il contenait.

    - C’est quoi ? demandai-je.

    - Un cicatrisant, bouge pas, m’ordonna-t-il.

    Je restai stoïque, par peur qu’il ne s’emporte et décide de me tuer. Il posa une de ses mains sur mes épaules pour se baisser afin de regarder ma blessure et la soigner. Mais le contact de sa peau cuivrée sur la mienne me fit réagir comme je ne l’avais jamais imaginé, et ça me gênait.

    - Quoi ? dit-il quand il remarqua que j’étais parcourue de frissons.

    - Rien.

    Une fois qu’il eut fini, j’avançai, m’éloignant de lui puis me retournai pour le regarder. Comment de telles créatures, magnifiques, pouvaient être des tueurs ? Il était si doux, si calme … tel un elfe. Il ferma les yeux, baissa la tête, sa chevelure cuivrée comme sa peau cachant en partie ses yeux. Je le fixai intensément, et il rouvrit les yeux subitement, le bleu perçant les mèches brunes. J’eu un sursaut.

    - Va-t-en maintenant, souffla-t-il. Tu n’as rien à faire ici. Et pourquoi t’es tu éloignée de ta cité ?

    - Je m’inquiétais pour toi, j’avais peur qu’ils te réduisent en bouillie.

    - Je suis en vie, allez, casse-toi !

    - Mais …

    Je ne protestai pas plus car il s’était approché de moi, mon visage tout près du sien. Ma respiration s’accéléra, bruyante. Il posa chacune de ses mains sur mes épaules, pour me faire comprendre de partir.

    - Je vais te tuer si tu restes ! Pourquoi faut-il que tu restes avec moi ? T’as rien de mieux à faire. Tu m’as soigné, je t’ai soignée, on est quittes.

    - Je sais pas, je sens que je dois rester avec toi …

    - Tu t’es vue, je te casserai rien qu’en te giflant. Que veux tu gagner en t’alliant à moi ? La mort ?

    - Non, tu … m’intrigues, c’est étrange. Je voulais savoir si tu allais bien, tu es différent, je … tu …

    Je ne trouvai pas mes mots et baissai la tête vers mes pieds couverts de mousse.

    - Tu ?

    - Je … repris-je. Je … je veux toujours te savoir en sécurité, lui dis-je finalement.

    - En sécurité ?

    - Je sais pas, c’est-ce que je ressens. Je sais pas l’expliquer. Mais je veux rester là, pas retourner dans la cité.

    - T’es pas un cadeau, dit-il.

    - Je sais, avouai-je, pleine d’espoir de pouvoir m’expliquer.

    - Tu veux quoi, hormis ma sécurité ?

    - Rien, juste ça.

    Il s’approcha de moi, colla son nez au mien. Il ouvrit sa bouche et sa langue pointue caressa doucement mes lèvres. Je fermai les yeux, incompréhensive.

    - Je voudrais tant … débuta-t-il. Tant comprendre ce que je ressens … pour toi…

    Et il posa ses lèvres sur les miennes, ses mains sur mes hanches, m’attirant contre son torse brillant. Mes cheveux se mêlèrent aux siens, mes mains entourèrent sa nuque, propriétaires.

    Mais c’était interdit, dangereux aussi. Qui sait s’il ne va pas, finalement me manger, comme mes sœurs. Mais c’est le début de quelque chose de grand, pour nous deux.

     

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     Un petit Essai en mode fantastique, pour un concours autour d'une image de fée *cherche l'image* Là voilà xD

     

     

     

    En trois pages ...

     

     

      


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