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Le coeur des anges
En chaque être, se cache une part de lumière, et une part d’ombre. Une part qui aime, une part qui hait. Une part aimée, une part haïe. Une part blanche, une part noire, pour faire de nous, des gens gris. Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir non plus. Car aussi profonde peut-être la noirceur d’un Homme, tout au fond, si l’on creuse bien, on peut trouver une étincelle de bonté, même infime.
Parce que même au fond du diable … On peut trouver l’ange déchu.
INFOS
-> Cette histoire sort tout droit de ma caboche, merci de ne pas plagier, ce serait gentil xD
-> C'est la version ... 4 d'angel's heart. En espérant que ce soit la dernière.
-> Cette fois, j'en fais une nouvelle. Donc beaucoup plus courte que les précédentes versions. Ne pas s'étonner.
-> Je suis navrée pour les petites connexions. Mes images sont en PNG par souci d'esthétique, en particulier mes cadres, (uniquement sur cette nouvelle) et sont donc lourdes.C'est donc pour cette raison qu'il n'y a que 2 articles par pages. Veuillez m'excuser.
-> Bonne lecture =)
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Par Zhuen le 19 Juillet 2011 à 11:41
Prologue
Traqué
Douzième siècle, quelque part en Europe
Fuir, toujours fuir, encore plus loin d’eux, de leurs torches, de leurs fourches, de leurs glaives. Toujours plus loin, toujours plus vite, sans regarder derrière soi. Les branches de la forêt me meurtrissaient le visage, mais je n’arrêtai pas ma course pour autant, respirant bruyamment, haletant comme un animal à l’agonie. La forêt a longtemps était mon alliée, mais aujourd’hui, ils avaient pris possession de mon sanctuaire, j’entendais leurs hurlements au loin, étouffés par le bruit doux de mes pas sur la mousse et le hululement des rapaces nocturnes.
_ Attrapez ce Golderic ! Le laissez pas s’enfuir ! hurlaient-ils au loin tandis que je me frayais un chemin entre les arbres et les buissons.
Plus j’entendais leurs voix, et plus je me hâtai dans ma course. Mes jambes n’en pouvaient plus et je m’attendais à ce qu’elles m’abandonnent dans peu de temps. Mes mollets me semblaient atrophiés, j’avais l’impression que mes poumons étaient autant secs que les champs du seigneur au mois de Aout, la poitrine me semblait enserrée, mon cœur allait sortir de ma poitrine à tout instant. Et à quoi bon fuir constamment ? Ils me tueraient, et alors ? Qu’est-ce que ça allait changer dans leurs vies ?
Les champs seront toujours secs en été, les étangs seront toujours gelés en hiver, les pillards reviendront à chaque printemps pendant que mon corps pourrira dans le ruisseau du coin. A quoi bon alors, me courir après ? Est-ce que mon sacrifice fera d’eux des gens meilleurs ? Il rendra peut-être le curé du coin heureux d’avoir éradiqué Satan de sa paroisse et de ses ouailles, il obtiendra peut-être les faveurs de l’évêque quand il apportera à celui-ci ma tête soigneusement tranchée sur un plateau d’argent, avant de lui montrer la monstruosité que j’étais, et que la bête était hors d’état de faire du mal à ses bons paroissiens très pieux.
Mais l’année prochaine, le ruisseau s’assèchera, les cultures gèleront, les impôts augmenteront, les corvées doubleront, la guerre tombera de nouveau sur leurs épaules, et un autre pauvre bougre sera la victime …
_ Où est-il ? Vous l’avez vu ?
_ Il est parti vers le marais !
_ Non, il s’est enfoncé dans le bois !
_ Séparons nous ! Il ne doit pas nous échapper !
J’arrivais près de mon refuge, une simple cabane en rondins et rochers construite par mes soins, dans laquelle je m’engouffrais. La chaleur de l’âtre que j’avais quitté il y a peu de temps m’enveloppa et m’attira un peu plus à l’intérieur de mon repère, de mon abri, de ma carapace.
Dans un coin se trouvait une bassine d’eau fraîche vers laquelle je me précipitai pour panser mes blessures. Je savais que je ne pouvais pas rester très longtemps ici avant qu’ils n’arrivent, je prenais juste soin de mes plaies avant que celle-ci n’attrapent le mal. Un quignon de pain trouvé sur la table me rassasia avant que je ne quitte la bâtisse, pour reprendre la direction des bois et de leur profondeur, espérant épuiser mes poursuiveurs.
Quelques instants plus tard, une silhouette apparu devant mes yeux, et je cessais alors de bouger, ne voulant pas l’alerter, et décidai de me replier le long d’un tronc tortueux. Trop occupé à veiller la silhouette en face de moi, je ne remarquai pas l’homme qui s’était approché de moi. Une tension dans mon dos, l’appui de la pointe d’un glaive sur celui-ci et une faible lueur venant de derrière moi m’annonçait la fin de cette énième vie. Pourquoi fallait-il qu’ils fussent autant superstitieux ?
_ Tu es fait, œuvre du démon, clama-t-il d’une voix claire et forte. Rejoins tes pairs en Enfer !
Il enfonça la lame dans mon dos avant que celle-ci n’atteigne mon cœur. Je sentis un liquide chaud et gluant couler le long de mon dos pour s’écraser silencieusement sur la mousse du bois. Je tombai alors en avant, mon torse heurtant le sol humide, mes bras vers l'avant, et mon visage tourné vers la gauche, cherchant à m’accrocher à un dernier souffle de vie, avant qu’un soubresaut ne m’arrache mon dernier espoir…
J’avais seize ans.
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. Fin du Prologue .
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Par Zhuen le 23 Octobre 2011 à 15:49
Chapitre I
La Guerre, et moi.
Avril 1942, en France occupée ...
La sirène hurlait et nous ruinait les oreilles. Le couvre feu n’allait pas tarder, et j’étais encore à vingt minutes de chez moi, il me restait plus qu’à me faire discret, je ne voulais surtout pas attirer leur attention, j’avais tout contre moi cette nuit là. J’étais jeune, seul, dehors après le couvre feu et n’avait rien de normal avec ma chevelure blanche, masquée par une coloration ratée réalisée avec du cirage, et mes yeux d’un rouge flamboyant rivalisant avec les étendards que l’on voyait à chaque coin de rue. Déjà, j’entendais les soldats se promener par deux dans cette nuit de printemps, riant et parlant avec leur grosse voix en accrochant les mots de ma langue maternelle avec leur effroyable accent d’envahisseurs.
Ils s’approchèrent alors de moi, et je m’accroupissais derrière une barricade faite de sacs de sable. Il fallait à tout prix que je rentre chez moi le plus vite possible, ou j’allais me faire attraper, et peut-être m’enverraient-ils dans ses centres de redressement pour faire de moi quelqu’un de normal. Malheureusement pour moi, ils se stoppèrent à quelques mètres de moi, et je ne pouvais que me tasser un peu plus sur moi-même et ralentir ma respiration au maximum, la coupant à chacune de leur absence de mots. Qu’ils bougent, par pitié, faîtes qu’ils bougent et que je rentre chez moi.
_ Eh ! Par ici ! gronda une voix grasse au loin.
Les deux soldats, alertés par l’apostrophe se dépêchèrent de courir vers cette pauvre âme pour lui faire comprendre, que l’heure, c’est l’heure, et qu’il n’avait rien à faire ici, me libérant de ma cachette inconfortable. Je me levai alors doucement, regardant avec attention par-dessus la barricade que personne d’autre ne risquait de me voir et une fois assuré de la tranquillité des lieux, je pris mes jambes à mon cou pour rejoindre mon appartement vétuste.
Au détour d’une rue, je vis une jeune femme, adossée contre un mur. Mais elle est totalement inconsciente ou quoi ? Je comptais m’approcher d’elle, pour lui dire d’aller se cacher, mais une idée me traversa l’esprit, il ne manquait plus que ce soit une de ces imbéciles qui se déguisaient en civil pour attirer les pauvres crétins dans mon genre. Pourtant, une étrange envie me poussait à m’approcher d’elle. Elle était superbe, la peau pâle, des cheveux blonds ondulés qu’elle avait attachés et qui dégringolaient dans son dos, un long manteau en pied de poule jaune, enserré par une ceinture qui mettait sa fine taille en valeur et un béret beige en guise de couvre chef, des bottines marrons et des bas jaunis, elle faisait distinguée et était, sans nul doute, une des femmes de bonne famille de cette ville, qui vivait sans souci d’argent.
_ Mademoiselle ! Sortez vos papiers !
Des soldats venaient alors de sortir d’une rue, et je regardai la scène, curieux mais impuissant. Caché derrière mon mur, je la regardais, qui tournait la tête à droite à gauche, comme si elle cherchait un moyen d’échapper à ce contrôle d’identité. Qu’est-ce que je fais moi ? Je la regarde sans rien dire ou je me bouge le cul et l’aide à s’en tirer ? J’étais tiraillé entre ses deux solutions, à moins que ce soit un moyen d’attirer les crétins pour qu’ils se fasse choper, mais pourquoi toute cette mise en scène. Les soldats étaient à une cinquantaine de mètres d’elle, tout était encore possible pour tenter de la sauver.
Je me séparai alors de mur qui me cachait, pour m’approcher d’elle le plus discrètement possible, mais aussi le plus rapidement que je pouvais, ne voulant pas me faire choper par cette tentative d’héroïsme complètement débile.
_ Eh ! murmurai-je tout en faisant de grands signes pour qu’elle tourne la tête vers moi, ce qu’elle fit immédiatement.
Je fus subjugué par son regard azur, qui croisa directement le mien. De loin, je n’avais pas vu à quel point elle était belle, son visage était doux, très peu maquillé, juste ce qu’il fallait. Ses lèvres esquissaient un sourire quand elle m’aperçut, et elle se dirigea alors aussitôt vers moi, ses talons produisant un léger bruit dans la nuit noire quand ils s’entrechoquaient sur les pavés de la rue.
_ Il faut l’attraper ! Bougez-vous !
« Des français ! » pensai-je aussitôt alors que la jeune femme s’approcha de moi.
Une fois à ma hauteur, elle s’appuya contre le mur qui me cachait, en haletant.
_ Merci, me souffla-t-elle en reprenant sa respiration.
_ Pas la peine de me remercier, fis-je en regardant toujours vers les soldats. On est loin d’être sortis de l’auberge, T’as pas été discrète, me permis-je de la tutoyer.
_ Je m’app…
_ On aura plus de temps pour les présentations plus tard, faut se bouger.
J’attrapai alors sa petite main froide pour l’attirer avec moi dans les rues, et espérer ainsi échapper à ses traîtres. Elle ne rechigna pas à ce contact, et me suivit sans broncher, mais nous étions tous, sauf discrets. Ses talons résonnaient sur les pavés et indiquaient aux soldats et nous étions, et c’était loin de me plaire, bien évidemment, elle refusa quand je lui demandais de marcher pieds nus, et j’étais à court d’idée pour nous sortir de là, jusqu’à ce que je vois une impasse sombre et emplie de divers objets, qui pouvait nous abriter quelques temps.
_ Entre là dedans, lui dis-je en la poussant. Et sur la pointe des pieds. Et fais toi discrète !
Elle opina avant de s’enfoncer dans la ruelle, et de s’asseoir derrière une caisse sans broncher. Puis je me collai contre le mur, à la recherche du moindre son m’annonçant leur arrivée. Les rues étaient aussi silencieuses qu’elles devaient l’être. Je souris alors pour moi-même, confiant, avant de retourner vers elle, et de la découvrir recroquevillée et le regard craintif. Je m’approchai alors d’elle, pour m’asseoir à son côté, caché derrière des caisses.
_ Tu es inconsciente ou quoi ? chuchotai-je.
_ Désolée.
_ Ca ne sert à rien de t’excuser auprès de moi, c’est toi qui risquais gros.
Je balançai ma tête en arrière et soupirai avant de tendre ma main ouverte vers elle. La jeune femme la considéra un instant, se demandant ce que je pouvais bien lui préparer, avant de la serrer timidement.
_ Jean, lui dis-je.
_ Louise.
_ Je peux savoir ce que tu fichais dehors à une heure pareille ? demandai-je en tournant mon visage vers elle.
Elle fit de même et je croisai de nouveau son magnifique regard bleu et son visage angélique. Elle qui avait l’air effrayée au départ semblait soudainement plus rassurée, jusqu’à me sourire sereinement.
_ Je cherchais quelqu’un, m’expliqua-t-elle. On m’avait dit que je le verrais au coin de cette rue, ajouta-t-elle en pointant la direction de là où je l’avais trouvée.
_ Il a voulu te tuer ton indic’, soulignai-je. Ca va pas de traîner dans les rues après le couvre feu, surtout que tu es une femme, les soldats sont loin d’être des anges.
_ Mais je me suis trouvée un ange gardien, me sourit-elle. Et toi, pourquoi ne respectes-tu pas le couvre feu ?
_ Je travaille jusque tard, et la fin de mon service commence au début du couvre feu, c’est la même rengaine pour moi chaque soir, soupirai-je, lassé de ma vie. Je suis obligé de courir et de me faire discret pour rentrer chez moi.
_ Mais … s’étonna-t-elle. T’as pas de documents sur toi ? De papiers ?
_ Tu crois que ça les arrêtera ?
Je m’étais alors approché d’elle, accrochant mon regard rouge flamboyant au sien, doux et apaisant, voulant qu’elle me remarque, qu’elle arrête de faire la naïve. Elle ne dut pas comprendre aussitôt, mais recula de quelques pas quand elle vit mes prunelles, d’un rouge sang et affreuses.
_ Tu les vois bien, tous ces gens raflés, tu les vois ? Tous ceux qui sortent de l’ordinaire, ils les raflent ! Moins je les croise, mieux je me porte ! Tu devrais en faire de même.
Je me séparai d’elle, et m’assis plus loin dans la ruelle. Il fallait vraiment que je bouge pour rentrer chez moi, par n’importe quel moyen, il était hors de question de rester là, avec « elle » et risquer de me faire coffrer à l’aube, manquerait plus que je sois pris pour avoir passé du temps avec une prostituée, je pouvais dire adieu à mon job ! C’est pas les pauvres bougres sans travail qui manquait !
_ Pourquoi as-tu les yeux rouges ? me demanda-t-elle comme si elle n’avait que quatre ans.
_ J’en sais rien, pourquoi tu as les yeux bleus toi ? C’est pareil. Je suis né comme ça, et fin de l’histoire.
Je m’approchai du bout de la ruelle, avant de me coller au mur, et regarder si la voix était libre, bizarrement, aucun soldat à l’horizon, je commençais à me demander ce qu’il se passait quand Louise s’approcha de moi et manqua de me faire sursauter. Elle allait nous faire repérer.
_ Tu es albinos, me dit-elle simplement.
_ Et c’est pour m’annoncer un truc que je sais déjà que tu es venu me parler ? m’exaspérai-je. Retourne dans ton coin avant de nous faire tuer.
Sans dire un mot de plus, elle attrapa ma casquette, qu’elle tira d’un coup sec pour la jeter derrière elle, puis pinça mes cheveux entre ses doigts, qui noircirent aussitôt. Etonnée tout d’abord, puis curieuse, elle jaugea le cambouis qui maculait ses doigts, avant qu’énervé, je ne lui souffle que c’est du cirage.
_ Du cirage ? s’étonna-t-elle.
_ Oui, tu sais, pour les chaussures. J’en ai piqué un pot à un cordonnier.
_ Pourquoi te teindre les cheveux ?
_ Parce qu’ils sont blancs, lui dis-je sans quitter la ruelle du regard.
Deux soldats venaient de s’y installer, les deux même que ceux qui nous poursuivaient. Je reconnus l’un sans peine, il sortait de l’ordinaire, avec ses cheveux bruns soigneusement peignés qui lui tombaient à la base du cou, l’autre son comparse, avait l’air niais, et inspirait tout sauf de la sympathie.
_ Jean…
_ Chut ! la coupai-je en dirigeant ma main dans sa direction. Ils sont pas loin, on va se faire repérer.
_ Jean…
_ Chut je te dis !
_ Regarde …
Agacé, je me tournai vers elle, et elle m’indiqua un autre soldat, dans mon dos, revolver au poing, qui s’approchait de nous, un sourire sadique sur le visage.
_ Et tu n’aurais pas pu me le dire plutôt merde ?! lui lançai-je, plus agacé que jamais, et pour cause, me voilà à deux doigts de me faire tuer, encore.
_ J’ai essayé de te prévenir, me dit-elle.
_ Le prochaine fois, essaye mieux, lui dis-je en attrapant sa main, allez, on décampe, j’espère pour toi que t’as pas peur de te prendre une balle.
Je n’attendis même pas sa réponse, et décampai à toute vitesse, voulant les semer à tout prix, moi-même n’y croyant pas trop. Ils allaient s’alerter les uns les autres, et nous, se faire tirer dessus comme des lapins de garenne. Elle me suivit, sans avoir le choix puisque je serrai son poignet entre mes doigts pour l’attirer avec moi, tandis que des coups de feu se faisaient entendre dans la nuit. Une balle me frôla le visage et siffla à mes oreilles, aussitôt, je me baissai, entraînant Louise avec moi, une main sur sa tête désormais nue, ayant perdu son béret dans la course.
_ Ca va ? lui demandai-je.
_ Oui oui, on repart ?
_ Je vais pas rester là à me faire tuer !
Je me relevai alors, quand le soldat étrange arriva devant nous. Ses cheveux sombres encadraient son visage presque trop parfait pour un être humain, et ses yeux sombres nous scrutaient. Il était victorieux, il nous avait eu et allait pouvoir nous interroger pendant des heures et contribuer au rêve de son Führer.
_ Ne bougez plus tous les deux, dit-il d’une voix claire et forte. Nous avons deux trois petites choses à faire avec vous.
Il esquissa un sourire mauvais sur son visage, qui voulait tout dire : il allait s’amuser comme un chat jouait avec une souris, profiter de nous avoir dans ses griffes, pour nous faire souffrir, et nous convaincre que la mort serait sans doute la meilleure solution pour ne plus souffrir.
_ Je suis désolée, murmura Louise toute tremblotante.
Je ne préférai rien dire, et dévisager ce soldat aux allures d’ange, avant de prendre la main de Louise dans la mienne, espérant que cela suffise à la rassurer. Je ne pouvais rien faire de plus pour l’instant, ni même dans les heures à venir.
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