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Par Zhuen le 18 Août 2011 à 23:07
Nate grimpa les marches quatre à quatre, cherchant Andy et Spencer.
Ils pourraient au moins se manifester avant de s'enfuir tous les deux en amoureux.
Le jeune homme soupira, trouvant son ex irrécupérable.
Mais c'est une toute autre vision qui l'accueillit quand il arriva en haut.
Andy, les yeux fermés, bougeant à peine, allongée sur le corps apparemment sans vie de Spencer.
_ Merde, beugla-t-il en attrapant son téléphone et composer le numéro des pompiers.
_ Oui ?
_ Il y a un homme étendu mort sur Mapple Street, au 42, un squat' abandonné.
Tandis qu'il se débattait avec les pompiers au téléphone, il vit Andy bouger subtilement, entrouvrir les yeux, le dévisager.
Il fut tout de suite soulagé de voir qu'elle n'avait rien sur le plan physique, bien que le plan moral soit très forcément atteint.
Il raccrocha son téléphone, avant d'ouvrir la porte, et de se rapprocher de la jeune femme, s'agenouillant près d'elle.
_ Andy …
_ …
_ Viens, lâche le Andy …
_ Laisse moi Nate …
_ On va s'installer plus loin, viens Andy. Tu seras mieux qu'allongée sur lui, viens...
Finalement, la jeune femme accepta et ils s'assirent près du poêle, s'éloignant de Spencer, Andy lovée dans les bras du jeune homme.
_ Je l'aime tu sais, souffla-t-elle. Peut-être plus que toi … Il m'a redonné le sourire quand tu es parti...
_ Oui, je sais, tu m'en as déjà parlé Andy.
_ Tu savais qu'il jouait de la batterie, dit-elle, le regard perdu dans le vide. Comme moi, ce serait marrant que Marine sache jouer de la basse.
_ Andy ….
_ Oui ?
_ Tu as le droit d'être triste tu sais, ce n'est pas une preuve de faiblesse, tu es forte, et tu as le droit de pleurer, dit-il, complètement chamboulé par le cadavre en face de lui.
_ Je ne suis pas triste, il n'aime pas quand je pleure. Parce qu'il a l'impression que c'est sa faute, alors qu'il sait très bien qu'il n'y peut rien.
Nate ne dit rien de plus, serrant plus fort Andy contre lui, ne pouvant se retenir plus longtemps de pleurer.
Non seulement pour Spencer, mais pour elle aussi.
Finalement, elle s'était brisée de l'intérieur, elle ne survivait pas à un autre drame.
Les pompiers débarquèrent, s'affairant autour de la dépouille de Spencer, tandis qu'un policier se rapprochait des deux jeunes gens, voulant les prendre à part.
Nate aida donc Andy à se lever, et il se retrouvèrent tous les trois dans le salon du rez de chaussé.
_ Je suis navré de vous annoncer que cet homme est mort. Qui a découvert le corps en premier ?
_ C'est elle, dit Nate en soutenant Andy du mieux qu'il pouvait.
_ Le connaissiez-vous ?
_ Il s'agit de son compagnon, poursuivit Nate.
_ Pouvez vous vous exprimer mademoiselle ?
Andy ferma les yeux et resta muette, se rapprochant au plus de Nate, y cherchant le réconfort dont elle a tant besoin.
_ Je vais avoir besoin de votre déposition mademoiselle, vous aussi monsieur.
_ Bien sûr, dit Nate. Tu viens Andy ?
Elle acquiesça faiblement avant de suivre Nate à l'extérieur, et d'entrer dans la voiture de police.
« Envole moi, me laisse pas là, emmène moi, tire moi de là ! »
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Par Zhuen le 18 Août 2011 à 23:21
Dimanche trois janvier 2010
Funérarium Andrews
Dix heures du matin
Le corps de Spencer venait tout juste d'arriver au funérarium, étant passé entre les mains d'un médecin légiste, meurtre oblige. Mais la famille du jeune homme avait tout fait pour récupérer son corps au plus vite, ne supportant pas plus l'idée de voir leur fils examiné sous toutes les coutures, par des gens peu respectueux de la tristesse qui pouvait ravager ses proches à l'instant.
Ses proches …
Seulement deux à l'instant.
Kael et Elodie, ses parents, tous deux rongés par la tristesse de la perte de leur fils unique, cherchant du regard Andy, espérant à chaque instant que la jeune femme passe cette porte.
Mais depuis sa mort, plus personne n'avait eu de nouvelles de la jeune femme.
A part peut-être, ce grand brun aux cheveux dressés sur la tête, une balafre sur la joue droite, que Kael et Elodie ne connaissait évidemment pas.
Allongé sur le lit de pièce, Spencer semblait paisiblement endormi, juste endormi. Sa peau n'avait pas blanchit, n'avait pas cette couleur si caractéristique des morts. Il semblaient tellement vivant, on s'attendait presque à ce qu'il se réveille, qu'il s'asseoit sur le lit, avant de sourire, comme d'habitude quand il faisait une mauvaise blague.
Oui, mais il ne se réveillera pas, il ne s'assiéra pas sur le lit, et il ne rira pas d'une mauvaise blague. Il était endormi, certes, mais d'un sommeil tellement lourd et léger à la fois, un sommeil dont il ne pourra se réveiller, mais si doux et paisible qu'il en ressemblait aux anges.
La porte grinça doucement, faisait retourner aussitôt Kael, le père de Spencer, tandis qu'Elodie continuait de regarder son fils, de lui caresser le visage, de se mémoriser ses traits, de passer ses doigts sur sa balafre rougie par les ans, un coup de couteau évité de peu.
Un homme s'approcha de Kael, serein.
_ Monsieur Andrews, dit Kael en s'approchant.
_ Je suis venu vous annoncer que Maître Bayers est arrivée. Elle souhaite l'un d'entre vous.
_ J'arrive, dit-il en sortant de la pièce.
Près de la machine à café se tenait une jeune femme, aux cheveux bruns ondulés retenus par une nœud blanc en dentelle. Un gilet gris, des talons aiguilles et un pantalon noir. Kael ne put que noter le jeune âge de la jeune femme, vingt cinq ans grand maximum. La jeune femme se retourna, un large sourire sur le visage.
_ Bonjour, Justine Bayers. Enchantée, monsieur Jekill, c'est ça ?
_ Oui, c'est exact, dit-il. C'est au sujet de Spencer ?
_ Oui, tout à fait. Je recherche une Andy Thatch, malheureusement, je n'arrive pas à la joindre. Vous savez, pour le testament que vous m'avez envoyé...
Kael resta bouche bée devant les dires de la jeune femme. Andy ?
_ Andy ? Répéta-t-il à voix basse.
_ Oui. Il l'a désignée comme principal héritière de ses biens personnels. Vous savez où je pourrais la contacter.
_ Non, malheureusement. Je vais essayer de me renseigner.
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Par Zhuen le 18 Août 2011 à 23:46
♫ Là-bas - Marie-Mai & Baptiste Giabiconi (JJGoldman Cover)
En effet, la jeune femme n'avait donné de signe à vie à personne, restant cloitrée chez elle, dans ses souvenirs. Ce matin, elle avait été contrainte de se lever, pour ouvrir la porte, après qu'un homme ait sonné de façon virulente. Un paquet était arrivé pour elle.
Une simple lettre, écrite maladroitement, et un petit écrin bleuté entouré d'un ruban rouge, comme s'il avait été un cadeau de Noël, ou d'anniversaire.
Andy, peu désireuse de lire, de fournir une action méritant un tant soit peu de concentration avait ouvert l'écrin en premier.
La croix de Spencer.
Celle qu'il portait autour de son cou, qu'Andy ne cessait d'attraper quand ils étaient les bras l'un de l'autre. Elle s'était alors précipitée sur la lettre qu'elle avait posé à côté d'elle, la décachetant à la va vite.
Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
C'est pour ça que j'irais là-bas
Là-bas
Faut du coeur et faut du courage
Mais tout est possible à mon âge
Si tu as la force et la foi
L'or est à portée de tes doigts
C'est pour ça que j'irais là-bas
Là bas
Y'a des tempêtes et des naufrages
Le feu, les diables et les mirages
Je te sais si fragile parfois
Reste au creux de moi
« Andy.
Je suis tellement désolé mon ange. Tellement désolé de ne pas avoir été auprès de toi comme tu l'espérais, de ne pas t'avoir aidée à te reconstruire. Tellement désolé de n'être que moi.
Mais maintenant, c'est fini.
Ne crois pas que je suis heureux de partir loin de toi, mais … sache que c'est ce que j'ai toujours souhaité, avant que tu n'entres dans ma vie. »
On a tant d'amour à faire
Tant de bonheur à venir
Je te veux mari et père
Et toi, tu rêves de partir
« Alors je regrette ce choix, de me débrouiller seul, de ne pas demander d'aide.
Avec un peu de chance, je survivrais, qui sait après tout.
Mais sache que je t'aime, que je t'aimerais.
Et ne baisse pas les bras, cette croix sera là pour te le rappeler. »
Ici, tout est joué d'avance
Et l'on n'y peut rien changer
Tout dépend de ta naissance
Et moi je ne suis pas bien né
« Je veux te savoir heureuse sans moi.
Je veux voir ton sourire d'en haut, si tant est-il qu'un « en haut » existe.
Alors n'oublie pas de sourire, même si ce n'est que pour moi »
Là-bas
Loin de nos vies, de nos villages
J'oublierai ta voix, ton visage
J'ai beau te serrer dans mes bras
Tu m'échappes déjà
La jeune femme avait passé aussitôt le collier autour de son cou, s'efforçant de sourire, honorer la dernière volonté du jeune homme.
Un sourire, pour lui, pour montrer qu'on se bat, qu'on s'accroche.
Là-bas
J'aurai ma chance, j'aurai mes droits
N'y va pas
Et la fierté qu'ici je n'ai pas
Là-bas
Tout ce que tu mérites est à toi
N'y va pas
Ici, les autres imposent leur loi
Là-bas
_ Tu me manques tellement, souffla-t-elle avant d'exploser en sanglots et de s'allonger au sol, recroquevillée sur elle même.
Elle ne voulait pas affronter la réalité des choses. Elle ne voulait pas le voir, ne pas l'enterrer, enfermer de nouveau un être qui lui est cher dans une simple boîte en bois avant de le laisser devenir le festin d'une bande d'asticots. Non, elle ne pouvait s'y résoudre.
Je te perdrai peut-être là-bas
N'y va pas
Je me perds si je reste là
Là-bas
La vie ne m'as pas laissé le choix
N'y va pas
Toi et moi, ce sera là-bas ou pas
Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
N'y va pas
Libre continent sans grillage
Là-bas
Beau comme on n'imagine pas
N'y va pas
Ici, même nos rêves sont étroits
Là-bas
C'est pour ça que j'irais là-bas
N'y va pas
On ne pas laissé le choix
Là-bas
Je me perds si je reste là
N'y va pas
C'est pour ça que j'irais là-bas
_ Ne pars pas, ne me quitte pas....
La jeune femme leva les yeux vers la cuisine, sur les couteaux qui y étaient rangés soigneusement.
_ Si tu ne peux plus revenir vers moi, c'est moi qui viendrait à ta rencontre. Attends moi.
N'y va pas...
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Par Zhuen le 19 Août 2011 à 17:50
Nate arriva dans cette petite résidence, voulant prendre des nouvelles de la jeune femme. Il avait appelé Marine, lui expliquant la situation, qu'il ne pouvait pas laisser Andy seule comme ça, à déprimer, à se morfondre, à ne plus vivre.
_ Andy ! Dit-il en ouvrant la porte. C'est moi, Nate. Comment tu vas ?
Il n'obtenit aucune réponse, ce qu'il ne l'étonna pas plus que ça. Alors il pénétra un peu plus dans l'appartement, découvrant la jeune femme recroquevillée sur le sol, un bout de papier dans la main. Il s'approcha d'elle avant de s'asseoir à ses côtés.
_ Bonjour Miss. T'as vu un peu, je suis venu te rendre visite.
_ …
_ Bon, on va commencer par ranger un peu ça, t'en penses quoi ? Tu t'assois et je range ?
_ …
_ Je sais, je vais te faire couler un bain bien chaud et si tu refuses, je te fous dans la flotte toute habillée.
Andy s'assit, plongeant ses yeux verts dans l'onyx de ceux de Nate, un petit sourire sur son visage fatigué.
_ Ah ! Bah c'est mieux ça ! Allez, hop, je te fous dans la baignoire.
_ C'est ça, souffla-t-elle. Tu serais pas capable de m'y mettre de force.
_ Tu as des trous de mémoire ma belle, ça ne me gênerait pas. Alors tu files dans la baignoire pendant que je range un peu, d'accord.
La jeune femme acquiesça avant de se lever, de prendre des affaires dans la chambre et se diriger dans la salle de bain.
Elle fit couler un bon bain chaud, quoique un peu trop chaud peut être.
Mais tant pis, si la chaleur pouvait lui faire oublier quelques instants Spencer, lui faire oublier la tristesse qui empoigne son cœur. Une tristesse qu'elle se refuse d'extérioriser. Ces quelques larmes, elles n'auraient jamais dû couler. Non, maintenant elle allait être forte. Elle n'allait plus pleurer, mais sourire, rire.
Parce qu'il n'aimerait pas la voir pleurer.
_ Andy ? Demanda Nate, vingt minutes après que la jeune femme se soit exilée dans la salle de bain. Tu t'en sors ? Pas besoin que je vienne te frotter le dos ?
_ Nan, je suis en train de me sécher, je sors dans deux secondes.
Pas de soucis, faudrait que je te parle … dit-il d'un ton grave.
Andy sursauta et sortit en vitesse de la salle de bain, une serviette nouée autour de la poitrine.
_ Que … ? ANDY ! Enfin ! Habille toi !
_ C'est pas trop grave dis moi ?
_ C'est tout à fait toi ça, dit-il en riant et en s'approchant d'elle. Non, c'est pas grave, faut juste que je te parle.
_ Tu me fous la trouille.
_ Y'a pas de raison, va t'habiller en vitesse.
Andy fit la moue, ne bougeant pas pour autant.
_ Raconte.
_ Va t'habiller.
_ Raconte.
_ Va te changer.
_ Raconte …
_ Bon, ok, t'as gagné, dit-il en levant les yeux au ciel. T'es chiante !
_ Je sais.
_ Tu es sûre que ça va ? Dit-il d'une voix plus grave.
_ Que …
_ Andy, tu viens de perdre Spencer, et ne me dit pas qu'il n'était pas important pour toi. Et tu, … tu ris comme s'il ne s'était rien passé, et j'aime pas ça.
_ Il n'y a pas de quoi être triste, ce n'est pas mes larmes qui le feront revivre.
_ Andy … Arrête ça.
_ Que j'arrête quoi ?
_ De tout garder pour toi. Je t'e l'ai dit, c'est pas une preuve de faiblesse de pleurer.
_ Je ne veux pas entendre tes conseils, tu m'entends. Je me relève comme je peux, et ce n'est pas en pleurant que je vais me reconstruire.
_ Kael et Elodie te cherchent tu sais, lâcha-t-il.
_ D'où tu les connais !?
_ Sienna est allée voir Spencer, ils lui ont demandée où tu étais, ils veulent te voir.
_ Je … je …
_ Prépare toi Andy, je compte t'y emmener...
_ Tu peux pas me forcer de voir un mort !
Andy se tut et regarda ses pieds. C'est pas qu'elle ne voulait pas le voir, elle voulait voir son visage une dernière fois, caresser son visage une dernière fois. Mais, le voir, dans ce genre de lieu, c'est se dire qu'il est définitivement mort. Ne pas le voir, c'est espérer un jour le voir franchir cette porte en riant.
_ Tu t'habilles en vitesse, et on y va, dit Nate en poussant Andy dans la salle de bain. Si t'es pas prête dans dix minutes, je finis de t'habiller moi.
Andy acquiesça distraitement. Après tout, rien ne l'obligeait à entrer dans la pièce, à le voir, à se dire qu'il est définitivement mort.
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Par Zhuen le 20 Août 2011 à 15:38
Andy sortit timidement de la voiture de Nate, ce dernier restant dedans, ne voulant pas brusquer les parents de Spencer par une présence qui pouvait s'avérer gênante.
Andy devait donc y aller seule, bien décidée, et résolue à se montrer forte.
Oui, mais, ne risquait-elle pas de se montrer insensible ?
De sembler indifférente à la tristesse et la détresse d'Elodie et Kael ?
Mais elle voulait être forte. Les larmes de ce matin, c'étaient les dernières de sa vie, elle se l'était promis.
Plus jamais elle ne versera de larme, car elle sait que la vie ne le mérite pas. Elle est trop dégueulasse avec elle pour qu'Andy lui montre qu'elle a gagné.
C'est à elle de gagner, et seulement à elle.
Elle passa donc la porte du funérarium en silence, avec prestance, cherchant du regard la porte de Spencer, la trouvant, le nom du jeune homme étant inscrit dessus.
Elle se stoppa, respira un grand coup avant qu'un homme aux cheveux noirs et reflets violets ne s'approche d'elle, le regard interrogatif.
_ Ramon Andrews. Je suis le gérant de ce funérarium.
_ Andy Thatch, je suis venue voir Monsieur et Madame Jekill.
_ Oui, ils sont dans la pièce où repose Spencer. Vous voulez entrer ?
Andy considéra un instant l'homme, puis la porte en face d'elle, un étrange sentiment l'envahissant. Voulant tout à la fois voir son visage une dernière fois, lui dire adieu, ou ignorer sa présence, faire comme s'il n'était pas mort. Après, que faisait-elle de mal en se berçant d'illusions.
_ Je préfère les attendre ici, merci.
_ Pas de problème, je vais les chercher.
Andy se dirigea vers les fauteuils, s'installant confortablement dans l'un d'entre eux, attendant patiemment l'arrivée des parents de Spencer, ce qui ne tarda pas.
_ Andy ! Souffla la voix soulagée d'Elodie en se rapprochant de la jeune femme.
Andy se leva et pris Elodie dans ses bras, qui pleurait de plus belle.
_ Ma chérie, je m'inquiétais vraiment pour toi, que tu te morfondes, que tu culpabilises. Tu t'en sors ?
_ Oui, dit-elle d'une voix posée. Calmez-vous Elodie, calmez-vous, Spencer n'aimerait pas vous voir pleurer.
Elodie se décolla de la brunette, esquissant un sourire.
_ Oui, tu as raison. Je me suis trompée sur toi, tu as caractère fort.
_ Ce n'est pas la première perte que je subis, je suis, habituée, si je puis dire.
Ces mots sonnaient tellement faux dans sa tête.
On ne s'habitue jamais à la perte d'un être cher, elle le sait plus que quiconque.
On le pleure en silence, on respire un grand coup, et on avance.
_ Andy, dit Kael. Une notaire te cherchait ce matin. Spencer avait laissé un genre de testament, te laissant une part importante de ses biens personnels. Il s'agit de Justine Bayers, tiens, dit-il en lui tendant la carte de visite du notaire. Contacte la le plus vite possible.
_ Je … je ne peux pas accepter.
_ C'était son souhait Andy, souffla Elodie.
_ Mais, vous êtes ses parents, vous êtes liés directement à lui.
_ Apparemment, il comptait se stabiliser avec toi Andy, avec ce que j'ai découvert. Ne prends pas ceci à la légère.
_ Tu veux le voir ? Demanda Kael. Il n'est pas impressionnant, on dirait qu'il dort.
_ Ah, je … je …
_ On ne veut pas t'y forcer Andy, reprit l'homme âgé. Mais sache que ce sont les dernières fois, les derniers jours, que tu le verras.
Andy regarda la porte avant de déglutir.
Le voir …
Une dernière fois.
_ Je … Que … Cela vous ennuierait-il si je restais seule avec lui, quelques minutes ?
_ Non, nous avons besoin d'un café tous les deux. Reste autant de temps que tu veux.
_ Merci.
Elodie et Kael se dirigèrent vers la machine à café, tandis qu'Andy avançait presque religieusement vers la salle.
Elle posa sa main sur la clenche, et poussa la porte délicatement.
Un paravent blanc, en face de la porte d'entrée, cachait le corps du jeune homme, et la jeune femme fit le tour, avant de le découvrir, étendu, serein, mains sur sa poitrine.
Elle étouffa un hoquet de ses mains sur sa bouche avant de se rapprocher encore plus, et de s'asseoir sur le lit.
Elle resta de longues minutes ici, à le regarder, passer sa main dans ses cheveux, ses doigts entre les siens, posant sa joue contre la sienne, sans verser une seule larme pour autant. Et elle esquissa un sourire, en le regardant.
_ Le premier vrai sourire de ma nouvelle vie, il est pour toi.
Et elle déposa doucement ses lèvres sur les siennes, en un baiser d'adieu.
Only a Smile … For Me.