•  

    ▪ 140 ▪

     

    Xander et Kellan avaient quitté l’appartement en début d’après-midi, pour prendre la direction de l’hôpital général d’Houlton. Xander avait été incapable de manger quoi que ce soit au petit déjeuner, et à midi, l’estomac bien trop noué à l’idée d’avoir ses résultats aujourd’hui. Il était rongé par le stress, et incapable de bouger de la matinée. Il ruminait, se disait qu’ils allaient l’appeler pour lui donner une réponse, ou un rendez-vous, ou il ne sait quoi.

    Kellan avait prit le taureau par les cornes. Après s’être saisi de son téléphone, il avait appelé le service d’état civil de l’hôpital et avait insisté pour prendre un rendez-vous avec Claire Forest, appuyant bien sur le caractère urgent de sa demande.

    L’hôpital avait cédé et ils avaient rendez-vous à quatorze heures. Maintenant, Xander n’avait plus aucune raison de se débiner et de rester à larmoyer sous son lit. Kellan l’avait tiré presque par les chevilles en dehors des draps pour le vêtir et le faire sortir.

     

    ▪ 140 ▪

     

    Le chemin jusqu’à l’hôpital fut silencieux. Xander n’était certes pas un personnage des plus bavard, malgré tout, son silence complet était inquiétant. Kellan n’arrêtait pas de jeter des regards dans sa direction, sans savoir qu’elle attitude adopter à son égard. Il n’y avait rien à faire avant que la nouvelle, peu importe laquelle, ne tombe. Il avisera à ce moment-là.

    Connaissant maintenant le chemin, Xander s’engouffra dans l’hôpital, son petit ami dans son sillage. Une fois devant la porte du bureau de l’état civil, il toqua. La voix de la femme de la dernière fois lui indiqua d’entrer. Il déglutit péniblement, tourna la poignée et entra.

     

    ▪ 140 ▪

     

    Claire se leva de sa chaise et serra la main des deux hommes avant de les inviter à s’asseoir. Sur la table, Xander remarqua un dossier, sur lequel il pouvait deviner les lettres du prénom Spencer. Son dossier. S’il était bien celui qu’il avait toujours cru.

    - Je vous prie d’accepter mes excuses, Monsieur Thompson, pour le délai pris pour vous répondre. Mais nous voulions être sûrs avant de vous rappeler, de ne pas vous balloter dans les incertitudes.

    Elle s’arrêta un instant, croisa ses mains sur la table et prit le dossier à côté d’elle pour l’ouvrir devant ses yeux. Elle en sortit une feuille, pleine de lignes et de chiffres. On aurait dit des résultats d’analyses médicales.

    - Votre cas est unique Monsieur Thompson, Xander …

    Le cœur de Xander s’emballa dans sa poitrine, il avait l’impression qu’il allait exploser. Kellan finit par lui prendre la main, et Xander la serra de toutes ses forces dans la sienne, comme un moyen de s’accrocher, de ne pas faillir.

     

    ▪ 140 ▪

     

    - Vous avez eu raison de vous obstiner. Vous êtes bien Spencer, né le 15 août 2010 ici, à l’hôpital General d’Houlton, de père et de mère inconnus.

    Xander écarquilla les yeux, et ses larmes roulèrent sur ses joues, impossibles à arrêter. Il sentit comme un poids, tomber de son cœur jusque dans son ventre avant de simplement s’évanouir.

    - Suite aux analyses, nous avons voulu en savoir plus sur l’acte de décès qui a été apposé à votre acte de naissance, et notamment sur l’officier qui l’a déclaré : Edward Daniels. Il s’est avéré qu’aucun officier, ou médecin, répondant à ce nom n’aie travaillé à l’hôpital de Houlton au moment de votre « décès ». Cet acte est un faux.

    Xander écouta Claire Forest, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. Il s’était arrêté à la seule mention que l’acte qui le définissait était vrai, et que dans le dossier de sa naissance se trouvait une lettre. Rien de plus.

     

    ▪ 140 ▪

     

    Kellan, quant à lui, tiqua déjà plus. Pour quelle raison est-ce qu’on ferait un faux d’un acte de décès, pour un enfant d’à peine six mois ? Ce n’était pas une simple erreur administrative, où le médecin aurait été retrouvé. Son acte avait été falsifié volontairement.

    - Vous avez plus d’informations sur les raisons de ce faux ? demanda Kellan, posément.

    - Non. Nous avons ouvert une enquête interne.

    Elle se tourna ensuite vers Xander.

    - Avant de vous donner la suite Xander, sachez que si votre acte a été falsifié, ce n’est pas sans raison. Toutes les pistes sont envisageables. Vos parents biologiques ont peut-être été les destinataires de cette falsification, ou même les commanditaires. Je vous demanderai donc de faire preuve d’une extrême prudence si vous souhaitez poursuivre vos recherches.

     

    ▪ 140 ▪

     

    Le brunet acquiesça. Il était loin de tout ça, ne voyait pas le danger, pour le moment. Il était simplement sur son nuage, à deux doigts d’en apprendre plus sur les origines de sa naissance, à deux doigts de retrouver ses parents.

    Claire lui tendit alors une lettre. Le document n’avait pas bougé de ce dossier depuis vingt ans, et n’avait jamais été ouverte. Elle-même n’avait aucune idée de son contenu.

    Il tendit alors la main et referma ses doigts sur le papier. Une fois la lettre entre ses mains, il regarda Kellan, qui d’un signe de tête, l’encouragea à l’ouvrir. Xander déchira alors le coin de celle-ci, pour en sortir un petit carton, une carte postale publicitaire. Il la retourna pour y trouver quelques mots griffonnés.

    « Spencer, si tu cherches un jour des réponses sur tes origines, contacte-moi.

    Nate Handers – 0044XX-XX-XX-XX-XX »

     

    ▪ 140 ▪

     

    Un numéro de téléphone et un nom. Il n’en espérait pas tant. Un sourire étira ses lèvres, et il n’arrivait pas à lâcher du regard les quelques mots écrits à la va-vite sur cette carte postale. Nate Handers. Un tas de questions commençaient à débouler dans sa tête. Il savait pourtant que le prénom de son père était Spencer, mais il se perdit à penser que ce Nate était peut-être lié à l’histoire de sa naissance, peut-être même qu’il était son père en définitive.

    - Merci, murmura Xander en serrant la carte contre lui.

    - Je vous en prie, répondit Claire. Mais rappelez-vous : faites attention. Houlton n’est pas la ville qu’elle semble être.

     

     

     

     


  • ▪ 141 ▪

     

    Après des jours d’hésitation, de questionnements, d’idées refoulées et remisées au placard, An avait fini par envoyer ce message. Elle avait pourtant regardé son téléphone pendant des heures, sautait de sa chaise pour se précipiter vers lui quand il lui annonçait une notification. Mais ce n’était jamais celle qu’elle attendait.

    Philip ne l’avait jamais recontactée.

    Elle l’avait cherché. Elle lui avait dit de plus essayer de la joindre, qu’elle ne voulait plus entendre parler de lui. Et cet imbécile avait exactement fait ce qu’elle lui avait dit. A quel moment les hommes écoutaient ce qu’on leur disait ?

    Alors elle avait cédé. Parce qu’elle en avait cruellement envie. Envie de retrouver la complicité qu’elle avait connu avec Philip quand il n’était qu’Ewan, son correspondant sur internet, cette alchimie qu’elle avait ressentie en passant cette soirée avec lui, et cette électricité qui l’avait parcourue quand leurs peaux s’étaient rencontrées.

    Ce n’était même plus une envie, mais un besoin, presque viscéral.

     

    ▪ 141 ▪

     

    Alors elle avait pris son téléphone, et espérant qu’il ne soit pas parti à l’autre bout du monde, elle lui avait écrit un très simple « Je veux te voir ». Elle avait appuyé sur le bouton, avait regardé les deux petites coches apparaître dans le bas de son message. Son regard ne les quittait pas, attendant qu’elles passent au bleu, signe qu’il avait lu le message. Au moins, les deux coches lui donnaient la confirmation qu’il l’avait bien reçu.

    - An ! On sort !

     

    ▪ 141 ▪

     

    Elle releva la tête de son téléphone quand elle entendit la voix de sa mère. Le « on » la désignait, accompagnée de William. Il vivait ici depuis quelques jours, depuis que Marine l’avait récupéré dans la rue. Elle lui avait donné la chambre de Jayn, la cadette dormant désormais avec elle. Zhoo aussi vivait toujours ici, surveillant son père. Mais elle allait partir. Elle avait trouvé un appartement.

    Elle ne savait pas si elle était heureuse de retrouver son espace, ou triste de voir Zhoo partir vivre au loin. Peut-être un peu les deux. Elle n’avait jamais osé lui parler de Philip, elle savait que ses actions ne coïncideraient pas avec la vision de sa meilleure amie des relations amoureuses. Elle avait un côté princesse, fille pure, c’était mignon. Mais trop innocent pour An.

    Seul Théo était au courant. Il était devenu son confident par la force des choses. Il ne l’avait jamais jugée, lui avait conseillé de profiter de la vie. Elle en arrivait même à se dire que Théo n’était pas vraiment Team Gabe. Il n’évoquait jamais le petit ami d’An, et elle ne lui en parlait pas non plus. Il n’était pas non plus Team Philip, ça se voyait quand elle en parlait qu’il redevenait un peu sérieux, un peu ange gardien qui lui soufflait, par la pensée un petit « fait gaffe, je le sens pas ». Mais il ne le disait jamais à voix haute.

     

    ▪ 141 ▪

     

    Le téléphone de An sonna et elle sursauta. Elle l’avait gardé sous la main main et le déverrouilla aussitôt, pour constater que Philip lui avait répondu. Son cœur s’emballa dans sa poitrine. Le message de Philip était aussi bref que le sien, mais lui donna instantanément chaud et des papillons se mirent à virevolter dans son estomac.

    « Même hôtel, quand tu veux »

    Elle rongea les ongles de sa main libre. Il lui laissait encore le choix. Elle avait encore la possibilité de se rétracter, ou au contraire de faire ce dont elle avait envie, d’assumer ce tourbillon de sentiments qui l’envahissait.

    Elle regarda l’heure sur son téléphone. Il était bientôt 17h. Jayn avait athlétisme ce soir, sa mère et son oncle venaient de sortir, Zhoo dormait chez Robbie pour le week-end. Elle était alors seule chez elle. Elle pouvait partir, sans avoir à se justifier, à expliquer où elle allait, qui elle allait retrouver.

    « J’y suis dans une heure »

     

    ▪ 141 ▪

     

    Elle rangea son téléphone dans la poche arrière de son jean et déboula hors de sa chambre, pour prendre la direction de la cuisine. Là, elle récupéra un bloc-notes sur le bureau, et y gribouilla un bref mot pour sa mère.

    « Je sors, ne m’attends pas pour dîner »

    Elle relu son message. Elle avait hésité à dire qu’elle allait chez Gabe. Elle savait que sa mère n’aurait jamais appelé Gabe pour la chercher, que cet alibi lui donnerait la possibilité de découcher. Mais une petite phrase, tout droit sortie d’un livre, lui revint en tête. « Quand tu dois mentir, tiens-toi à la vérité ». Il ne valait mieux pas qu’elle en dise trop, qu’elle implique Gabe dans cette histoire. Il finirait par en savoir trop.

    Elle posa le papier sur la table de la salle à manger et sortit de chez elle à toute vitesse, verrouillant la maison de deux tours de clés avant de prendre la direction du centre-ville.

     

     

     

     

     


  •  

     

    ▪ 142 ▪

     

    Georg-Kaitlin avait pris son poste au magasin de disques il y avait une petite heure quand une tornade bleue, mal embouchée et tapant du pied, entra dans la boutique. Le jeune homme était debout, derrière son comptoir, sa collègue dans les rayonnages et l’arrivée d’Alana avait fait trembler tous les murs.

    - Faut qu’on parle.

    Elle avait lâché ces quelques mots comme elle aurait jeté un dossier sur une table. C’était sec, froid et impersonnel. Georg la regarda sans un mot de plus, essayant de comprendre les raisons qui pourrait la pousser à lui parler de cette manière. Hormis lors de la soirée au lycée de Méandre, ils n’avaient pas échangé un mot. Il aimerait bien un peu plus d’explications.

     

    ▪ 142 ▪

     

    La rouquine rejoignit Georg et Alana à l’accueil du magasin, et toisa sa meilleure amie, totalement incrédule. Elle ne venait jamais au magasin, se passait bien de se mêler au commun des mortels. Raison de plus de se poser des questions sur la scène qu’elle semblait sur le point de faire.

    - Un problème ‘lana ? demanda Méandre.

    - Oui, avec ton mec. Je dois lui parler.

    Georg détourna le regard d’Alana pour regarder Méandre. Visiblement, elle n’était pas au courant des dernières nouvelles. Soit Méandre avait fait le choix délibéré de ne rien lui dire, soit elle n’en avait pas eu l’occasion. Ça faisait déjà plus d’une semaine pourtant.

    - On est plus ensemble, finit par dire Méandre en voyant le regard interrogateur de GK.

    - A la bonne heure ! s’extasia Alana en regarda sa meilleure amie. Je ne veux même pas connaître les détails sordides de votre rupture, ça ne m’intéresse pas.

    - On peut savoir pourquoi tu es là, Alana ? demanda posément Georg.

     

    ▪ 142 ▪

     

    Il fit le tour du comptoir pour s’approcher d’elles et croisa les bras, la regardant. Il ne comprenait toujours pas où elle voulait en venir, et rien dans ses souvenirs ne lui donnait d’explications sur l’actuelle mauvaise humeur de la chanteuse devant lui.

    - Tu vas me donner My Way.

    - Quoi ?

    Il la regarda, le visage ahuri et se retint de rire. Elle lui faisait un foin pour une chanson ? Pour une simple chanson ? Elle était folle. Néanmoins, il ne rajouta rien, laissant Alana justifier sa demande. Après tout, My Way ne lui appartenait pas, c’était une chanson de Sinatra.

    - Y’avait six mots dans ma phrase, c’est lequel que t’as pas compris ?

    - Oh si, j’ai compris ta phrase. Je ne comprends simplement pas ta motivation à me faire chier un lundi matin à neuf heures et demi pour me prendre une chanson que je n’ai même pas écrite et qui ne m’appartient pas.

    - C’est simple pourtant.

     

    ▪ 142 ▪

     

    Elle s’approcha de lui et appuya un doigt décidé sur son torse, le regardant droit dans les yeux. Georg ne bougea pas, soutenant son regard. Elle avait beau lui offrir un des regards les plus noirs qu’il n’avait jamais vu de sa vie, elle ne l’effrayait pas. Elle était même assez ridicule finalement.

    - Tu me donnes My Way, les partitions, les arrangements, tout, et tu ne la chantes plus. Elle est à moi.

    - Sauf que, comme je viens de te le dire : la chanson ne m’appartient pas. Prends là si tu veux, c’est cool de faire revivre les vieux classiques. Fais toi plaisir.

    Alana gronda, et roula des yeux, agacée.

    - J’en ai rien à foutre de la version pourrie de Claude François. Je veux ta version.

    - Non.

    Il haussa les épaules et recula légèrement d’Alana. Il ne voulait pas lui donner l’impression d’avoir une quelconque emprise sur lui. Autant ignorer ses caprices de diva. Il fit demi-tour et retourna derrière son comptoir.

     

    ▪ 142 ▪

     

    - Maintenant, si tu permets, on a du travail avec Méandre et tu nous déranges. T’as pas des cours à réviser ?

    La jeune femme n’était absolument pas d’accord avec cette réponse. Elle s’approcha du comptoir, plaqua ses deux mains à plat sur le meuble et se pencha sur celui-ci, pour dévisager Georg. Hors de question qu’elle lâche l’affaire. Elle voulait My Way, elle l’aurait.

    - Tu veux mes arrangements ? finit-il par souffler. Prouve-moi que tu peux la chanter, prouve-moi que tu as du coffre et que tu ne te contentes pas seulement de chanter de la pop insipide.

    Il se pencha vers elle à son tour. Leurs fronts se touchaient presque. Il avait vu, juste avant, la petite ride d’agacement s’esquisser au coin de ses lèvres. Elle se mordait l’intérieur des joues. Apparemment, la traiter de chanteuse pop était une insulte. Pas mal.

     

    ▪ 142 ▪

     

    - Et là, je t’offrirai mieux que My Way.

    Il esquissa un petit sourire de vainqueur. Il savait qu’il avait réussi à l’intéresser. Son regard avait changé. De noir, il était passé à celui de la passionnée, qui vit pour la chanson, blessée dans son égo et qui voulait redorer son blason.

    Quant à lui, il avait bien retenu la leçon de Méandre. Le seul moyen de se faire une place chez les Alive!, c’était de la prendre de force et de se la créer. Kaoline était rentrée comme ça, et il ferait de même, avec ses compositions.

    - Tu vas regretter de m’avoir traité de chanteuse pop.

    Elle cracha ses mots, comme un chat, avant de reculer du comptoir. En se tournant pour sortir, elle croisa le regard de Méandre. Sa meilleure amie lui adressa un sourire encourageant, et peut-être aussi heureux. Alana bougonna toujours, haussa les épaules et sortit du magasin avec autant de fracas qu’à son entrée. Quand elle claqua la porte, cela fit sursauter Méandre qui lâcha un cri d’exclamation.

     

    ▪ 142 ▪

     

    Elle s’approcha du comptoir contre lequel elle s’appuya pour suivre la silhouette d’Alana avant qu’elle ne disparaisse à l’angle de la rue. Une fois seuls tous les deux, elle se tourna de nouveau vers GK avec un sourire presqu’amusé.

    - Tu sais que t’es fichu ? Tu vas devoir lui trouver une chanson.

    - Je sais, je ne doute pas de ses compétences vocales. Mais d’ici qu’elle m’impressionne, j’ai le temps de pondre quelque chose d’écoutable. J’ai déjà ma petite idée.

    Méandre se tourna, et se pencha à son tour par-dessus le comptoir, comme elle avait vu Alana le faire un peu plus tôt. Elle le regarda, en haussant un sourcil.

    Malgré qu’ils aient finalement décidé, d’un commun accord, de mettre fin à leur relation quelques jours plus tôt pour des raisons de longueurs d’ondes incompatibles, ils s’entendaient toujours aussi bien. Ils étaient arrivés à la conclusion qu’ils étaient avant tout de très bons amis et qu’ils avaient mal interprété les signaux. Ça arrivait.

     

    ▪ 142 ▪

     

    - Et pourquoi tu tiens absolument à rentrer chez les Alive! ? On n’a pas la place pour un second chanteur. Tu y arriverais mieux par toi-même, surtout vu ce que tu sais faire.

    - Parce que je ne veux pas faire de l’interprétation toute ma vie. Je préfère écrire. Ça me réussit mieux.

    Il se pencha vers elle. Il avait le regard qui brillait, comme un gamin devant un énorme gâteau au chocolat. Il semblait au paroxysme de la jubilation. Méandre se perdit même à penser que s’il était un chien, il aurait la queue qui ferait le ventilateur dans tous les sens. Si ce n’était pas déjà le cas, et elle baissa la tête d’avoir eu cette idée à lui traverser la tête.

    - Alana a de l’or dans la voix, elle ne l’exploite pas à sa juste valeur. La pop, ça marche, ça colle à sa voix, à son timbre, à son look aussi. Mais elle irait chercher autre chose, de plus intense, de plus sombre … Vous ne resteriez pas cantonnés à une salle de province.

    - T’es en train de dire qu’on est des losers ?

     

    ▪ 142 ▪

     

    Elle se redressa et croisa les bras, légèrement vexée.

    - Non. Seulement, je veux vous prouver que vous n’avez pas encore trouvé votre style. Et ça, je veux vous l’écrire.

    Méandre fit la lipe, relevant sa lèvre inférieure. Il était mignon lui, avec sa confiance en lui sans borne et son cruel manque de modestie. Mais il lui avait dit, qu’il était le premier à croire en ses capacités et que c’était pour cette raison qu’il y arrivait. Le talent, c’était bien, mais le travail et l’obstination, cela pouvait tout changer.

    - Le jour où on se retrouve à l’Eurovision avec tes chansons, je te paierai la guitare des Ravens. Tu l’auras mérité.

    - Deal, dit-il en tendant la main vers elle avec un sourire de winner.

     

     

     


  •  

    ▪ 142 ▪

     

    An était arrivée une petite heure après son message, dans le centre-ville, devant l’hôtel de sa nuit passée avec Philip. Elle s’arrêta un instant, regardant l’enseigne. Elle était à un pas de céder, de céder à ses lubies, ses envies et d’aller au-delà du raisonnable. La dernière fois pouvait être accidentelle, un concours de circonstance, une faiblesse. Elle pouvait être pardonnée. Mais cette fois-ci ? Elle agissait en pleine conscience de ses actes, elle n’était pas ivre, ni blessée émotionnellement.

    Elle enfonça ses mains dans ses poches et expira.

    - Tu as encore le droit de me dire non.

     

    ▪ 142 ▪

     

    Elle fit volte-face pour voir Philip debout derrière elle. Il venait d’arriver. An ne put s’empêcher de penser qu’il était incroyablement sexy, ainsi vêtu. Il devait revenir du travail, avec sa chemise, sa cravate et son veston. Elle se mordit la lèvre inférieure en le détaillant.

    - Hors de question.

    Philip esquissa un petit sourire, visiblement satisfait de la réponse et de la réaction d’An à son arrivée. Il passa à côté d’elle, laissant leurs bras se frôler. La jeune femme le suivit dans l’hôtel, essayant de garder la tête légèrement basse. Elle ne voulait pas être reconnue, Houlton n’était pas si grande après tout.

    Philip récupéra la clé de la chambre, et il prit ensuite la main d’An dans la sienne, l’invitant à le suivre dans les étages. Ils avaient obtenu la même chambre que la dernière fois, ce qui fit sourire An. Une fois tous les deux entrés, que Philip eut fermé la porte derrière eux, An s’approcha de l’homme.

     

    Love me like you Do – Ellie Goulding 

     

     ▪ 142 ▪

     

    Elle posa une main à plat sur son torse, fixant celle-ci de son regard. Elle mourrait d’envie d’empoigner cette cravate, de le traîner vers le lit, de l’y pousser, de lui arracher ses vêtements et de ne plus penser à quoi que ce soit.

    Philip glissa sa main contre la joue de An, caressant son visage du bout des doigts avec une tendresse infinie, loin de ce dont elle attendait de lui à l’instant. Elle releva alors finalement les yeux vers lui, planta son regard dans le sien et se saisit de cette cravate en se mettant sur la pointe des pieds.

    - Cette fois-ci, je veux tout, et il n’y aura pas de regrets.

    Philip fonça alors sur les lèvres de An alors que cette dernière le poussa contre le mur derrière lui, plaquant son bassin contre le sien. Elle lui dénoua sa cravate rapidement, fit sauter les boutons de son veston et de sa chemise pour avoir accès à sa peau, cette peau qui l’appelait tant.

     

    ♂+♀

     

    ▪ 142 ▪

     

    You're the light, you're the night || Tu es la lumière, tu es la nuit
    You're the color of my blood || Tu es la couleur de mon sang
    You're the cure, you're the pain || Tu es le remède, tu es la douleur
    You're the only thing I wanna touch || Tu es la seule chose que je veux toucher
    Never knew that it could mean so much, so much || Je n’aurais jamais cru que cela pouvait compter autant

     

    ▪ 142 ▪

     

    You're the fear, I don't care || Tu es la peur, je m’en moque
    'Cause I've never been so high || Car je n’ai jamais été aussi bien
    Follow me through the dark || Suis-moi à travers les ténèbres
    Let me take you past the satellites || Laisse-moi t’emmener au-delà des satellites
    You can see the world you brought to life, to life || Tu peux voir le monde auquel tu as donné vie

     

    ▪ 142 ▪

     

    So love me like you do, lo-lo-love me like you do || Alors aime-moi à ta manière
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do || Aime-moi à ta manière
    Touch me like you do, to-to-touch me like you do || Touche-moi à ta manière
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends ?

     

    ▪ 142 ▪

     

    Fading in, fading out || J’apparais, je disparais
    On the edge of paradise || Au bord du paradis
    Every inch of your skin is a holy grail I've gotta find || Chaque partie de ta peau est un saint Graal que je dois trouver
    Only you can set my heart on fire, on fire || Seulement toi peux embraser mon coeur
    Yeah, I'll let you set the pace || Oui, je te laisserai diriger
    'Cause I'm not thinkin' straight || Parce que je n’arrive plus à réfléchir
    My head's spinnin' around, I can't see clear no more || Ma tête tourney, je ne vois plus clair désormais
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends ?

     

    ▪ 142 ▪

     

    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (like you do) || Aime-moi à ta manière
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do || Aime-moi à ta manière
    Touch me like you do, to-to-touch me like you do || Touche-moi à ta manière
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (like you do) || Aime-moi à ta manière
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (yeah) || Aime-moi à ta manière
    Touch me like you do, to-to-touch me like you do || Touche-moi à ta manière
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends ?
    Oh

     

    ▪ 142 ▪

     

    Yeah, I'll let you set the pace || Oui, je te laisserai diriger
    'Cause I'm not thinkin' straight || Parce que je n’arrive plus à réfléchir
    My head's spinnin' around, I can't see clear no more || Ma tête tourne, je ne vois plus clair désormais
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends ?

     

    ▪ 142 ▪

     

    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (like you do) || Aime-moi à ta manière
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do || Aime-moi à ta manière
    Touch me like you do, to-to-touch me like you do || Touche-moi à ta manière
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (like you do) || Aime-moi à ta manière
    Love me like you do, lo-lo-love me like you do (yeah) || Aime-moi à ta manière
    Touch me like you do, to-to-touch me like you do || Touche-moi à ta manière
    What are you waiting for? || Qu’est-ce que tu attends ?

     

     

     

     

     


  •  

    ▪ 144 ▪

     

    La berline aux vitres teintées entra dans une ruelle exigüe de Burlington et s’avança de quelques mètres avant de s’arrêter le long d’un vieux bâtiment aux briques rouges. L’environnement n’était pas vraiment au goût de la femme tirée à quatre épingles, assise sur le siège passager de la voiture. La grimace ne manqua pas à son compagnon, qui posa sa main sur son genou en un geste affectueux.

    - On n’en a pas pour très longtemps Brooke.

    Harry regarda droit devant lui, pour distinguer au loin dans cette ruelle l’homme qu’il était venu voir. Entièrement vêtu de noir, le visage dissimulé en partie derrière ses cheveux sombres, l’homme se tenait droit, les bras croisés, fixant la voiture qui venait d’arriver. Après quelques instants, il quitta son immobilisme pour s’avancer vers eux, et faisant comme s’ils n’étaient pas là, il entra dans le bâtiment en briques, faisant grincer la lourde porte métallique qui en bloquait l’entrée.

     

    ▪ 144 ▪

     

    Harry Mayers sortit à ce moment là de sa voiture, suivi de Brooke dans son sillage et silencieuse. Cette dernière réajusta la jupe de sa robe, se voulant d’être impeccable en toute situation, malgré ce lieu sordide. L’homme âgé entra alors dans le bâtiment, une fois assuré que personne d’autre ne se trouvait dans les environs, sa compagne sur les talons.

     

    ▪ 144 ▪

     

    L’homme était assis sur l’une des rares chaises de la pièce. Celle-ci devait servir de planque à des sans-abri, ou des squatteurs. Un vieux matelas défoncé dans un angle, recouvert de taches douteuses, un frigo et quelques comptoirs qui ont connu des jours meilleurs, et cette table, recouverte de détritus.

    Harry s’avança vers lui, et tira la dernière chaise pour s’y installer. La femme préféra rester debout, Dieu seul sait quelles substances pouvaient être encore sur ses meubles. Elle ne voulait pas prendre le risque de ramener quoi que ce soit.

     - Je peux savoir pourquoi tu es encore en ville, Hyde ? demanda Harry.

     

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    Hyde se pencha vers la table, adressa un sourire mauvais à son interlocuteur. Il avait beau être son employeur, il n’en avait absolument pas peur. Ce n’est pas parce qu’il éliminait pour lui, qu’il ne pouvait pas l’éliminer lui. C’était sa spécialité après tout.

    - Je n’ai pas encore le don d’ubiquité, Jack.

    Harry jaugea son interlocuteur du regard. Il devenait insolent.

    - Je t’ai donné l’ordre d’aller en France pour me ramener Georg-Kaitlin.

    - J’ai mieux à faire que jouer les garde-chiourmes.

    - Je n’en ai rien à foutre de ce que tu veux faire. Tu es ma chose Hyde, et tu m’obéis.

    - Et que comptes-tu faire pour me convaincre de faire ton sale boulot ? Décimer ma famille ? Elle est déjà au cimetière.

     

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    Il se laissa tomber contre le dossier de sa chaise après avoir récupérer le paquet de cigarettes sur la table. Il en tira une du sachet, la porta à ses lèvres et l’alluma, dans le plus grand calme et avec tout le temps du monde. Une fois l’extrémité de la cigarette rougeoyante, il tira dessus et inhala la fumée avant de la recracher en nuage au-dessus de sa tête.

    - Ne va pas nous faire une attaque, j’ai envoyé quelqu’un là-bas. Elle fera très bien les nounous pour gamin spolié.

    Harry haussa un sourcil. Une femme ? Il avait envoyé une femme pour s’occuper de son fils ? Il voyait rouge. Ce n’est pas une femme qui allait réussir à convaincre Georg-Kaitlin de revenir, surtout si elle devait employer la force.

    - Tu ne serais pas un poil misogyne ? lâcha Hyde avec les yeux rieurs. Il va falloir vivre avec ton temps Harry, les meufs sont aussi capables que les mecs. Elle a toute ma confiance. Elle te le ramènera, avant son vingt-et-unième anniversaire.

     

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    Il tira de nouveau une bouffée de sa cigarette, nonchalamment. Il se savait en position de force. Mayers avait besoin de son fils pour récupérer ses fonds, et lui, il avait l’ascendant sur lui. Un seul mot de travers, il pouvait annuler la mission de son larbin et Mayers ne verrait jamais la couleur de cet argent.

    - Elle a intérêt, sinon …

    - Sinon ? s’interloqua Hyde.

    Il finit par se lever et s’approcha de Harry. Ce dernier recula dans le fond de sa chaise, défiant néanmoins du regard l’homme devant lui, sa créature, la machine à tuer qu’il avait créé.

     

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    - Tu me tueras ? Je ne suis pas irremplaçable, tu trouveras bien un nouveau Hyde pour me remplacer, tout comme j’ai remplacé le précédent. Mais, je doute fort que le nouveau soit aussi efficace que moi. Après tout, je n’ai pas peur de mordre la main qui me nourrit.

    Il lui sourit, carnassier et leva le regard vers Brooke. Cette dernière était restée stoïque, comme à son habitude. Elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer le dernier Hyde, et elle réalisait qu’il était une véritable bombe à retardement, capable d’énormément de dégâts. Tant que Georg-Kaitlin ne serait pas rapatrié dans le Maine, il était intouchable.

    - Alors, on reste sage et on attend, reprit Hyde.

    - Et pour le reste de tes attributions ? demanda Harry.

    - Lesquelles ? Je suis un homme très occupé entre les meurtres et les pièces détachées. Quoi que, aux dernières nouvelles, tu as réussi à te dégoter un nouveau tueur à gages. La petite secrétaire de l’avocat ? Du travail d’amateur non ? Franchement, offre-lui une formation digne de ton nom à ce gars. Je suis presque déçu que tu ne m’aies pas demandé sur ce coup-là.

    - Tu n’as malheureusement pas la confiance des services de l’ordre Hyde. Une taupe, c’est toujours utile et tu n’as pas vraiment le profil de l’emploi. Les pièces détachées.

     

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    Hyde souffla en haussant les épaules, crachant sur les belles paroles de Harry. Il s’alluma une nouvelle cigarette.

    - Elles sont remontées à la frontière. Mais je vais manquer d’argent pour graisser la patte du directeur de l’usine. Soit tu me fournis, soit je tue sa gosse. Elle a quatre ans.

    Harry se leva de sa chaise, et réajusta sa tenue, épousseta son pantalon et fit un pas vers la sortie, joignant Brooke de le suivre. Il s’arrêta juste devant la porte.

    - Tue la gosse.

     

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    - Avec plaisir.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Bonsoir tout le monde ! ♥ 

     

     J'espère que vous allez bien après ces cinq mois sans MaJs.

    Eh, j'ai dit que je ferais pas sept mois entre chaque MaJ, j'ai tenu ma promesse :p

    A cette occasion, j'ai même ressorti Harry des cartons. Il s'ennuyait un peu dans sa petite boîte avec Brooke, et il m'avait promis de pimenter un peu cette MaJ, alors je l'ai écouté. Ca permet de faire connaissance avec Hyde, que nous n'avions qu'entr'aperçu avec Matt quelques pages plus tôt. Du coup, pour ceux qui souhaitent la mort du vieux patriarche, je crois que Hyde veut bien se dévouer, gnark gnark. Mais je ne sais pas trop ce que ça peut donner de libérer le chien méchant sans son maître. A vos risques et périls !

    Je vous fais des bisous, et je vous dis à bientôt ♥

     

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