•  

    MaJ 20 (8)

     

     Nate arriva dans cette petite résidence, voulant prendre des nouvelles de la jeune femme. Il avait appelé Marine, lui expliquant la situation, qu'il ne pouvait pas laisser Andy seule comme ça, à déprimer, à se morfondre, à ne plus vivre.

      

    MaJ 20 (8)

     

     _ Andy ! Dit-il en ouvrant la porte. C'est moi, Nate. Comment tu vas ?

    Il n'obtenit aucune réponse, ce qu'il ne l'étonna pas plus que ça. Alors il pénétra un peu plus dans l'appartement, découvrant la jeune femme recroquevillée sur le sol, un bout de papier dans la main. Il s'approcha d'elle avant de s'asseoir à ses côtés.

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Bonjour Miss. T'as vu un peu, je suis venu te rendre visite.

    _ …

    _ Bon, on va commencer par ranger un peu ça, t'en penses quoi ? Tu t'assois et je range ?

    _ …

    _ Je sais, je vais te faire couler un bain bien chaud et si tu refuses, je te fous dans la flotte toute habillée.

     

    MaJ 20 (8)

     

     Andy s'assit, plongeant ses yeux verts dans l'onyx de ceux de Nate, un petit sourire sur son visage fatigué.

    _ Ah ! Bah c'est mieux ça ! Allez, hop, je te fous dans la baignoire.

    _ C'est ça, souffla-t-elle. Tu serais pas capable de m'y mettre de force.

    _ Tu as des trous de mémoire ma belle, ça ne me gênerait pas. Alors tu files dans la baignoire pendant que je range un peu, d'accord.

    La jeune femme acquiesça avant de se lever, de prendre des affaires dans la chambre et se diriger dans la salle de bain.

     

    MaJ 20 (8)

     

     Elle fit couler un bon bain chaud, quoique un peu trop chaud peut être.

    Mais tant pis, si la chaleur pouvait lui faire oublier quelques instants Spencer, lui faire oublier la tristesse qui empoigne son cœur. Une tristesse qu'elle se refuse d'extérioriser. Ces quelques larmes, elles n'auraient jamais dû couler. Non, maintenant elle allait être forte. Elle n'allait plus pleurer, mais sourire, rire.

    Parce qu'il n'aimerait pas la voir pleurer.

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Andy ? Demanda Nate, vingt minutes après que la jeune femme se soit exilée dans la salle de bain. Tu t'en sors ? Pas besoin que je vienne te frotter le dos ?

    _ Nan, je suis en train de me sécher, je sors dans deux secondes.

     

    MaJ 20 (8)

     

      Pas de soucis, faudrait que je te parle … dit-il d'un ton grave.

     

    MaJ 20 (8)

     

     Andy sursauta et sortit en vitesse de la salle de bain, une serviette nouée autour de la poitrine.

    _ Que … ? ANDY ! Enfin ! Habille toi !

    _ C'est pas trop grave dis moi ?

    _ C'est tout à fait toi ça, dit-il en riant et en s'approchant d'elle. Non, c'est pas grave, faut juste que je te parle.

    _ Tu me fous la trouille.

    _ Y'a pas de raison, va t'habiller en vitesse.

     

    MaJ 20 (8)

     

     Andy fit la moue, ne bougeant pas pour autant.

    _ Raconte.

    _ Va t'habiller.

    _ Raconte.

    _ Va te changer.

    _ Raconte …

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Bon, ok, t'as gagné, dit-il en levant les yeux au ciel. T'es chiante !

    _ Je sais.

    _ Tu es sûre que ça va ? Dit-il d'une voix plus grave.

    _ Que …

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Andy, tu viens de perdre Spencer, et ne me dit pas qu'il n'était pas important pour toi. Et tu, … tu ris comme s'il ne s'était rien passé, et j'aime pas ça.

    _ Il n'y a pas de quoi être triste, ce n'est pas mes larmes qui le feront revivre.

    _ Andy … Arrête ça.

    _ Que j'arrête quoi ?

    _ De tout garder pour toi. Je t'e l'ai dit, c'est pas une preuve de faiblesse de pleurer.

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Je ne veux pas entendre tes conseils, tu m'entends. Je me relève comme je peux, et ce n'est pas en pleurant que je vais me reconstruire.

    _ Kael et Elodie te cherchent tu sais, lâcha-t-il.

    _ D'où tu les connais !?

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Sienna est allée voir Spencer, ils lui ont demandée où tu étais, ils veulent te voir.

    _ Je … je …

    _ Prépare toi Andy, je compte t'y emmener...

    _ Tu peux pas me forcer de voir un mort !

     

    MaJ 20 (8)

     

     Andy se tut et regarda ses pieds. C'est pas qu'elle ne voulait pas le voir, elle voulait voir son visage une dernière fois, caresser son visage une dernière fois. Mais, le voir, dans ce genre de lieu, c'est se dire qu'il est définitivement mort. Ne pas le voir, c'est espérer un jour le voir franchir cette porte en riant.

     

    MaJ 20 (8)

     

     _ Tu t'habilles en vitesse, et on y va, dit Nate en poussant Andy dans la salle de bain. Si t'es pas prête dans dix minutes, je finis de t'habiller moi.

    Andy acquiesça distraitement. Après tout, rien ne l'obligeait à entrer dans la pièce, à le voir, à se dire qu'il est définitivement mort.

     

    MaJ 20 (8)

      


  •  

    MaJ 20 (9)

     

     Andy sortit timidement de la voiture de Nate, ce dernier restant dedans, ne voulant pas brusquer les parents de Spencer par une présence qui pouvait s'avérer gênante.

    Andy devait donc y aller seule, bien décidée, et résolue à se montrer forte.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Oui, mais, ne risquait-elle pas de se montrer insensible ?

    De sembler indifférente à la tristesse et la détresse d'Elodie et Kael ?

    Mais elle voulait être forte. Les larmes de ce matin, c'étaient les dernières de sa vie, elle se l'était promis.

    Plus jamais elle ne versera de larme, car elle sait que la vie ne le mérite pas. Elle est trop dégueulasse avec elle pour qu'Andy lui montre qu'elle a gagné.

    C'est à elle de gagner, et seulement à elle.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Elle passa donc la porte du funérarium en silence, avec prestance, cherchant du regard la porte de Spencer, la trouvant, le nom du jeune homme étant inscrit dessus.

    Elle se stoppa, respira un grand coup avant qu'un homme aux cheveux noirs et reflets violets ne s'approche d'elle, le regard interrogatif.

     

    MaJ 20 (9)

     

     _ Ramon Andrews. Je suis le gérant de ce funérarium.

    _ Andy Thatch, je suis venue voir Monsieur et Madame Jekill.

    _ Oui, ils sont dans la pièce où repose Spencer. Vous voulez entrer ?

     

    MaJ 20 (9)

     

     Andy considéra un instant l'homme, puis la porte en face d'elle, un étrange sentiment l'envahissant. Voulant tout à la fois voir son visage une dernière fois, lui dire adieu, ou ignorer sa présence, faire comme s'il n'était pas mort. Après, que faisait-elle de mal en se berçant d'illusions.

    _ Je préfère les attendre ici, merci.

    _ Pas de problème, je vais les chercher.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Andy se dirigea vers les fauteuils, s'installant confortablement dans l'un d'entre eux, attendant patiemment l'arrivée des parents de Spencer, ce qui ne tarda pas.

    _ Andy ! Souffla la voix soulagée d'Elodie en se rapprochant de la jeune femme.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Andy se leva et pris Elodie dans ses bras, qui pleurait de plus belle.

    _ Ma chérie, je m'inquiétais vraiment pour toi, que tu te morfondes, que tu culpabilises. Tu t'en sors ?

    _ Oui, dit-elle d'une voix posée. Calmez-vous Elodie, calmez-vous, Spencer n'aimerait pas vous voir pleurer.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Elodie se décolla de la brunette, esquissant un sourire.

    _ Oui, tu as raison. Je me suis trompée sur toi, tu as caractère fort.

    _ Ce n'est pas la première perte que je subis, je suis, habituée, si je puis dire.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Ces mots sonnaient tellement faux dans sa tête.

    On ne s'habitue jamais à la perte d'un être cher, elle le sait plus que quiconque.

    On le pleure en silence, on respire un grand coup, et on avance.

     

    MaJ 20 (9)

     

     _ Andy, dit Kael. Une notaire te cherchait ce matin. Spencer avait laissé un genre de testament, te laissant une part importante de ses biens personnels. Il s'agit de Justine Bayers, tiens, dit-il en lui tendant la carte de visite du notaire. Contacte la le plus vite possible.

    _ Je … je ne peux pas accepter.

    _ C'était son souhait Andy, souffla Elodie.

    _ Mais, vous êtes ses parents, vous êtes liés directement à lui.

    _ Apparemment, il comptait se stabiliser avec toi Andy, avec ce que j'ai découvert. Ne prends pas ceci à la légère.

     

    MaJ 20 (9)

     

      _ Tu veux le voir ? Demanda Kael. Il n'est pas impressionnant, on dirait qu'il dort.

    _ Ah, je … je …

    _ On ne veut pas t'y forcer Andy, reprit l'homme âgé. Mais sache que ce sont les dernières fois, les derniers jours, que tu le verras.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Andy regarda la porte avant de déglutir.

    Le voir …

    Une dernière fois.

    _ Je … Que … Cela vous ennuierait-il si je restais seule avec lui, quelques minutes ?

    _ Non, nous avons besoin d'un café tous les deux. Reste autant de temps que tu veux.

    _ Merci.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Elodie et Kael se dirigèrent vers la machine à café, tandis qu'Andy avançait presque religieusement vers la salle.

    Elle posa sa main sur la clenche, et poussa la porte délicatement.

    Un paravent blanc, en face de la porte d'entrée, cachait le corps du jeune homme, et la jeune femme fit le tour, avant de le découvrir, étendu, serein, mains sur sa poitrine.

    Elle étouffa un hoquet de ses mains sur sa bouche avant de se rapprocher encore plus, et de s'asseoir sur le lit.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Elle resta de longues minutes ici, à le regarder, passer sa main dans ses cheveux, ses doigts entre les siens, posant sa joue contre la sienne, sans verser une seule larme pour autant. Et elle esquissa un sourire, en le regardant.

    _ Le premier vrai sourire de ma nouvelle vie, il est pour toi.

     

    MaJ 20 (9)

     

     Et elle déposa doucement ses lèvres sur les siennes, en un baiser d'adieu.

    Only a Smile … For Me.

     

    MaJ 20 (9)

     


  •  

    ♫ Sadness & Sorrow - Sasuke Theme (ne pas hésiter à relancer)

     

    MaJ 21 (1)

     

     Je sais que je ne suis pas sérieuse et que je n'ai rien à faire ici.

    Je pourrais investir ma journée dans quelque chose de plus productif, comme, nettoyer un peu mon appart, bien que Nate ait retiré toutes les saloperies. Je pourrais aussi bien aller voir Eliott et Val', et partager ma journée auprès des vivants.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Oui, mais la seule personne qui m'intéresse à l'instant, c'est un mort.

    Un corps froid et rigide, la tête tournée vers le plafond, ses mains posées sur le coeur, un sourire paisible sur les lèvres.

    Parce que la vie n'est qu'un sourire.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Je m'étais pourtant jurée de ne pas venir le voir, de conserver cette bulle autour de moi, une once d'espoir de le voir passer ma porte un beau matin brouillé par la pluie, des gouttes argentées perlant ses cheveux de jais, un sourire en coin, ce regard qui m'a fait craquer, pour lequel j'aurais tout cédé.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Je me serais ruée vers lui, à demi défigurée par les larmes.

    Finalement, c'était ça, ce qui aurait du se passer le deux janvier. Il serait venu chez Val', me chercher, pour qu'on passe le meilleur week-end de notre vie. Un week-end que j'aurais voulu inoubliable. Mais mon rêve s'est envolé.

    Les ailes de mon ange se sont brisées.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Je sais pas comment décrire les quatre mois qu'on a passé ensemble.

    Tellement magiques, tellement irréels, et pourtant, ses gestes, ses paroles me ramenaient à une réalité que j'affectionnais.

    Finalement, je ne vois pas ma vie sans lui. J'ai beau sourire, me montrer forte, quoique indifférente, la douleur est bien là, comme s'il me manquait quelque chose, ce je ne sais quoi qui fait toute la différence.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Allongée à ses côtés, je détaille son visage, celui que j'aimais tant, que j'embrassais constamment, qui hantait les moindres de mes rêves. Visage qui ne quittait la moindre de mes pensées, finalement, je me dis que je n'aurais jamais du le rencontrer.

    Tout est de ma faute.

     

    MaJ 21 (1)

     

     C'est à cause de moi qu'il a voulu arrêter son trafic, c'est à cause de moi qu'il s'engueulait avec tout le monde, c'est à cause de moi que lui et ses parents ne s'entendaient plus sur la fin, parce que finalement, bien qu'ils m'apprécient, je n'étais qu'une copine, qui se permettait de squatter chez eux, je l'avais lu dans leurs yeux, que je n'étais qu'une enquiquineuse de première pression.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Distraitement, je donne un coup d'oeil à ma montre. Il est seize heures passées de huit minutes.

    Elodie et Kael ne vont plus tarder maintenant, alors, doucement, je dépose un baiser sur les lèvres gelées de Spencer avant de me lever précautionneusement du lit, et de m'asseoir sur la banquette, près du cercueil.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Dans quelques minutes, Andrews va débarquer dans la pièce, pour le mettre dans le cercueil, nous demandant de sortir le temps qu'il l'installe. Alors je reste ici un maximum de temps, cela fait des heures que je suis dans cette pièce, ne sortant que quelques minutes pour aller aux toilettes ou boire un café. La porte grince doucement, et j'entends des bruits de pas. Attirée par ce faible son, ma tête se tourne vers la droite, et je découvre Kael et Elodie, tous deux sereins.

     

    MaJ 21 (1)

     

     _ Bonjour Andy, chuchota Elodie en s'approchant de moi. Ca fait combien de temps que tu es là ?

    _ Une demie heure, mentis-je, il n'ont pas besoin de savoir que je passe ma journée au chevet de leur fils, ce serait mal vu.

    _ Nous voudrions te parler … débuta Kael avant qu'une voix grave ne lui coupe la parole.

     

    MaJ 21 (1)

     

     _ Je suis navré de vous interrompre, dit la voix posée de Monsieur Andrews. Mais il est seize heure et quart. Je vais installer son corps dans le cercueil, je vais vous demander de sortir.

    _ Bien, dit Kael en sortant avec Elodie. Viens Andy, ça ne sera pas long.

    _ Je ...débutai-je, en regardant le corps sans vie de Spencer.

    Une dernière fois, juste une dernière fois. J'imprimais son image dans ma tête. Demain, il sera enterré, dans le même cimetière que mes parents, que Delphes, qu'Emina … Demain, il rejoindra tous mes proches. Tout ceux que j'aime. Pourquoi mon monde, ma bulle, s'effrite-t-il ainsi ? Qu'ai-je donc fait pour être maudite ?

    Finalement, je sortis rejoindre Kael et Elodie, qui étaient assis dans les fauteuils du salon aménagé pour les proches. Je m'assis à leurs côtés, voulant entendre ce qu'ils avaient à me dire.

     

    MaJ 21 (1)

     

     _ Je vous écoute, fis-je, peu sûre de moi.

    _ C'est au sujet des biens de Spencer. Nous voulions savoir quand cela t'arrangerait de les récupérer.

    _ Je vous l'ai déjà dit, m'obstinai-je. Je ne veux rien, son pendentif me suffit amplement, gardez tout, il s'agit de votre fils, je n'étais que sa petite amie.

    _ Ne crois pas ça Andy, poursuivit Kael. Tu étais beaucoup plus pour lui, et ne dit pas le contraire. Il ne t'aurait pas légué tant. Que veux-tu de lui ?

     

    MaJ 21 (1)

     

     _ Vous voulez vraiment le savoir ? Dis-je, exaspérée. Mais je veux qu'il vive, qu'il me regarde, qu'il m'embrasse. Je veux sentir sa peau nue contre la mienne, son souffle dans mon cou. Je veux entendre sa voix, entendre son rire, me remplir de sa bonne humeur. Tout ce que je veux, finalement, ce n'est qu'un rêve usé, une partie de mon passé. Et ce n'est pas une voiture ou une collection de livres qui va me redonner tout ce que j'ai perdu, et ça, vous ne pouvez pas le comprendre.

     

    MaJ 21 (1)

     

     _ J'aime votre fils, et je parle bien de présent, parce que la mort n'est pas une frontière. Je refuse de l'ignorer juste parce que vous l'aurez mis en boite, c'est au dessus de mes forces. Et je refuse de profiter de sa mort pour obtenir des objets de valeur, que sais-je encore. Car une voiture, ou un livre, ce ne sera pas Spencer, ça ne me rappellera pas Spencer …

    Je m'arrêtai, je les regardai. Comme si je venais d'une autre planète. J'avais tout lâché d'un trait, sans que les larmes ne coulent sur mon visage. Je faisais la forte. Mais j'étais faible.

     

    MaJ 21 (1)

     

     Elodie me dévisagea, avec un regard suppliant, perdu.

    _ Andy, me dit-elle après une longue inspiration. Prends sa batterie. Tu ne veux rien, mais je t'en prie, prends sa batterie.

    _ Que … bégayai-je.

    _ Il m'a dit que tu en avais joué plus jeune, que tu as joué sur la sienne. Alors, je t'en prie Andy, fait le pour nous …

    _ Je …

     

    MaJ 21 (1)

     

     Je ne sus quoi dire.

    Sa batterie.

    On avait tellement partagé de moment à jouer tous les deux. Un maillon de plus qui me raccroche à lui.

    _ Avec plaisir, soufflai-je.

     


  •  

    MaJ 21 (2)

     

     Trois jours que Lola tournait en rond dans sa chambre, passant ses journées sur MSN et sur des histoires sur jeuxvideo.com Aujourd'hui, c'est Grey Sky qui allait morfler, elle va s'enfiler les trente sept pages en un temps record, comme elle se l'était promis plus tôt.

    De toute façon, elle n'avait que ça à faire de ses après-midi.

     

    MaJ 21 (2)

     

     En journée, comme d'habitude, elle suivait ses cours au lycée du coin (dont elle porte encore l'uniforme, par fainéantise) et le soir, elle n'avait qu'une envie, sauter dans les bras de son grand frère qui avait prolongé son séjour. Mais pour des raisons tout sauf réjouissantes.

     

    MaJ 21 (2)

     

     Il passait la majeure partie de son temps avec Andy, se disant qu'elle allait certainement faire une connerie quelconque. Évidemment, tout ceci était loin de rendre Lola de bonne humeur, qui finissait simplement par jouer des clics et des clacs sur son ordinateur portable.

     

    MaJ 21 (2)

     

     La porte de la chambre de la brunette s'ouvrit, et Lola grimaça, elle n'aimait pas qu'on entre dans son repaire sans frapper et attendre sa réponse. Résultat des courses, elle dut abandonner sa séance « Mattons Vayne avec un regard pervers » pour afficher une grimace à son gêneur.

     

    MaJ 21 (2)

     

     _ Bordel … commença-t-elle à pester en regardant vers l'intrus, jusqu'à ce qu'on regard croise celui de son frère, un visage malicieux sur les lèvres.

    _ Maman disait que tu déprimais sans moi, je viens inspecter les dégâts...

    _ C'que t'es con, fit l'adolescente en se levant.

     

    MaJ 21 (2)

     

     Nate serra la jeune fille dans ses bras, sachant pertinemment que plus elle reçoit de marques d'affection, plus elle en redemande. Mais tant pis, il a tellement besoin de soutien, il ne comprend plus rien. Et à l'instant, il vendrait père et mère pour avoir Marine en face de lui, pour la prendre dans ses bras, lui faire part de ses craintes à l'égard d'Andy.

     

    MaJ 21 (2)

     

     _ Qu'est-ce qu'il se passe Nate ? Demanda la brunette, sentant bien que son frère n'était pas dans son état normal.

    _ Laisse moi juste Lola, laisse moi juste dans tes bras, je t'en prie, dit-il, les larmes commençant à pointer au coin de ses yeux.

    Elle se détacha de lui, voulant le voir, lui parler … Mais il s'empara des épaules de la jeune fille, l'enlaçant par derrière : il ne voulait pas montrer ses larmes...

     

    MaJ 21 (2)

     

     Ce n'est pas dans ses habitudes pourtant de pleurer, et il le sait pertinemment. Il a tendance à toujours tout prendre avec le sourire, de voir le côté positif des choses, savoir se montrer fort, être là à toute épreuve. Oui, il se sent invincible, il pense qu'il peut tout tenir sur ses épaules. Qu'il peut lui rendre le sourire.

     

    MaJ 21 (2)

     

     Mais aujourd'hui, il se sent tellement impuissant, elle a beau sourire, il sait qu'elle ne fait pas d'efforts pour se relever. Elle fait semblant de continuer, et il ne peut rien pour elle. C'est quoi ce sentiment de se sentir aussi inutile, aussi faible. De se rendre compte que pour la première fois de sa vie, il ne peut rien faire, pour personne, qu'il n'est finalement, plus rien ...

     

    MaJ 21 (2)

     

     _ Nate … souffla Lola en serrant plus fort son poignet dans ses petites mains. Calme-toi, je t'en prie …

     


  •  

    MaJ 21 (3)

     

     Je ne bougeais plus, debout dans l'encadrement de la porte. Mains derrière mon dos, je n'osais pas avancer, rentrer dans cette demeure où je n'avais plus le droit de séjour. Les murs toujours aussi blanc, cet intérieur toujours aussi impeccable. Une pointe de nostalgie me piqua directement au coeur.

     

    MaJ 21 (3)

     

     _ Entre donc Andy, me dit Elodie depuis la cuisine. Tu prendras bien quelque chose.

    _ Non merci, répondis-je sans oser entrer dans la bâtisse.

    Dans ma tête, si Spencer, n'est pas avec moi, je n'y ai pas ma place. Alors, je ne bougeai pas, je deviens bizarre, comme si … Comme si mon monde s'arrêtait de tourner sans lui.

     

    MaJ 21 (3)

     

     _ Monte, me dit Kael. Tu sais que tu es la bienvenue chez nous …

    _ Oui, merci, fis-je en franchissant finalement la porte.

    Je donnai un léger regard à ce qui nous entoure, le papier blanc, l'odeur constante de rose dans le salon, le soleil qui perce derrière les fenêtres …

    A ma droite, l'escalier blanc en colimaçon qui mène à l'étage, les pièces qu'il s'était attribuées.

     

    MaJ 21 (3)

     

     Je me dirigeai donc vers cet escalier, déterminée et plus résignée que jamais.

    Ce n'est pas le fait de me savoir dans sa maison qui doit m'arrêter, je m'étais promise d'être forte, et de ne plus pleurer.

    Alors je grimpai les escaliers en souriant.

     

    MaJ 21 (3)

     

     Oui, mais je ne m'étais pas attendue à ce que je ressentirais une fois en haut, une fois dans ses pièces que nous avons partagées pendant quelques semaines.

     

    MaJ 21 (3)

     

     A chaque regard que je posai sur la pièce, sur chaque meuble, c'est comme si mes souvenirs m'étaient lancés au visage.

     

    MaJ 21 (3)

     

     Je me revois, dans ses bras, tous les deux assis dans ce canapé, à rire comme des enfants, à ne se soucier de rien d'autre que l'instant présent. Quand nos soucis étaient ailleurs.

     

    MaJ 21 (3)

     

     Je m'approchai un peu plus, regardant vers la porte du fond à gauche, là où il rangeait sa batterie et son PC. A quand remontais la dernière fois qu'on avait joué tous les deux … Plus je restai ici, et plus sa présence me manquait.

     

    MaJ 21 (3)

     

     Une fois dans la pièce, je fis courir mes mains sur l'instrument, notre passion à tous les deux.

    Quelque chose qui m'avait encore rapproché de lui.