_ Nom et prénom !

_ Hoegel Jean, répondis-je simplement.

_ Age !

_ Vingt deux ans.

« Et pas la peine de me hurler dessus, je t’entends bien et je te répondrais quand même » me dis-je à moi-même.

_ Nationalité !

_ Je suis Français, je vous l’ai déjà dit il n’y a même pas dix minutes !

Une gifle vola pour s’écraser sur ma joue déjà meurtrie. Ma tête suivit le mouvement pour atténuer le coup, avant de revenir vers mon inquisiteur, mais baissée. Des heures terribles se profilaient, et je préférais ne pas imaginer ce que Louise vivait de son côté. Etait-elle brutalisée ? Violentée ? Ce n’était pas dans mon habitude de m’inquiéter de ce que pouvais subir les gens que je voyais se faire rafler, mais Louise avait quelque chose qui m’empêchait de l’ignorer, et j’étais incapable de préciser ce que c’était.

 La porte de l’ancienne salle de d’opération grinça, laissant entrer le soldat brun, qui d’un revers de main, demanda à celui qui m’interrogeait de partir pour nous laisser en tête à tête, ce que j’appréhendais. Bien que je le connaisse de vue depuis quelques moi, depuis qu’il a été déplacé ici, son visage me donnait une impression de déjà vu, mais je n’arrivais pas à mettre la main dessus. Il tira une chaise qu’il installa en face de moi, avant de s’asseoir dessus, à l’envers, le dossier vers moi.

 _ Comme on se retrouve … Golderic, me dit-il en riant.

_ Go… lderic ? m’enquis-je, ne comprenant pas d’où il tenait ce nom.

_ Oui, Golderic, tu portais ce nom là la dernière fois que nous nous sommes croisés. Golderic… rajouta-t-il pensivement. Tu n’as guère changé, toujours aussi … fuyard.

_ Je ne comprends pas …

Il se leva de sa chaise, pour s’installer devant moi, et approcher son visage du mien, comme si cela pouvait m’aider à comprendre quelque chose.

 _ Tu ne te rappelles pas de moi ? C’est vexant, je pensais pourtant t’avoir marqué l’esprit …

_ Mais qui êtes vous ?

Il approcha alors son visage au plus prêt du mien, approcha sa bouche de mon oreille avant de murmurer :

_ Je suis celui qui t’as assassiné, en l’an de grâce onze cent dix neuf. Et je te renvoie d’où tu viens … Golderic !

 Un coup de feu retentit, et c’est là que je remarquai qu’il avait pointé le canon de son arme sur ma poitrine et qu’une balle venait de m’être tirée en droit dans le cœur. Il se détacha de moi alors que je hoquetais. Toujours ficelé sur la chaise, je ne pouvais rien faire de plus. Il rangea alors son arme, avant de sortir de la pièce.

 _ Retourne d’où tu viens, démon ! Et que je ne te croise plus.

Balbutiant et animé de spasmes, je regardais la porte se fermer derrière lui, me laissant dans ma mare de sang, et mon cœur qui ne battait presque plus, les minutes m’étaient comptées, je le savais, mais je ne pouvais rien faire de plus, et qui viendrait sauver un pauvre raflé comme moi. Ma dernière pensée alla vers Louise, espérant qu’elle ne subisse aucun traitement violent et qu’ils la libèrent, et finalement, j’expirai.

A suivre ...