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Par Zhuen le 20 Août 2011 à 20:06
♫ Sadness & Sorrow - Sasuke Theme (ne pas hésiter à relancer)
Je sais que je ne suis pas sérieuse et que je n'ai rien à faire ici.
Je pourrais investir ma journée dans quelque chose de plus productif, comme, nettoyer un peu mon appart, bien que Nate ait retiré toutes les saloperies. Je pourrais aussi bien aller voir Eliott et Val', et partager ma journée auprès des vivants.
Oui, mais la seule personne qui m'intéresse à l'instant, c'est un mort.
Un corps froid et rigide, la tête tournée vers le plafond, ses mains posées sur le coeur, un sourire paisible sur les lèvres.
Parce que la vie n'est qu'un sourire.
Je m'étais pourtant jurée de ne pas venir le voir, de conserver cette bulle autour de moi, une once d'espoir de le voir passer ma porte un beau matin brouillé par la pluie, des gouttes argentées perlant ses cheveux de jais, un sourire en coin, ce regard qui m'a fait craquer, pour lequel j'aurais tout cédé.
Je me serais ruée vers lui, à demi défigurée par les larmes.
Finalement, c'était ça, ce qui aurait du se passer le deux janvier. Il serait venu chez Val', me chercher, pour qu'on passe le meilleur week-end de notre vie. Un week-end que j'aurais voulu inoubliable. Mais mon rêve s'est envolé.
Les ailes de mon ange se sont brisées.
Je sais pas comment décrire les quatre mois qu'on a passé ensemble.
Tellement magiques, tellement irréels, et pourtant, ses gestes, ses paroles me ramenaient à une réalité que j'affectionnais.
Finalement, je ne vois pas ma vie sans lui. J'ai beau sourire, me montrer forte, quoique indifférente, la douleur est bien là, comme s'il me manquait quelque chose, ce je ne sais quoi qui fait toute la différence.
Allongée à ses côtés, je détaille son visage, celui que j'aimais tant, que j'embrassais constamment, qui hantait les moindres de mes rêves. Visage qui ne quittait la moindre de mes pensées, finalement, je me dis que je n'aurais jamais du le rencontrer.
Tout est de ma faute.
C'est à cause de moi qu'il a voulu arrêter son trafic, c'est à cause de moi qu'il s'engueulait avec tout le monde, c'est à cause de moi que lui et ses parents ne s'entendaient plus sur la fin, parce que finalement, bien qu'ils m'apprécient, je n'étais qu'une copine, qui se permettait de squatter chez eux, je l'avais lu dans leurs yeux, que je n'étais qu'une enquiquineuse de première pression.
Distraitement, je donne un coup d'oeil à ma montre. Il est seize heures passées de huit minutes.
Elodie et Kael ne vont plus tarder maintenant, alors, doucement, je dépose un baiser sur les lèvres gelées de Spencer avant de me lever précautionneusement du lit, et de m'asseoir sur la banquette, près du cercueil.
Dans quelques minutes, Andrews va débarquer dans la pièce, pour le mettre dans le cercueil, nous demandant de sortir le temps qu'il l'installe. Alors je reste ici un maximum de temps, cela fait des heures que je suis dans cette pièce, ne sortant que quelques minutes pour aller aux toilettes ou boire un café. La porte grince doucement, et j'entends des bruits de pas. Attirée par ce faible son, ma tête se tourne vers la droite, et je découvre Kael et Elodie, tous deux sereins.
_ Bonjour Andy, chuchota Elodie en s'approchant de moi. Ca fait combien de temps que tu es là ?
_ Une demie heure, mentis-je, il n'ont pas besoin de savoir que je passe ma journée au chevet de leur fils, ce serait mal vu.
_ Nous voudrions te parler … débuta Kael avant qu'une voix grave ne lui coupe la parole.
_ Je suis navré de vous interrompre, dit la voix posée de Monsieur Andrews. Mais il est seize heure et quart. Je vais installer son corps dans le cercueil, je vais vous demander de sortir.
_ Bien, dit Kael en sortant avec Elodie. Viens Andy, ça ne sera pas long.
_ Je ...débutai-je, en regardant le corps sans vie de Spencer.
Une dernière fois, juste une dernière fois. J'imprimais son image dans ma tête. Demain, il sera enterré, dans le même cimetière que mes parents, que Delphes, qu'Emina … Demain, il rejoindra tous mes proches. Tout ceux que j'aime. Pourquoi mon monde, ma bulle, s'effrite-t-il ainsi ? Qu'ai-je donc fait pour être maudite ?
Finalement, je sortis rejoindre Kael et Elodie, qui étaient assis dans les fauteuils du salon aménagé pour les proches. Je m'assis à leurs côtés, voulant entendre ce qu'ils avaient à me dire.
_ Je vous écoute, fis-je, peu sûre de moi.
_ C'est au sujet des biens de Spencer. Nous voulions savoir quand cela t'arrangerait de les récupérer.
_ Je vous l'ai déjà dit, m'obstinai-je. Je ne veux rien, son pendentif me suffit amplement, gardez tout, il s'agit de votre fils, je n'étais que sa petite amie.
_ Ne crois pas ça Andy, poursuivit Kael. Tu étais beaucoup plus pour lui, et ne dit pas le contraire. Il ne t'aurait pas légué tant. Que veux-tu de lui ?
_ Vous voulez vraiment le savoir ? Dis-je, exaspérée. Mais je veux qu'il vive, qu'il me regarde, qu'il m'embrasse. Je veux sentir sa peau nue contre la mienne, son souffle dans mon cou. Je veux entendre sa voix, entendre son rire, me remplir de sa bonne humeur. Tout ce que je veux, finalement, ce n'est qu'un rêve usé, une partie de mon passé. Et ce n'est pas une voiture ou une collection de livres qui va me redonner tout ce que j'ai perdu, et ça, vous ne pouvez pas le comprendre.
_ J'aime votre fils, et je parle bien de présent, parce que la mort n'est pas une frontière. Je refuse de l'ignorer juste parce que vous l'aurez mis en boite, c'est au dessus de mes forces. Et je refuse de profiter de sa mort pour obtenir des objets de valeur, que sais-je encore. Car une voiture, ou un livre, ce ne sera pas Spencer, ça ne me rappellera pas Spencer …
Je m'arrêtai, je les regardai. Comme si je venais d'une autre planète. J'avais tout lâché d'un trait, sans que les larmes ne coulent sur mon visage. Je faisais la forte. Mais j'étais faible.
Elodie me dévisagea, avec un regard suppliant, perdu.
_ Andy, me dit-elle après une longue inspiration. Prends sa batterie. Tu ne veux rien, mais je t'en prie, prends sa batterie.
_ Que … bégayai-je.
_ Il m'a dit que tu en avais joué plus jeune, que tu as joué sur la sienne. Alors, je t'en prie Andy, fait le pour nous …
_ Je …
Je ne sus quoi dire.
Sa batterie.
On avait tellement partagé de moment à jouer tous les deux. Un maillon de plus qui me raccroche à lui.
_ Avec plaisir, soufflai-je.
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Par Zhuen le 20 Août 2011 à 20:44
Trois jours que Lola tournait en rond dans sa chambre, passant ses journées sur MSN et sur des histoires sur jeuxvideo.com Aujourd'hui, c'est Grey Sky qui allait morfler, elle va s'enfiler les trente sept pages en un temps record, comme elle se l'était promis plus tôt.
De toute façon, elle n'avait que ça à faire de ses après-midi.
En journée, comme d'habitude, elle suivait ses cours au lycée du coin (dont elle porte encore l'uniforme, par fainéantise) et le soir, elle n'avait qu'une envie, sauter dans les bras de son grand frère qui avait prolongé son séjour. Mais pour des raisons tout sauf réjouissantes.
Il passait la majeure partie de son temps avec Andy, se disant qu'elle allait certainement faire une connerie quelconque. Évidemment, tout ceci était loin de rendre Lola de bonne humeur, qui finissait simplement par jouer des clics et des clacs sur son ordinateur portable.
La porte de la chambre de la brunette s'ouvrit, et Lola grimaça, elle n'aimait pas qu'on entre dans son repaire sans frapper et attendre sa réponse. Résultat des courses, elle dut abandonner sa séance « Mattons Vayne avec un regard pervers » pour afficher une grimace à son gêneur.
_ Bordel … commença-t-elle à pester en regardant vers l'intrus, jusqu'à ce qu'on regard croise celui de son frère, un visage malicieux sur les lèvres.
_ Maman disait que tu déprimais sans moi, je viens inspecter les dégâts...
_ C'que t'es con, fit l'adolescente en se levant.
Nate serra la jeune fille dans ses bras, sachant pertinemment que plus elle reçoit de marques d'affection, plus elle en redemande. Mais tant pis, il a tellement besoin de soutien, il ne comprend plus rien. Et à l'instant, il vendrait père et mère pour avoir Marine en face de lui, pour la prendre dans ses bras, lui faire part de ses craintes à l'égard d'Andy.
_ Qu'est-ce qu'il se passe Nate ? Demanda la brunette, sentant bien que son frère n'était pas dans son état normal.
_ Laisse moi juste Lola, laisse moi juste dans tes bras, je t'en prie, dit-il, les larmes commençant à pointer au coin de ses yeux.
Elle se détacha de lui, voulant le voir, lui parler … Mais il s'empara des épaules de la jeune fille, l'enlaçant par derrière : il ne voulait pas montrer ses larmes...
Ce n'est pas dans ses habitudes pourtant de pleurer, et il le sait pertinemment. Il a tendance à toujours tout prendre avec le sourire, de voir le côté positif des choses, savoir se montrer fort, être là à toute épreuve. Oui, il se sent invincible, il pense qu'il peut tout tenir sur ses épaules. Qu'il peut lui rendre le sourire.
Mais aujourd'hui, il se sent tellement impuissant, elle a beau sourire, il sait qu'elle ne fait pas d'efforts pour se relever. Elle fait semblant de continuer, et il ne peut rien pour elle. C'est quoi ce sentiment de se sentir aussi inutile, aussi faible. De se rendre compte que pour la première fois de sa vie, il ne peut rien faire, pour personne, qu'il n'est finalement, plus rien ...
_ Nate … souffla Lola en serrant plus fort son poignet dans ses petites mains. Calme-toi, je t'en prie …
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Par Zhuen le 20 Août 2011 à 21:15
Je ne bougeais plus, debout dans l'encadrement de la porte. Mains derrière mon dos, je n'osais pas avancer, rentrer dans cette demeure où je n'avais plus le droit de séjour. Les murs toujours aussi blanc, cet intérieur toujours aussi impeccable. Une pointe de nostalgie me piqua directement au coeur.
_ Entre donc Andy, me dit Elodie depuis la cuisine. Tu prendras bien quelque chose.
_ Non merci, répondis-je sans oser entrer dans la bâtisse.
Dans ma tête, si Spencer, n'est pas avec moi, je n'y ai pas ma place. Alors, je ne bougeai pas, je deviens bizarre, comme si … Comme si mon monde s'arrêtait de tourner sans lui.
_ Monte, me dit Kael. Tu sais que tu es la bienvenue chez nous …
_ Oui, merci, fis-je en franchissant finalement la porte.
Je donnai un léger regard à ce qui nous entoure, le papier blanc, l'odeur constante de rose dans le salon, le soleil qui perce derrière les fenêtres …
A ma droite, l'escalier blanc en colimaçon qui mène à l'étage, les pièces qu'il s'était attribuées.
Je me dirigeai donc vers cet escalier, déterminée et plus résignée que jamais.
Ce n'est pas le fait de me savoir dans sa maison qui doit m'arrêter, je m'étais promise d'être forte, et de ne plus pleurer.
Alors je grimpai les escaliers en souriant.
Oui, mais je ne m'étais pas attendue à ce que je ressentirais une fois en haut, une fois dans ses pièces que nous avons partagées pendant quelques semaines.
A chaque regard que je posai sur la pièce, sur chaque meuble, c'est comme si mes souvenirs m'étaient lancés au visage.
Je me revois, dans ses bras, tous les deux assis dans ce canapé, à rire comme des enfants, à ne se soucier de rien d'autre que l'instant présent. Quand nos soucis étaient ailleurs.
Je m'approchai un peu plus, regardant vers la porte du fond à gauche, là où il rangeait sa batterie et son PC. A quand remontais la dernière fois qu'on avait joué tous les deux … Plus je restai ici, et plus sa présence me manquait.
Une fois dans la pièce, je fis courir mes mains sur l'instrument, notre passion à tous les deux.
Quelque chose qui m'avait encore rapproché de lui.
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Par Zhuen le 21 Août 2011 à 15:36
♫ Envole-moi (JJ. Goldman) - M. Pokora feat. Tal
Minuit se lève en haut des tours
Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd
La nuit camoufle pour quelques heures
La zone sale et les épaves et la laideur
J'ai pas choisi de naître ici
Entre l'ignorance et la violence et l'ennui
J'm'en sortirai, j'me le promets
Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux
Envole-moi envole-moi, envole-moi ...
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi envole-moi, envole-moi ...
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi
Pas de question ni rébellion
Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés
L'hiver est glace, l'été est feu
Ici, y'a jamais de saison pour être mieux
J'ai pas choisi de vivre ici
Entre la soumission, la peur ou l'abandon
J'm'en sortirai, je te le jure
A coup de livres, je franchirai tous ces murs
Envole-moi envole-moi, envole-moi ...
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi envole-moi, envole-moi ...
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi
Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi
Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas
Envole-moi, tire-moi de là
Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas
Envole-moi envole-moi, envole-moi ...
Regarde moi bien, je ne leur ressemble pas
Me laisse pas là, envole-moi
Avec ou sans toi, je n'finirai pas comme ça
Envole-moi, envole-moi, envole-moi ...
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Par Zhuen le 21 Août 2011 à 16:10
Mardi cinq janvier deux mil dix.
Le soleil brille d'un grand éclat, réchauffe les joues humides des personnes présentes. Des quelques personnes présentes.
La plupart est partie après la mise en terre, laissant la place aux proches du défunt, qui se comptaient sur les doigts d'une seule main, ou presque.
Ses parents, bien évidemment, qui se remettaient doucement de la perte de leur fils unique, leur seul enfant.
Il paraît qu'on ne se remet jamais de la perte d'un enfant, oui, il paraît.
Deux trois connaissances, les amis d'Andy. Ils étaient là tous les trois, se soutenant mutuellement, et regardant la brunette, qui se tenait droite devant la tombe. S'ils étaient là, c'était avant tout pour elle, pour qu'elle sache qu'elle n'est pas seule, bien qu'elle répète qu'elle n'ait besoin de personne.
De personne, sauf de lui.
De savoir qu'aujourd'hui, il peut être heureux.
Qu'aujourd'hui, il ne se fait plus de mouron pour elle.
Que finalement, il repose, paisiblement, six pieds sous terre.
Petit à petit, le cimetière se vide.
Sienna tout d'abord, suivie de Nate et William, adressant leurs dernières condoléances à Kael et Elodie, avant d'embrasser chacun leur tour Andy sur la joue, la soutenant par les épaules, lui disant qu'ils viendront la voir dès que possible.
Et puis, Kael et Elodie, qui, à leur tour, embrassèrent Andy sur la joue, lui certifiant que leur porte lui sera toujours ouverte, qu'elle fait partie de la famille, lui montrant ainsi toute leur affection, soulignant qu'ils sont trois à traverser la même épreuve.
Mais une fois partis, Andy se retrouve seule face à cette tombe sans vie, cette tombe qui ne le représente même plus.
Un bout de pierre, c'est tellement impersonnel.
Est-ce vraiment lui, dans le cercueil dans cette tombe ?
Et … est-ce qu'il l'entendra si elle lui parle, à cette tombe ?
Est-ce qu'il l'entendra, si elle chante ?
Si elle lui chante sa douleur, ses peines, son amour pour lui …
Si elle chante pour son coeur brisé qui ne peut plus s'exprimer …
Alors, doucement, le entrouvre les lèvres, et chantonne.
Le geai du saule l'accompagne de son doux chant mélancolique …
La mort a quelque chose d'attrayant …