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     Dans une petite ville, cachée par la pluie, un taxi vient de s’arrêter devant une petite maison coquette blanche, une jeune femme adossée contre la porte, sous le perron.

     

     

     Elle l’attend, depuis vingt minutes maintenant. Vingt minutes qu’elle est sur ce perron, s’asseyant tantôt sur les marches, tantôt se relevant, jetant un coup d’œil régulier à son téléphone pour vérifier l’heure.

     

     

     Le jeune homme ouvrit la portière du véhicule, et en descendit, un sac de voyage bleu à la main, le reste arrivera dans la soirée.

     

     

     Au premier regard, il jaugea la ville dans laquelle il avait atterri, après quatre heures d’avion interminables.

     

     

     La jeune femme se décolla de son mur et s’approcha du jeune homme, un sourire étiré sur son petit visage de poupée.

    _ Dépêche-toi d’entrer, lui dit-elle. Je tiens pas à choper la crève.

     


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     Le jeune homme acquiesça et suivit la jeune femme dans la maisonnette blanche, sans dire un mot.

     

     

     Il poussa la porte de la maison, et découvrit un petit salon tirant sur l’orangé, une cuisinette aménagée sur sa droite, un bureau d’ordinateur en face de lui. Il posa son sac dans l’entrée et suivit la jeune femme dans la cuisine.

     

     

     Quand il arriva dans la pièce, elle était assise sur le comptoir, à côté de la cafetière, attendant sûrement que celle-ci emplisse la carafe.

    _ Moi, c’est Emilie Besnard, dit-elle en souriant.

     

     

     _ Nate Handers, répondit son interlocuteur en faisant promener ses yeux dans toute la pièce.

    _ C’est pas chez moi, enfin, je suis pas propriétaire. C’est une petite location. Evidemment, on partage les frais.

    Nate acquiesça distraitement.

     

     

     _ Au passage, c’est moi qui décide. Mes derniers colocs étaient exécrables, je ne referais pas deux fois la même erreur.

    _ Ca fait longtemps que tu habites ici ? lança Nate.

    _ Hmm, oui, trois ans, depuis ma majorité. Je suis étudiante en psychologie.

     


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     _ Et toi ? continua-t-elle.

    _ Actif, je compte me chercher un emploi.

    _ Cool, dit-elle totalement enjouée. Bon, si on attend le café, on va camper dans la cuisine, viens, je te montre ta chambre et le fonctionnement de la colocation.

     

     

     Elle descendit de son perchoir, vérifia au passage que le café ne risquerait pas d’envahir la cuisine avant d’entraîner Nate à sa suite.

     

     

     _ Pour la cuisine, si t’aime pas cuisiner, pas de panique, j’adore ça. Alors, en bas, t’as une salle de bain, simple, pas de chiottes quoi, le salon, la cuisine, le coin salle à manger et le coin PC. Si t’as pas de PC, tu pourras t’ouvrir une session, pas de soucis.

     

     

     _ Ici, chacun lave son linge de son côté, la lingerie est à l’étage. Euh, tu clopes ? lui demanda-t-elle, faisant ainsi un virage à 180 degrés dans ses propos.

    _ Euh, oui, dit-il. Pourquoi ? La fumée te dérange ?

    _ Non, je clope moi aussi, mais pas dans la maison ! Les meubles sont pas à moi, mais aux proprios, et ils interdisent de fumer dans la maison.

    _ Je note.

     

     

     Arrivée en haut de l’escalier vert, Emilie se dirigea vers une porte blanche et la poussa.

    _ Voilà ton antre Nate, dit-elle en riant.

     


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     La chambre était dans les tons bleus, meublée sobrement, un lit double, une bibliothèque, un canapé et un miroir sur pied.

    _ La musique ne te dérange pas rassure moi, demanda Emilie visiblement perturbée.

     

     

     _ Non, la rassura Nate en posant son sac au pied du lit. Pourquoi ?

    _ J’ai une gratte dans ma chambre, et il se peut qu’à deux heures du mat’, sur un coup de tête, je joue.

    _ Non, pas de souci.

     

     

     Nate chercha un endroit où se poser, et Emilie s’éclipsa, pour surveiller le café.

    _ J’arrive dans deux minutes, lui dit Nate.

     

     

     Une fois la jeune femme partie, Nate attrapa son téléphone cellulaire, et commença à composer un message, un simple mot, « désolé ». Il cliqua sur envoyer, chercha le nom de son destinataire dans le répertoire du téléphone.

     

     

     Le curseur surlignait le nom de Andy Thatch, et au dernier moment, Nate se ravisa et éteignit son téléphone, afin d’être sûr que ce passage à vide soit oublié de tous.

     


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     Jamais il ne s’abaissera à ça, il a fait une croix sur la femme qu’il aime, il ne veut pas, au bout d’une journée, l’appeler, la consoler ; tout simplement, l’aimer.

     

     

     Ce serait tellement facile, tellement puéril…

    _ Tellement moi, murmura Nate en poussant la porte de sa chambre.