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    J'ai gagné le gros lot, je suis collé.
    En même temps, fallait s'y attendre. J'ai loupé les deux premières heures de cours, j'ai répondu à la pionne ... Enfin bon. Je suis en colle quoi. Ce sera ça de moins à passer avec mon père. Finalement, je devrais être collé plus souvent, ça ne peut que me faire du bien.

     

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    Dix minutes après que je sois entré, je vois deux personnes, un "mignon" (burk) petit couple entrer dans la salle de classe, avant de déposer leur avis de colle sur le bureau du pion.
    Deux têtes de blondes, dont une s'avère être celle de mon meilleur ami, Drew, et l'autre, celle de sa petite amie, Zupprika. Pas besoin de s'appeler Einstein pour comprendre qu'on les avait trouvé un peu trop collés dans les couloirs.

     

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    - Drew, dans le fond à gauche, siffla le pion. Et Zupprika, deux tables à côté d'Aaron.
    Les deux gugusses baissèrent la tête avant d'aller se placer. Drew passa à côté de moi, et me donna une tape amicale dans le dos, quant à Zupprika - oui, j'ai retenu son nom, bien non ? - elle ne m'a même pas regardé la vilaine. Je suis le best de son mec oui ou merde ?
    Bref, ces deux heures de colle promettent.

     

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    Je sais pas si c'est comme ça dans tous les lycées, mais ici, nos heures de collent se résument à : tu ne dois rien faire ! Pas de possibilité de t'avancer dans tes cours, d'avoir un devoir à rendre, ni même de dormir. Tu reste assis sur ta chaise, à attendre que ça passe. Et si tu as le malheur de dormir, tu te prends des "t'es pas à la plage Aaron !". Oui, j'ai testé, plus d'une fois.
    Me voilà donc assis, pour mon plus grand inconfort, sur cette chaise affreuse, essayant de trouver une occupation pour faire passer ses deux heures.
    J'ai tout tenté.
    J'ai compté aussi loin que je pouvais, mais vers les quatre cent cinquante six, j'ai abandonné ... J'ai compté les tables de la salle, les chaises, j'ai multiplié par quatre pour obtenir le nombre de pieds, et ça m'a prit seulement cinq petites minutes de mon temps.
    J'ai aussi essayé de mémoriser le cours de la journée en histoire géographie, mais sans support pour vérifier, c'est plutôt hard.

     

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    Et comme ça, j'ai passé ce que j'espérais être une bonne partie de mes deux heures de colle, à remonter ma journée, me rappeller de mes cours, et j'en suis arrivée à la jeune femme châtain de ce matin.
    Quoi ? Elle est plutôt jolie, non ? En tout cas, elle est de mon genre ... Ca fait chaussure, je sais, mais j'y pense pour pas tourner dingue, c'est compréhensible, non ?
    Rien que son uniforme me faisait rêver. Intégrer ce lycée, mon rêve de gosse quoi. En sortir diplômé, diplôme en poche, et l'agiter devant mes vieux en leur disant que j'étais diplômé de la Van Heim Highschool, ce serait trop bon.

     

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    Alors que je partais à rêver de la vie dans ce lycée, que j'aurais pu retrouver ma jolie brunette, que j'ai baptisé Laura en attendant de connaître son vrai prénom, voilà que quelqu'un vient de me sortir de mes rêves, en répétant mon nom.
    Eh ! J'ai pas fermé les yeux, je dormais pas, namého !
    - Aaron ! continua la voix.
    Je décrochai finalement de mes songes pour me rendre compte qu'il ne s'agissait que de Drew - et de sa blondinette de copine - qui était en train de me secouer comme un prunier.

     

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    - Je suis d'accord que tu ne veuilles pas rentrer chez toi, reprit-il quand il vit que je l'écoutais, mais les deux heures de colles sont écoulées mon coco.
    - Gné ?
    - Lève ton cul de ta chaise, Aaron. Debout, you are free !
    - Marrant ... J'ai pas envie de rentrer chez moi, la merde.
    - Tu veux crécher à la maison ? me proposa-t-il.

     

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    Intrigué, je dévisageais sa petite amie, qui ne cessait pas de sourire. Elles sont où les piles pour qu'elle arrête là, c'est lassant.
    - Je veux pas vous déranger tous les deux ...
    - Je reste pas chez Drew ce soir, dit-elle en souriant.
    Je vais lui exploser son sourire moi, ça va pas faire long feu, un vrai massacre, yaaaaaaaaa !
    - Vu que j'ai été collée, mes parents voudront jamais que je découche.
    - Allez, viens. Tu seras mieux que chez toi, non ? Je te filerais des fringues, pas de panique.
    - Ah ouais, c'est vrai, on est le week end.

     

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    - Tu préfères peut-être rester avec Heaven, non ?
    - Non. Elle passe son week end avec ses moisis. Je vais surtout pas déranger...
    - Ses moisis ?
    - Tu sais, Elden et sa meuf là, Gei-truc-bidule ..
    - Geist, me rattrapa Zupprika.
    - Ouais, voilà. y a Owaren, Kaoline et Zaéla aussi ... Bref, des moisis... Rien à foutre là bas.
    - C'est décidé alors, tu viens squatter chez moi. Mes vieux sont pas là en ce moment, nickel.
    - D'accord, abdiquai-je. Laisse moi le temps de choper Raise au vol, histoire qu'il me cherche pas.
    Je me décollai de la table, attrapai mon sac et descendis les escaliers, pour retrouver mon frère, qui m'attendait pénard sur un des bancs du lycée, juste à la sortie.

     

     


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    - Je rentre pas ce week-end, lui dis-je sans plus de cérémonie.
    - D'accord. Je t'amène des fringues chez Heaven demain.
    - Je squatte chez Drew, Heaven est avec ses moisis ...
    - Raison de plus pour te les laisser là bas.
    - C'que t'es con quand tu t'y mets ...
    - Excuse moi de te le dire, mais tu n'es pas très social Aaron. Hormis Drew et Heaven, t'apprécie pas grand monde.
    - Eh ! Je t'apprécie toi !
    - On est frères Aaron. Je dis pas que c'est normal, mais c'est logique de bien s'entendre, non ?

     

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    - Ok, je passerais chercher mes fringues chez Heaven. Je vais faire un effort de sociabilité, soupirai-je.
    - Bien, tu vois que quand tu veux, tu peux.
    - ... ou pas, terminai-je. Désolé, mais des moisis resteront des moisis ...
    Et pile à l'instant où je prononçai ses doux mots, voilà Kaoline qui débarque, l'air de rien. Je sais qu'elle manigance quelque chose, c'est son rôle de moisie que de trafiquer le plus possible pour que ma vie ne soit pas idyllique. Eux et moi, c'est maladif, comme les chiens et les chats. Rien que de se croiser, cela nous hérisse le poil et fait monter la tension

     

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    Pourtant, dès qu'elle passe à côté de nous, je ne peux m'empêcher de dire à voix haute "tiens, une moisie", déclenchant chez elle la réaction immédiate des gros yeux et du regard noir ... Brrr, elle me ferait presque peur celle là. Mes genoux en tremblent d'effroi.

     

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    - Un problème peut-être, me dit-elle en me dévisageant de haut en bas.
    - Non, pas spécialement, fis-je. Enfin si, toi.
    - T'es qu'un con Aaron.
    - Oh, ça je le sais, et je me soigne. Mais un moisi restera un moisi quoiqu'il arrive, dommage pour toi...
    Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'un hurluberlu se rua sur moi, pour me plaquer contre le mur de l'établissement, serrant mon cou entre ses doigts. Elden.

     

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    - Répète un peu pour voir.
    - Moisi ?!
    Je pense que je n'aurais jamais du tenter, puisque me voilà avec le poing d'Elden dans la figure, je vais très certainement me retrouver avec un cocard pour le week end.
    - Tu sais ce qu'il te dit le moisi ?
    - Elden ... souffla une voix derrière lui.
    Apparemment, ça n'a pas l'air de plaire à sa petite amie qu'il me tape dessus. Ouais, c'est ça, qu'elle s'en mêle, on va les faire criser un peu.

     

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    - Oui, écoute donc ta copine, mon grand, fis-je à l'égard d'Elden.
    - T'occupes pas d'elle, me dit-il avec sa grosse voix, censée me faire peur, oui, censée, parce que j'ai tout, sauf peur, je ris même. C'est moi ton problème pour l'instant.
    - Quel problème ? répliquai-je. Le seul truc que je vois, c'est qu'un looser qui n'a pas les couilles de me foutre une raclée parce que sa meuf pourrait lui faire ceinture. Sur que c'est un problème pour toi.
    - Aaron ... soupira Raise. Calme-toi, tu veux.
    - Je me calme si je veux. Ce mec n'est qu'un crevard qui n'a d'autre aspiration que de me faire chier ! Il a que ce qu'il mérite.

     

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    Raise se rapprocha d'Elden, qui me lâcha finalement, à la vue des yeux noirs de mon frangin. On va dire qu'une fois en colère, mon frère est pire que moi. Dans la vie de tous les jours, il laisse paraître rien de plus qu'un calme olympien, une sérénité à toute épreuve, qui montre une certaine distance à mon égard, dès que quelqu'un s'en prend de trop prêt à moi, ou que je vais trop loin, Black-Raise se réveille, et fout le bordel. Le mieux, c'est encore de s'éloigner.

     

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    - Tu te casses maintenant, dit-il à Elden d'un ton sec et froid.
    - Tu comptes me faire quoi ? Appeler ton père.
    J'ai pas tout suivi. Juste que Elden s'était retrouvé face contre terre, le nez en sang ... et il fallait s'attendre à ce que les pions rappliquent dans les minutes qui suivirent.

     

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    - Raise Hart ! beugla le premier qui débarqua vers nous.
    Raise se retourna en me soufflant de me casser, avant que ça me retombe dessus, ce que j'essayais de faire, avant que le pion m'interrompe.
    - Aaron, reste ici je te prie.
    Je me frappai le sommet du crâne en me retournant à mon tour.

     

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    - Évidemment, encore les Hart. Pourquoi vous ne pouvez pas faire comme tout le monde, et filer une vie tranquille dans ce lycée ?
    - La tranquillité, c'est ennuyeux, répondis-je au tac au tac à sa question rhétorique.
    - Aaron ! me sermonna-t-il.
    - Désolé.
    - Quelqu'un m'explique ce qui s'est encore passé ?
    - Je les ai juste cherché, faut pas en faire un plat.
    - Je ne veux pas de bagarres dans l'enceinte de l'établissement. Allez vous chamailler ailleurs.
    - On est pas collés ?
    - Non. Je ferme les yeux pour aujourd'hui.

     

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    - Sérieux ? m'étonnai-je.
    - Oui. Mais cassez vous avant que je change d'avis.
    - Merci, fit Raise en m'entrainant avec lui vers la sortie du lycée, juste derrière Elden et sa clique.
    Y a des jours, j'ai de la chance, c'est moi qui vous le dit.

     

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