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    Vingt trois heures venaient de sonner au réveil d'Heaven, et on était toujours allongés sur son lit, à discuter, la télévision ne servant pas à grand chose, on ne la regardait même pas. Dylan venait de s'écraser dans la piscine alors que y a dix minutes encore, elle était sur le canapé d'Ines. J'ai pas tout compris.

     

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    - Faudrait qu'on dorme, bailla Heaven.
    - Ouais, ce serait pas bête. Quoique, tu dors, et moi ... bah, je sais pas.
    - Dors Aaron. Tu vas dormir en cours sinon demain, et tu vas encore te faire coller ...
    - Une fois de plus, une fois de moins ... ris-je.
    Elle se retourna, en boudant, avant que je ne bascule au dessus d'elle. Il fallait à tout prix que je résolve ce problème de blocage. Ce n'est qu'Heaven, je ne DOIS pas bloquer. Faut que ça me rentre dans le crâne.

     

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    - Aaron ? souffla-t-elle en rougissant. Qu'est-ce que tu fiches enfin...?
    Je ne répondis pas. Ma respiration se fit saccadée, le sang battait à mes tempes, et je sentais un fin filet de sueur couler le long de mon dos, les poils de mes bras se hérisser. Il fallait que je tienne. Que je résiste.
    Parce que ce n'était qu'Heaven. Il n'y a jamais eu de limites entre nous, il n'y en aura jamais.

     

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    - A ... Aaron ...
    La voir ainsi installée, sous moi, jambes écartées, ma rappelait de mauvais souvenirs, que j'essayais de refouler, parce que justement, tout ça est derrière moi. Je dois avancer, et ne pas la considérer comme elles, elle ne voit pas cet intérêt en moi, et ne le verra sans doute jamais.
    La sonnerie de la porte d'entrée nous décolla à vitesse grand V, et je m'assis sur le lit, dos contre le mur tandis qu'Heaven se ruait vers la porte.

     

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    Quelle idée j'ai eu aussi ? Elle va croire quoi maintenant ? Que j'ai envie d'elle... Rien que cette idée me répugne. Je préfère ne pas y penser, c'est sujet à cauchemars, et je veux dormir.
    - Aaron ! entendis-je Heaven hurler depuis la cuisine.

     

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    Sans me faire prier pour longtemps, je sautais à toute vitesse sur mes deux pieds, avant de descendre du lit, pour découvrir, dans la cuisine, un spectacle peu commun.

     

     


    Mon frère, debout, penaud dans la cuisine, se tenant le bras, et le visage en sang. Pas de besoin d'un dessin, ça s'est encore mal passé avec Jose, et Kreis a voulut lui apprendre ce que ça coutait de lever la main sur notre mère.
    - Désolé, dit-il en baissant les yeux.
    - De quoi ? D'avoir des parents idiots ?
    - Non, d'avoir recommencé mes conneries ...
    - Tu ... bégayai-je.

     

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    - Je lui ai démoli la mâchoire, ouais, dit-il en masquant un soubresaut de douleur.
    - Démoli la mâchoire ... répétai-je. Bordel, qu'est-ce qu'elle a fait pour que tu lui fasses ça ?
    - "Raise, mon chéri, tu m'étais tellement utile. Retourne là bas avec moi"? cita-t-il. Désolé, mais trop c'est trop. Déjà que vivre avec eux, sous le même toit, c'est de la torture, alors qu'elle me sort de se voix rocailleuse que faut que je retourne là bas, j'ai pas pu m'en empêcher.

     

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    Heaven nous écoutait avec attention. Ne connaissant rien de notre passé, à part peut-être qu'on ne veut pas en parler et que ça nous pourrit l'existence aujourd'hui encore, elle se tait, et essaye de comprendre par elle même;
    Puis, elle attrapa le bras de Raise, avant de l'examiner, sous les plaintes de ce dernier.

     

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    - Putain ! gronda-t-il. Tu peux pas être plus délicate merde !
    - T'as les os de l'avant bras fracturés, dit-elle.
    - Ca je m'en étais rendu compte tout seul, fit-il. Mon bras a quand même fait un drôle de bruit...
    - Direction l'hosto mon coco, pouffa Heaven.
    - On pourra décorer ton plâtre ? ris-je.
    - Marrant ...


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    Samedi matin.
    Je me promenai avec Heaven dans le parc près de chez moi, faisant de la balançoire comme des gamins, du tourniquet, et d'autres conneries du genre.
    Et après cette après midi  mouvementée, je décidai de passer chez moi, récupérer deux trois affaires. Ma mère n'était pas là, mon père dormait encore à cette heure ci, et je passerais inaperçu.

     

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    Alors qu'on se dirigeait vers les escaliers qui mènerait à l'appartement, je vis une jeune femme assise sur les marches. La couleur de cheveux m'était familière, mais la tenue ... déroutante. Une robe rouge et noire, des boots énormes et noirs ainsi que de collants résilles. Si je m'attendais à ça de sa part ...

     

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    Je m'approchai d'elle, Heaven sur mes talons, avant de l'appeler.
    - Meredith ?
    Elle tourna aussitôt la tête vers moi avant d'esquisser un ... sourire ? J'ai rêvé ou quoi ?
    Elle a pas un petit ami par hasard ? Comment ça se fait qu'elle me sourit comme ça ?
    - C'est elle ? s'étonna Heaven. Elle est chou.
    - Shhhh !

     

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    Une fois à sa hauteur, elle se leva, épousseta sa robe avant de prendre la parole.
    - Salut Aaron. Justement, c'était toi que j'attendais. Comme je t'avais croisé ici, je supposais que tu habitais le quartier.
    - T'as bien supposé, dis-je en riant. Voici Heaven, ma meilleure amie depuis les couches.
    - Enchantée Heaven, moi c'est Meredith, tu peux m'appeler Méré.
    - Ravie.

     

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    - Euh, Aaron ... demanda-t-elle en détournant le regard.
    - Quoi ?
    - Je peux te parler cinq minutes, seule à seul, si ça ne te gêne pas, pas que ta présence m'embête Heaven, ajouta-t-elle.
    - Euh oui, c'est pour ça que tu es venue, non ?

     

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    On s'éclipsa près de la fontaine, avant de s'y asseoir tout deux.
    - Vas-y, je t'écoute. Qu'est-ce que que t'as de si important à me dire.
    - Je voulais savoir si ...