• Deux semaines plus tard (mi mai 2006)

     

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    La vie suit tranquillement son cours à Bloomington, dans le petit état de l'Illinois. Le Lycée John Fidgerald Kennedy n'a pas changé d'un pouce. Les pions sont toujours aussi cons, toujours aussi chiants, les profs aiment toujours me foutre autant de colles, jusqu'à quatre heures par jour, les moisis sont toujours plus ou moins moisis, sauf Geist qui a pris la fâcheuse habitude de venir me voir dans la cour de récréation à chaque fois que les autres sont en latin, histoire de taper la discussion. Elle est sympa, mais qu'on aille pas croire que je sympathise avec l'ennemi, c'est pas bon pour mon image, même si je dois l'avouer que l'heure de permanence passe bien plus vite ainsi, et au moins, ça m'évite de faire des conneries.

     

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    Drew ne me parle plus, ou je ne parle plus à Drew. Enfin bref, ça revient au même, entre nous deux, c'est le froid polaire, la guerre de 1953, l'URSS et les USA, bref ... C'est pas la grande joie, au plus grand regret d'Heaven qui fait tout pour nous rabibocher, en vain, parce que je refuse de faire le premier pas, et lui, c'est pareil, donc comme ça, problème réglé, Drew est sorti de ma vie.

     

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    - Aaron ! T'es pas à la plage ! me sors de mes rêveries Sonia, la pionne.
    Et oui, comme vous pouvez le remarquer, je me trouve en salle 107, ma meilleure pote, vous vous souvenez ? Mais ne me demandez pas pourquoi, parce que moi même, je n'en ai pas la moindre idée. Ça doit être l'habitude. Les pions et les profs sont tellement habitués à m'envoyer ici qu'ils le font machinalement et sans raison.
    Bon, je disais quoi déjà. Ah oui, Drew.
    Donc, comme je le disais plus haut, monsieur ne veut plus me parler, et il préfère passer ses journées avec sa blonde qui cause canards et gallinacés du matin au soir et du soir au matin. Youhou ! Quelle vie trépidante mon cher Drew, je t'envierais presque.

     

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    En dehors de JFK, j'ai pas revu l'ombre d'un Van Heim dans le coin, ils doivent être en période d'hibernation je pense, ou un truc du genre. Ils dorment, EUX, ils le peuvent. Je suis sûr que les colles là bas se passent dans des salons avec des canapés mœlleux, et des coussins, de la bonne musique - comprendre du Mozart hein ?! - en fond sonore, et des petits gâteaux sur la table basse.
    Bref, pas de nouvelles de la punkette, et je m'en porte pas plus mal, qui dit absence de punkette, dit aussi absence de grande perche et du chéri frustré. Je ne peux que mieux le vivre.

     

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    Bon, j'avoue que j'aurais bien aimé la revoir, mais si c'est pour me prendre un Florian dans la gueule, je laisse mon tour, parce que finalement, un Florian en pétard, je ne sais toujours pas ce que ça peut bien donner. Et je tiens à la vie. Je suis pas encore un suicidaire.
    Lassé par ces deux heures de colle qui me semblent interminables, je jette un regard à l'horloge de la salle de colle, pour me rendre compte qu'elle a pas avancé d'un pouce. Merde ! Moi qui pour une fois n'avait pas envie d'aller en colle.

     

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    Bah oui, figurez vous que à l'instant, je suis censé être chez Heaven, parce qu'elle m'a invité, avec Raise, pour la soirée, ce qui m'a mis d'évidente bonne humeur, et me voilà donc cloitré dans cette fichue salle, à attendre que cette aiguille veuille bien faire le tour du cadran, ou que Sonia meure d'une crise cardiaque dans les secondes qui suivent, et vue ma chance, elle serait capable d'en mourir pile à la fin de la colle.
    Personne n'a pitié de moi, à l'instant ? Nan, du tout.
    Oui, c'est ça, laissez moi crever d'ennui, je vais rien vous dire, allez gambader au pays de bizounours, on se retrouve à la fin de l'heure de colle.


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    Dès la fin de l'heure, je me suis rué chez Heaven, puisque évidemment, je suis en retard, histoire de changer, je vous jure que cette heure de colle, le prof qui me l'a donné va s'en rappeler jusqu'à la fin de ses jours, parole d'Aaron ! Nan, mais abusé quoi, pour une fois que j'ai rien foutu, me voilà collé, il va être temps de remettre le cerveau des profs à l'endroit, c'est moi qui vous le dit.

     

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    Tout en gravissant les marches, j'essaie de me calmer, pour pas en foutre une à Heaven par mégarde, ce qui pourrait éventuellement arriver, une fois en pétard, tout le monde s'en prend plein la gueule avec moi. Ce serait dommage de me froisser avec Heaven pour une histoire de colle.
    Et donc, une fois, face à la porte, je me mets à toquer, en espérant qu'elle ne se mette pas ouvrir trois heures plus tard, je tiens pas à passer trois heures sur le pallier, très peu pour moi.

     

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    Quand elle m'ouvre enfin, coiffée comme ce matin et en tenue civile, je remarque aux rires dans la pièce qu'elle n'est pas seule, jusqu'à ce que je distingue, assis à la table de la cuisine, Elden, sa meuf - traitre - et Zaéla, la moisie rousse. Elle se fiche de moi là ?!

     

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    - Qu'est-ce qu'il foutent ici ? grognai-je. Tu comptais nous réconcilier autour du calumet de la paix ?! Ca va, tu prends tes aises ?
    - Aaron ...
    - Y a pas de Aaron qui tienne, t'invites tes moisis alors que cette soirée, ça devait être que nous trois et un plat mexicain, tu t'es bien foutue de ma gueule. J'aurais mieux fait de me faire coller deux heures de plus !
    - Ils ont débarqués il y a une heure, sans prévenir, tu voulais que je fasse quoi, que je les jette dehors sous prétexte que tu les supportes pas ?
    - Tout à fait ! C'est ce que tu aurais du faire !

     

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    - Aaron ...
    - Ce sont eux qui partent, ou c'est moi qui me barre. Tu choisis.
    Elle resta cinq minutes à me regarder, à jeter des coups d'œil dans son appartement, chercher apparemment un soutien auprès de cette bande de bras cassés.
    - Je ... Tu ne veux pas rester avec nous ?
    - T'as fait ton choix apparemment, grognai-je. Je croyais que ce soir, tu vois, on serait que trois. Tu l'avais dit. Finalement, on ne peut pas te faire confiance, suffit qu'ils débarquent avec leurs sourires de faux culs pour que tu m'oublies totalement. Je croyais que tu serais toujours là pour moi !

     

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    - Mais tu mélanges tout Aaron. Tu sais que c'est toi le plus important à mes yeux ! Mais ce sont mes amis, faut que tu te mettes ça dans le crâne.
    - Ouais, c'est ça, fis-je en descendant finalement les marches.
    - Aaron !


  • ♫ Joyce Johnatan - Je ne sais pas

     

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  • Année 2025 - Maison de la famille Snavel
    Fin septembre - Dix heures du soir.

     

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    Allongée sur mon lit, sur le ventre, j'essayais de dormir, en jetant de temps à autre un coup d'œil par la fenêtre, histoire de.
    Ce que m'avait dit Maman me préoccupait, et j'essayais de ne pas y penser, essayant de trouver le côté positif de tout ça, j'apprenais enfin des choses sur mon père. J'avoue que c'est peu pour l'instant, mais en quelques heures je ne peux pas tout apprendre, tout savoir.

     

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    Enfin bon, je commence à connaitre mon père, et il ne m'apparait pas comme quelqu'un de sympathique, on peut dire maintenant d'où vient mon caractère difficile, il est pas là par la présence du Saint Esprit, c'est moi qui vous le dit.
    En résumé, mon père a eu une enfance normale jusqu'à ses six ans, puis ses parents ont commencé à le battre, il est entré dans un réseau de prostitution, je ne sais pas comment, ni pourquoi, ni à quel âge, il s'est tiré de là avec difficultés et une fois en dehors de ça, il devait vivre avec ça en lui.
    Je crois que je commence à comprendre pourquoi Maman ne voulait surtout pas me parler de lui.

     

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    - Papa ... murmurai-je.
    Je dirigeais mon regard vers la photo, sentant des larmes couler sur mes joues. Plus j'apprends de choses sur lui, et plus j'ai envie d'en savoir un peu plus. Pourquoi il n'a pas voulu se battre ? Pourquoi m'avoir voulue moi si c'est pour mourir avant ma naissance ? Et Raise, il est où aujourd'hui ? Je suis sûre et certaine que Maman est au courant.

     

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    Alors que j'essayais de m'endormir, des bruits sourds se firent entendre dans les escaliers, et paniquée, je me figeais, me demandant bien ce qu'il pouvait se passer dans la maison. Un cambriolage ? Un fantôme ? Oui, j'ai peur des fantômes !
    Par réflexe, et surtout par peur, je bondis hors de mon lit pour m'accroupir derrière le fauteuil, de façon qu'il me cache entièrement.
    Drew ! Viens me sauver idiot ! Rends toi utile.

     

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    La porte de ma chambre grinça, laissant apparaitre un rai de lumière, tandis que je me figeai, tétanisée par la peur. Pitié, faites que ce ne soit qu'un cauchemar, je vous en prie.
    - Dis moi pas que tu dors, je te croirais pas, cingla une voix masculine.
    Alertée par le son de la voix que je reconnu sans difficultés, je me rassurai avant d'ouvrir grands les yeux, incompréhensive.
    Qu'est-ce qu'il fiche ici celui là ?

     

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    Il alluma la lumière, qui m'éblouit un instant, avant de continuer de parler dans le vide.
    - Mademoiselle Mélie Fewser ! Sors de ton trou, je sais que tu dors pas, grogna-t-il.
    Sans sortir de ma cachette, je me décidai à lui répondre, il va réveiller la maison à ce rythme.
    - Ta gueule Priam, t'es pas discret ! Si Drew et Maman t'entendent, t'es mort ...
    Un bruissement se fit entendre et je sursautai quand je remarquai qu'il s'était allongé sur mon lit, une moue boudeuse sur le visage.

     

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    - On a la peste ? me demanda-t-il.
    - Pourqu... commençai-je.
    Je m'arrêtais de moi même. Bien sûr que je savais pourquoi il était là. J'avais lâchement décidé de rester à la maison, après ce que j'avais appris sur la mère de Priam, Ath'. Comment est-ce que je pouvais aller chez mon meilleur ami, tout en sachant ce que Ath' avait fait à mon père.
    - Alors Mélie ? Figure toi que c'est parce que je pas encore en pyjama que je suis là, sinon Sean serait venu de lui même ... Voilà que je viens jouer les flics.

     

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    - Je n'irais pas, dis-je en grimaçant, laisse moi dormir vieux pervers !
    - Tu sais ce qu'il te dit le vieux pervers ?
    - Bonne nuit ? fis-je en me levant afin de le pousser hors de mon lit pour que je m'y allonge, décidée à passer ma nuit ici.
    Mais monsieur Priam n'est pas décidé et s'installe au dessus de moi, pour me regarder droit dans les yeux.

     

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    - Es-tu au courant que Sean t'attend avec Ivy et Marine à la maison pour, dixit le blondinet, "la soirée du siècle" ... A savoir, manger des pizzas, des chips et regarder un film d'horreur.
    - Laisse moi Priam, soupirai-je. Je veux passer ma soirée seule.
    - Et pourquoi ça mademoiselle ?
    - Je ...

     

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    Son regard planté dans le mien, je perdais tout moyen de défense. Du haut de ses vingt deux ans, Priam était terriblement séduisant et il avait le don de me faire fondre. Malgré nos six années de différence, ça ne m'a pas empêchée de tomber amoureuse de lui, bien que je le vois les trois quarts du temps comme un très bon ami.
    - Je veux rester ici ce soir ! dis-je finalement de manière saccadée et décidée.
    - Ça, c'est ce qu'on verra.
    Il esquissa un sourire malicieux avant de se relever brusquement de mon lit, pour m'attraper par les hanches et me jeter sur son épaule, tel un vulgaire sac de pommes de terre.

     

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    - Si tu avais coopéré, je t'aurais donné le temps de te changer, histoire que tu sortes pas en petite tenue, mais pas le choix, tu vas sortir comme ça. J'appellerai Heaven pour qu'elle t'amène des fringues demain.
    - Lâche moi, criai-je en frappant son dos de mes petits poings et me débattant comme je pouvais.
    - Essaye toujours miss, mais je suis beaucoup plus fort que toi.
    - Je te hais !
    - Mais bien sûr !

     

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    Il m'entraîna hors de ma chambre tandis que j'essayais toujours de me tirer de son emprise, au risque de réveiller mes parents, mais je m'en foutais comme de l'an mil, je voulais descendre.
    - Calme-toi, soupira-t-il.
    - Mais lâche moi gros imbécile !
    - Tu peux toujours courir, ou du moins, frapper. Je te tiens, je te laisse pas filer.
    - Je vais porter plainte pour kidnapping !
    - Essaye pour voir, Papa te laissera pas faire.
    Suis-je obligée de préciser que Daren, le père de ce monstre, travaille en tant que flic ? Je suis très soutenue dans ma tentative d'évasion. C'est ça de grandir avec les enfants des amis de nos parents, ils se donnent des astuces pour nous tenir en laisse, et moi, j'adhère pas ! La dernière fois, ma mère a du m'envoyer garder Fiona, la fille de son meilleur ami de lycée, parce que Geist devait amener Rob chez le dentiste. Et Geist a approuvé, bien sûr. Et Fiona m'a rendue chèvre, comme d'habitude. La prochaine fois, c'est Priam qu'on envoie, j'ai assez donné avec cette peste bicolore !

     

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    Une fois au rez de chaussée, il me posa finalement au sol, en riant.
    - T'es lourde !
    - Genre, je suis lourde.
    - Oui, t'es un poids mort Mélie, dit-il en riant.
    - Geeeeeeeeeeeenre ! fis-je en boudant, un peu vexée.

     

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    Il se pencha alors vers moi, et posa ses lèvres sur ma joue en un petit bisou sans bruit, qui me fit virer rouge pivoine. Je crois pas que c'est le moment de te faire griller Mélie, il se conduit juste comme un grand frère.
    Un ... Grand ... Frère.
    Ce qu'il a toujours été et ce qu'il restera toujours.

     

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    - Allez, chope une veste, on est partis ! dit-il en souriant, comme si de rien n'était, tandis que j'essayais de calmer le feu de mes joues.


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    Dix minutes plus tard, on était arrivés chez lui.
    Il riait toujours, et moi, je me faisais toute petite dans la voiture. J'avais eu l'autorisation de me changer, et de mettre mon pyjama dans un sac, pas très envie qu'on me surprenne dans cette tenue dans la rue, et j'allais choper un coup de froid à ce rythme là.
    - Tu boudes ? me demanda-t-il en riant alors qu'il garait la voiture dans l'allée de garage.
    - Oui. Je voulais pas venir !
    - Mais un bisou de Priam a fait tomber tes résignations ! Je suis le meilleur !
    - Te prends pas pour le dieu Mars hein, je m'en voudrais ...
    - Sacrée Mélie !

     

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    Nous sortîmes tous les deux de le voiture, moi, en grognant. Je fais comment si je croise Ath' moi ? Je vais la voir comme une perverse, je le sais. Alors qu'elle est exactement la même qu'il y a deux jours. J'aurais mieux fait de pas venir, je vais la leur plomber leur soirée.
    - Eh ! Pourquoi tu tires la gueule comme ça ? Tu veux pas voir le blondinet ? me coupa de mes réflexions Priam.
    - C'est pas ça, grognai-je. Je voulais juste pas venir. Et voilà que tu me tires de mon lit.
    - Allez, tu vas te goinfrer de cochonneries ! Tu vas te foutre de la gueule de Marine, vu qu'elle boude, pour changer tu me diras, Ivy va t'assommer avec tous les coussins qu'elle va trouver. Rah les mioches !
    - Marine boude ? rigolai-je. Pourquoi cette fois ?
    - Parce que Sean lui a pas précisé que Dawson arrivait plus tard dans la soirée. Elle est la tête dans les coussins là.
    - Il arrive quand ?
    - Dans une heure il me semble.
    - T'es aussi chargé de le ramener ? dis-je en riant.
    - C'est ça, moque toi vile chose.

     

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    Finalement, on passa la porte de la maison, puis l'arche avant de tomber nez à nez avec ma bande de copains, aucun d'eux n'étant dans le même lycée que moi.

     

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    Assis par terre, le blondinet, c'est Sean, mon meilleur ami, et le frère de Priam, d'où la raison de la présence de ce crétin dans ma chambre quelques minutes plus tôt. J'ai grandi avec lui, puisque que sa mère est une amie de la mienne, mais après ce que je viens d'apprendre, j'en reste bête. Je ne savais pas que c'était Aaron qui les avait présentées l'une à l'autre. Ath' a désormais cinquante trois ans, et se comporte toujours comme une véritable gamine, au plus grand damn de ses deux garçons.

     

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    La rouquine, c'est Ivy. Je l'ai rencontrée en sixième, et depuis, on est inséparables. Elle ne tolérait pas Sean au départ, bien que Rob ne la dérangeait pas, disons qu'elle a son petit caractère et qu'elle n'aime pas qu'on la force à quoi que ce soit, encore moins à se faire des amis. Mais elle a plutôt bien accepté Sean au final, même s'ils se crêpent le chignon assez souvent, ce qui, fait bien l'avouer, nous fait douter un peu. Se crêper autant le chignon, ça cache autre chose.

     

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    L'autre crétin avec les cheveux sur le visage, c'est Rob. Comme Sean, j'ai grandi avec lui, fils du meilleur ami de ma mère, Elden le moisi. Avec Sean et Rob, on est le trio de tête, inséparables, soudés comme les doigts de la main, ce qui rend difficile l'accès à notre petit groupe aux autres, sauf à Priam et Fiona, la sœur de Rob, qui bien évidemment, se sentent parfaitement à l'aise avec nous. Malgré ça, Rob reste discret et ne se mêle plus trop aux autres, ce qui m'étonne d'ailleurs de le voir ici ce soir.

     

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    Et là, la tête dans les coussins, Marine, bien sûr. Une amie de lycée de Sean, que j'ai rencontré récemment. Pour le peu que je la connais, elle est géniale. Toujours à nous sortir des conneries au moment où on s'y attend le moins, et à nous rabâcher du Dawson dès qu'elle le peut. Ce cher Dawson que je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer.

     

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    - Mélie ! lâcha Sean en se levant pour se diriger vers moi et me prendre dans ses bras rapidement. Tu décides de boycotter tes amis, sympa.
    - Complètement, bougonna Rob sans se lever pour autant.
    - On retient, tu vas pas t'en sortir indemne, poursuivit Sean sur la lignée de Rob.
    Mais je suis habituée à son caractère d'iceberg hérité de son père, je ne réagis donc plus à son manque d'entrain. Je m'approchai donc de la petite troupe pour m'installer avec eux.

     

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    - Vous regardez quoi, demandai-je une fois installée.
    - Une rediffusion d'un concert de Generation X, sautilla tout de suite Ivy. Sebastian est trop sexy !
    - Koÿlen est bien mieux quand même, affirma Marine, sans quitter son coussin.
    - Seby ! criai-je. C'est lui le mieux, et pas moyen, c'est comme ça !
    - Bon, les nains, je vous laisse, lâcha Priam, visiblement blasé.

     

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    - Tu regardes pas les films avec nous, demanda Sean en fouillant la pile de DVD qui trônaient à ses pieds.
    - Pas cette fois le blondinet. Je suis crevé, je vais donc me pieuter. Juste que je te rappelle que j'ai des ordres de Maman.
    Je vis Sean lever les yeux au ciel, visiblement agacé. C'était quoi encore ces histoires ?
    - On t'écoute !
    - Marine et Ivy, vous dormez dans la chambre d'amis à l'étage, les trois mecs ensemble chez Sean, et Mélie, désolée crétine de mon cœur, mais tu vas devoir squatter ma piaule.

     

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    - QUOI ? hurlai-je en même temps que Marine.
    - Calme ta joie Mel, me fit Priam en grimaçant. Je sais que tu adores dormir avec moi.
    - Mais ça va pas ! continuai-je. Pitié, laisse moi dormir avec les mecs ! Je serais sage, pas avec toi !
    - Que d'amour ! continua-t-il. Mais pas le choix, que tu le veuilles ou non, tu dors avec ton grand frère, ma pauvre biquette.
    - Fait chier, grognai-je en me rasseyant boudeuse. Tu me réveilles, tu me fous la trouille, et me voilà obligée de supporter tes ronflements.
    - Destresse.
    - Nan !

     

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    - Eh ! Je suis pas d'accord moi non plus, continua Marine. Je dors avec Dawson !
    - Même pas en rêve mollusque. Je tiens pas à vous entendre les deux amoureux.
    - On sera sages, allez, Priam.
    - Rêve ! Pas de couples dans le même lit !
    - Tu dors bien avec Mélie, cingla-t-elle et je sentis aussitôt le feu me monter aux joues.
    - Mélie, c'est ma petite sœur, et de toute, il n'y a pas moyen de discuter avec toi la rouquine.
    - JE SUIS PAS ROUSSE ! C'EST UNE COLO !
    - Ouais, c'est ce que tu dis, rousse refoulée !
    - Mais ... RAAAAAAAAH !
    Marine regarda Priam s'en aller, toujours aussi de mauvais poil. Visiblement, le "zeboudage" est enclenché.

     

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    - Bonne nuit les nains, abandonna Priam en quittant la pièce. Et dis Mélie, fais pas de bruit en te couchant, ou t'es morte je te préviens.
    - Tu fais plus de bruit de toute, tes ronflements vont étouffer mes pas de pachyderme.
    - Ouais, c'est ça j'y crois. A demain les autres, faites pas trop de bruit. Eh ! Seany ! Les parents arrivent sur le coup de deux heures ! Voilà.
    Et il disparut aussitôt, nous laissant seuls tous les cinq devant la télé, avec nos paquets de chips, des DVD, et notre bonne humeur. Je commençai même à oublier la raison de mon refus de venir.