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Par Zhuen le 6 Janvier 2018 à 15:12
Nous retournons maintenant de l'autre côté du globe. En cette fin de week-end, un jeune couple profite enfin de se retrouver seuls tous les deux dans leur domicile conjugal. Seuls tous les deux, du moins, en apparence, puisque Eliott Thatch, avocat de profession, était assis devant la table basse du salon, le nez dans ses dossiers plutôt que dans la peinture, comme sa conjointe, Faith.
En effet, cette dernière savait depuis quelques petites semaines déjà le sexe de son premier enfant – une adorable petite fille – et avait décidé dans la foulée de préparer la chambre de la future semeuse de troubles. Elle s'était donc ruée dans le magasin de bricolage le plus proche pour acheter des pots de peinture rose – au plus grand damn de son mari qui ne supporte pas cette couleur et encore moins pour les filles, non mais qui a décidé ça voyons !
Les tracas d'Eliott au sujet du coloris de la chambre de son futur nouveau né ne l'intéressèrent guère plus de deux minutes puisque que cela faisait maintenant un mois et demi que Harry Mayers, son client, était venu le voir avec sa compagne, Brooke Anderson, au sujet d'un dossier de douze criminels qu'il devait faire sortir de prison en moins de deux mois. Douze criminels, deux mois. Il n'en avait sorti aucun, toutes les possibilités étaient bouchées, et il ne lui restait plus que deux petites semaines, avant d'en subir les représailles. Une menace que Mayers avait très clairement dirigé vers son épouse, celle qui s'activait actuellement à repeindre cette pièce en rose, et qui ne se doutait pas une seule minute du pétrin dans lequel se trouvait le grand blond.
Eliott lâcha un profond soupir : il le sait, il n'y arrivera jamais. Pas en deux semaines. Pas alors que ces criminels étaient fichés « complices de Mayers » avec la mention trafic de drogue et meurtre dans la marge. Pas alors que tout le monde le connaît comme l'avocat de Mayers, l'avocat du diable, cet avocat corrompu qui baigne dans la drogue, les armes … Comme s'il avait seulement le choix.
Appeler les policiers qui étaient venus le voir il y a quatre ans ? Pour quoi faire ? Qu'est-ce qu'ils feraient de plus ? Mayers avait des hommes partout, jusque dans la police, ce n'est pas le peine de se voiler la face. Il n'a aucun moyen de pression, il est face au mur, il y fonce même. Il ne sait plus quoi faire pour la protéger, pour les protéger.
Partir loin ? La quitter ? Bien sûr qu'il y a pensé, mais cela ne servirait à rien, Mayers s'en prendrait à elle encore plus vite. Tout lui avouer, lui demander de partir en Papouasie-Nouvelle-Guinée ? Il la retrouverait et les tueraient, tous les deux. En deux mois, il avait eu le temps d'étudier chaque possibilité pour s'enfuir de ce pétrin, et de toutes les enterrer les unes après les autres, avec ses désillusions.
- Eliott ! Clama alors Faith, sortant ainsi celui-ci de ses songes.Il se releva pour rejoindre son aimée dans la chambre, qui était enfin totalement recouverte de peinture rose bonbon. Elle se tenait en plein milieu de la pièce, toute fière de son travail, affichant un immense sourire sur son visage recouvert de peinture.
- Tadam ! Qu'elle lui fit. Tu en penses quoi ? Pas trop mal, non ?
- Oui, c'est pas trop mal, répondit Eliott, la tête un peu ailleurs.
- Ça va ?Faith se rapprocha de lui, inquiète de le voir aussi peu expressif en cette fin de week-end. Bien sûr, elle n'a pas raté la vision de son conjoint envahi par les dossiers, mais elle est habituée à ce genre de situation, travaillant elle même dans le domaine judiciaire. Non, la tête d'Eliott aujourd'hui n'était pas la tête de l'Eliott de d'habitude, elle en était certaine, son sixième sens ne peut pas la tromper.
- Mais oui, ne t'inquiète pas pour moi va, lui répondit-il alors. Je n'arrive à me sortir de ce dernier dossier, je suis juste un peu exténué. Ça ira mieux après une bonne nuit de sommeil.
- Justement, à propos de ça, tu ne vas pas pouvoir te coucher très tôt ce soir … confessa-t-elle, un peu honteuse.- Qu'est-ce que tu as fait encore ? Grogna Eliott, habitué des magouilles de son épouse.
- Moi rien du tout, mais ta sœur nous a invité à dîner. Elle vient juste de m'appeler, j'ai pas pu dire non. Désolée ?
Eliott bougonna quelque peu, mais changea assez vite son attitude. Après tout, voir sa sœur, Delphes, et le mari de celle-ci lui ferait le plus grand bien. Au moins, ça lui changerait peut-être les idées. Alors qu'il capitulait, son téléphone portable se mit à sonner depuis le salon et se précipita dessus pour y découvrir, sur l'écran, le nom de Harry Mayers.Il n'avait absolument aucune envie d'y répondre. Que pouvait-il lui dire quand il se plaindrait de la lenteur des démarches pour libérer ses hommes. « Désolé, ma femme est enceinte et j'ai de la peinture à faire » ? Pas sûr que cela convienne vraiment à la situation. Il s'empara cependant du téléphone et décrocha, le portant à son oreille.
- Eliott Thatch à l'appareil... s'annonça-t-il.
- Je peux savoir ce que c'est que ce bordel ?!
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Par Zhuen le 6 Janvier 2018 à 15:12
Au même moment, à quelques rues de là …
Cela avait été un week-end, tout ce qu'il y a de plus normal pour Harry Mayers. Il avait reçu quelques amis la veille, s'était occupé de quelques documents et profitait de son dimanche pour se reposer de ses activités professionnelles de la semaine. C'est donc tout naturellement qu'il était installé dans son salon, à lire un roman datant de Mathusalem vu l'état de la couverture.
Harry Mayers n'était pas prêt à la tempête qui allait s'abattre sur lui dans quelques instants. Il a envoyé sa compagne de toujours aux nouvelles au sujet de son fils. En effet, depuis la petite altercation entre Harry et Georg-Kaitlin, il évitait le plus possible de se rapprocher de lui, pour ne pas risquer de compromettre ses plans.Ses plans qui étaient parfaitement clairs : il avait besoin d'un héritier naturel pour débloquer l'argent d'une assurance vie, dont la clause stipulait qu'elle reviendrait à ses héritiers, et non pas à lui directement. Une somme plutôt conséquente, qui lui était nécessaire dans l'immédiat s'il souhaitait reprendre ses affaires. Malheureusement, son seul héritier actuel se trouvait être William Mayers, son fils aîné. Un fils qu'il souhaite déshériter, car jamais il ne lui céderait cet héritage à son profit. Ne parlons pas de Julia Mayers, sa « fille » qui avait fait la paperasse nécessaire pour se délier de son père adoptif pour pouvoir épouser son frère aîné. Il ne lui restait plus qu'un seul enfant, Georg-Kaitlin Mayers. Qui avait alors vingt ans, et qui peut-être reconnu comme héritier légitime, si les démarches sont faites avant la majorité de celui-ci, à savoir avant le vingt-quatre avril de l'année prochaine, et il était au mois de juin.
Sa paternité ? Il avait enfin pu la prouver en récupérant un cheveu du concerné tandis qu'il essayait de le ramener à son domicile – la dernière fois qu'il avait vu son fils. Il ne lui manquait plus qu'une chose : annoncer la couleur à Georg-Kaitlin et le convaincre de signer ce document, tout en y glissant, subtilement, celui qui annulerait la clause d'héritage. Tout serait bientôt bouclé, et il en aurait enfin terminé.Et c'est à ce moment précis que Brooke, la compagne de Harry depuis plus de vingt-cinq ans, entra dans la villa Mayers, le visage fermé, inquiète de la réaction de ce ponte du crime. L'affection qu'il lui portait risquait même de s'évanouir à l'instant même où ces mots franchiront le barrage de ses lèvres : Georg a disparu. La triste vérité est là, il est introuvable. Elle a cherché partout, elle a vérifié les bancs de l'université, à fait suivre ses amis, sa petite amie. Georg est introuvable depuis deux jours, volatilisé dans la nature.
Elle ne bougea pas de la porte d'entrée, figée de terreur. Quand tout d'un coup, le visage de Harry se décomposa. Sans s'en rendre compte, ces mots qu'elle avait pensé tellement fort, elle venait de les prononcer. Elle avait réveillé la colère de Harry.
- Comment ça disparu ? Il est où ?!
- J'ai cherché partout, j'ai fait ce que j'ai pu. Mais il n'est nulle part, il n'est plus en ville.
Fou de colère, Harry se leva et se rua vers la femme d'âge mûr. Par réflexe, celle-ci se crispa, rentrant la tête dans ses épaules. Elle allait y passer, elle le savait. Après tout, il avait tué sa femme de sang froid quand elle s'est opposé à lui il y a trente ans. Ça allait être son tour.
Mais c'est son téléphone qu'il attrapa et férocement, il tapa le numéro de la seule personne qu'il jugeait à l'instant coupable de cette désertion.- Eliott Thatch à l'appareil …
- Je peux savoir ce que c'est que ce bordel ?!Bonjour à tous, et bonne année 2018 !!
J'espère que vous allez bien, et tout ce qui va avec. A vrai dire, après 18 mois d'absence, j'en ai tellement raté que je sais plus par où commencer xD Tout d'abord, je m'excuse pour la cenpitélième fois de mon horrible retard, voire même abandon, sur le Monde des Sims. Mais comme je l'ai dit sur l'accueil de ce blog, sur Facebook aussi : j'ai eu pas mal de contre-temps ! Parce que d'abord, bah j'ai bossé à temps plein ou presque l'été dernier et que je profitais des mes week-end pour décéder, puis j'ai changé ma carte graphique, et là ... LE DRAME ! Mes sims ne voulaient plus rien entendre, cette carte était trop puissante ... et la flemme, ayant eu raison de moi, j'ai fait "Ouais bof ..." avant de disparaitre sur les sims 4 :p Et là, par je ne sais quel miracle, j'ai repris l'écriture, mes sims ont bien voulu fonctionner et voilà le résultat !! Une jolie MaJ toute fraiche :D
En espérant que celle-ci vous ai plus d'ailleurs ;) On y retrouve quasiment tout le monde et j'ai pu ENFIN amorcer tous mes arcs de personnages, et je suis tellement fière de moi ! Ca y est, je peux dire vraiment que l'histoire est lancée à partir de cette MaJ-ci, et je suis trop trop trop contente !
Je ne vais pas m'étendre trois ans sur ce bla-bla de fin de MaJ, et je vous dit à bientôt, car maintenant que c'est reparti, je n'ai pas envie de vous abandonner une nouvelle fois <3
Gif d'aujourd'hui : Ma vie, hier soir. J'ai passé ma soirée à déneiger la villa de Harry Mayers, et il y a eu quelques dommages collatéraux ...
2 commentaires -
Par Zhuen le 2 Mai 2021 à 10:52
Depuis quelques jours déjà, la petite ville de Bloomington, dans l'Illinois, profitait d'un radieux soleil, signe annonciateur d'un été qui se profilait à l'horizon. Le mois de Juillet commençait à peine, les rues se remplissaient de jeunes gens en vacances, les marchands de glace en faisaient leur bénéfice, les fontaines étaient prises d'assaut, et les services administratifs prenaient leur tempo lent et agaçant des vacances d'été.
Tandis que certains programmaient leurs excursions estivales en direction de la côte la plus proche, histoire de piquer une tête dans l'eau salée, d'autres organisaient leur future année scolaire qui s'annonçait. Car Xander avait enfin obtenu la réponse tant attendue : il était accepté dans cette école de graphisme de l'état du Maine, ainsi que son ami, Robbie Taylor. Alors, dans la foulée, et après avoir arrosé ça tous les deux, ils se sont empressés de contacter l'agence immobilière pour réserver cet appartement qui les accueillerait dès septembre prochain.
Tout était prêt. Leur inscription était finalisée, l'appartement réservé, le contrat de location signé et retourné avec le chèque de caution. Il ne leur restait plus qu'à faire leurs cartons, tout emballer comme il le fallait, et sans se charger. Car cet appartement était entièrement meublé, à leur plus grand bonheur ! Pas de frigo ou de canapé à acheter. Seulement des matelas à faire parvenir, un véritable jeu d'enfants !
Mais Xander ne se pressait pas. Ses cartons, il avait fini de les déballer il y a quelques semaines en arrivant ici, dans la nouvelle maison de ses parents, et il n'était pas très pressé de se retrouver à nouveau dans la poussière de carton. Pour l'instant, il se contentait de profiter du beau temps, comme tout à chacun, dans son jardin, allongé dans l'herbe avec un livre entre les mains. Sa sœur, Chloé, s'était installée à proximité de lui, sur une chaise longue, et discutait avec Fiona Taylor, sa nouvelle meilleure amie et petite sœur de Robbie. Depuis deux heures qu'elle était arrivée, la discussion ne s'arrêtait pas, et finit par lasser Xander qui se leva pour retourner vers la maison, et s'abriter au frais.
A peine fut-il rentré dans la maison que le téléphone fixe se mit à hurler sa sonnerie monstrueuse. Alexis et Zélie travaillaient encore et Xander décrocha finalement le combiné de téléphone, sans prendre le temps de regarder le numéro du correspondant.
- Oui, allô ? Demanda-t-il en posant son livre sur la table se trouvant dans l'entrée.
Xander s'installa dans le rocking chair au pied de la fenêtre, le regard se perdant dans l'extérieur.
- Bonjour, c'est Kellan Stewart. C'est Xander ?
- Oui. C'est pour quoi ?
A peine avait-il reconnu la voix de Kellan à l'autre bout du combiné qu'il s'empourpra presque aussitôt. Ce n'est pas la première fois que Kellan et lui discutent depuis le jour où il était venu lui apporter le loyer, et que Xander était devenu tellement rouge qu'il en avait cru à une attaque. Les deux jeunes hommes ont eu l'occasion de discuter, notamment par texto interposés, ce qui était bien plus facile pour le brunet. De vive voix, cela devenait plus laborieux, mais heureusement pour lui, ils ne se voyaient jamais de visu, et Xander pouvait rougir tout à loisir.
- J'ai essayé de t'appeler sur ton portable, mais tu ne dois pas l'avoir avec toi. Je voulais savoir si ça te dirait de sortir un peu cet aprem. T'as vu le temps ? Argua-t-il directement.
- Sortir ? S'enquit Xander. Je n'ai pas de voiture, conclut-il ensuite directement.
Il n'avait pas très envie de se retrouver à nouveau en face du jeune homme qui le troublait autant depuis plusieurs semaines, il n'en ressortirait que plus honteux.
- Je viens te chercher, ce n’est pas un problème. Ça te dit d'aller au Miller Park ? Il fait juste trop chaud pour rester enfermé. Alors ?
- Au Miller Park ?
- Ouaip. Alors, je suis là dans genre … même pas un quart d'heure, tu mets ton maillot car je vais carrément aller piquer une tête. A toute de suite !
Xander n'eut pas le temps de protester que Kellan raccrocha aussi rapidement son téléphone, laissant le jeune homme totalement perdu face à cet appel. Kellan arrive dans quelques minutes pour aller l'amener au Miller Park, et il a bien prévu d'aller se baigner, en entraînant Xander dans son sillage. Se baigner ? En maillot de bain ? D'instinct, il se regarda de bas en haut, y compris à travers le col de son tee-shirt. Et tout aussitôt, il rougit. Qu'est-ce qu'il pouvait être blanc … Tout le contraire de Kellan, pour sûr. Xander était même persuadé qu'il avait dû être surfeur dans une autre vie avec ce teint. Et le blond au moins devait être plus agréable à regarder que sa carcasse blanche et maigre. Une image mentale de Kellan en maillot de bain, bronzé et muscles dessinés lui arriva devant les yeux, faisant piquer un horrible fard à Xander qui s'empressa de rejoindre sa chambre.
Il ouvrit en grand son armoire, à la recherche d'une tenue de bain, ne sachant même plus s'il en avait possédé une depuis qu'il est adulte. Après tout, il n'habite absolument pas au bord de la mer, il n'a aucune raison de posséder de tel vêtement, il n'aime pas aller à la piscine non plus, les cours obligatoires à l'époque du collège-lycée étaient ses pires cauchemars.
Il se laissa finalement tomber sur le lit après avoir trouvé un short qui n'avait rien de très seyant. Non, vraiment, il n'irait pas se baigner, impossible. Il restera là, dans sa chambre, avec son bouquin et sa tablette graphique, à regarder le soleil à travers les carreaux de sa chambre. Même si une part de lui avait très envie de cette sortie avec Kellan.
- Eh, Xanuche ! L'appela une voix au pied de la porte de chambre.
Il releva la tête et y vit sa petite sœur Chloé, qui affichait une mine rougie par le soleil, et un large sourire amusé. Xander haussa un sourcil, curieux de la voir débarquer alors qu'elle lui avait bien dit qu'elle ne ferait que dormir au soleil de la journée.
- Kellan est arrivé. Je ne savais pas que tu avais rencard.
- Je n'ai pas rencard Chloé, bougonna aussitôt Xander, piqué au vif.
- Pourtant, ça y ressemble complètement. Donc tu descends peut-être ?
Xander se releva de son lit, abandonna totalement ce qu'il avait trouvé dans son armoire sur son lit, et descendit au rez-de-chaussée où Kellan, vêtu d'un short et d'un tee-shirt, était en grande discussion avec Fiona. Il ne fit aucun signe ou bruit indiquant sa présence, se contentant simplement d'approcher d'eux deux.
- Franchement, tu devrais essayer la Casa de Papel, dit Fiona à l'intention de Kellan. Je te jure, c'est super comme série, et depuis, je suis bilingue en espagnol. Si, señor !
- Promis, je la rajoute à ma liste, je m'en occuperais quand j'aurais un peu de temps.
Kellan se tourna alors vers Xander, tout sourire.
- Ah, te voilà ! T'es prêt ?
- Oui. Mais je ne me baigne pas.
- Oh, très bien. Comme tu veux. C'est parti ! A plus tard mesdemoiselles !
Kellan se dirigea vers sa voiture avant d'y entrer, et Xander le suivit, sans dire un mot de plus et s'assit sur le siège passager, faisant en sorte d'être le plus près possible de la porte plutôt que de Kellan. Il continuait de fixer le paysage par la fenêtre. Sa gêne était totalement palpable.
- T'as passé une bonne semaine ? Demanda alors Kellan, le regard fixé sur la route.
- Oui.
- Moi aussi, je passe en Master l'année prochaine, c'est trop cool ! Je peux pleinement profiter de mes vacances. Je compte aller en Europe. Enfin, j'aimerais bien, mais il va me falloir du boulot avant. Et toi ? Des projets pour tes vacances ?
- Je déménage, lui répondit-il sans pour autant le regarder.
- Tu t'en vas ? Tu vas où ?
- Dans le Maine. Je suis inscrit dans une école de dessin pour la rentrée.
Sa deuxième phrase, il venait de la prononcer après un blanc qui sembla interminable. Il essayait de passer au-delà de son précepte de la phrase sujet-verbe-complément avec Kellan. Il s'entendait très bien avec lui, et ne voulait pas paraître pour un rustre, même si ça lui demandait beaucoup d'efforts. Et d'un certain côté, il apprécierait que Kellan le remarque, enfin, ne serait-ce qu'un peu.
- Ah ! Mais c'est géant ça ! Tu m'avais dit que tu avais fait une demande d'inscription. Je suis content pour toi. Tu sais quand tu déménages ?
- Non. Je veux passer l'été ici, enfin … à Bloomington.
- Ouais, au moins ici, il y a du soleil.
Kellan explosa d'un rire franc qui fit sourire Xander. Celui-ci tourna d'ailleurs la tête vers lui, le détaillant de profil. Il l'aimait vraiment bien Kellan, il doit se l'avouer. Cela fait bien longtemps qu'il n'avait pas ressenti ce genre d'affection pour quelqu'un, comme une facilité à discuter. Alors certes, pour lui, c'était toujours laborieux, mais il ne repoussait pas Kellan. Il l'écoute, il est intéressé par leurs discussions, elles ont un sens. Et il aimerait bien s'ouvrir un peu plus avec lui, avoir moins peur et surtout, être moins embarrassé.
La discussion se poursuivit pour les cinq minutes qui les séparaient d'un parking à proximité du parc choisi par Kellan. Un parc arboré avec en son centre, un lac où étaient proposées diverses activités aquatiques : pédalo, canoë, et même un ponton pour pouvoir plonger. Kellan se gara donc à proximité et sortit de la voiture, Xander à sa suite, avant de récupérer un sac dans le coffre de sa voiture.
- Here we go !
Xander esquissa un léger sourire avant de suivre Kellan, qui décida finalement de s'installer sur une bande de sable, juste en face du lac, où il était tout à fait possible de se baigner. Il sortit alors de son sac deux serviettes de plage. Il s'assit sur l’une d’entre elles, avant de retirer son tee-shirt et ses chaussures. Xander le regarda faire, un peu gêné, et il eut bien la confirmation de ce qu'il pensait quand il imaginait quelques minutes plus tôt Kellan en tenue estivale : halé et muscles dessinés. Il s'assit cependant à côté de lui, la mine légèrement renfrognée, en ramenant ses jambes contre lui, tout en fixant du regard l'étendue d'eau qui se trouvait juste en face de lui.
- Wah … soupira Kellan. Il se faisait désirer quand même cet été. J'en pouvais plus de rester planqué chez moi à cause de la pluie. J'espère qu'on va le garder, et jusqu'en décembre, au moins ! Enfin, toi, ça ne te changera pas grand-chose, surtout si tu pars dans le Maine, il paraît qu'il pleut tout le temps là-bas …
- La pluie ne me dérange pas, répondit Xander sans bouger de sa position de repli.
Kellan s'assit de façon à se retrouver à côté de lui, le regardant de profil. Sa mine habituellement réjouie devint subitement plus grave, ses yeux se fermèrent légèrement. Il ne faisait plus sa tête de bon copain qui riait de tout. Il se doutait bien qu'il y avait un problème, du moins, il se demandait s'il y n'y en avait pas un.
- Dis …
Xander tourna légèrement la tête vers Kellan, ne s'attendant absolument pas à ce qu'il soit aussi près de lui, et ce contact visuel le dérangea au point de le faire rougir à nouveau. Le brunet détourna alors le regard pour ne pas avoir à le regarder, bien qu'il ait vraiment envie de se plonger dans le bleu de ses yeux.
Il secoua vivement sa tête à cette pensée. Il ne peut pas avoir envie de se plonger dans les yeux de Kellan quand même. Il a une copine, Charlie. Une copine qui l'aime et qui ne s'en remettrait pas si Xander allait regarder ailleurs. Et puis, d'abord, il n’est même pas gay. Il est tout ce qu'il y a de plus hétéro, sinon comment cela serait possible qu'il soit si peu résistant aux charmes de sa petite amie.
- Tu rougis à chaque fois que tu me regardes. Il y a un problème ?
- Aucun, répondit Xander, sans pour autant le regarder dans les yeux.
- Vraiment ? Tu sais, si c'est parce que je … comment dire ça, je t' « impressionne », bah, ça me gêne pas de mon côté en fait.
- Tu ne m’impressionnes pas, se remit à bougonner Xander.
- Bon ok, ce n’était peut-être pas le bon terme. Recommençons : je suis bi. Au moins, comme ça c'est clair, ne soit pas gêné face à moi.
Alors qu'il lui répondit cela, il lui affichait un sourire à la Colgate, comme s'il était prêt à promouvoir n'importe quelle marque de dentifrice. De son côté, Xander ne savait que dire, à part balbutier. Bi ? Genre, il aime les filles et les mecs, c'est ça ? Pourquoi il se sentait étrangement soulagé d'un coup ? Hein ? Pourquoi ?
- Tu te trompes, je ne suis pas comme ça. J'ai une copine, lui répondit-il.
Mais sa dernière phrase était tout aussi bien à la destination de Kellan qu'à la sienne. Il cherchait absolument un moyen de se convaincre lui-même qu'il avait une copine, qu'il n'était pas gay. Parce que Kellan se trompe, et son intuition à lui se trompe aussi.
- Oh, je suis désolé …
Kellan se mit à rire doucement, passant sa main sur sa nuque, légèrement gêné à son tour.
- Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, continua Kellan. J'avoue que j'ai du mal à te saisir parfois. T'es si lointain quand on est ensemble, et tu cherches clairement à m'éviter. Je ne suis pas aveugle, je l'ai bien vu.
Xander détourna intégralement le visage pour que Kellan ne perçoive même pas un soupçon de son expression. Une expression de honte, celle d'avoir été percé à jour. Il aurait beaucoup aimé trouver un trou de souris pour pouvoir s'y enterrer.
- Je ne t'évite pas, bougonna-t-il.
- A d'autres. Je te l'ai dit, je ne suis pas aveugle. Dès que tu prends un peu plus tes aises avec moi, c'est comme si tu avais une alarme qui se mettait à hurler et tu te refermes aussitôt. Tu sais, aucun drame ne va se produire parce que tu apprécies d'autres personnes, ou parce que …
Xander se retourna aussitôt vers lui, avec toute la vélocité qui lui était possible, rouge pivoine jusqu'aux oreilles pour lui rétorquer un « Je ne suis pas gay ! », sa voix vrillant sous l'émotion. La seule réaction de Kellan fut un simple sourire, très tendre. Peut-être le trouvait-il mignon, à se défendre aussi vite, ne faisant que conforter le grand blond dans ce qu'il pensait.
- Pas très convaincant, lui souffla-t-il en approchant son visage du sien. Je te le répète une dernière fois : qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ?
- Je ne suis pas …
- Non, ce n’est pas ce que je te demande, reprit Kellan très sérieusement. Et ne me dit pas « Charlie » car depuis le temps qu'on se connaît, je ne l'ai toujours pas vue, non sans douter de son existence, et tu n'en parles pratiquement pas.
- Ça ne se fait pas, de parler de sa copine face à quelqu'un de célibataire, argua Xander. C'est impoli. Et elle est venue, il n'y a pas si longtemps que ça.
- Très bien, donc tu as Charlie et l'idée de voir quelqu'un d'autre, ne t'intéresse pas.
- Je n'aime pas les hommes, continua-t-il, toujours aussi empourpré.
Kellan soupira avant de se lever. Il jeta un regard de biais, navré, vers Xander avant de faire deux pas vers le plan d'eau. Et finalement, il se tourna tout entier vers Xander.
- Aimer une personne du même sexe que soi, ce n’est pas une tare Xander. Ce n’est pas une honte. Tu ne ferais de mal à personne en acceptant cette partie de toi, cependant, ta réaction peut être blessante. Si c'est une tare d'être homo, ça fait de moi un malade ?
Et sur cette dernière parole, Kellan se dirigea directement vers l'étendue d'eau, laissant Xander seul sur la bande de sable, extrêmement mal à l'aise, et plus honteux que jamais.