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Par Zhuen le 31 Octobre 2011 à 22:50
♫ Shattered - Instrumental (female version)
Narrateur : Andy pour tout ce qui est écrit en italique.
Les jours passent, et se ressemblent tous.
Chaque matin, le soleil se lève, pour finir sa course de l'autre côté du globe, en fin de journée. Et chaque matin, je me lève, je m'assois à ma fenêtre, et je sombre de plus en plus dans un univers qui me semble tellement mieux, tellement plus simple. Comme les bras d'une mère, qui nous accueille dès que nous sommes au plus bas.
Je suis au plus bas, et les bras de la Mort me semblent chaque jour un peu plus réconfortants, un peu plus amis, un peu plus aimant.
Je vois mon ventre s'arrondir au fil des semaines, je sens l'enfant de Nate y grandir, et je pense à celui de Spencer. A celui que j'ai abandonné, et que j'ai tué par mes conneries.
Quel avenir pourrais-je donner à cet enfant là ?
Un père qui ne souhaite pas le reconnaître, une mère qui pense à la mort ... Je ne pourrais jamais l'élever, Nate avait raison.
Mais maintenant, il est trop tard. Je sais que j'aurais dû l'écouter. Pourquoi ai-je fait ma tête de mule ce matin là ?
_ Andy ? M'appela la voix familière de Nate.
Comme à mon habitude, je ne lui réponds pas. A quoi bon ? En quoi peut-il avoir besoin de moi ? Qui pourrait avoir besoin de moi ?
Je reste assise devant ma fenêtre, elle qui me semble tellement rassurante. Qui me montre qu'un jour, moi aussi, j'aurais ma fin heureuse.
J'y crois du plus profond de mon être.
Nate a cessé de m'appeler.
Je me lève alors de mon banc, et m'installe à la batterie de Spencer. Je le fais à chaque fois que je doute de moi. J'aimerais tant qu'il soit avec moi à cet instant. Ca fait pourtant plus d'un an et demi qu'il a été assassiné, mais j'ai l'impression que c'était hier que j'avais retrouvé son corps, que je m'étais allongée sur lui.
Qu'il il y a quelques jours encore, il me prenait dans ses bras, qu'il m'embrassait dans le cou, qu'il m'appelait Andrée, sans que je ne me mette à grogner.
Je sombre.
Je le sais.
Je le sens.
Et pour la première fois depuis des mois, j'attrape les baguettes, et joue hésitante de l'instrument, qui s'était trouvé muet depuis tant de temps.
Chaque battement me fait revivre, mais dès que le son de celui-ci se meurt, je meurs avec lui. Si seulement je pouvais jouer continuellement.
Mais c'est comme tout, la musique prend fin avec la dernière note de la partition.
Quelle sera ma dernière note ?
Dois-je attendre encore longtemps ?
Où suis-je à quelques notes de la fin de ma vie ?
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Par Zhuen le 31 Octobre 2011 à 22:58
_ Tu as trouvé un job finalement ? Demanda Julia alors que William s'allongea sur le canapé, posant sa tête sur les genoux de la jeune femme.
_ Je sais pas ... dit-il en riant.
_ Oh. Et que dois-je vous donner, môssieur, pour avoir une réponse ? Dit-elle sur le même ton.
_ A vous de voir mademoiselle.
_ Voyons voir, fit-elle mine de réfléchir. A part un morceau de pain, il ne me reste plus grand chose...
_ Je n'ai pas faim ...
_ Désolée, je n'ai pas d'argent.
_ Je ne manque pas d'argent, rit-il en embrassant la main de la jeune femme, alors que celle ci lui caressait la joue.
_ Que veux-tu alors ?
William se rassit, et installa la jeune femme à califourchon sur ses genoux, l'embrassant du bout des lèvres.
_ Toi.
_ Quoi ? S'étonna la blondinette.
_ C'est toi que je veux. Je n'ai besoin de rien d'autre, sinon toi.
_ William ...
_ Tu veux m'épouser ?
_ Que ...
_ Maman ! Piailla une voix derrière eux, Georg.
Julia sourit, embrassa William sur le bout des lèvres, avant de descendre du canapé, et s'accroupir au sol, tendant les bras vers son fils pour que celui-ci vienne la rejoindre.
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Par Zhuen le 31 Octobre 2011 à 23:02
_ Tu viens mon lapin, dit-elle en souriant. Tu viens voir Maman ?
_ Maman ... répéta-t-il en marchant difficilement vers la jeune femme, pour finalement faire la fin du trajet à quatre pattes.
_ Tu n'es pas très courageux Georg, c'est pas sérieux, dit Julia en l'attrapant.
_ Tu viens voir tonton Willou ? Demanda William en tendant les bras vers l'enfant, alors que Julia le tenait dans ses bras.
_ Pa ! Pa !
_ Que ? S'étonnèrent les deux jeunes gens en choeur, face aux mots du chérubin.
_ Papa !
Julia sourit distraitement en tendant Georg à William.
_ Oui, c'est Papa mon chou.
_ ...
_ Tu ne veux pas ? Demanda Julia, inquiète.
_ Si, fit finalement William en attrapant le garçonnet.
_ Je ne t'ai pas répondu finalement, dit Julia en regardant Georg. Il est venu nous interrompre.
_ Tu n'es pas obligée de répondre tout de suite tu sais.
_ Je t'ai déjà répondu, dit-elle. Enfin, même si c'est Georg qui a répondu à ma place.
_ C'est oui ?
_ Oui, je veux bien t'épouser William. Rien ne me rendrait plus heureuse.
_ Papa, piaillait l'enfant, alors assis sur les épaules de William tandis que la jeune femme s'approchait de celui-ci pour l'embrasser tendrement du bout des lèvres.
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Par Zhuen le 31 Octobre 2011 à 23:06
_ Nooooooooooooon ! Hurlais-je en me réveillant brusquement.
Ma main posée sur ma poitrine, j'essayai de reprendre ma respiration, et essayer de calmer mon coeur, peu décidé à se calmer.
Doucement, je passai une main sur mon ventre arrondi par huit mois de grossesse interminables.
Encore lui, encore eux.
Toujours lui. Toujours eux.
Je m'extirpe silencieusement de mes draps, et sors de ma chambre par la porte vitrée.
L'air est frais et caresse la peau de mes bras nus, me faisant doucement frissonner. C'était une belle nuit d'été, comme celles que j'aime regarder.
_ Tu crois que je serais une bonne mère ? Demandai-je à la petite fille qui grandissait en moi en caressant mon ventre rebondi. J'ai tellement envie de mourir An, tellement. Il paraît que s'il nous reste un espoir, alors on ne peut pas se tuer. J'ai plus d'espoir, plus aucun ... Sois en un pour moi, je t'en prie...
De lourdes larmes roulèrent sur mes joues, avant de s'écraser sur mes lèvres, laissant un goût salé sur celles ci. Je ne cherchais pas à les essuyer, à les stopper. Le vent sur mes joues humides me faisait du bien, et j'en savourai chaque instant.
Je tournai finalement les talons, afin de m'asseoir à la batterie.
Je n'avais pas envie d'y jouer, je n'avais plus sommeil.
Je voulais juste poser mes doigts sur l'instrument, essayer de penser à autre chose, de me vider la tête.
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Par Zhuen le 31 Octobre 2011 à 23:09
Pourtant, dans un recoin de l'instrument, je découvris un simple bout de papier, tellement discret que je ne l'avais jamais remarqué. Je tirais alors dessus, m'attendant à ce qu'il serve de cale pour la batterie et que tout s'écroule quand il en serait extirpé, mais rien ne se produisit. Et le papier me resta dans la main. Fébrilement, je le dépliai, et eut un hoquet de stupeur en réalisant de qui il émanait, rien qu'à l'écriture. Spencer.
« Tu auras mis combien de temps à trouver ce vulgaire bout de papier mon Andrée ? Deux jours ? Deux mois ? Deux ans ? Mais le principal, c'est que tu le lises un jour où l'autre.
Je n'ai rien de joyeux à te raconter, si ce n'est que je t'aime. Je ne crois pas que ça soit une nouveauté pour toi.
Mais voilà, si tu trouves cette missive, c'est que je suis très probablement mort en ce jour de nouvel an. Tant mieux, voilà ce que je me dis.
Andrée ... Andy... Ne m'en veux pas, ne me juge pas, et surtout, ne dis pas que tout est de ta faute. Si au jour d'aujourd'hui, je ne suis plus avec toi, c'est par choix de ma part. Je savais très bien ce qui allait se passer, et je le voulais. Uniquement pour que toi, tu puisses vivre, et échapper à tout ça. Moi mort, ils n'avaient aucune raison de te toucher.
Je t'aime.
Spenc' »
Je l'ai lu trois fois, sans comprendre.
Sauf cette affreuse vérité : Spencer s'est tué. Pour que moi, j'ai la vie sauve.
Il ne s'est pas rendu compte que sa mort provoque un peu plus la mienne chaque jour ?
Chaque jour loin de lui me rend dingue. Complètement folle.
Je ne sais pas comment, mais me voilà en train de donner de violents coups de pieds dans la batterie, y évacuant ma rage autant que je le pouvais, hurlant des « imbécile » « idiot », ou encore « crevard » dans toute la pièce.
_ Tu n'es rien de plus qu'un crevard, dis-je finalement en m'écroulant au sol, en pleurs.
Je m'étais pourtant jurée de ne plus pleurer.
_ Je suis désolée An. Je n'ai plus aucun espoir, soufflai-je en me levant difficilement, avant de me diriger doucement vers la sortie de l'appartement, contempler le ciel d'un peu plus près.