• Le lendemain matin …

     

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    En ce dimanche matin, pendant que d'autres profitaient d'une grasse matinée lourdement méritée après leur soirée mouvementée, il y en a d'autres sur Houlton qui se préparaient pour leur journée de travail. Car oui, la santé n'attend pas, et les gens n'arrêtent pas de tomber  malade quand l'heure de la messe dominicale sonne dans les rues. Et c'est pour cette raison que Julia est debout depuis les aurores, assise au bar de sa cuisine, un thé fumant devant elle, en train d'avancer dans son roman, profitant de la tranquillité du duplex qu'elle partage avec son ex-frère et sa fille, Zhoo, née de leur inceste.
    La journée d'aujourd'hui est toute particulière pour cette femme blonde, puisqu'il s'agit de son premier dimanche à l'hôpital. Fatiguée de devoir supporter la présence de William entre les mêmes murs qu'elle le dimanche – rappelons qu'elle travaillait déjà le samedi depuis de nombreuses années – elle a finalement décidé de troquer son vendredi de travail contre le dimanche de congé, lui octroyant son week-end bien mérité le jeudi et le vendredi. Ainsi, elle ne l'avait plus en commun avec son époux, et ce foyer ne s'en portait que mieux, à l'exception de l'enfant du couple, coincée au milieu de cette débâcle, privée de sa mère pour le week-end.

     

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    L'horloge de la cuisine indique sept heures, et quelques secondes après ce constat, Julia entendit crisser au dessus de sa tête, dans la chambre conjugale de cette maison. Une chambre qu'elle continue de partager avec William malgré tout, un choix pour ne pas donner à sa fille de raison supplémentaire de s'inquiéter de leur avenir familial. Alors certes, ils dorment encore ensemble, mais ils ne partagent plus rien d'autre dans leur vie. C'est pour cette raison qu'à l'instant où elle entendra William se mouvoir à l'étage, elle se lèvera de son siège, refermera son ouvrage et posera son mug dans l'évier de la cuisine. Se faisant, William fit acte de présence, saluant son épouse d'un très léger « bonjour » auquel elle ne lui répondit absolument rien, préférant s'exiler dans la salle de bain du rez-de-chaussée, sous le regard de son mari, qui commençait à saturer de cette situation avec sa compagne.

     

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    Elle ne lui parle plus depuis que Georg a quitté le navire Mayers, il y a maintenant deux jours. Elle lui en veut, elle l'accuse directement de cette défection. Il est la cause directe des problèmes que subit la maisonnée aujourd'hui. C'est lui qui a été incapable de se tourner vers son demi-frère/fils quand Harry avait à nouveau fait irruption dans leur vie à l'occasion de son seizième anniversaire. Comme si il pouvait quelque chose, sérieusement ? Ce n'est pas de sa faute si « Georg-Kaitlin a hérité du sale caractère de cochon des Mayers ! » gronda-t-il il y a une semaine, un soir, alors qu'elle rentrait de sa journée de travail. Après tout, c'est elle qui avait fait la Sainte Nitouche en refusant de parler à son fils des conditions de sa naissance, ils se seraient évités tellement d'emmerdes si elle avait agit intelligemment en mettant de côté ses sentiments. Harry serait aujourd'hui un problème bien loin d'eux et leur fils aîné serait encore dans sa chambre en train de réviser pour ses partiels ou à profiter de ses vacances pour inonder la maison de musique.
    William, suite à cette énième dispute qui avait de nouveau rendu Julia muette, avait finit par prendre un peu sur lui en tentant de tempérer en lui adressant la parole, lui disant bonjour, mais sans pour autant s'excuser, il avait bien trop de fierté pour ça, il ne faut pas abuser quand même ! Car il le sait, il a parfaitement raison : si ils en sont là aujourd'hui, c'est uniquement de sa faute à elle !

     

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    - Tu vas me faire la gueule encore longtemps comme ça ? qu'il lui lance alors à la volée alors qu'elle sort enfin de la salle de bain, prête à rejoindre l'hôpital de la ville pour son premier dimanche de travail.
    Elle ne lui dit rien, s'approcha de la table de la salle à manger où était posé son sac à main, avant de le poser sur son épaule et y récupérer les clés de son véhicule et de l'appartement.
    - C'est vrai que faire la muette dès que t'as un problème, ça te connaît bien, lui lance William, acerbe.
    La pique faisait mal, et Julia se raidit sur place, tournant toujours le dos à son mari. Elle ne voulait vraiment pas partir de mauvaise humeur aujourd'hui, mais elle n'arrivait pas à décoller les pieds du sol bétonné de la grande pièce, comme si une force qui ne dépendait pas vraiment d'elle la forçait à rester sur place à écouter les suppliques de son idiot d'époux.

     

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    - Je te demande pas grand chose, juste de me parler. Tu sais faire ça, non ?
    - Je n'ai pas envie de te parler William, qu'elle lui dira finalement en resserrant sa main sur son sac.
    - Miracle ! Elle parle !
    Il se leva aussitôt pour lui faire face et la regarder droit dans les yeux. Et Julia remarqua aussitôt que son mari, sa moitié, son frère, était dans un état déplorable, accablé par le manque de sommeil, et elle commençait à craindre qu'il ne replonge dans l'un de ses travers d'antan, une de ses vieilles amies à lui qui s'appelle alcool. Mais elle se rassura quand elle vit que son œil n'était pas vitreux, qu'il n'était pas incohérent ou déséquilibré. Cependant, sa crainte reste justifiée. Il est tellement facile de replonger dans les addictions, et malgré tous les différends qui les déchirent aujourd'hui, elle n'a pas envie de voir William sombrer à nouveau, et encore à cause d'elle.

     

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    - Je dois partir au travail William, si tu veux, on parlera ce soir, lui dit-elle sèchement.
    - La faute à qui si on ne peut plus se parler hein ? Je devrais peut-être travailler le week-end, comme ça Zhoo sera seule à la maison le samedi et le dimanche, rappela-t-il ainsi à son épouse qu'elle faisait souffrir son enfant par ses agissements.
    - C'est toujours ma faute de toute façon, je peux avoir le dos large ! Dès qu'il y a un problème dans cette baraque, c'est à croire si c'est pas signé Julia. Merde William, tu crois pas que t'es pas une part du problème toi aussi ? A faire ton enfant comme tu le fais ? Alors sois adulte cinq minutes, laisse moi prendre mon poste et on parlera ce soir, si c'est ce que tu veux.
    Elle fit un pas en avant, en direction de la porte de sortie de l'appartement, et William lui barra aussitôt la route, ne voulant absolument pas la laisser filer aussi facilement. Car elle trouvera un nouveau moyen d'esquiver la conversation ce soir, et il en a marre de fuir ce qu'il se passe entre eux deux.
    - Tu ne bouges pas. Plus tu résisteras, plus ce sera difficile pour toi. Si tu veux la solution de facilité, obtempère.
    - Est-ce une menace ?

     

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    Elle croisa les bras, le toisant le plus froidement possible. Et William lui rendit son regard, avec autant plus de haine qu'il n'était fatigué, épuisé par ces disputes incessantes, à croire que son épouse s'en remettait à la perfection et était capable de dormir sur ses deux oreilles. Il en avait marre d'être le seul à réagir à ce qu'il se passait ici, mais qu'elle se secoue ! Mais qu'elle se réveille ! Plus rien n'est normal dans cet appartement, si seulement elle pouvait ouvrir les yeux au lieu de faire comme s'il n'existait pas. Et sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, William leva la main vers son épouse avant de la choquer violemment d'une gifle sur sa joue. Sous le choc, la jeune femme s'effondra au sol, la joue entièrement rouge.
    - PAPA ! Hurla une voix depuis le premier étage.

     

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    Zhoo, la fille naturelle du couple a été réveillée par les cris de ses parents et assistait impuissante à la scène qui se déroulait juste sous ses yeux. Et à cet acte de violence, elle ne put s'empêcher de hurler, plaquant sa main sur sa bouche, terrifiée par ce père qu'elle n'avait jamais connu violent. Bourrin certes, imposant, mais jamais violent. Son père c'était l'exacte opposé, un ours en peluche capable de faire peur sans choquer quand il en avait besoin, comme pour mettre ses enfants au lit fissa.
    William leva alors les yeux vers sa fille, réalisant encore plus l'impact de son geste. Son regard fila directement sur sa main droite, légèrement rougie, il sentait le sang affluer à l'intérieur de sa paume, comme si son cœur s'y était directement logé. Et après quelques instants, c'est vers son épouse au sol qu'il dirigea son regard. Toujours par terre, Julia avait les larmes aux yeux, la main posée sur sa joue meurtrie.

     

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    - Julia … je suis désolé … souffla-t-il en la regardant, totalement perdu. J'ai jamais voulu … je …
    Il tendit alors sa main rougie vers elle, pour l'aider à se relever. Une main qu'elle refuse en lui lançant un regard lourd de reproche, avant de se relever par elle même, titubant légèrement. Elle posa alors sa main droite sur un fauteuil, pour se reprendre, encore étourdi par le coup qu'elle venait de recevoir.
    - Hors de ma vue, gronda-t-elle, feula-t-elle presque à William.
    - Julia, excuse-moi, je ne voulais pas te frapper, je ne sais pas ce qu'il m'a prit. Pardon, je t'aime, je m'en veux terriblement, s'il te plaît … tente-t-il pour la calmer, même s'il sait que la cause est perdue à cet instant, son épouse n'a absolument pas l'intention de déblatérer avec lui.
    - Dégage William, je ne veux plus te voir !!
    Et rouge de colère, elle contourna le tatoué qui se trouvait en face d'elle pour quitter le domicile familial, rouge de colère, le pas dur et en claquant la porte de la façon la plus théâtrale possible.

     

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    William resta les bras ballants dans la pièce, ne sachant pas où se mettre, quoi faire. Il ne se reconnaissait pas. Certes, ce n'est pas la première dispute qu'il avait avec sa compagne – ce ne sera sûrement pas la dernière d'ailleurs – mais elle était d'une violence inouïe, et William n'osait même plus regarder sa main, cette arme qui avait mis leur relation un pied dans la tombe. C'est sa fille qui le sortit de sa rêverie. Zhoo était venu le rejoindre au rez-de-chaussée, un peu craintive quant à la réaction démesurée de son paternel. Elle osa timidement un « Papa ? » pour tenter de capter son attention. Et cela réussit presque aussitôt, puisque William leva les yeux vers la jeune fille devant ses yeux.
    - Excuse-moi Zhoo, lui dit-il, encore un peu ailleurs. Je ne vais pas pouvoir passer la journée avec toi. Ça va aller toute seule quand même ?
    - Oui, ça va aller papa, lui sourit-elle. Où est-ce que tu vas ? Chez Nate ?
    - Ouais, c'est ça, chez Nate …

     

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    La jeune fille n'était pas dupe mais ne préférait rien dire. Parce qu'il n'irait pas chez Nate, loin de là. Il irait probablement errer en ville, s'asseoir dans un coin. Il irait peut-être aussi devant les bars, sans forcément y entrer, parce que son passé est loin derrière lui maintenant, depuis que Julia lui avait dit, à la mort de Mikael – le père légal de Georg-Kaitlin avant son adoption par William – que « à défaut de ne pas avoir de père, Georg ne grandira pas sans son oncle ». Il ne risque pas d'oublier le visage de Julia, de sa sœur, à ce moment là. Et ramené à la raison, il avait banni l'alcool de sa vie.
    Mais maintenant, où en était-il ? Julia le hait, encore plus après leur dernière dispute. Georg, celui pour qui il avait arrêté la boisson, ne lui adresse plus la parole depuis quatre ans, où quand il devait le faire, il l'appelait William, ruinant avec brio ce qu'il avait réussi à construire avec son fils adoptif. Un fils adoptif qui vient de s'enfuir en France sans prévenir ses parents de vive voix. Est-ce qu'il a encore une raison de tenir ses engagements ?

     

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    Peut-être, s'il prête attention à cette petite blondinette juste devant lui, qui le regarde avec les yeux du désespoir, de peur de perdre son père après son frère aîné. Voilà quelque chose qu'il n'avait pas entièrement raté dans sa vie finalement, il lui restait sa fille cadette, non … sa fille unique. La seule enfant qu'il n'a jamais eu et qu'il n'aura jamais. Pour elle, il ne doit pas faiblir. Alors il va respirer un bon coup et se comporter comme un adulte responsable.
    - Euh, enfin … Il est peut-être occupé avec son neveu finalement, maintenant que j'y pense, se reprit-il aussitôt. Ça te dit pas plutôt d'aller au cinéma tous les deux, aller voir un film d'horreur comme quand tu avais douze ans ? Promis, ta mère n'en saura rien, qu'il lui souffla en écho à cette petite infraction qu'ils faisaient tous les deux lors de l'adolescence de la jeune femme.
    - Ok, mais je veux un beignet pour le petit déjeuner !
    - Vendu, lui dit-il en souriant.

     

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    Et Zhoo s'approcha alors de son père pour lui sauter dans les bras et le serrer très fort contre elle, heureuse de voir qu'il avait changé d'avis, et qu'il préférait sauver ce qu'il restait de cette famille plutôt que d'en poursuivre la destruction.
    William blottit sa fille contre lui, se cachant dans son cou, ne pouvant empêcher une larme s'échapper de ses yeux pour aller s'écraser dans la chevelure d'or de la demoiselle. Il se sentait tellement idiot à l'instant d'avoir osé oublier sa fille, d'avoir pensé une seule seconde ruiner sa vie sans penser que cela pouvait ruiner celle de sa Zhoo.

     

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  •  

    - Approchez Monsieur Mayers, n'ayez crainte, dit une voix à quelques mètres de William.
    Il n'avait pas bougé d'un iota durant l'intégralité de la mise au monde de son enfant, celui qu'il avait conçu avec l'amour de sa vie, son ex-soeur. Le maïeuticien tenait dans ses bras une petite chose toute frêle, qui gigotait à peine et à qui on avait finalement enfilé un petit pyjama vert.
    Il fit alors un pas en avant et tendit ses bras, pour accueillir entre eux ce petit être tout neuf qui ne pleurait pas, qui allait être un enfant, une enfant, tout ce qu'il y a de plus sage. Et quand finalement, elle ouvrit les yeux vers son père, celui-ci ne put s'empêcher de sourire, versant sa petite larme tout en s'asseyant à côté de sa femme, éreintée par de nombreuses heures en salle de travail. Julia se tourna pourtant pour voir le visage de sa fille, fraîchement née.

     

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    Une sage-femme s'approcha du couple, un carnet en main. Elle se présenta aussitôt comme la déléguée de l'état civil et souhaitait connaître le nom qu'ils comptaient donner à leur petite fille.
    - Mazéline Emina Mayers, dit Julia tout sourire à la déléguée.
    William ne quitta pas du regard ce bébé tout frêle dans ses bras, avant de lui murmurer le plus tendrement du monde, tout en l'embrassant sur le front :
    - Mais nous, on t’appellera Zhoo …

     

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    Cela faisait quelques jours que Georg était arrivé dans son nouvel univers. Nouveau continent, nouveau pays, nouvelle ville, et surtout, nouvelle langue. Il avait choisi la petite ville de Bergerac comme point de jetée. Après tout, pourquoi pas ? Il était dans le Sud de la France, dans une région baignée de soleil assez régulièrement où les étés pouvaient être très agréables. Ce serait un avant goût des vacances, toute l’année. – attendez qu’il y découvre l’hiver, il ne chantera plus la même chanson – bien que ce soit moins glacial que le Nord des États-Unis actuellement.
    Le choix de cette ville n’est pas vraiment innocent. Elle lui a été soufflé par son meilleur ami, Camille, quand celui-ci lui disait que la France était un pays plutôt classe quand on étudiait les Beaux-Arts. Pour la ville, encore une idée du jumeau Philips, puisque un de ses amis virtuel est de la région de Bergerac, d’un petit pays perdu à côté. Alors finalement, il avait embarqué pour cette ville, après avoir fait de nombreuses recherches sur internet, et c’est ainsi qu’il avait découvert le potentiel inespéré de cette commune, notamment sur le domaine musical, une raison supplémentaire de venir voir ce qu’il s’y passait.

     

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    Ici, se trouvait un groupe de musiciens, un peu marginaux mais qui faisaient la fierté de la ville et dont leur notoriété commençait à poindre doucement. Une notoriété qui avait engendré de nouvelles vocations autour de la ville, et d’autres groupes se formèrent, pour tenter leur chance. Ce groupe presque célèbre s’appelait Alive! – s’il avait bien tout retenu – et étaient les principaux occupants de la salle de spectacle de la ville, le Rocksane. Une scène qu’ils ne quittaient presque plus, mais pour laquelle ils avaient la volonté de se battre, contre d’autres groupes locaux. La règle est simple : deux groupes, un applaudimètre et le gagnant remporte la salle, jusqu’à la prochaine battle. Et ce groupe, ces Alive! n’étaient toujours pas descendus de leur trône, malgré la forte concurrence et le potentiel des autres, dans des styles bien différents. Deux groupes se battaient constamment pour le titre, en vain : Osmose pour l’un plutôt pop-rock, et l’autre, Ephéméria, plutôt Hard-Rock.
    Bien évidemment, le jeune homme avait aussitôt cherché un moyen d’assister à ces concerts, en vain, puisque les billets sont introuvables, tout a été vendu en très peu de temps – la salle doit être petite qu’il se disait alors, ce n’est pas possible autrement – et qu’ils se trouvaient actuellement et jusqu’en septembre, en pause estivale. Bref, aucun moyen d’y accéder, à la plus grande déception du jeune homme. Et bien il attendra, se disait-il, jusqu’au prochain concert où il se ruera sur un ticket.

     

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    Il n’avait que deux mois à attendre après tout, ce ne serait pas si long que ça. Il aurait de l’occupation de toute façon. Il devait se réinscrire à la fac en étudiant à distance, faire le tour de la région, se perfectionner en français, parce que bien que sa tante, Marine, qui est canadienne ancien résidente française, et son oncle Nate, fuyard en France, lui aient appris les bases de la langue, ce n’était pas la fluidité de son langage qui risquait de l’étouffer. Emma était bien plus douée que lui quand il était question de parler en français quand ils avaient leur leçons chez les Handers.

     

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    Il soupira longuement tout en poussant la porte de son nouvel appartement, un peu à l’extérieur de la ville. Celui-ci était presque vide, avec le strict nécessaire et la décoration ne semblait composée que de cartons. Georg accrocha ses clés au clou posé à côté de la porte avant de se vautrer sur le canapé de la pièce, son regard filant directement à sa fenêtre, sur son balcon, où les nuages blancs commençaient à parsemer ce magnifique ciel bleu d’été.

     

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    Cela faisait seulement quelques jours qu’il était là, et la solitude lui pesait déjà, jamais il n’aurait cru qu’elle puisse être présente à ce point. L’appartement était constamment silencieux, et ce même quand il allumait la radio ou la télévision. Le son n’arrivait pas à emplir la pièce, il se sentait presque perdu au milieu de tout ça. Comme si les ondes sonores l’évitaient pour aller s’écraser sur le mur derrière lui. Les cris de ses parents lui manqueraient presque, ils avaient au moins le mérite de casser la monotonie constante de son quotidien, même s’il cherchait un moyen de les masquer. Sa sœur qui cherchaient absolument un moyen pour venir l’emmerder, cela lui manquait aussi.
    Mais par-dessus tout, Emma lui manque. Cela faisait plus de quatre ans qu’il étaient constamment l’un sur l’autre, même s’ils ne se voyaient pas. Il savaient qu’elle était là, deux rues plus loin, et ça lui suffisait finalement.

     

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    Et maintenant ? Il s’était totalement bercé d’illusions, il espérait vraiment que Emma accepte son choix, qu’elle le comprenne. Jamais il n’aurait pensé rompre avec elle, enfin, qu’elle ne rompe avec lui. Il les avaient peut être idéalisés, ils n’étaient pas si parfaits que ça, ils n’étaient pas THE couple, eux aussi avaient leurs failles. La distance en était une, et voilà où cela les a amenés. Séparés par des milliers de kilomètres, par un océan … Avec la probabilité de ne plus se recroiser, du moins, avant de nombreuses années…

     

    Set The Fire To The Third Bar - Snow Patrol

     

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    I find the map and draw a straight line || Je trouve la carte et y dessine une ligne droite
    Over rivers, farms and states lines || A travers les rivières, les fermes et les frontières d’états
    The distance from here to where you’d be || La distance entre ici et là où tu devrais être
    It’s only finger lenghts that i see || Ce n’est qu’une courte distance pour mes yeux

     

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    I touch the place || Je touche l’endroit
    Where I’d find your face || Où je trouverais ton visage
    My fingers increases || Cette distance s’accroît
    Of distant dark places || Par de sombres et lointains endroits

     

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    I hang my coat up in the first bar || J’accroche ma veste dans le premier bar
    There is no peace that I’ve found so far || Il n’y a pas la paix que j’ai si longtemps cherché
    The laughter penetrates my silence || Le rire entre dans mon silence
    As drunken man find flaws in science || Comme un homme ivre cherchant des défauts dans la science

     

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    Their word’s mostly noises || Leurs mots ne sont que du bruit
    Ghosts with just voices || Des fantômes avec juste des voix
    Your words in my memory || Tes mots dans mes souvenirs
    Are like music to me || Sont comme une musique pour moi

     

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    I’m miles from where you are || Je suis à des miles de toi
    I lay down on the cold ground || Je gis par terre, sur le sol froid
    I, I pray that something picks me up || Je, je prie pour que quelque chose me relève
    An sets me down in your warm arms || Et me ramène dans la chaleur de tes bras

     

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    After I have traveled so far || Après avoir voyagé aussi loin
    We’d set the fire to the third bar || Nous mettrons le feu au troisième bar
    We’d share each other like an island || Nous prendrons soin de l’autre, comme sur une île
    Until exhausted, close our eyelids || Jusqu’à ce qu’épuisés, nous fermons nos paupières

     

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    And dreaming, pick up from || Et rêvant, nous nous relevons
    The last place we left off || Du dernier endroit que nous avons laissé
    Your soft skin is weeping || Ta peau douce répand
    A joy you can’t keep in || Une joie que tu ne peux pas garder en toi

     

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    I’m miles from where you are || Je suis à des miles de toi
    I lay down on the cold ground || Je gis par terre, sur le sol froid
    I, I pray that something picks me up || Je, je prie pour que quelque chose me relève
    An sets me down in your warm arms || Et me ramène dans la chaleur de tes bras