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    MaJ 27 (7)

     

     Andy s'était recroquevillée sur son lit, et regardait d'un oeil distrait la batterie devant elle, écoutant avec attention Nate qui s'escrimait au téléphone, au sujet du décès tout récent de sa soeur, quelques heures auparavant.

     

    MaJ 27 (7)

     

     Elle avait préféré le laisser seul gérer tout ça. Il n'était pas resté plus de dix minutes dans ses bras, au plus grand regret de la jeune femme, qui s'était enfin sentie utile pour lui. Non pas qu'elle ignore ce qu'il lui fait, mais, elle n'a pas besoin qu'il s'inquiète pour elle.

     

    MaJ 27 (7)

     

     _ Andy ? Héla Nate de derrière la porte. Je pars rejoindre mes parents à l'hôpital. Je ne sais pas à quelle heure je rentre. Ca va aller ?

    _ Oui, ca va aller. Occupe toi de toi, lui répliqua-t-elle sèchement.

    _ Je t'appelle dès que je sais quand je rentre.

    _ ...

    _ A plus tard.

     

    MaJ 27 (7)

     

     Et de nouveau, elle fixa son attention sur la batterie, essayant d'oublier les quelques dernières minutes de sa vie, pour replonger dans ses souvenirs, et essayer d'oublier tout ce qui lui arrive. Pour une fois, elle voulait lui montrer qu'elle n'avait plus besoin de lui.

     


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    MaJ 27 (8)

     

     William arriva précipitamment devant le centre pénitentiaire où était détenu son père, bien décidé à ce qu'il lui explique cette histoire de non consanguinité. Harry lui avait caché plus qu'il ne le pensait, et cette dernière révélation ne semblait pas vouloir passer.

     

    MaJ 27 (8)

     

     _ Je voudrais voir Harry Mayers, expliqua le jeune homme aux cheveux bleus à l'homme qui se tenait à l'accueil.

    _ Vous êtes ?

    _ Son fils aîné : William Mayers.

    _ Veuillez patienter, je me renseigne.

     

    MaJ 27 (8)

     

     Le gardien se leva de son bureau avant de se diriger vers un couloir aussitôt, laissant William seul, avec toutes ses interrogations. Au bout d'une petite dizaine de minutes, l'homme revint, avant de conduire William vers l'une des salles qui permettait aux détenus de retrouver leur proches.

     

    MaJ 27 (8)

     

     William n'eut pas longtemps à attendre que Harry entra dans la pièce, suivit du gardien, qui ferma la porte, et se posta devant, dans le couloir.

    _ William, dit Harry, plus acide que jamais.

    _ Bonjour, j'ai à te parler, assis-toi.

    Harry s'exécuta, s'installant face à son fils.

     

    MaJ 27 (8)

     

     _ Tu es ma première visite depuis des mois ...

    _ Qui est le père de Julia ?

    _ Que ? Enfin William, c'est moi.

    _ Ne me mène pas en bateau. Qui est le père de Julia.

    _ Moi.

    _ Quand vas-tu enfin dire la vérité ?

     


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    MaJ 27 (9)

     

     _ Je suis le père de ta soeur. Où es-tu allé pécher ça encore ?

    _ Peu importe. Je veux savoir qui est le père de Julia, c'est si compliqué que ça de me répondre ?

    _ Tu n'y es pas du tout William ...

     

    MaJ 27 (9)

     

     Harry se tut, repassant ses souvenirs en mémoire, et particulièrement ce jour d'hiver où il a vu sa fille, enceinte jusqu'au cou, dans la maison de cet empaffé.

    _ Oh, je vois. L'enfant est de moi, c'est ça ? Ricana-t-il.

    _ ...

    _ Je viens de te couper le sifflet apparemment, rit-il. Sinon, comment te serais-venu l'idée de ne pas me voir comme le père de ta soeur. Mais je suis le père de ta soeur, tu veux le livret de famille peut-être ?

     

    MaJ 27 (9)

     

     _ Je te parle de son père biologique, Harry...

    _ Ce n'est pas une façon de parler à celui à qui on doit la vie, William.

    _ Qui est-ce ?

    _ Moi, répéta-t-il.

     

    MaJ 27 (9)

     

     William se leva finalement, sachant très bien qu'il ne pourrait rien savoir de plus aujourd'hui.

     

    MaJ 27 (9)

     

     _ Mes félicitations à ta soeur pour son rejeton, lança Harry avant que William ne pousse la porte.

    Mais le jeune homme ne se laissera pas abattre. Quitte à passer tous les jours, il le fera avouer.

     


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    Début mai 2010

     

    MaJ 27 (10)

     

     _ Merde, baragouinait une jeune femme en avançant sur la petite place tout en traînant du pied. Il n'y a qu'à moi que ça arrive ce genre de conneries.

    Elle s'avança, et s'assit sur un banc, au bord de la jetée, avec une vue directe sur la mer, et la plage.

     

    MaJ 27 (10)

     

     Voilà quelques jours qu'elle était arrivée dans ce trou pommé de Californie, après s'être trompée bêtement d'adresse, ayant pris un billet d'avion pour la ville natale de Nate au lieu de sa ville de séjour actuelle, à savoir Houlton. Quelle idée de lui avoir demandé sa ville natale et non pas celle où il vivait !

    Bien évidemment, elle a tout fait pour reprendre l'avion en direction de la bonne adresse, retrouvée dans ses mails, mais c'est sans compter sur sa chance caractéristique : ce bled pommé voit passer un avion tous les trente six du mois, la voilà donc bloquée, pour une durée indéterminée.

     

    MaJ 27 (10)

     

     _ Pays de merde ! Grogna la jeune femme. Compagnie de merde ! Mais qu'est-ce que je fiche ici enfin ?

    _ Un problème ? Demanda une voix derrière elle.

    Une voix qui lui semblait étrangement familière. Serait-elle, finalement, dans la bonne ville ?

     

    MaJ 27 (10)

     

     Elle tourna la tête dans la direction de la voix, pour découvrir, à son plus grand malheur, qu'il ne s'agissait pas du brun tant espéré, bien que celui-ci soit brun aussi, avec des yeux bleus perçants et un visage relativement froid.

    Et la jeune femme avait une impression de déjà-vu.

     


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    MaJ 27 (11)

     

     _ Excusez moi, fit-elle en se levant. Je me suis perdue, et je crie après n'importe quoi, je dois vous sembler ridicule, non ?

    _ Non, pas tant que ça. Vous voulez un coup de main ? Vous cherchez quelqu'un, ou un lieu en particulier ?

    _ Je ne crois pas que vous allez m'aider, je suis à des centaines de kilomètres, voire même des milliers, de ma destination.

     

    MaJ 27 (11)

     

     _ Ca dépend, vous deviez allez où ? Demanda poliment l'homme en face d'elle.

    _ Houlton dans le Maine, à l'autre bout du pays, dit-elle distraitement.

    Elle ne fit pas attention à la réponse, s'amusant à détailler les traits de ce beau brun qu'elle rencontrait pour la première mais qui lui semblait si familier en même temps.

     

    MaJ 27 (11)

     

     Ses mimiques, sa façon de bouger ses bras en parlant, cet air hautain et sur de lui, froid et moqueur. La forme du nez qui lui était plus que familière, fin et retroussé, des yeux allongés un chouïa et une bouche large et fine, sans expression.

    _ Nate, murmura-t-elle sans faire attention.

     

    MaJ 27 (11)

     

     _ Oui, c'est ce que je viens de dire, dis le jeune homme. J'ai de la famille sur Houlton, dont un dénommé Nate.

    _ Pardon ? Sortit de ses songes Emilie.

    _ Vous ne m'écoutiez pas, n'est-ce pas ?

    _ Excusez moi, vous ressemblez à quelqu'un que je connais. Il s'appelle Nate.