Novembre 2007

 

 

 Andy était installée chez elle, bossant sa philosophie, avec peu d'entrain, ce n'est pas vraiment sa matière préférée. Elle préférait passer ses journées sur sa batterie, qui traînait dans un coin de la maison, ça aurait été beaucoup plus intéressant pour elle, mais c'est comme tout, dans la vie on n'a pas toujours le choix.

 

 

 On toqua à la porte, ce qui énerva Andy. Elle avait besoin de concentration, sinon, elle allait gribouiller sur sa copie, et c'est pas comme ça que sa copie allait lui donner une note potable d'elle même.

_ Oui ? Grogna-t-elle.

 

 

 Elle tourna sa chaise pour voir sa mère, entrant dans sa chambre en bazar. La mère de famille fit la moue devant les affaires de sa fille s'éparpillant un peu partout dans la pièce.

_ Andrée … Tu pourrais ranger un peu, non ?

 

 

 La brunette soupira. Ca faisait un an qu'elle avait changé de prénom, et ses parents l'appellent encore Andrée et ça l'énervait un peu, elle n'avait pas dépensé tout cet argent pour qu'on continue de l'appeler Andrée.

 

 

 _ Il y a Nate qui est là ma puce.

_ Quoi ? S'étonna la jeune femme.

_ Oui, il est là, tu veux que je le foute à la porte ?

_ Nan nan, c'est bon. Fait le monter.

 

 

 Claire disparut et la brunette retourna à son bureau, afin de dissimuler sa dissertation digne des plus grands films comiques. Si jamais Nate, alias Monsieur dix huit en philo au bac, voit ça, c'est le fou rire assuré.

_ Andy ?

La porte grinça quand la jeune femme fit tourner sa chaise dans la direction de la porte, pour y voir Nate, inchangé.

_ T'as toujours la même gueule d'idiot … Ca change pas ...

 

 

 Nate, gêné, passa sa main dans ses cheveux, et fit la moue.

_ Je commençe à en avoir ras le cul des cheveux longs que j'essaye en vain de coiffer, je compte me les couper, t'en penses quoi ?

_ Coupe les ! Lui assura la jeune femme.

 

 

 Le jeune homme s'installa sur le lit, vite rejoint par Andy.

_ Tu comptes ranger ta chambre un jour ?

_ Ouais, peut-être … Qu'est- ce que tu fiches ici ?

_ J'ai même pas le droit de passer te voir ? Sympa, je retiens vois-tu, t'emporteras pas ça au paradis …

_ D'habitude, tu viens jamais seul …T'es toujours avec Will. Non pas que ça me dérange hein, que tu viennes seul, mais bon, faut un temps d'adaptation, je vais pas m'y faire. Je suis sûre que Willou est dans le coin.

 

 

 _ T'es gênée que je vienne te voir seul comme un grand …? s'amusa le jeune homme.

_ Hein ? Ah .. non non non non !

_ Andy ….

_ Bon, d'accord, t'es content ? Tu me fais perdre mes moyens, c'est ça que tu voulais entendre ?

 

 

 _ Je te plaît ! Avoue le au moins !

_ Gné ?

_ Avoue que je te laisse pas indifférente, sinon tu te comporterais normalement avec moi.

_ Les chevilles, ça va ?

_ Mais très bien, j'attends ma réponse.

 

 

 _ Non, tu me plaît pas. T'es un super pote Nate, c'est tout.

_ Pfiou, je suis rassuré, dit-il en s'allongeant sur le dos.

_ Rassuré ?

_ Oui, je vais pouvoir te présenter ma petite amie dans les formes ?

 

 

 Andy ne bougea plus, interloquée. Une …. petite amie ? Non pas que venant de Nate ça l'étonne, il est plutôt séduisant et adorable comme mec, mais à l'instant, l'image qui traversa sa tête était tout autre, elle, dans les bras de Nate.

Elle secoua vivement la tête, voulant faire sortir cette image de sa tête. Il ne lui plaît pas, il ne lui plaît pas … il …

Il lui plaît, c'est dur à se l'avouer, mais il lui plaît. La jeune femme ne fit même plus attention à ce que racontait Nate au sujet d'une dénommée Lucie*, elle n'avait retenu que le prénom.

 

 

 La jeune femme détourna le regard du jeune homme, ne voulant pas penser à Nate, encore moins à lui et à sa petite amie. Nate, quant à lui, se leva pour dévisager la jeune femme.

 

 

 Ca faisait des mois qu'ils se tournaient autour, qu'ils se provoquaient, sans pour autant aller plus loin, faisant croire aux autres du lycée qu'ils étaient ensemble l'an dernier. Une réelle complicité était née entre eux deux, mais toujours avec Sienna et William autour d'eux. Mais maintenant, est-ce que ça allait continuer ?

 

 

 

 Andy détourna les yeux, complètement bouleversée par ses souvenirs qui lui revinrent en mémoire.

_ Arrête Nate, ce n'est pas nous ça, de se cacher aux yeux des autres. On arrête là. Nous deux, c'est bel et bien fini, on se fait du mal, et on en fait aux autres.

_ Ouais, t'as raison, excuse-moi.

 

 

 _ Amis ? Demanda la brunette en plantant son regard dans celui de Nate.

_ Amis, oui, toujours amis.

_ Et on oublie ce qu'on vient de faire, ce qu'on a faillit faire !

_ On oublie tout Andy … t'as été un des plus merveilleux moment de ma vie, et je refuse tout gâcher en t'ignorant, je veux tout garder en mémoire, les bons comme les mauvais moments.

 

 

 _ Moi aussi, je veux tout garder comme un précieux souvenir, et plus tard, on se mariera chacun de notre côté, on aura des enfants, et on parlera du passé en rigolant  … dit la jeune femme.

Nate se décala afin de laisser la jeune femme descendre du comptoir, elle se recoiffa avant de se tourner vers le jeune homme.

 

 

 _ T'as du rouge à lèvres, attends …

Elle passa son doigt sur les lèvres du jeune homme afin de lui retirer la marque rosée tout en riant.

_ Allez, faut qu'on se grouille, sinon, je donne pas cher de ma peau avec Marine, dit Nate. Non pas qu'elle soit jalouse hein, disons hyper possessive, elle regarde même ma colloc' avec des yeux noirs.

Andy explosa de rire avant de sortir des toilettes discrètement, suivie de Nate avant de débarquer dans la salle de karaoké.

 

 

 _ Ah bah quand même, se plaignit Will. On a commencé à croire que mini-Nate était en cours !

Marine fusilla William du regard avant de se précipiter vers Nate qui la prit dans ses bras.

 

 

 _ T'es pas sympa de me planter alors que je connais personne.

_ Excuse moi mon ange, j'aurais jamais dû …

_ Ouais, bah, tu me dois des explications toi ce soir, et pas sur l'oreiller môssieur !

_ Oui madame, je t'aime, lui dit-il avant de lui effleurer les lèvres des siennes doucement.

 

 

 Andy évita de regarder Nate et Marine avant de se diriger vers Spencer qu'elle embrassa timidement sur la joue.

_ Désolée …

_ C'est rien, je m'inquiétais pas pour toi, je te faisais confiance … lui dit-il en l'embrassant dans le cou.

Andy fit la moue, et se sentait totalement perdue. Elle ne se sentait pas digne de la confiance de Spencer, si elle ne s'était pas battue contre elle même, Dieu seul sait ce qu'elle serait en train de faire dans ces fichues toilettes avec son ex.

 

 

 _ Allez, hop hop hop ! Tout le monde est de retour, on va faire une photo, allez les potos ! S'amusa Sienna.

Elle tendit un appareil à Mathieu avant d'ameuter ces trois meilleurs amis.

 

 

 _ Après quatre mois disloqués, nous voici de retour ! Han putain comment c'est trop bien ! s'exclama Sienna.

_ Et réconciliés en plus, dit Nate en regardant Andy.

_ En espérant qu'il n'y ait plus d'ombre au tableau … souffla Andy.

 

CHEEEEEEEEEEESE !

 

CLIC !

 

 

 

♫ Sakuraba Haruto - Eyeshield 21

 

 

 Les flocons tombent encore.

Les flocons recouvrent le sol, rendent tout tellement magique.

Noël sonne.

 

 

 Noël.

Fête d'espoir, de joie, de vie.

Et puis, on rêve.

D'un bonheur oublié.

D'un bonheur usé.

 

 

 On a tous une façon différente de voir cette fête.

Entre amis, dans une salle confinée, partager les souvenirs, les rires.

 

 

  En amoureux, installés au coin du feu.

Parlant d'avenir, de projet, de tous nos rêves et envies.

A l'abri du monde et de ses difficultés, de ses épreuves.

 

 

 Avec nos regrets.

De ne pas avoir été là lors de la perte d'un être cher.

Assis devant une tombe gelée.

 

 

 Mais quoi qu'il arrive, une lueur d'espoir dans le ciel nocturne.

Regardez la première étoile, celle qui murmure des mots de tendresse...

 

 

 Qui susurre à votre oreille …

Joyeux Noël …

 

 

 

 Le 25 décembre 2009 – Quatre heures du matin.

 

 

 Une voiture grise filait dans les rues, un silence pesant envahissant l'habitacle. Seule la radio cassait la froideur qui régnait entre les deux jeunes gens.

 

 

 Andy se sentait terriblement coupable de ce qui avait faillit se produire avec Nate à la discothèque. Et elle avait peur de la réaction de Spencer si jamais il l'apprenait.

Il a beau lui dire qu'il comprend qu'ils se soient enfuis tous les deux, qu'il ne s'inquiétait pas pour elle, qu'il lui faisait confiance, elle se sentait mal.

 

 

 _ J'ai un truc à prendre chez moi avant de te déposer chez ta tante … tu m'attends dans la voiture, j'en ai pas pour long.

Andy tourna la tête, ils roulaient depuis dix minutes, sans un mot, et ces quelques paroles la perturbèrent.

_ T'inquiète pas, je vais t'attendre, souffla-t-elle finalement dans un sourire timide.

 

 

 Le brun gara la voiture rapidement sur le bas côté avant de filer dans la bâtisse, laissant Andy seule avec elle même. Elle regarda la poignée de sa portière, il ne lui suffisait que d'un geste, ce n'était pas très compliqué.

Finalement, elle l'actionna et ouvrit la portière avant de rentrer dans la maison.

 

 

 Elle trouva rapidement Spencer, le nez dans sa bibliothèque, à l'étage.

_ … Spencer …

 

 

 Le jeune homme, surpris, fit volte face, dévisageant le jeune femme.

_ Andy … je t'avais dit de rester dans la voiture …

_ Tu mérites mieux que moi …

_ Pardon ?

_ Je suis qu'une idiote, une conasse … Tu mérites mieux que moi …

_ …

_ Je suis tellement désolée, je t'aime pourtant.

 

 

 Le jeune homme ne la laissa pas se démonter et la prit dans ses bras, la berçant doucement.

_ Shhhh … calme-toi, je suis là …

 

 

 _ Je m'en veux tellement … Pourquoi tu restes auprès de moi, après ce que je te fais ? Je … je te hurle dessus, je pleure tout le temps, je pense sans cesse à un autre …

_ Calme-toi Andy … Je te l'ai déjà dit, je t'aime avec tes qualités comme avec tes défauts, c'est tout ça réunit qui te rend telle que tu es.

Timidement, la jeune femme posa ses lèvres sur celle du jeune homme, passant ses mains dans son dos, retirant progressivement sa veste puis sa chemise.

 

 

 _ Tu ne devrais pas rester là … soupira-t-il en cherchant les lèvres de la jeune femme.

Les paroles du jeune homme ne transcrivait en rien ses pensées, ce qui l'amusa un peu.

_ T'es pas très convaincant murmura-t-elle.

 

 

 Pour seule réponse, Spencer prit la jeune femme dans ses bras avant de l'allonger sur le grand lit blanc, lui retirant sa robe qui valsa directement au pied du lit.

_ Tu n'es pas très prudente, lui susurra-t-il en s'approchant d'elle.

 

 

 _ Je veux profiter de ma vie tant que je suis encore en vie, murmura-t-elle. Après, il est trop tard.

Pour unique réponse, Spencer sauta sur les lèvres de la jeune femme, passant ses mains dans son dos, voulant lui retirer les derniers bouts de tissus qui la recouvraient tandis qu'elle défit le pantalon de son compagnon.

 

 

 _ Je t'aime Andrée …

 

 

 

 A quelques rues de là, une jeune femme était assise sur le lit de son homme, recroquevillée, se battant contre ses paupières alourdies par l'heure tardive, et sa soirée fatigante à s'égosiller au karaoké, riant de bon coeur avec tout le monde, s'entendant étrangement bien avec Andy.

 

 

 Nate était dans la salle d'eau depuis dix minutes, et Marine l'attendait, bien qu'il lui ait dit de s'endormir sans lui. Oui, mais non. Elle ne compte pas s'endormir sans lui avoir exigé quelques explications. Dans la journée, ils filent à Woodstock jusqu'à samedi soir, donc deux jours, avant que Marine ne reprenne l'avion en direction de la France.

 

 

 La porte s'ouvrit doucement dans un grincement, Nate voulant faire le moins de bruit possible, pensant sa petite amie endormie.

_ Marine ? Lâcha-t-il quand il vit qu'elle était tout sauf aux pays des rêves. Je t'ai dit de t'endormir, tu tombes de sommeil.

 

 

 Nate se rapprocha de la jeune femme, la prenant dans ses bras.

_ Endors-toi vilaine, tes parents vont m'accuser de t'avoir maltraitée.

_ Nan, je dors pas maintenant, pas d'accord.

_ Fais pas l'enfant Marine, lui dit-il en l'embrassant sur le front.

 

 

 La jeune femme se décolla de lui pour lui faire face.

_ Tu m'expliques ? Avec Andy là ! Je me suis sentie totalement conne !

Nate la regarda interloqué, ne s'attendant pas à une réaction pareille de la jeune femme.

 

 

 _ Arrête avec ta tête là ! Tu me fais chier ! J'ai l'impression que tout est de ma faute quand tu tires cette tête ! Commença à s'emporter la jeune femme.

_ Calme-toi … Lola est juste à côté !

_ Mais je m'en fiche !

 

 

 _ Qu'est-ce que tu veux savoir ? Demanda Nate le plus calmement du monde.

Marine le regarda, outrée, qu'il réagisse aussi simplement, comme si ce qu'elle pensait était tout à fait dérisoire, sans importance.

_ C'est tout ce que ça fait ? Je … Je … suis en train de demander des explications, et tu fais comme si c'était normal que tu t'envoies en l'air avec ton ex dans les chiottes de la boîte de nuit !

 

 

 _ Je n'ai rien fait de répressible avec Andy, on a mis les choses à plat … C'est fini, je te bassinerais plus avec elle …

_ Pourquoi tu mens ? Hein ?

_ Je mens ? Enfin, il ne s'est rien passé Marine, crois moi.

 

 

 _ Car tu crois que j'ai pas capté ! Il s'est passé quelque chose, je l'ai bien remarqué, vu la façon dont vous vous évitiez durant la soirée. Et moi je suis quoi là dedans ? Un défouloir ?

_ Tu crois que je suis dégueulasse à ce point ? C'est la seule image que tu as de moi ? Un gros dégueulasse qui couche avec des filles pour oublier son ex, et qui lui ressaute dessus dès qu'il la voit ?

 

 

 _ Mais merde Nate ! Pense à ce que je ressens bordel ! Tu crois que je pensais quoi quand je t'ai vu filer avec elle ? Je suis pas une cruche, loin de là !

_ Je n'ai rien fait avec elle, dit-il en détachant chaque syllabe. Rien. Maintenant, t'es mignonne, tu me laisses dormir.

 

 

 Nate s'allongea, laissant Marine assise seule sur le lit, comme une idiote.

_ Que …? Tu …! Raaaaaaaah !!

 

 

 La demoiselle sauta sur ses pieds, avant de sortir à toute vitesse de la chambre, faisant claquer la porte au passage, des larmes de colère pointant dans le coin de ses yeux. Hors de question de s'avouer vaincue ! Encore moins de montrer sa faiblesse.

 

 

 Elle grimpa les escaliers en colimaçon à une vitesse monstre afin de s'exiler dans le grenier, elle ne voulait surtout pas le voir, encore moins chercher à lui parler. Qu'est-ce qu'il lui cachait encore ?

 

 

 Elle s'allongea sur le lit, recroquevillée, avant d'exploser en sanglots. Elle n'en pouvait plus de ses mensonges, de ses faux semblants. Marre qu'il fasse semblant d'être heureux en se compagnie, marre de n'être que la plante verte de l'histoire.