Sienna et William parlait depuis deux bonnes heures maintenant. Après avoir saccagé la cour de la résidence de la jeune femme à coup de bataille de boule de neige, ils s'étaient installés dans la cuisine de la jeune femme, chocolat chaud en main.

 

 

 _ On va choper la crève, se plaignit Will.

_ Arf, c'est pas grave, Kim va te soigner, dit-elle en riant.

_ Ouais, à propos de Kim, je voulais te parler …

 

 

 Le visage de Sienna se ferma, qu'est-ce qu'il se passait ?

_ Je vais la quitter.

_ Quoi ?! S'étonna Sienna. Mais hier encore, tu ne me disais que du bien d'elle !

 

 

 _ Justement, c'est pas elle le problème, c'est moi, avoua-t-il piteux.

_ Tu l'as pas trompée quand même ? S'énerva-t-elle. Je te connais comme si je t'avais fait.

_ Je ne l'ai pas trompée Sienna, dit-il.

_ Alors c'est quoi ?

 

 

 _ C'est pas moral ce que je vais te dire Sienna, mais me juge pas, je t'en prie.

_ Je ne suis pas là pour te juger Will, tu sais que tu peux avoir confiance en moi.

William prit une profonde inspiration avant de planter son regard dans celui de la rouquine.

 

 

 _ Je … suis amoureux de Julia.

 

 

 

 _ Madame Swan, reprit la policière, nous avons besoin du témoignage de votre neveu. Nous avons découvert deux cadavres, un homme et une femme. Il s'agit d'une affaire de meurtres madame, et votre neveu était présent.

 

 

 _ Vous vous rendez compte de ce que vous demandez ? S'emporta Valérie. Eliott a vu deux personnes se faire tuer bon sang ! Il n'a que neuf ans ! Il veut oublier, vous n'êtes pas aidant ! Vous avez attrapé du monde là bas, non ? Laissez le vivre une vie d'enfant normal !

_ Ils se sont entretués, dit une voix faiblarde et tremblante.

 

 

 Valérie ouvrit de grands yeux avant de se retourner pour découvrir Eliott, toujours vêtu de sa doudoune, s'approcher des policiers.

_ Je connais leur prénoms. Reanald, le blond, a voulu me tuer, et Liane, la rousse, a voulu l'empêcher d'agir et elle s'est pris la balle. Après, elle a pris le pistolet pour tuer Reanald. Laissez ma tante tranquille s'il vous plaît.

 

 

 _ Nous n'en avons pas après ta tante bonhomme, on veut savoir ce qu'il s'est passé, expliqua linspectrice le plus gentiment possible. Merci.

_ Liane, c'était mon amie, ne faîtes pas de mal à sa famille.

_ Elle a de la famille ?

 

 

 Eliott ne dit plus rien et disparu dans sa chambre, laissant Valérie seule avec les deux policiers.

_ Ne lui demandez plus rien, je vous en prie.

_ Bien entendu, nous avons ce que nous voulions. Toutefois, si jamais il venait à vous parler de sa séquestration, essayez de nous en rapportez un maximum pour notre enquête.

 

 

 Valérie donna un coup de tête positif avant de raccompagner tout le monde à la porte.

_ Excusez moi, dit-elle en interpellant la jeune femme.

_ Oui ?

_ J'ai l'impression de vous avoir déjà vu, c'est un tour de mon imagination ?

 

 

 _ Non, nous nous sommes déjà croisés, lui dit-elle, mi souriante, mi anxieuse. Je travaille sur la disparition de votre nièce.

_ Andy ? S'affolla aussitôt Valérie.

En effet, elle ne put sauter qu'à cette conclusion, il ne lui reste plus qu'une nièce, Claire étant sa seule soeur.

 

 

 _ Non, Delphes Thatch, dit-elle avec un sourire mitigé.

_ Mais Delphes est morte ! Nous l'avons enterrée !

_ Rappelez vous que vous avez enterré une dépouille non identifiable qu'on a conclut être votre nièce, or, nous avons trouvé, sur le lieu de la séquestration d'Eliott, des traces de sa soeur aînée.

 

 

 _ Des traces ? S'enquit Valérie, perdue.

_ Du sang séché, qu'on a pu dater, des cheveux, des empruntes digitales. Je ne veux pas vous donner de faux espoirs, mais la dépouille qui gît sous la plaque de Delphes Thatch n'est pas elle, et je ne serais pas étonné que la séquestration d'Eliott ait à voir avec ses nouvelles découvertes.

 

 

 _ Comment ça ? Je ne comprends rien.

_ Nous supposons que l'enlèvement d'Eliott était un moyen de pression pour faire revenir Delphes, qui se serait enfuie. Mais ce ne sont là que des hypothèses. Veuillez ne pas en parler à ses frère et soeur, madame.

_ Bien entendu, au revoir.

  

 

 Valérie ferma la porte avant de s'écrouler derrière, se laissant glisser de tout son long.

Delphes n'est pas morte.

si elle savait que ce n'était que des suppositions, elle avait envie d'y croire, de s'y accrocher.

Delphes, en vie …

 

 

 

 _ T'es amoureux de ta soeur ? S'offusqua aussi Sienna.

_ Je croyais que tu me jugerais pas, bougonna William.

_ Mais ... mais c'est ta soeur William !

 

 

 _ Je le sais, et ça me bouffe. Je préfère ne pas y penser, et je ne peux même plus regarder Kim en face. Je me sens tellement nul, tu peux même pas t'imaginer... Ma soeur, celle que j'ai consolée quand maman est morte, avec laquelle j'ai grandi … le même sang que moi.

 

 

 William enfouit sa tête dans ses bras, des sanglots brisant le silence.

_ Mais qu'est-ce que j'ai fait bordel pour tomber amoureux de ma soeur ?

_ Will … laisse le temps faire, c'est peut-être passager..

 

 

 Il se leva , lança un regard dur et froid à Sienna avant de prendre sa main vivement et la poser contre son coeur.

_ Ca ne va pas passer, je le sais. Ca … ça me tenaille là dedans, dès que je la vois, c'est comme si tout s'illuminait, tu comprends ? Quand je suis avec Kim, je ne pense qu'à Julia, je suis jaloux au pas possible de Mikael, bien que je sais que, elle, elle l'aime, je ne suis que son grand frère.

_ C'est parce que tu es son grand frère Will.

 

 

 _ J'essayais de me persuader que c'était mal, continua-t-il. Mais plus je la refoulais, et plus elle revenait en force. Depuis qu'elle vit chez lui, c'est pire encore, je le supporte plus. Je suis un monstre Sienna, je désire ma petite soeur corps et âme.

 

 

 Sienna essaya de le calmer, et le prit dans ses bras, le consolant comme elle le pouvait, et la seule idée qui lui traversa l'esprit, ce fut de changer de conversation. C'est banal, elle le sait, mais elle ne les connaît pas, ces mots qui te remettent sur tes pieds et te refaçonnent ta bulle. Alors, elle contourne le problème.

 

 

 _ C'est bientôt Noël, dit-elle. On appelle Andy et Nate, et on fait notre habituelle petite soirée au Blast ?

_ Ils viendront jamais s'ils savent qu'on sera au complet …

_ On n'a qu'à leur mentir, leur dire qu'on ne sera que trois … alors ?

  

  

 _ Pourquoi pas … On se fait ça entre potes, où tu veux inviter Matt ?

_ On devait se faire un dîner pour Noël, je ne pense pas qu'il refusera un karaoké tu sais. Et amène Kim, ne la largue pas. Elle te remettra peut-être sur pieds Will, je veux croire que c'est passager.

 

 

 Will se détacha de Sienna et eut un petit rire.

_ Qui va les appeler ? Demanda Sienna.

A cet instant, la sonnette retentit, ce qui rire William, il avait enfin retrouvé sa bonne humeur.

_ Désolée, Matt devait passer …

_ C'est pas grave, va lui ouvrir, je les appellerais en rentrant.

 

 

 

 Sienna embrassa Will sur le front avant de se ruer sur la porte, qu'elle ouvrit sur un Mathieu tout sourire.

_ Bonjour ma puce, lui susurra-t-il en l'embrassant tendrement.

 

 

 _ Bonjour Matt ! Beugla William. Attendez que je sorte avant de faire quoi que ce soit, bande de porcs !

_ Porc toi-même rit Matt en entrant.

 

 

 _ Moi, un porc ? S'amusa Will en saluant Matt d'une grande accolade. Nan, je suis aussi innocent qu'un nouveau né …

_ Un nouveau né avec un couteau entre les gencives …

_ Drôle. Allez, je me casse le tourtereaux, et je les appelle, juré ma petite Sienna ! Et merci encore.

 

 

 Une fois la porte fermée, Mathieu prit Sienna dans ses bras, lui embrassant le bout du nez.

_ T'es gelé ! S'exclama Sienna. Qu'est-ce tu fichais à traîner dehors par un temps pareil …

_ Je suis allé m'occuper de ton cadeau de Noël, lui dit-il en l'embrassant.

 

 

 _ Et as-tu trouvé ton bonheur ?

_ Mmmh mmh …

_ J'ai pas trouvé le tien, faut que je creuse encore … dit-elle en riant.

_ Pas grave, ta seule présence me suffit, lui chuchota-t-il avant de la faire basculer sur le canapé du salon.

 

 

 

 

 Andy et Spencer étaient tous deux enlacés sur le lit du jeune homme, discutant depuis un long moment, n'ayant même pas eu le courage de s'habiller, pour Andy, ou de continuer à s'habiller, pour Spencer, qui était encore torse nu.

 

 

 Ils riaient, oubliaient leurs tracas de la matinée, au plus grand plaisir d'Andy, y'a pas à dire, Spencer sait remonter le moral des gens, chez certaines personnes, c'est même inné, et c'est ce que commençait à croire Andy.

 

 

 Finalement, un bruit sortit d'outre tombe les stoppa net dans leurs discussion. Ils se regardèrent en riant avant d'exploser de rire.

_ Je crois que je meurs de faim, dit Andy en riant.

_ Et je crois que t'es pas la seule, il est quelle heure ?

_ Onze heures passées, lui assura Andy.

_ Tu m'étonnes qu'on crève la dalle, allez, debout mauvaise troupe, on va aller dévaliser le frigo.

 

 

 Sur ces mots, Spencer sauta sur ses pieds, et Andy s'allongea sur le dos, mains sous la tête.

_ Andy ?

_ Mmh …

_ T'as plus faim ?

 

 

 _ Arf, nan, c'est pas ça, je réfléchis …

_ Ah bon ? S'amusa-t-il. Et à quoi donc ?

_ A nous deux. Tu te rends compte que sans Julian, on ne serrait pas ensemble toi et moi ?

 

 

 Spencer rit et s'assit sur le lit.

_ Tu sais, la vie est une suite de hasards, faut juste savoir saisir l'opportunité.

_ Je sais pas ce que je serais devenue si je ne t'avais pas rencontré.

_ Eh, qu'est-ce que tu me fais comme scène là ? S'inquiéta-t-il aussitôt.

 

 

 Andy ferma les yeux, ne voulant pas croiser le regard de Spencer. Elle n'allait pas bien quand il n'était pas là. Elle angoissait, se sentait démunie et vulnérable. Comme si elle avait peur de se faire abandonner, de ne pas se relever.

 

 

 _ Je suis parano, dit-elle en pleurant.

_ Andy ?

_ Je ne veux pas que tu me laisses, plus jamais, je veux plus jamais ressentir ça. Ce matin, en me réveillant, j'étais paniquée. J'ai tellement peur que tu m'abandonnes, je survivrais pas …

 

 

 Spencer prit aussitôt la jeune femme dans ses bras, la berçant, voulant la calmer.

_ Je ne compte pas t'abandonner Andy, lui dit-il.

_ C'est ce qu'il me disait, et il est parti.

_ Je ne suis pas comme Nate, lui dit-il. Je t'ai acceptée, avec tes forces et tes faiblesses, tes qualités comme tes défauts, et je te promets, je te jure même, que s'il arrivait que l'on devait se séparer, ce serait pour une raison valable. Je refuse de te voir dans cet état là, je t'aime trop pour ça.

 

 

 _ Je vais mourir Spencer, ça fait trop mal.

_ Non, tu ne vas pas mourir, il faut que ça sorte, c'est tout. Tu as tout gardé pour toi depuis la mort de Delphes, tu craques, c'est normal.

 

 

 Andy crocheta ses doigts au dos de Spencer afin de l'embrasser, le griffant sans aucun doute, mais il s'en fichait. Après tout, ça se soigne, ça cicatrise et puis ça disparaît. Les blessures du coeur, elles, ne se soignent pas en deux jours, il faut du temps, et malheureusement, parfois, elles s'infectent et entraînent leur propriétaire dans leur perte.

 

 

 Mais Spencer a tout sauf envie de la voir sombrer. Il veut la garder près de lui le plus longtemps possible …

 

 

 Mais le plus longtemps possible, ce sera quand ?

Tout semble s'écrouler autour de lui, et tout de suite encore, un étrange pressentiment l'envahit.

 

 

 Il n'est pas négatif, ne l'a jamais été.

Mais aujourd'hui, il se sent encore moins en sécurité qu'avant.

 

 

 

 Pénard dans l'appartement de son meilleur, Will sortait de la douche, histoire d'effacer ses tracas, et ses inquiétudes quand à Julia. A quoi bon ruminer, ça fait du mal.

 

 

 Il s'habilla en quatrième vitesse, se sécha les cheveux, qu'il pensait décolorer, histoire de changer un peu. Le changement, ça fait du bien. Arf, et puis, un nouveau piercing, se serait bien aussi …

Il barra son reflet sur la glace embué et sortit de la salle de bain pour attraper son téléphone cellulaire.

 

 

 _ Prêt à mentir ? Se demanda-t-il en appelant Nate, tout d'abord.

Le téléphone sonna une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, répondeur.

_ Biiiiiiiiiiiiiiiip ! C’est Nate ! Je suis pas là, où j’ai pas envie de vous répondre. Laissez pas de messages, sauf si c’est urgent! Après votre message, faîtes le 1 pour plus d’options, biiiiiiiiiiip !

Will raccrocha aussi sec, pour retenter de joindre son meilleur ami, non, il s'en fiche du décalage horaire. Au bout de trois sonneries, le brun daigna répondre d'une voix pâteuse.

 

 

 _ Qu'est-ce qu'il y Will ? J'espère que c'est urgent, je dors moi.

_ Tu fais quoi à Noël ? Demanda le jeune homme au cheveux bleus.

_ Je suis à Woodstock chez ma copine, pourquoi ?

_ Nate ? C'est qui ? Demanda une voix endormie dans le combiné, Marine.

_ Laisse-tomber, chuchota-t-il à la jeune femme, encore un de mes potes qui connaît pas le décalage horraire.

 

  

 _ Bon, je répète, fit Will. Tu veux passer Noël avec Sienna et moi au Blast ? Tu peux amener ta copine si tu veux, j'y verrais aucun inconvénient, je serais avec Kim, et Sienna avec Matt.

_ Y'aura Andy ? Demanda-t-il de sa voix endormie.

_ Non, elle peut pas venir, un truc chez Valérie. Alors ?

_ Je viens, bonne journée Will, je suis crevé.

Et Nate lui raccrocha au nez.

 

 

 _ Bon, et ben en voilà un, à l'autre maintenant.

Il n'était pas peu fier de son coup de maître, plus qu'à appeler miss Andy. Il fit sonner le téléphone d'Andy, et eut réponse au bout de la première tonalité, elle est rapide. Sauf que ce n'était pas Andy au téléphone, mais une voix d'homme.

 

 

 _ Allô ? Dit la voix.

_ Bonjour, je suis bien sur le portable d'Andy.

_ Oui, elle est dans l'incapacité de décrocher. A qui ai-je l'honneur ?

_ William, un ami.

_ Ah oui, elle m'a parlé de toi, je suis Spencer, son copain.

_ J'avais compris. Ce serait pour l'inviter en boîte à Noël, tu lui demandes ?

 

 

 Un bruissement se fit entendre, avant que Spencer ne reprenne la parole.

_ Elle demande si Nate sera là ?

_ Non, il ne peut pas rentrer pour Noël, trop pris par son boulot.

Nouveau bruissement.

_ Elle est d'accord, elle te rapellera, ça marche.

_ Pas de problème, t'es invité aussi, je viens avec ma copine, et Sienna avec le sien, c'est une façon de faire connaissance.

_ Pas de problème, je viendrais.

_ On se voit à Noël alors ?

_ C'est ça, salut.

Spencer raccrocha, laissant Will seul au téléphone.

 

 

 _ J'ai réussi, hurla-t-il en courant dans toute sa chambre et en imitant le pas de danse d'un dénommé Terry Dreher : un célèbre thriller bien connu de tous les plans machiavélique un peu foireux.

 

 

 _ Bon ben, maintenant, j'ai plus qu'à m'acheter un gilet par balle, je suis pas dans la merde.

Mais même cette pensée l'amusa, au moins, il aura oublié Julia le temps d'une après midi.