•  

     

     Un taxi arrivait à proximité d'une propriété, Sienna à son bord, rougissante et dans ses petits souliers. Qu'est-ce qu'elle allait lui dire en débarquant ? Qu'est-ce qu'elle allait trouver comme raison valable ? Keningston est bien mignon de lui avoir dit de venir, mais ça changeait pas grand chose, elle ne savait pas quoi lui dire ?

     

     

     « Dis lui que tu l'aimes en pleurant. Aucun homme ne peut résister quand la femme qu'il aime lui déclare ses sentiments en pleurant comme une madeleine ! »

     

     

     _ Merci Keny, ça va vachement m'aider, soupira la rouquine en descendant de la voiture.

    _ Eh ma petite dame, je m'appelle pas Keny moi, lui dit le chauffeur. Moi, c'est Léon.

    _ Désolée, ce n'était pas à vous que je parlais. Je parlais toute seule …

     

     

     Le taxi démarra en trombe, laissant Sienna seule devant la résidence de son cachotier de petit ami. Elle inspira un grand coup avant de poser un pied devant l'autre et se diriger vers la résidence, se tordant les doigts d'appréhension. Elle se doutait que ça n'allait pas être facile, mais elle était résignée, elle allait s'excuser auprès de Matt.

     

     

     Elle sonna brièvement à la porte et presque aussitôt, Matt lui ouvrit, complètement déboussolé.

    _ Sienna ? Que … qu'est-ce que tu fiches ici ?

    _ Ah, euh …. Je … Tu....

    _ Tu veux entrer ?

    _ Oui, je veux bien.

     

     

     La rouquine s'installa devant la cheminée, n'osant pas regarder son compagnon dans les yeux.

    _ Dis moi ce qui te ramène ici Sienna.

    _ Je … je suis venue m'excuser, souffla-t-elle. Je … m'en veux pour la dernière fois, tout ce que je t'ai dit …

    _ Pas grave, j'ai oublié...

    _ Non, laisse moi continuer, le coupa Sienna. Je …

     

     

     La jeune femme prit une grande inspiration, retenant ses larmes. Non, elle ne voulait pas pleurer maintenant.

    _ Je ne me suis pas rendu compte que j'avais de la chance, dit-elle avant de poursuivre d'un trait. De la chance que j'avais de te rencontrer, de t'aimer, de voir que tu avais l'air de m'aimer, ne serait-ce qu'un peu. Sauf que moi, j'ai été assez idiote pour ne pas voir ça. Je suis restée focalisée sur mes déceptions amoureuses, j'ai pas vu ce qu'il y avait en face, qui était en face de moi

    _ Sienna …

    _ Je t'aime Mathieu, maintenant, je peux te le dire dans les yeux, sans vouloir fuir en courant. Alors dis-le tout de suite, si tu veux casser, c'est maintenant, pas dans deux jours … Je … je veux pas te laisser de temps de réflexion, je … je ne veux pas attendre quelque chose qui ne viendra peut-être jamais.

     

     

     Sur ce mots, Matt se rua vers Sienna avant de l'embrasser à pleine bouche, la lovant contre lui, le gardant contre son cœur, propriétaire. Il ne voulait surtout pas la lâcher. Ne pas la quitter une fois de plus, ne pas laisser un vide s'installer entre eux.

     

     

     _ Moi aussi je t'aime Sienna, souffla Matt avant de river ses lèvres sur celles de la jeune femme.

    Finalement, elle n'avait pas eu besoin de pleurer, t'avais pas tout à fait raison Keny !

     


  •  

     

     Nate descendit les escaliers en cette fin d'après midi. Après avoir passé deux heures à regarder le paquet qu'il venait de faire, il se disait qu'il était temps de retrouver cette très chère Madame Tanner, vieille bique, qui devait lui trouver un travail, et toujours sans succès, aucun.

     

     

     _ J'y vais Emi, lâcha Nate.

    _ Pas de problème, lui répondit Emilie, enlacée par Emiel dans le canapé de l'entrée.

    _ Merde Nate, lui dit Emiel.

    _ Ouais, il en faut. J'ai pas de chance avec mes jobs.

    _ Celui là, ce sera le bon, je croise les doigts pour toi …

    _ Moi aussi !

    _ Ouais, on y croit dur comme fer.

     

     

     Nate esquissa un bref sourire avant de sortir de la maison, écharpe autour du coup et attaché case dans la main, le précieux paquet dedans. Cette fois-ci, bien décidé à le mettre dans la première boite aux lettres qu'il trouverait. Il comptait tourner la page, écrire un nouveau paragraphe. Et la première chose à faire, c'était de se débarrasser de ce collier.

     

     

     Très vite, Nate fut rendu à l'agence, dépité comme à chaque fois qu'il venait ici, et aujourd'hui n'allait pas changer pour un rond. Il sentait que sa journée serait pourrie, et il en était persuadé. Mais c'est quand on croit que tout est perdu que l'on a la plus belle des surprises.

     

     

     Très vite, Nate fut rendu à l'agence, dépité comme à chaque fois qu'il venait ici, et aujourd'hui n'allait pas changer pour un rond. Il sentait que sa journée serait pourrie, et il en était persuadé.

    Mais c'est quand on croit que tout est perdu que l'on a la plus belle des surprises.

     

     

     La salle d'attente était vide, à une exception près.

    Une brunette, d'une petite vingtaine d'années, assise sagement sur l'un des fauteuils en dur de la pièce. Nate dévisagea la jeune femme, voulant lui donner un nom. Généralement, à l'ANPE, on se connaît tous, c'est toujours les mêmes qui reviennent.

     

     

     La jeune femme leva les yeux et Nate eut une surprise en reconnaissant la jeune femme : la folle qui le suivait partout.

    _ Waly ? S'interloqua-t-il. Bah, qu'est-ce que tu fous ici ?

    _ 'viens de me faire virer, dit-elle, dépitée.

    _ C'est moche … soupira Nate en s'asseyant.

    _ Ouais …

     

     

     Nate s'installa à côté de la jeune femme et un long silence s'installa, un silence lourd et pesant, ce genre de silence qui nous gêne et dont on a bien envie de se débarrasser au plus vite. Et c'est dans cette optique que Nate ouvrit la bouche.

     

     

     _ J'aime bien ta nouvelle coupe.

    _ Ah euh … merci, répondit la jeune femme. J'ai décidé d'abandonner le violet.

    _ Tu étais très belle en violet aussi tu sais.

    _ Merci …

     

     

     _ Tu t'es encore fait virer ? Demanda-t-elle.

    _ Hein ? Ah, non. C'était un travail pour deux semaines, Tanner devait me trouver mieux pendant les deux semaines où je bossais.

    _ Ah, ok.

    _ Moi, je sais même pas ce qu'elle pourrait me proposer... Je sais rien faire de mes dix doigts, je vais finir caissière.

    _ Tu faisais quoi avant ?

     

     

     _ Ah, j'étais dans une super boîte avec de bons salaires, en même temps, quand on voit la gueule de mon appartement. J'étais la compta de la boîte, j'ai qu'un bac S. Ma place était surpayée, mais moi, ça m'allait. Mais la boîte a fermé il y a deux jours, et pour faire un moins gros scandale, ils nous ont viré au fur et à mesure. Dépôt de bilan.

    _ En même temps, si tu me dis que tu étais plutôt bien payée pour ton poste, c'est pas étonnant.

     

     

     Une jeune femme ouvrit une des portes vitrées de la salle d'attente et sortit de son bureau.

    _ Mademoiselle Marine Etienney ?

    _ Oui. A plus tard, rajouta-t-elle à l'adresse de Nate.

    _ Je t'attends après mon rendez-vous.

    _ Ok, je fais de même.

     

     

     Et la jeune femme s'engouffra dans le bureau, juste au moment où la vieille Tanner sortit à son tour de son bureau.

    _ Nate Handers ?

    _ Ouais.

     

     

     La vieille Tanner était très belle derrière ses rides, jeune, elle a sûrement été un pur canon ! Ses quelques rides gâchaient son visage, mais elle, au moins, n'avait pas honte de ses cheveux blancs, soigneusement entretenus.

     

     

     Nate se leva avant d'entrer dans le bureau, sacoche en main, bien décidé à décrocher le job de ses rêves, avec en prime, à la fin du mois, un salaire bien rond, plein de zéros et tout ce qui pourrait faire de lui un homme heureux.

     


  •  

     

     Après une petite heure dans le bureau de Tanner, Nate sortit, un léger sourire sur le visage, oui, léger. Il avait trouvé un nouveau job, pas spécialement celui de ses rêves, mais un job quand même.

    _ Eh, Nate !

     

     

     Le jeune homme se dirigea vers la voix et vit Marine, adossée contre le mur, près de la porte de sortie.

    _ Ah ! Tu m'as attendu ?

    _ Yep, comme promis. On va où ?

    _ Je te paye un café ?

    _ C'est pas de refus, dit la brunette en souriant.

    _ On est partis alors.

     

     

     Nate se rapprocha de la jeune femme avant de la tirer par la main vers la café le plus proche. Cette journée n'était pas si terrible que ça finalement.

     

     

     Il avait retrouvé un job, il avait fait connaissance de Waly. Non, ça pouvait être pire, sincèrement. Instinctivement, il posa la main sur son cou.

    Il fut heureux de constater que le collier n'était plus là, il ne s'accrocherait plus à un souvenir heureux. S'il a changé de vie, ce n'est pas pour revenir en arrière.

     


  •  

     

     La nuit était tombée.

    Les étoiles scintillaient.

    Dans un coin du vieux cimetière, une chouette ululait.

     

     

     Vous croyez aux fantômes ?

    Aux revenants ?

    Vous croyez peut-être aux miracles ?

     

     

     La porte du vieux cimetière grinça, et une silhouette entra, hésitante.

    D'un rapide coup d'œil, elle chercha sa destination, et pris la direction du fond du cimetière.

     

     

     Des sanglots se firent entendre de la part de la silhouette.

    Ses épaules tremblaient au rythme de ses larmes et de sa tristesse.

     

     

      Finalement, l'apparition se stoppa devant une tombe où reposait deux personnes.

    La silhouette s'écrasa au sol après avoir lu l'épitaphe de la pierre sombre.

     

     

     « Paul & Claire Thatch

    Un paragraphe, tournez la page. »

     


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    ♫ James Blunt - Same Mistake

     

     

     Je vois le monde en tournant dans mes draps

    Et une fois encore, je ne peux pas dormir

    Je passe la porte et vais dans la rue

    Je regarde les étoiles sous mes pieds

    Je me souviens de ce que j'ai fait de faux

    Alors me voilà

     

     

    Salut, Salut

     

     

     Il n'y a aucun endroit où je ne puisse aller

    Mon esprit est confus mais

    Mon cœur est lourd, ne le montre-t-il pas?

    Je perds la trace qui me perd

    Alors me voilà

     

     

     Et ainsi j'envoyai des hommes à la bataille,

    Et il y en a un qui est revenu à la fin de la nuit,

    Dit qu'il a vu mon ennemi,

    Dit qu'il avait l'air juste comme moi

    Alors je me suis lever pour me couper

    Et me voilà

     

     

     Je ne demande pas une seconde chance,

    Je crie au plus haut de ma voix,

    Donne-moi raison, mais ne me donne pas le choix,

    Parce que je referai simplement la même erreur, encore.

     

     

     Et peut-être qu'un jour nous nous rencontrerons

    Et nous bavarderons, et pas seulement parler.

    N'achète pas de mes promesses

    Parce qu'il n'y a pas de promesse que je tienne,

    Et mon reflet me trouble

    Et me voilà

     

     

     Je ne demande pas une seconde chance,

    Je crie au plus haut de ma voix,

    Donne-moi raison, mais ne me donne pas le choix,

    Parce que je referai simplement la même erreur.

     

     

     Je ne demande pas une seconde chance,

    Je crie au plus haut de ma voix,

    Donne-moi raison, mais ne me donne pas le choix,

    Parce que je referai simplement la même erreur, encore.

     

     

     Je vois le monde en tournant dans mes draps

    Et une fois encore, je ne peux pas dormir

    Je passe la porte et vais dans la rue

    Je regarde les étoiles sous mes pieds

    Je regarde les étoiles disparaître.

    Et je me demande où

    J'ai commis une erreur.