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    Akira ne lâchait pas du regard la feuille entre ses mains.

    Elle s’était installée à son bureau, au poste de police, et n’arrivait pas à croire qu’elle n’avait pas fait attention au nom du premier témoin qui était inscrit sur ce rapport. Elle était probablement trop habituée à le voir partout, et cela ne l’avait pas surpris.

    Or, c’était Yann qui avait découvert le corps. Son meilleur ami.

    Et si le complice du meurtrier était sur place juste avant l’arrivée des secours et des forces de l’ordre, Yann l’avait probablement vu. Et elle se sentait tellement bête !

    Comment est-ce qu’il aurait pu se douter un seul instant que le meurtrier ou son complice était encore à proximité de la scène de crime quand il est arrivé ? Elle-même et le médecin légiste avaient compris qu’elle était morte depuis plusieurs heures et seule une autopsie plus prolongée leur avait permis de comprendre que la balle avait été retirée quelques minutes avant la découverte du corps. Et Yann n’avait pas cette info.

    Elle l’avait donc convoqué, en tant que témoin oculaire, pour espérer qu’il ait vu quelque chose d’étrange.

    - Aki ?

    Elle releva la tête quand elle entendit son ami l’appeler, et elle le salua, avant de lui indiquer la chaise à côté d’elle pour qu’il s’installe. Yann s’exécuta, et croisa les jambes, mains sur les genoux.

     

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    - Ça va ? lui demanda-t-il, inquiet malgré tout.

    La voix de son amie la veille au téléphone n’avait pas été très rassurante. Il se doutait bien qu’elle devait être bouleversée par quelqu’un ou quelque chose, ou simplement son affaire. Et il y avait de quoi. Après tout, il avait découvert le corps de Savannah, alors qu’il l’avait vue quelques jours auparavant au palais de justice.

    - Oui, merci. Et toi ?

    - Pas trop mal, répondit-il. Tu ne m’as pas convoqué pour des politesses je présume.

    - Non, tu as raison. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Mais on a découvert quelque chose d’intriguant sur le corps de Savannah Envey, et j’ai besoin d’entendre ta déposition à la lumière de faits.

    Yann haussa un sourcil et jeta un œil au dossier posé sur la table. Akira le lui tendit pour qu’il puisse l’examiner : après tout, il n’était pas un simple détective privé, il avait également travaillé au sein de la police, de nombreuses années auparavant.

     

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    - Plaie post-mortem au niveau de l’omoplate gauche, lut-il à voix haute. Absence de balle … absence de balle ?

    Il leva la tête vers Akira, surpris.

    - Oui. Elle n’avait plus la balle en elle quand on a découvert le corps. Lillywhite a réussi à isoler cette plaie et à la dater après la mort de la victime. Et chose encore plus étrange, elle a été faite entre dix et douze heures après la mort, soit ..

    - … juste avant qu’on ne la retrouve, souffla-t-il en comprenant le raisonnement de Akira. Tu crois que j’ai pu croiser le meurtrier avant d’entrer dans la maison.

    - Je ne le crois plus, dit Akira en s’affalant dans son siège, les bras croisés. J’en suis persuadée. Et ce serait plutôt un complice, un nettoyeur, qui serait venu retirer toute trace du crime commis par son employeur.

     

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    Elle jeta un regard autour d’elle, guettant les mouvements de ses collègues. Ils étaient tous occupés à droite et à gauche, et elle avait envie que cette conversation reste plutôt discrète. Elle se pencha alors vers Yann, et reprit à voix basse.

    - J’en suis même à croire que quelqu’un a peut-être enlevé cette balle alors que nous étions déjà sur place …

    Yann écarquilla des yeux et cligna plusieurs fois. Elle n’insinuait quand même pas qu’il pouvait y avoir une taupe dans la police ? C’était de la pure folie ! Harry Mayers avait le bras long, c’était un fait. Mais à ce point ? C’était insensé.

    - Une taupe ? se risqua-t-il au final.

    - Oui. Je commence à me poser de sérieuses questions Yann. Et le plus flou dans tout ça, c’est que je n’ai pas le nom des premiers policiers à être arrivés sur place. Le premier nom de flic qui apparait sur ce fichu rapport, c’est le mien ! Et la zone était bien quadrillée quand je suis arrivée.

    - La merde …

    Il reposa le dossier sur le bureau et essaya de rassembler ses souvenirs. C’était il y a quelques jours déjà, et il ne se rappelait plus aussi bien que lors de sa déposition faite après coup au poste de police.

     

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    - Tu as lu ma première déposition ? lui demanda Yann.

    - Oui. Lue, re-lue et re-re-lue. Mais rien qui puisse m’intéresser. Tu n’as rien vu de particulier ?

    - Non. Comme je l’ai déjà dit, j’avais pris Savannah en filature car je me doutais bien que Mayers pouvait se servir d’elle comme moyen de pression sur Thatch. Je l’ai donc suivie, depuis le retour de son travail jusque chez elle. Je n’ai pas bougé de la nuit et je n’ai rien vu.

    - Personne n’est entré chez elle vers vingt heures ou vingt-et-une heures ?

    - Pas que je me souvienne, essaya de se souvenir Yann. Elle est rentrée chez elle, a allumé les lumières de son séjour et la télé. Et c’est tout.

    - Donc tu n’as pas vu le meurtrier entrer chez elle ..

     

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    Elle passa une main dans ses cheveux. Elle avait l’impression de se retrouver dans le mystère de la chambre jaune avec Rouletabille et un meurtre impossible à résoudre. Elle était pourtant sûre d’elle, quand elle avait vu la position du corps de Savannah dans sa maison, l’absence de lutte ou d’effraction. Elle avait laissé entrer le meurtrier chez elle de son plein gré. A moins que …

    - Elle fréquentait quelqu’un ? demanda aussitôt Akira.

    - Euh, pas officiellement. Pourquoi ?

    - Parce que si elle n’a pas fait entrer le meurtrier chez elle à l’heure du meurtre, c’est qu’il était déjà chez elle avant qu’elle ne rentre. C’est pour ça que tu n’as rien vu. Dans mes dossiers, il y a d’indiqué « célibataire et sans enfant ». Mais, toi qui la suivais, tu sais si elle voyait quelqu’un ?

    Yann fouilla dans ses poches, à la recherche de son portable, où il prenait note de toutes ses enquêtes. Il ouvrit le fichier qui concernait Savannah Envey, et remonta un peu son historique.

     

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    - Il y a trois semaines, elle est sortie d’un bar avec un homme, dont elle semblait assez proche. Et …

    Il relut en diagonale ce qu’il avait noté et remonta un peu plus haut, cherchant des concordances.

    - Elle l’a revu après d’ailleurs. A trois ou quatre reprises. Mais je n’y ai pas prêté grande importance, j’avoue. Elle a bien le droit de voir du monde sans qu’on pense sans arrêt qu’il puisse s’agir d’un meurtrier.

    - Tu me déçois Yann, dit Akira en croisant les bras. En temps normal, tu aurais fait des recherches sur ce gars, plutôt que de seulement les regarder se bécoter sur le bord du trottoir.

    - Hé ! J’ai fait des recherches sur ce type, ok. J’ai relevé sa plaque et je suis remonté jusqu’à son adresse, et son nom donc.

    - Ah, bah voilà ! Je suis sûre qu’il est flic, j’ai mon nez qui me démange, je ne dois pas être loin de la vérité.

     

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    Yann fouilla quelques instants de plus dans son document, à la recherche des dernières infos sur ce type.

    - Voilà, Ezra Summers, agent de police affecté à la criminelle d’Houlton.

    - Bingo ! Voilà ma taupe. On va aller le chercher de ce pas !

    Elle se leva, attrapa son sac et fila aux ressources humaines chercher les plannings pour retrouver cet Ezra. Elle allait pouvoir avancer un peu plus vite désormais qu’elle avait découvert un élément supplémentaire, et elle ne remerciera jamais assez le ciel d’avoir un ami à son compte : ce n’était clairement pas la première fois qu’il la sortait d’une impasse.

     

     

     

     


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    Clairement, ce n’était pas une bonne idée. Du moins, c’est ce que répétait Robbie alors qu’il se trouvait devant la porte de l’immeuble de sa meilleure amie. Il l’avait appelé sur un coup de tête et Mélie l’avait invité à prendre un café. Sans se douter un seul instant de ce qui pouvait bien motiver le grand métis.

    Il soupira alors et resserra sa main sur son téléphone portable dans sa poche. Il venait d’envoyer un dernier message à Zhoo, la jeune fille avec qui il échangeait des textos depuis quelques semaines déjà. Il l’appréciait de plus en plus, et il avait plutôt hâte de déménager pour de bon à Houlton. Mais il avait d’abord des affaires à régler ici, et notamment avec Mélie.

    Il entra alors, grimpa les marches quatre à quatre et sonna à son appartement. Mélie lui ouvrit quelques secondes plus tard, tout sourire, et l’invita à rentrer.

    - Salut Rob, ça fait longtemps. Tiens, entre, j’ai mis le café à couler.

    Il la salua brièvement en entra dans le salon, avant de se laisser tomber sur le canapé. Priam n’était pas là cet après-midi. C’était la rentrée des classes des profs, et il se retrouvait forcé et contraint d’aller travailler.

    - Tu vas bien ? lui demanda Mélie en revenant dans le salon.

    Elle passa brièvement dans la cuisine et revint avec deux tasses qu’elle posa sur la table basse. Elle s’assit ensuite dans son fauteuil jaune fétiche, et croisa les jambes sous elle.

     

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    - Oui, ça va. Et toi ? Bien remise ?

    - Ça va, je suis un peu fatiguée mais Aron fait plutôt de bonnes nuits, et j’apprécie qu’il soit si peu chouineur. Il dort là, mais il devrait se réveiller d’ici vingt minutes pour manger, tu pourras le voir.

    Il acquiesça et récupéra sa tasse qu’il porta ensuite à ses lèvres.

    - Tu déménages bientôt ? lui demanda-t-elle quand elle vit qu’il ne reprenait pas la discussion.

    - Je pars dans trois jours. J’ai presque fini mes cartons. Je fais un peu le tour de amis pour dire au revoir.

    - Oh … c’est donc mon tour aujourd’hui. Dommage que Priam ne soit pas là, tu ne pourras pas lui dire au revoir.

    - Ça m’arrange, dit-il.

    Il se redressa et posa sa tasse sur la table basse avant de fixer Mélie. Après tout, il n’avait aucune raison de faire durer cette conversation, surtout qu’il savait d’avance comment ça allait finir. Elle allait le mettre à la porte en l’insultant probablement. Il n’était donc pas très utile de faire semblant.

    Mélie se raidit sur son siège. Elle ne voyait pas souvent Robbie aussi déterminé, et ça l’inquiétait plutôt. Ce qu’il devait lui annoncer avait l’air assez grave.

     

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    - Je pense qu’on ne se reverra pas avant un moment, dit finalement Robbie. Un long moment.

    - Tu rentres pour les vacances, non ? Geist m’a dit que tu revenais au moins à Noël et au printemps. Ça devrait aller, et puis, il reste les visios et les sms non ?

    - On ne se reverra pas Mélie, dit-il plus grave en voulant vraiment marquer la différence.

    Bien sûr qu’il rentrerait voir sa famille pour les fêtes, mais il avait vraiment besoin de mettre de la distance entre lui et Mélie. Non seulement géographiquement, mais dans la durée. Et tout autant pour son bien à lui qu’à elle.

    - Je … J’ai fait quelque chose de mal ? demanda Mélie.

    Sa voix tremblait. Elle prenait conscience petit à petit des mots de son meilleur ami d’enfance. C’était elle qu’il ne voulait plus voir, seulement elle. Elle ne pouvait pas penser autrement qu’elle était la source du problème.

    - Non, tu n’as rien fait. Mais j’ai besoin de couper les ponts. De me faire une raison.

    Il ne rajouta rien de plus, et se contenta de se lever et d’approcher d’elle d’un pas, contournant la table basse. Robbie était amoureux de Mélie, depuis des années. C’était même de notoriété publique, Emilien ne ratait jamais une occasion de le dire, sur le ton de la boutade. Tout le monde le prenait plus ou moins pour un running gag, mais pas lui. Et il n’avait jamais réussi à se faire une raison, et son mal-être n’avait fait que s’accroître quand elle avait eu Aron. Finalement, cette école de dessin tombait bien. Et Zhoo était arrivée dans sa vie au meilleur moment. Mais s’il voulait profiter au maximum de sa nouvelle amie, il devait d’abord reléguer ses sentiments pour Mélie à l’arrière-plan.

     

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    Mélie comprit finalement les raisons qui poussaient Robbie, et elle baissa simplement la tête. Elle se releva alors pour lui faire face et le prit dans ses bras, n’aimant pas le voir aussi démuni devant elle. Robbie baissa alors la tête pour la poser contre l’épaule de Mélie, et glissa ses mains dans son dos.

    - Je reviendrais, promis.

    - Tu as intérêt.

     

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    Elle releva un peu la tête pour embrasser Robbie sur la joue, lui souhaitant ainsi au revoir dans les formes. Et Robbie tourna alors la tête pile à ce moment-là pour lui voler un baiser chaste. 

    Elle aurait dû le voir venir, avec la déclaration à demi-mot qu’il venait de lui faire. Mais elle eut un sursaut de surprise. Robbie esquissa ensuite un sourire à sa réaction, et ne voulant créer plus de problème qu’il n’avait fait déjà, recula et lâcha Mélie. Il sortit alors de l’appartement, laissant la jeune femme, seule dans son salon, les bras le long du corps.

     

     

     

     


  • (95)

     

    Cette fois-ci, c’était fini. Il n’avait rien pu faire pour les en empêcher. Les forces de l’ordre et la répression des fraudes avaient finalement franchi les portes de son entreprise en début d’après-midi, lui apportant un mandat de perquisition, pour détournement de fonds.

    Et c’était d’une coïncidence bête, typique d’une série de télévision : une des entreprises qui s’était retrouvée détournée de ses fonds avait embauché un nouveau comptable, qui avait pointé ces irrégularités, que personne n’avait jamais vu pendant de nombreuses années. Et il n’avait pas suffit de plus pour voir ces agents débarquer dans ses locaux.

    Et il leur avait tout donné. Tout. Mots de passe, accès, comptes bancaires et cartes de crédit, relevés de salariés et fiches de payes, gestion comptable. Tout ce qu’il possédait, jusqu’aux clés des bureaux. Chaque employé avait été renvoyé chez lui, avec l’ordre de ne pas quitter l’état, Nate avait été poussé dans le couloir et un scellé avait été posé sur les portes de la HGC. Il avait contemplé, impuissant, sa déchéance complète.

    - Rentrez chez vous, et ne quittez pas l’état, lui avait à son tour indiqué le chef des services. Et restez à disposition des services d’enquête.

    Et il était donc rentré chez lui, au beau milieu de l’après-midi, ce qui ne lui arrivait jamais. Marine n’allait pas tarder à revenir avec leur fille cadette, Jayn. Elle allait au club d’athlétisme l’après-midi pendant les vacances, et c’est Marine qui le gérait. Quant à An, ils ne la voyaient plus beaucoup en ce moment. Elle profitait de ses vacances avec son petit-ami, et elle avait bien raison.

    Il tourna la tête vers la fenêtre quand il entendit la voiture de Marine se garer dans l’allée du garage. Et il imaginait déjà la tête de cette dernière quand elle verrait sa voiture à lui, déjà rendue à la maison. Il se redressa, passa une main sur son crâne et se prépara le mieux qu’il put à annoncer la terrible nouvelle. La porte d’entrée s’ouvrit finalement, et Jayn déboula dans le salon.

     

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    - Papa ! T’as déjà fini ta journée ?

    Nate l’embrassa sur la joue quand elle s’approcha, sans pourtant lui répondre. Mais la toute jeune adolescente ne s’en soucia guère et poursuivit son trajet jusque dans la cuisine pour se servir un verre de limonade et d’attraper discrètement un paquet de bonbons, pour ensuite filer dans sa chambre. En temps normal, il l’aurait réprimandé. Mais il préférait largement que celle-ci ne soit pas présente pour la suite. Annoncer à sa famille qu’on avait plus de travail et qu’on était soupçonné de détournement de fonds était déjà assez éprouvant, et s’il pouvait se contenter de le dire à Marine pour le moment, ce serait amplement suffisant.

    Et justement, celle-ci arriva à son tour dans la maison. Elle posa son sac et regarda Nate, le front soucieux. Evidemment, elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire ici à cette heure de la journée.

     

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    - Ça va ? lui demanda-t-elle en s’asseyant à côté de lui. Il y a un problème au travail ?

    Nate acquiesça, et soupira.

    - Ecoute, il n’y a pas de bonnes façons d’annoncer ça, autant être direct. Les flics ont débarqué au bureau aujourd’hui, ils ont tout saisi et mis mes employés à la porte. On m’accuse de détournement de fonds.

    Le visage de Marine se décomposa sous l’incompréhension.

    Nate avait fait attention à ne pas lui parler des découvertes de An et Théo, et leur avait interdit d’en parler à qui que ce soit. Il voulait trouver la réponse à ce problème par lui-même, et résoudre tout ça en interne. Mais le sort en avait joué autrement. Il lui raconta alors les découvertes de leur fille, expliqua les raisons de son mutisme et se prépara mentalement à se faire enguirlander. Et il l’aurait bien mérité. Après tout, ils s’étaient jurés de tout se dire, et de vivre ensemble le pire et le meilleur. Et là, clairement, ils étaient dans le fond du pire.

     

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    - Qui a fait ça ? lui demanda-t-elle. Tu le sais, n’est-ce pas ? Dénonce-le !

    - J’ai cherché, et je n’en ai aucune idée. Tous les éléments dirigent le crime vers moi. Et c’est ce que les flics finiront par déduire. Je suis le coupable idéal, et c’est tout cuit pour eux.

    - Mais tu n’as pas fait ça, ce n’est pas possible, s’emporta-t-elle, aux bords de l’hystérie. Tu ne peux pas avoir fait ça.

    - Je t’en prie, va leur expliquer. Mais pas sûr que ça suffise, lui dit-il, cinglant.

    Elle le frappa. Elle ne vit pas le coup partir, seulement la résonnance du choc remonter le long de son bras et la joue de Nate rougir subtilement. Elle réalisa son geste après coup, et ramena sa main contre elle, se répandant en excuse.

    Nate porta sa main à sa joue, baissant la tête.

     

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    - Non, je n’aurais pas dû te parler de la sorte. Excuse-moi. Je sais plus où j’en suis, ni même qui je suis …

    - Comment on va faire ? demanda-t-elle, tête baissée.

    Elle était totalement paniquée. Elle ne voyait pas de solution, rien pour les aider. Si Nate était jugé coupable, il irait en prison, loin d’eux. Et elle ne pouvait pas se retrouver seule, pas maintenant. Il ne pouvait pas l’abandonner. Elle cacha son visage dans ses mains, essayant de se retenir de se pleurer, en vain.

    - Marine ? Ca va ? s’inquiéta aussitôt Nate. On va trouver une solution, je ne vais pas les laisser m’emprisonner sans rien faire. Je vais trouver un avocat, je vais demander à Eliott de m’aider. Ne pleure pas …

     

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    Il la prit dans ses bras, essayant de la réconforter. Il voyait bien qu’elle avait du mal à se calmer. Et ce n’était pas normal. Elle qui était si rationnelle aurait normalement déjà établi un plan de guerre pour le tirer de là. Quelque chose ne tournait clairement pas rond.

    - Marine ? répéta-t-il. Dis-moi ce qu’il se passe.

    Elle se redressa alors, renifla et passa sa main sous ses yeux. Dépassée n’était même pas assez fort pour exprimer son total désarroi. Elle leva les yeux au ciel, essaya de respirer calmement, comme si elle demandait de l’aide à une instance supérieure.

    - Je suis enceinte, voilà ce qui ne va pas. Et ce n’est vraiment pas le moment de te faire emprisonner !

    Nate encaissa la nouvelle, clignant des yeux à plusieurs reprises. Enceinte ? Il la regarda, comme si elle venait de sortir la plus belle aberration de la terre. Elle ne pouvait pas être enceinte, c’était totalement impossible. Et pourtant, il vit bien dans son regard qu’elle ne mentait pas, et qu’elle semblait totalement perdue par cette découverte. Et si elle l’était, lui ne l’était pas moins. Ce n’était clairement pas le bon moment pour remettre en route un gamin.

     

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    - Je veux le garder, dit-elle dans un souffle. Mais je ne veux pas te le faire dans le dos. Et je pensais qu’on aurait le temps d’en discuter et …

    - On ne peut pas avoir un autre enfant, pas maintenant, dit Nate en passant sa main sur son crâne. C’est pas possible …

    Marine serra ses mains sur sa jupe, encaissant. Elle s’en était doutée qu’il ne voudrait pas de ce troisième enfant, et bien avant l’histoire du détournement de fonds. Mais elle s’était finalement faite à l’idée d’être enceinte pendant tous ces jours sans savoir. Elle se disait qu’ils avaient finalement réussi à avoir leur petit garçon, et plus les minutes passaient, et plus elle se refusait à l’idée de lui dire adieu.

    - Tu me demandes d’avorter ? lui demanda-t-elle, froide.

    - Tu crois qu’on a une meilleure solution ? lui rétorqua Nate. Et si je vais en taule ? Tu es prête à te retrouver seule avec Jayn et un autre bébé ? Vraiment ?

    - Et si tu ne vas pas en prison ? Et si tout s’arrange, et qu’au final, tu restes là. On aurait tiré un trait sur ce troisième bébé pour des suppositions ? Mais on referait le monde avec des si Nate ! Et moi ce que je sais maintenant, c’est que je suis enceinte, et qu’on a espéré ça pendant des années. Tu vas tout laisser tomber par peur ?

    - Je ne veux pas prendre de risque Marine. On ne peut pas le garder.

     

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    - JE NE SUIS PAS ANDY ! Tu ne peux pas exiger de moi que j’avorte ! Je suis ta femme, pas ton coup d’un soir !

    - Alors arrête de te comporter comme elle, et agis en adulte responsable ! hurla Nate à la figure de Marine.

    Cette dernière se releva, écumante de rage et les joues balayées de larmes. Elle aurait tant aimé l’insulter, lui hurler à quel point il pouvait être un parfait enculé complètement égoïste quand la sonnette de la porte d’entrée retentit. Marine se tourna vers la porte, et se figea. Elle n’était clairement pas en état de recevoir du monde, pas avec le visage couvert de larmes.

    Nate se transféra alors dans son fauteuil. Il contourna Marine, sans lui jeter le moindre regard et ouvrit la porte d’entrée, sur un policier en uniforme, accompagné d’un homme en civil.

     

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    - Nate Handers ? demanda l’homme.

    - C’est moi.

    - Vous êtes en état d’arrestation pour détournement de fonds. Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous…

    Il n’entendit pas la suite. Il avait tourné son visage vers le salon, où il venait d’apercevoir Marine, fondre en larmes et s’écrouler sur le canapé, une main sur le visage. Le policier lui passa les menottes puis passa derrière Nate pour pousser son fauteuil vers la voiture de police garée dans l’allée.

    Quand Marine se leva pour tenter de les en empêcher, elle croisa Jayn dans le couloir, les yeux remplis de questions. Elle s’approcha alors d’elle et la prit dans ses bras. Courir après Nate ne servirait à rien, ils ne le lui rendraient pas.

     

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    - Maman … Il est où papa ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Bonsoir à tous, et c'est pas moi, j'ai rien fait !

     

    Ce fut la MaJ impossible à écrire, à tourner et à retoucher ! Franchement, je vous assure qu'elle vient de loin.

    J'espère malgré tout ça que vous avez passé un bon moment avec mes petits méfaits et kikooteries, et je vous dit à bientôt. Normalement, ce sera dans deux semaines, le 10 octobre, mais je dois vous avouer que j'ai un planning familial et professionnel plutôt chargé sur tout le mois d'octobre, et je ne garantis pas la prochaine MaJ à 100% dans deux semaines.

     

    Mais en attendant la suite, vous pouvez suivre les supers aventures de Cameron (et Mimille, oui, le Mimille de DTA lui même) directement sur You're The One, la super histoire de mon (super !) meilleur ami Waly ♥ En plus, y'a le ré-up de OOSOOM qui est en court si y'a des nostalgiques ;)

     

    Je vous fais plein de bisous et je vous tiens au courant si il y a des changements de programme ♥

     

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     EDIT DU 31/10 - Qui veut des news ?

     

     Coucou tout le monde !

    J'espère que vous allez bien, tout ça tout ça, et que vous ne mangez pas tous les bonbons d'Halloween :p

    Alors, quelques infos après plus d'un mois d'inactivité. Comme je l'avais déjà dit, j'ai eu un mois d'Octobre un peu exceptionnel et il revient tout doucement à la normale, sauf qu'au final, c'est moi qui fatigue très vite et je n'ai pas beaucoup de courage pour avancer é_è Néanmoins, la MaJ 14 avance, et la 15 aussi de son côté.

    Je serais en vacances du 8 au 14 novembre prochain, et j'espère sortir la MaJ 14 d'ici là ;)

    Je vous fais des bisous tout plein ♥

     

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