• (102)

     

    Camille était impatient. Tellement impatient d’arriver qu’il s’agitait dans tous les sens sur son siège. C’était le dernier train avant d’arriver. Un train qui roulait à la vitesse d’un mollusque à la retraite avec des béquilles, tout en faisant un horrible bruit de « thic tchac » tout en ballotant les passagers de droites à gauche.

    Un rien l’énervait, c’était peut-être vrai. Ce train qui n’avançait pas l’énervait. Sa fatigue l’énervait. Ses cheveux qui lui tombaient dans les yeux l’énervaient. Quelle idée il avait eu de vouloir se couper les cheveux juste avant son départ. Il avait ainsi oublié la règle fondamentale de sa vie capillaire : en dessous d’une certaine longueur, ses cheveux étaient impossibles à lisser, et il se retrouvait avec ses horribles bouclettes qu’il préférerait éradiquer de sa vie.

     

    (102)

     

    Son téléphone sonna. Il venait de recevoir un message. Il l’attrapa alors, pour constater que c’était Cameron qui avait répondu à son message, envoyé quelques minutes plus tôt. Il lui avait dit la veille qu’il devait participer à une battle ce soir, et qu’il en avait marre de se faire voler la vedette par une Miku complètement tarée. Camille ne comprenait pas un mot de ce que pouvait lui dire Cameron, et il essayait de suivre tant bien que mal, prenant donc de ses nouvelles, au vu de la battle qui se préparait.

    « Ouais, j’en ai marre de cette vieille peau décolorée. De toute façon, on va encore se faire rétamer »

    Camille haussa un sourcil, se demandant bien comment une fille à moitié barrée pouvait l’emporter contre Cameron. Et il ne put que se rappeler de ce qu’il avait vu, sur l’écran de son ordinateur, quelques jours plus tôt : Cameron était à tomber, et clairement, aucune meuf ne pouvait faire le poids contre lui. Il se retint de lui demander comment il se démerdait pour perdre à chaque fois, mais se contenta d’un simple « T’inquiète, tu vas tout déchirer ce soir, je le sens bien ».

    Dans deux jours, il verrait enfin Cameron en chair et en os, et il pourra lui demander en quoi consiste ces mystérieuses battles où il se fait défoncer à chaque fois.

     

    (102)

     

    « Prochain arrêt : gare de Bergerac. Merci de vérifier que vous n’avez rien oublié avant de descendre du train. La SNCF vous remercie et vous souhaite une bonne journée »

    Camille soupira. Enfin. Dans trente secondes il quitterait cette boîte de conserve pour la terre ferme, et de l’air frais. Par la fenêtre, il vit la ville se dessiner. Il se leva alors pour récupérer son sac dans le rangement au-dessus de sa tête, et il se dirigea vers les portes du train.

    Ce dernier ralentit et se stoppa finalement. Camille appuya sur le bouton à côté de la porte et celle-ci s’ouvrit. Il descendit sur le quai, et une fois les pieds sur la terre ferme, lâcha un profond soupir, tête baissée.

    - C’était si terrible que ça ce voyage ? lui dit une voix familière.

    Il releva la tête pour tomber nez à nez avec son meilleur ami, qu’il n’avait pas vu des mois. Frères autant qu’amis, il lui sauta dans les bras, bien trop heureux de le voir de nouveau.

     

    (102)

     

    - Mais c’est quoi cette coupe de cheveux ? lui dit Camille en explosant de rire. Tu t’es fait agresser par un fétichiste des queues de rat qui s’en sert comme aphrodisiaque ?

    - Parle pour toi, t’as vu ta gueule ? Tu as vendu tes cheveux pour te payer le billet de train ?

    - Non mais t’as vu le prix d’un trajet ?! Heureusement que je n’en suis pas venu à vendre mon cul.

    - Tu dis ça, mais je suis sûr que ça ne te dérangerait pas tant que ça, rétorqua Georg en roulant des yeux.

    - Le vendre, ça dépend. Ça paye bien ici ? Dis-moi qu’il y a des beaux mecs, je n’ai pas fait tout ce voyage pour devenir moine.

    - Je te laisserai seul juge, je ne suis pas le plus à même pour donner mon avis.

    - T’es pas sympa, t’avais deux semaines pour me préparer le terrain GK, tsss.

    - Prépare le tout seul ton terrain.

     

    (102)

     

    Georg sortit de la gare, Camille sur ses talons, pour prendre la direction de l’appartement. Il devait bien avouer que la présence de son meilleur ami lui avait manqué maintenant qu’il était de nouveau dans les parages. Camille était un sketch à lui tout seul, et ils avaient souvent fait leurs conneries ensemble à Houlton. Si leur petit groupe avait une réputation de monstres infernaux, il faut avouer que ça tenait principalement d’eux deux.

    - Ah, au fait, tu m’accompagnes ce soir, dit Georg de but en blanc.

    - Que je t’accompagne ? Où ça ?

    - J’ai deux places pour un concert ce soir, tu ne vas pas me refuser ça quand même.

    Camille grimaça. Il n’était clairement pas un grand fan de ce genre d’évènement. La musique, ce n’était pas son délire. Evidemment, comme tout le monde, il en écoutait, et il avait quelques groupes qu’il appréciait plus que d’autres. Mais de là à s’enfermer dans une salle avec plein de gens pour écouter de la musique tout en restant debout, ce n’était vraiment pas son délire.

     

    (102)

     

    - Sérieux, ça n’envoie pas du rêve ton programme, lui dit Camille.

    - Même si je te paye une bière en dédommagement ?

    Le regard de Camille s’illumina. Il ne disait jamais non à une bière. Car qui dit bière, dit bar et qui dit bar, dit rencontre. Or, il avait très envie de faire des rencontres. Il hocha la tête alors, tout de suite décidé.

    - Ça marche !

    - Queutard, lui répondit Georg qui avait bien compris le petit manège de son meilleur ami.

    - Et tu t’étonnes encore ?

    - Non, plus rien ne m’étonne de toute façon.

    Georg bifurqua de l’autre côté de la rue, pour rejoindre son appartement. Deux minutes plus tard, ils étaient chez lui. Georg accompagna l’entrée de Camille d’un « home sweet home » avant de se laisser tomber dans le canapé.

    Quelques jours plus tôt, Georg avait déniché un matelas pour Camille, qu’il avait posé dans un coin du salon, derrière un paravent. Ce n’était certes pas la plus grande intimité possible, mais il avait du mal à faire mieux. Camille devrait s’en contenter.

    - Eh, c’est cosy chez toi en vrai, j’aurai pas cru.

     

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    Il balança son sac sur le matelas qui lui était destiné avant de s’affaler dans le canapé à son tour. Il regarda autour de lui. Georg avait réussi à dénicher des meubles dans différents dépôts-vente, brocantes ou autres, et faire de cet appartement quelque chose d’habitable.

    - Bon, sinon, tu sais où est le lycée … – il regarda sur son téléphone et prit son meilleur accent français possible – Sainte Marthe – Saint Front.

    - Que .. ? C’est là que tu vas ? Il est barbare ce nom.

    - Eh, pas ma faute. C’est le bahut de Cameron, je suis pas venu pour tricoter je te rappelle.

    - En effet … Et bien, tu fais comme tout le monde, tu ouvres Google Maps et tu te débrouilles avec ça.

    - Merci de ton aide. Je pensais que tu serais plus utile que ça.

    Georg leva de nouveau les yeux au ciel. Il allait devoir jouer les nounous pour assistés. Quand il baissa de nouveau les yeux vers Camille, celui-ci était penché sur son téléphone, avec la mine concentrée. C’était assez amusant à voir.

     

    (102)

     

    - Au fait Cam, dis-moi. Comment tu comptes t’intégrer alors que tu parles aussi bien français qu’un japonais perdu en Allemagne ?

    - Bizarre, Emma m’a fait la même réflexion. Vous ne sortiriez pas ensemble à tout hasard.

    - Ha ha ha, très drôle, ironisa Georg. Non, elle m’a plaqué. Mais ça ne répond pas à ma question.

    - Très bien. Je sais pas. La seule phrase que je sais dire c’est « voulez-vous coucher avec moi ce soir ? ». Et c’est déjà bien.

    - Sûrement que ça pourrait plaire aux mecs que tu croises et qui te trouveraient exotique. Mais n’essaie pas avec ton prof, où tu vas te faire démonter.

    - T’inquiète, je gère. Ça ne doit pas être si compliqué que ça quand même …

    - J’attends de voir comment tu te débrouilles, dit Georg en se levant, un petit sourire amusé sur les lèvres.

    Il fila vers la cuisine pour aller se chercher un verre d’eau et en proposa un à Camille qui déclina l’invitation. Ce dernier s’étala de tout son long sur le canapé, profitant de l’absence de GK qui dut se résoudre à s’asseoir sur le fauteuil rouge.

     

    (102)

     

    - Au fait, le concert de ce soir, c’est pas le truc auquel Emma veut que tu participes ?

    - Euh … Comment tu sais ça toi ?

    - Ah ! T’aimerais bien percer notre mystère gémellaire hein ? Je t’ai déjà dit qu’on est connectés par la télépathie.

    - Ouais, elle t’a appelé pour te donner les consignes plutôt.

    - Ouais, aussi. Donc tu vas au concert pour faire du repérage, voir la concurrence et trouver la meilleure technique pour les écraser ?

    - Non, je n’ai pas spécialement envie de participer. Déjà, ce ne sont que des groupes, je risque de me faire lobotomiser sur place. Et puis, je n’ai jamais joué sur scène, ce n’est pas pour me ridiculiser à un concours de talent. Sans compter qu'il me manque du matos, donc autant pas me compliquer l'existence.

     

    (102)

     

    Cette fois-ci, ce fut à Camille de rouler des yeux. Qu’est-ce qu’il pouvait être con celui-là. Camille n’avait peut-être pas l’oreille musicale, mais il savait pertinemment que GK était excellent quand il avait une guitare dans les mains, et qu’il serait bien con de passer à côté de cette aubaine. Mais il ne dit pas un mot de plus, et ferma les yeux.

    Finalement, sa curiosité était piquée au sujet du concert de ce soir. Il avait toujours envie de sa bière gratuite, mais il aimerait bien voir quels groupes pouvaient avoir assez de talent pour que GK doute du sien.

    Ou alors, c’est l’effet queue de rat.

    - Dis, ton talent était lié à ta queue de rat ?

    - Dors ducon, plutôt que sortir des conneries.

    - Zut, je vais pas pouvoir dormir maintenant que je me pose la question.

     

     

     

     

     

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    Salut les gens ! ♥

     

    Et voilà, de retour ! Toutes mes excuses pour le délai, mais j'avais vraiment besoin de dormir o_o 
    J'espère que vous avez apprécié cette petite MaJ, de mon côté, je suis ultra-contente d'avoir dépassé les 100 articles ! Je pensais pas y arriver un jour :p

    Je vous dis à dans deux semaines pour la suite, qui sera la fameuse soirée du 15 septembre ou tout est possible, héhé ♥

    Plein de bisous !

     

     

     

     

     

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    La jeune femme retouchait sa tenue dans le miroir. Elle s’était apprêtée une bonne partie de l’après-midi, gardant un œil sur son téléphone portable pour avoir des nouvelles de Gabe. Il avait dû décaler leur rendez-vous à la soirée, un cours de rattrapage lui avait été greffé dans l’après-midi. An avait certes un peu soufflé, mais ça allait. Elle verrait quand même son petit ami dans la soirée, et c’était tout aussi bien.

    Dix-sept heures. Son téléphone vibra. Ella lâcha son reflet dans le miroir, et alla récupérer son portable. C’était un message de Gabe. Instantanément, elle sourit, mais elle le perdit bien vite quand elle lu le contenu du message.

     

    (103)

     

    ♪ Si tu m’aimes encore – Shy’m

     

    « Je suis désolé An, je ne peux pas venir. J’ai un travail de dingue à rendre lundi. Je me rattraperais, promis. »

    Son cœur se serra. Elle s’assit sur son bureau, le téléphone dans sa main. Elle n’avait plus qu’à se débarrasser de sa tenue, se mettre en pyjama et disparaître sous sa couette.

    A quoi ça servait de s’obstiner avec Gabe de toute manière ? Il y aurait toujours quelque chose qui l’empêcherait de la rejoindre. Et en attendant, elle se retrouvait à l’attendre, à espérer le voir, et cette solitude la tuait. Pourquoi est-ce qu’elle avait accepté de s’attacher à lui alors que ce dénouement était inévitable.

     

    (103)

     

    Est-ce que pour une dernière fois
    Tu pourras me prendre dans tes bras
    Me dire que tout va bien
    Que tout ira?
    Raconte-moi des histoires
    Fais-moi rire
    Sers-nous à boire
    On fera ce que tu voudras
    Mais reste là

     

    (103)

     

    Si, tu m'aimes encore
    Si tu m'aimes encore
    Si tu m'aimes encore
    Est-ce que tu
    Tu m'aimes encore ?
    Tu m'aimes encore ?
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
    Hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
    Oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?

      

    (103)

     

    J'm'en fous
    Dis-moi même les mots durs
    Je suis prête à les entendre
    On ne s'est pas tout dit
    Je nous tue en silence
    Pourtant, je n'ai qu'une seule envie
    C'est de pleurer comme tu me manques
    Même mes "Je t'aime" à l'encre blanche
    N'ont plus de sens

     

    (103)

     

    Est-ce que pour une dernière fois
    Tu pourras me prendre dans tes bras
    Me dire que tout va bien
    Que tout ira ?
    Prends ta guitare
    Et rappelle-moi
    Nos fous rires, aux feux de bois
    Joues-en tant que tu voudras
    Mais reste là

     

    (103)

     

    Elle ravala ses larmes de dépit, et reporta de nouveau son attention sur son téléphone. Gabe ne serait peut-être pas là avec elle ce soir, mais elle ne comptait pas s’enterrer chez elle, parce que son petit-ami avait trop d’occupation.

    Elle ouvrit alors l’application de messagerie à partir de laquelle elle échangeait des messages avec Ewan. Il serait là, lui. Elle avait tellement besoin de sortir, de prendre l’air, de sortir de cette maison infernale.

     

    Si, tu m'aimes encore
    Tu m'aimes encore
    Si tu m'aimes encore
    Est-ce que tu
    Tu m'aimes encore ?
    Tu m'aimes encore ?
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
    Hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
    Oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
     
    Oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?
    Oh hey hey hey oh hey hey hey oh hey hey hey
    Est-ce que tu m'aimes encore ?

     

    (103)

     

    « Tu es toujours à Woodtsock ce soir ? »

    Elle l’envoya, les mains tremblantes, et ferma les yeux. Elle n’aurait peut-être pas du lui envoyer un tel message. Après quelques minutes, elle se rendit compte qu’il ne lui répondrait pas. Elle posa alors son téléphone sur son lit, se leva pour rejoindre sa salle de bain, quand un message apparut sur son portable. Elle s’en rapprocha alors, et trembla d’excitation en lisant ce qu’elle venait de recevoir.

    L’adresse d’un bar, dans le cœur de Woodstock.

    Sans hésiter une seconde, elle répondit un bref « j’arrive » et sortit de sa chambre. Elle récupéra les clés de la voiture de ses parents, et prit la direction de la ville frontalière.

     

     

     


  • (104)

     

    - Où va-t-on ? répéta Robbie alors qu’il suivait Zhoo docilement.

    La jeune femme tourna la tête et lui adressa un petit sourire malicieux. Elle avait tenu à garder la surprise jusqu’au bout, et elle s’était même attendue à ce que Robbie lui pose la question bien plus tôt : il fallait croire qu’il lui faisait vraiment confiance su ce coup-là.

    - Patience, on arrive bientôt, répondit la blondinette. Je ne t’amène pas vraiment braquer une banque, j’avoue.

    - Je m’en suis douté.

    Elle s’arrêta quelques mètres plus loin, devant une porte dissimulée dans le renfoncement d’un trottoir. Robbie releva la tête, regardant autour de lui. C’était une rue composée d’habitations, rien ici ne semblait donner l’idée qu’ils allaient dans un endroit précis. Zhoo s’avança vers la porte, sans lâcher la main de Robbie. Maintenant qu’elle le tenait, elle ne comptait pas le lâcher. Elle s’arrêta devant la porte, et la lui montra d’un grand geste digne d’une présentatrice télé.

    - Bienvenue au Scratchin’ Post, dit-elle tout sourire avant d’ouvrir la porte.

     

    (104)

     

    Robbie se laissa porter à l’intérieur de l’établissement. L’ambiance était chaleureuse, il la sentait se poser sur son visage ou sonner à ses oreilles. Des musiques de fond, plutôt sur un style rock, baignait la pièce, enfin, l’entresol de cette ambiance particulière. Zhoo le tira par le bras, et il descendit à sa suite les quelques marches qui permettaient de rejoindre vraiment le bar. La jeune femme s’arrêta une seconde devant la barmaid, une femme rousse au sourire charmant, et finalement elle alla s’installer dans une alcôve dans un recoin de l’établissement. Robbie s’assit à côté d’elle, et non pas en face comme il l’aurait fait habituellement, et continua de regarder l’endroit, ses yeux ne pouvant s’empêcher de se poser sur chaque détail de la pièce.

     

    (104)

     

    - Ca te plaît ? demanda Zhoo en regardant Robbie, le visage barré d’un large sourire.

    - J’adore, répondit-il.

    - Cool ! Peu de gens connaissent cet endroit, mais c’est le meilleur bar de tout Houlton. Et je ne dis pas ça parce que c’est le frère et la sœur de ma tante qui le tiennent.

    Elle indiqua d’un mouvement de tête la barmaid, qui se trouvait en grande discussion avec un client, et un autre homme blond, qui portait une caisse de bouteilles depuis les réserves vers le bar.

    - Karin et Cole, expliqua-t-elle. Ils sont jumeaux, on dirait pas hein ?

    Robbie confirma d’un mouvement de tête, puis après avoir admiré l’établissement dans son ensemble, il se tourna de nouveau vers Zhoo. Celle-ci avait capté le regard de Cole, et lui faisait de grands sourires, en parlant du bout des lèvres avant de faire le signe deux avec ses doigts et de montrer la table. L’homme acquiesça et fila au bar parler à sa sœur.

    - Je t’ai pris une Guinness. Ça te va ? Désolée, j’aurais dû te demander avant, je peux changer …

    - Non, lui dit Robbie en lui coupant la parole. J’aime la Guinness.

    - Cool.

    Presque aussitôt, Cole apparut, une bière dans chaque main. Il déposa les deux verres sur la table, et fit signe à Zhoo que la première tournée était pour lui. La jeune femme le remercia d’un sourire. Robbie ne put s’empêcher de penser que Zhoo était rayonnante. C’était le mot qui lui était venu automatiquement en tête quand il avait vu pour la première fois cette expression sur son visage

     

    (104)

     

    ♪Westwood Road – Andy Black

     

    - Bonsoir Maze, ça va ? Ça fait un moment qu’on t’a pas vue par ici.

    - Salut Cole, ça va, merci. Oui, pas trop le temps avec la reprise des cours, et la merde à la maison. Tu m’en veux pas hein ?

    - Jamais.

    Cole se tourna vers Robbie, auquel il hocha la tête doucement pour le saluer, Robbie lui répondant de la même façon.

    - Salut. Moi c’est Cole Knight, le co-proprio.

    - Robbie, répondit sobrement le jeune homme.

    - Eh bien Maze, tu ne m’avais pas dit que tu avais un copain, dit Cole en riant.

    Zhoo piqua aussitôt un fard, ce qui provoqua l’hilarité de Cole. Robbie ne dit rien non plus, mais détourna le regard, un peu gêné. Cole agita ses mains devant lui en signe d’apaisement, la mine toujours amusée.

    - Ok, j’ai fait une boulette.  Pardon, je disparais.

    Ce qu’il fit presque aussitôt, non sans avoir adressé une œillade à Zhoo. Il repartit donc, la démarche guillerette et laissant Zhoo et Robbie dans leur état de gêne. C’est finalement Robbie qui mit fin au silence. Il se toura vers Zhoo.

    - Maze ?

     

    (104)

     

    Zhoo se redressa, et regarda Robbie sans comprendre sa question pendant un quart de seconde, avant de rire.

    - Ah oui, je ne m’appelle pas Zhoo. C’est mon pseudonyme. Mon vrai prénom, c’est Mazéline. Mazéline, dite Zhoo.

    - C’est joli pourtant Mazéline. Tu as demandé à changer ?

    - Ah non, c’est mon père qui m’appelait comme ça quand j’étais dans le ventre de ma mère, parce que j’étais nerveuse et que je faisais des pirouettes. Zou, Zhoo, voilà. Mais ma mère n’était pas d’accord de me baptiser de la sorte, donc je m’appelle Mazéline. Mais mon pseudo Zhoo est reconnu à l’état civil, puisque tout le monde m’appelle comme ça.

    Robbie écarquilla les yeux, intéressé par l’information. Il s’était bien dit que Zhoo n’était pas un prénom vraiment banal, mais après tout pourquoi pas.

    - Et toi ? Robbie c’est ton vrai prénom, où le diminutif de Robert ?

    - Mon vrai nom. En raccourci, on dit juste Rob.

    - Oh. Je préfère Robbie, dit Zhoo en souriant.

     

    (104)

     

    Robbie leva la tête vers les hauts parleurs de la pièce, intrigué par une musique qui passait à l’instant. Jusque-là, il avait parfaitement reconnu les chansons, mais celle-ci, elle ne lui disait rien. Zhoo vit bien qu’il s’interrogeait, et compris aussitôt la source de ses questions quand elle suivit son regard.

    - C’est mon frère qui chante, normal que tu ne connaisses pas.

    - Ton frère ?

    Robbie se tourna vers elle. Zhoo acquiesça d’un mouvement de tête. Elle désigna ensuite le bar où se trouvait Karin.

    - Mon frère s’appelle Georg-Kaitlin – sans commentaire s’il te plaît – et il a pas mal travaillé ici à partir de ses dix-huit ans. Avec Cole et Karin, y’a jamais de problème, et puis il était content de se faire un peu d’argent. Et Georg, et bien … il chante. Et pas trop mal. Un jour, j’ai déposé une de ses maquettes  ici, et Karin a adoré. Et depuis, il lui a fait une compil’ avec ses propres chansons, et elle en passe de temps en temps.

    - Géant … murmura Robbie, abasourdi. Il chante mieux que pas trop mal.

     

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    Zhoo regarda Robbie, interloquée. C’est la première fois qu’elle assistait à une phrase pas trop restreinte de Robbie. Était-ce l’effet de l’alcool, ou seulement le fait de parler de quelque chose qui lui plaît ?

    - Et il joue ? reprit Robbie.

    - Oui. Sur celles qu’il a donné à Karin, il joue de la guitare et il a fait les basses aussi.

    - Et les percus ?

    - Ca, c’est moi, dit-elle tout sourire.

    - Tu joues ?

    - Ouaip. J’avais besoin de faire du bruit quand j’avais six ans. Mon père a dit ok, mais uniquement si je faisais du bruit mélodique, et voilà.

    Cette fois-ci, Robbie sourit. Il attrapa son verre, et en but une longue gorgée.

    - Et toi ? demanda Zhoo. Tu joues quelque chose ?

    - Guitare et batterie principalement.

    Zhoo sautilla presque aussitôt sur sa chaise. Ca leur faisait un point commun supplémentaire, et elle comprenait mieux pourquoi la chanson de Georg l’avait intrigué.

     

     

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    ♪ Me Against The Devil – The Relentless (American Satan Movie)

     

    La soirée passa plus tranquillement, les heures tournèrent sur le cadran de l’horloge, les bières défilaient devant leurs yeux, et les langues se déliaient. Aucun des deux n’avaient vraiment vu le temps passer, et les bar se vida progressivement tandis que la nuit avançait.

    A un moment, Zhoo se figea, reconnaissant la chanson qui passait dans les hauts parleurs. Son visage irradia littéralement de bonheur, et elle envoya un bisou à Karin qui venait de changer la playlist, sous l’incompréhension de Robbie, qui n’arrivait plus à suivre.

    - C’est les Ravens, expliqua Zhoo à Robbie. Me Against The Devil, j’adore cette chanson. Tu ne connais pas ?

    - Si si, je connais, dit Robbie.

    Et un peu qu’il connaissait, puisque que sa mère avait déjà eu l’occasion de les rencontrer, dans une autre vie.

    - Je suis trop déçue. Ils viennent de terminer leur tournée américaine, et je les ai ratés. Tu savais qu’ils étaient franco-japonais ? C’est trop cool non ?

     

    (104)

     

    Zhoo se leva alors, se dandinant sur cette chanson, l’alcool ayant eu raison de sa timidité, du moins, du peu qu’elle avait. Elle avait vraiment l’air d’adorer cette chanson, ce qui l’amusa beaucoup.

    Elle se tourna alors vers Robbie, et lui prit le bras.

    - Allez, lève-toi. Je ne veux pas avoir l’air ridicule toute seule !

    Elle tira sur le bras de Robbie, le pensant réticent à se lever. Mais celui-ci accepta sans que Zhoo ne se donne tant de mal. Tiré par Zhoo, et lui-même se levant vers elle, il fut d’autant plus propulsé contre la jeune femme, avant que son visage se retrouve pile en face du visage de Zhoo, typiquement le genre de scène qu’on pourrait voir dans une série, ou une histoire Sims un peu trop clichée.

     

     

    (104)

     

    Mais ils s’arrêtèrent cependant tous les deux de bouger, tandis qu’ils étaient presque front contre front. Zhoo rougit, essaya d’articuler quelque chose comme un « désolée » mais n’arriva ni à sortir les mots, ni à reculer. Robbie ne bougea pas non plus du reste. Il s’approcha un peu plus du visage de Zhoo, faisant d’autant plus cramoisir ses joues, et elle fit le dernier pas vers lui, pour presser ses lèvres sur celle du jeune homme en face d’elle.