• (33)A plusieurs rues de là, dans un bâtiment ancien, terni par les ans, la pollution, un homme blond faisait les cents pas sur son tapis. Celui-ci commençait à ressentir le passage du temps bien qu’il

     

    A plusieurs rues de là, dans un bâtiment ancien, terni par les ans, la pollution, un homme blond faisait les cents pas sur son tapis. Celui-ci commençait à ressentir le passage du temps bien qu’il ne soit installé dans cette pièce que depuis cinq ou six ans. Mais tout comme les cheveux de cet homme, ce tapis blanchissait à certains endroits, et accumulait les tracas qu’il ne pouvait pas garder sur ses épaules.
    Eliott Thatch attendait depuis plusieurs heures son rendez-vous important de la journée. Etait-il en retard ? Bien sûr que non, l’homme avait au moins une bonne demi-heure devant lui. Mais il lui était impossible d’ouvrir un dossier et de travailler dessus. Sa concentration s’enfuyait presque instantanément. Il devait faire passer ce rendez-vous avant toute chose, même s’il doit passer sa soirée et sa nuit à terminer sa pile de dossier pour le lendemain.

     

    (33)A plusieurs rues de là, dans un bâtiment ancien, terni par les ans, la pollution, un homme blond faisait les cents pas sur son tapis. Celui-ci commençait à ressentir le passage du temps bien qu’il

     

    La porte de son bureau s’entrouvrit et une femme entra. Elle était brune, ses longs cheveux attachés en un chignon élégant. Son tailleur droit soulignait une certaine rigidité exigée par ce cabinet d’avocat d’élite. Eliott ne broncha pas, continuant de tourner, mains dans le dos. Elle s’avança alors de quelques pas, et tendit la main vers lui.
    _ Eliott, ton rendez-vous est arrivé, dit-elle doucement, de peur de le réveiller comme s’il était somnambule.
    Il sursauta subtilement et tourna son visage crispé et quelque peu paniqué vers la jeune femme. Une sueur froide lui coula le long du dos à l’idée de revoir Harry Mayers. Cet homme le faisait trembler de la tête aux pieds littéralement, et ce depuis son enfance. Mais il n’avait pas eu le choix. S’il l’avait eu, bien sûr qu’il ne l’aurait jamais accepté comme client.
    Il se contenta d’un simple hochement de tête en direction de la jeune femme pour lui donner accord. Elle ressortit aussi vite qu’elle était rentrée, une vague d’inquiétude sur le visage. Elle descendit vers l’accueil du bâtiment pour indiquer aux clients d’Eliott qu’ils pouvaient le rejoindre dans son bureau sans attendre, et qu’ils étaient attendus avec impatience. Tout cela en souriant bien évidemment, il n’est pas nécessaire de leur faire comprendre, surtout involontairement, qu’on préférerait qu’ils aillent trouver leur bonheur ailleurs.

     

     

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    Harry Mayers et la femme qui l’accompagnait montèrent ainsi au premier étage et tournèrent sur la droite une fois en haut des escaliers, pour se diriger vers le cabinet qui se trouvait tout au fond du couloir. Harry Mayers ne prit même pas la peine de frapper pour s’annoncer et se contenta d’ouvrir la porte.
    _ Maître Thatch ! Je suis bien heureux de vous revoir enfin, on a tellement de choses à voir.
    _ Monsieur Mayers, Madame Anderson, je suis ravi de vous revoir également.
    Eliott ne tournait plus en rond depuis le départ de sa collègue, mais s’était installé devant son bureau, face à une montagne de dossiers, voulant paraître le plus naturel possible. De même, il avait accroché un sourire sur ses lèvres, qui pouvait passer pour sincère pour beaucoup de monde, dont cet homme et sa compagne.

     

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    _ Je vous en prie, installez-vous, leur dit-il en indiquant les canapés qui entouraient le tapis blanchi par ses inquiétudes.
    Ils ne se firent pas prier plus longtemps et s’assirent côte à côte, laissant à Eliott sa place habituelle sur le canapé deux places. La femme sortit un dossier de sa sacoche de cuir pour le poser sur la table basse, et regarda Eliott d’un regard entendu.
    _ Bien évidemment, toute fuite de votre part, Maître, et vous savez très bien ce qui vous arrivera, n’est-ce pas.
    _ Bien évidemment, répéta-t-il en la regardant et en prenant le dossier entre ses mains.
    Il l’ouvrit sur plusieurs fiches de détenus, photos, biographies et crimes inclus. Au total, douze personnes figuraient dans ce dossier. Il les regarda quelques instants avant de refermer le dossier et de le reposer sur la table.

     

     

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    _ Combien de temps ? demanda Harry en croisant les jambes, son regard soutenant celui du jeune avocat.
    _ Quelques mois, je peux forcer le passage, mais je ne suis pas juge Monsieur Mayers. Je ne peux pas faire de miracles, osa-t-il tout de même dire.
    _ Nous vous donnons deux mois pour ces douze-ci, indiqua la femme, ferme. Au-delà, votre charmante épouse se retrouvera avec une oreille en moins, si nous sommes cléments bien sûr.
    Eliott serra les poings en retenant une grimace de dégout et d’horreur. Il ne voulait pas leur faire ce plaisir. Il se contenta de hocher la tête en signe d’approbation et chercha à se détendre en basculant son dos vers le dossier du canapé, croisant les bras.

     

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    _ Puis-je autre chose pour vous ? demanda-t-il en simple politesse, ne pensant pas qu’ils puissent lui demander autre chose, il aurait bien assez de travail comme ça.
    _ Comme vous nous le proposez ci gentiment, ce serait mal avisé de refuser, n’est-ce pas Brooke ? dit Harry en sortant un deuxième dossier de la sacoche.
    Un dossier cartonné vert, usé sur les bords et renforcé sur la tranche. Eliott le connaissait extrêmement bien ce dossier, il avait atterri plusieurs fois sur son bureau, sans qu’il ne puisse rien faire. De sa main fébrile, il l’attrapa, et l’ouvrit. Il remarqua un nouveau document au dessus des autres. Une analyse ADN.

    _ Comment avez-vous obtenu son accord ? questionna Eliott.
    _ Il n’a jamais été question d’avoir l’accord de qui que ce soit, « Maître ». J’ai la dernière preuve que vous demandiez, j’espère que vous mènerez ce dossier à terme.
    _ Vous savez que ça ne vous mènera à rien ? Quand le dossier sera bouclé et solide, il aura plus de vingt et un ans. Cela ne changera rien.
    _ Pour l’instant, Georg-Kaitlin n’a pas vingt et un ans, Eliott, dit-il en laissant tomber les courtoisies. Et tu as intérêt à me trouver une solution pour que mon fils intègre mon foyer, où est sa vraie place. Je ne veux pas de William comme héritier et reconnaître Georg-Kaitlin est essentiel. Suis-je assez clair ou dois-je aussi lui couper le nez pour que ça rentre dans ta charmante tête gominée ?
    _ Tout … tout est clair, dit finalement Eliott. Je vais m’occuper de tout ceci dans l’immédiat, Monsieur Mayers, Madame Anderson.
    _ Merci, Maître.

     

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    Harry se releva, suivit par Brooke. Il tendit la main vers Eliott. Celui-ci la regarda quelques instants, puis à son tour, il se leva et la lui serra le plus chaleureusement qu’il put. A son tour, Brooke fit de même et Eliott lui répondit de la même mécanique. Plus que quelques secondes, et à nouveau il serait seul, il pourra à nouveau faire les cents pas.
    Brooke récupéra sa sacoche, et rassembla correctement les deux dossiers sur la table basse. Elle adressa un sourire à Eliott avant de sortir de la pièce, Harry sur les talons. A peine ce dernier eu-t-il franchi la porte qu’Eliott s’empressa de la fermer à clé.

     

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    Il se tourna vers son bureau et attrapa le tableau qui se trouvait sur sa gauche pour l’envoyer violement contre le sol en hurlant à pleins poumons. Son visage vira rouge de colère, de peur, d’incompréhension tandis que des larmes commençaient à courir sur ses joues. Il avait l’impression que le monde s’abattait sur lui jour après jour, depuis sa plus tendre enfance, et ce monde en question n’était constitué que d’un seul et même homme. Il tenta tant bien que mal de se calmer avant de se rasseoir et d’attraper le dossier aux douze visages. Il tourna les feuillets quand il s’arrêta sur l’un d’entre eux. Il le connaissait. La peau extrêmement claire, les yeux gris clair et de longs cheveux noirs qui lui balayaient le visage. Des cicatrices et une aura de leader. Il regarda aussitôt son nom : Thomas Sacks. Celui-là même qui l’avait séquestré, torturé et qui avait proposé de le vendre en pièce détaché au marché noir. Celui qui avait ordonné son élimination. Celui que Liane essayait de convaincre sous le bureau pour négocier sa libération. Incarcéré pour homicide, quinze ans. La sentence était tombé il y a huit ans. Eliott tourna d’autres pages. Toujours le même profil, toujours des tueurs, des dealers, des kidnappeurs. Et tous portaient la même mention, mention qui allait lui poser de nombreux problèmes. En bas de chaque page, sur les pointillés qui suivaient la mention « Autre » se trouvaient en lettres capitales : « Harry Mayers ». Comment allait-il s’en sortir ? 1

     

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    Il lâcha les feuilles qui tombèrent une à une au sol, et se cacha le visage dans ses mains. Cette fois-ci, c’était le gang au grand complet qu’il souhaitait libérer. C’était impossible, n’importe qui allait se rendre compte de la supercherie. L’avocat de Mayers qui devient l’avocat du gang au complet, cela allait sauter aux yeux des policiers qui étaient actuellement penchés sur l’affaire, et ce depuis quatre ans.
    Et il lui restait ce deuxième dossier. Celui qu’il connaissait par cœur, il n’avait même pas besoin de le lire, chaque phrase, chaque mot était gravé dans sa mémoire. La reconnaissance de la paternité de Harry Mayers pour Georg-Kaitlin Mayers. Fils naturel de cet homme, élevé par son fils et sa fille adoptive comme étant le leur. Il souhaitait récupérer ses droits sur « l’enfant », tant qu’il était encore mineur, pour ensuite avoir droit à différentes clauses et compensations financières suite au retrait de son fils de ses droits parentaux. Tout ça pour du fric, même s’il faisait croire à tout le monde qu’il voulait donner à ce deuxième fils une chance que n’a pas eu le premier. Et cet argent lui était absolument nécessaire. Pas d’argent, et pas de business. Il pouvait dire adieu à ses petites affaires.
    Eliott lâcha un profond soupire de lassitude.

     

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    Il rassembla les dossiers et s’entreprit de les ranger rapidement pour que personne ne tombe dessus. Il ne fallait pas que cela se sache, il ne fallait pas qu’elle le sache. Elle était étrangère à tout ça, et elle n’avait pas besoin de s’inquiéter, encore moins en ce moment. Et il devait faire vite, aussi vite qu’il pouvait. Il ne peut pas se permettre de prendre son temps.
    Alors qu’il rangeait les dossiers dans un meuble sous clé, quelqu’un toqua à la porte. Il alla la déverrouiller instantanément et commença à ranger les morceaux de tableau qui jonchait le sol.
    _ C’est ouvert, annonça-t-il.
    La porte s’ouvrit sur une jeune femme, un peu plus jeune que lui. Ses cheveux bruns coupés courts lui encadraient le visage et elle esquissa un sourire en le voyant, sourire qui se fana vite en voyant le désordre. Elle se baissa alors pour aider Eliott, espérant que le petit rangement aller se terminer vite.
    _ Faith, je m’en sors très bien tu sais …

     

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    _ Je sais, mais j’allais pas te regarder faire. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
    _ Trois fois rien, j’ai glissé sur ce vieux tapis moisi, j’ai voulu me rattraper à ce que je pouvais, et je n’ai trouvé que ce tableau. Et voilà le résultat.
    _ Je vais devoir t’en retrouver un, tu me donnes du travail là.
    Ils se redressèrent tous les deux en même temps. Eliott lui sourit distraitement tandis qu’elle affichait un sourire long de trois kilomètres sur ses joues. Elle lui prit les mains et les lui serra aussi fort qu’elle put.

     

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    _ Allez, je peux plus attendre. Eliott, on va avoir une petite fille !
    Le sourire d’Eliott n’atteint pas ses yeux qui restèrent vides, mais envahie par l’euphorie, Faith ne le remarqua pas. A la place, elle se rapprocha de lui pour le serrer dans ses bras.

     

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    Il devait faire vite … très vite.

     

     

    1 - Pour ceux qui n'ont pas lu Paragraphes, ou qui ne s'en rappellent pas, un petit lien utile pour rencontrer une partie de la clique de Harry.


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    Harry et sa compagne sortirent du bâtiment, tout en discutant de la pluie et du beau temps. Ils rejoignirent leur voiture qui était garée à quelques rues de là, devant le garage d’une habitation qui leur avait semblé inhabitée.
    Un homme, un mendiant, était assis au pied des marches du bâtiment, tendant la main pour espérer récolter quelques pièces de monnaie pour se nourrir pour la journée. Ses cheveux longs et sombres qui lui cachaient le visage faisait de lui un parfait inconnu pour ceux qui passaient devant lui. Personne n’aurait été capable de le reconnaître ou de lui donner un nom. Sa main crasseuse était tendue vers ces passants, il releva un petit peu la tête quand Harry et Brooke passèrent à ses pieds. Mais ils ne daignèrent même pas lui adresser le moindre regard. Ce la n’eut pourtant pas l’air de choquer l’homme au sol, bien au contraire, il esquissa un léger sourire. Il releva un peu plus la tête pour voir le couple s’en aller. Et ses yeux bleus furent finalement visibles derrière ses mèches de cheveux. Il ne les lâcha pas du regard, et quand ils tournèrent au coin de la rue, il se leva et se mit à les suivre, tête basse.

     

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    Ils marchaient à une cadence soutenue, que le mendiant avait du mal à suivre tout en restant discret. Quand ils s’arrêtaient, il s’empressait de se rasseoir et à nouveau de tendre la main, les guettant toujours d’un œil. Ils eurent une discussion animée pendant quelques minutes, une dispute peut-être. Cette altercation dura assez longtemps pour que le mendiant récupère deux dollars et cinquante six cents. Harry tourna la tête vers lui, comme s’il cherchait quelqu’un, et le mendiant rentra sa tête dans ses épaules, le regard fixé sur le sol en face de lui. Il ne pouvait pas l’avoir reconnu, il n’a même pas daigné lui adresser le moindre regard quand ils sont passés devant lui tout à l’heure. Et pourtant, Harry retourna sur ses pas et s’arrêta en face lui. Il releva un peu la tête, pas trop pour ne pas croiser son regard.

     

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    _ Bonjour M’sieur … dit-il. Une p’tite pièce s’vous plait …
    _ Tu nous suivais ? Je t’ai vu devant le palais des avocats là bas, dit-il en indiquant la direction du menton.
    _ Peut-être M’sieur. Une petite pièce, s’il vous plait …
    _ Pourquoi nous as-tu suivi ? gronda-t-il sans pour autant attirer l’attention autour de lui.
    _ C’est que vous m’aviez l’air bien aisé M’sieur, je pensais que vous auriez pu m’aider. Je suis désolé M’sieur …
    Harry sortit un billet de cinq dollars de sa poche avant de la jeter au sol devant lui, en lui lançant un regard noir. Le mendiant en déglutit de peur et n’osa même pas récupérer le billet qui se trouvait au sol.

     

     

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    _ Oui M’sieur, merci m’sieur, que Dieu vous bénisse M’sieur …
    _ Hors de ma vue, cracha Harry en retournant vers Brooke d’un pas rapide.
    L’homme au sol tourna finalement la tête vers eux, pour les voir disparaître au coin d’une rue. Il n’allait pas risquer de les suivre, il connaissait bien cet homme, et il était tout à fait capable de dissimuler une arme sous sa veste. Il ramassa alors le billet tombé au sol avant de l’enfoncer dans la poche de son jean. Il s’en était fallu de peu pour qu’il ne soit reconnu.

     

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    Il se releva en prenant appui sur le mur derrière lui, avant de tourner les talons et d’aller dans la direction opposé du couple qu’il suivait. Ses pensées vagabondaient et il ne regardait pas où il marchait, où il posait les pieds. Les passants autour de lui l’évitaient comme la peste, mais ce n’était pas le cas d’une jeune femme blonde qui se précipita sur lui sans regardait où elle allait, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone portable. Et finalement, ils se percutèrent. Pas assez violemment pour tomber l’un et l’autre au sol, mais assez pour leur faire relever la tête.
    Julia s’excusa en un milliard d’excuse avant de s’attarder sur le visage de l’homme qui se trouvait en face d’elle.
    _ Mathieu ?!
    Mathieu plaqua sa main noircie sur la bouche de Julia pour l’empêcher de hurler son nom une nouvelle fois. Ce n’était pas pour son plaisir personnel qu’il avait revêtu de tels vêtements, il ne manquerait plus que sa couverture tombe à l’eau. De son autre main, il lui intima de se taire en posant son index contre ses lèvres. Julia approuva d’un hochement de tête et il relâcha sa prise.
    _ Par ici, que je t’explique.

     

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    Il lui attrapa le bras doucement avant de filer vers une ruelle déserte. Une fois à distance raisonnable des passants, il releva la tête et ôta bonnet et perruque qui le rendaient méconnaissable. Il passa ses doigts dans ses cheveux pour les remettre en ordre.
    _ Mais qu’est-ce que tu fiches dans cette tenue ?! Sienna est au courant ? Et les jumeaux ? Tu cherches à arrondir ta retraite ?
    _ Eh, doucement, on se calme. D’abord, promets moi d’en parler à personne, même pas à Will, personne ne doit être au courant. Si ça venait aux oreilles de Sienna, elle ne me le pardonnerait pas. Et elle se ferait du souci.
    _ Très bien, très bien, abdiqua-t-elle. Je ne dirais rien, mais tu m’expliques.

     

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    _ Je m’emmerde ferme à la maison, donc j’aide certains de mes anciens collègues en filant des suspects. Comme je ne suis pas de la police, je n’ai pas besoin de mandats, et si je me fais choper, ils font sauter les avertissements et les condamnations. Donc, je m’occupe, et je leur donne un coup de main. Voila.
    _ Et pourquoi te cacher, t’es déjà un parfait inconnu pour tout le monde vu que tu n’es plus flic, s’interrogea-t-elle.
    _ Le type que je file, je l’ai envoyé en taule il y a quelques années, il connait mon visage, et même plutôt bien vu que je le filais aussi à l’époque.

     

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    Julia eut un mouvement de recul en réalisant qui il pourrait filer comme ça. Elle connaissait certaines des affaires résolues par Mathieu, et au vu de son âge, il n’en avait pas résolu des milles. Sa plus grande affaire était l’arrestation de son père, Harry Mayers. Mathieu réalisa très bien ce qu’il se passait dans la jolie tête blonde de son amie et s’empressa de la prendre dans ses bras.
    _ T’inquiète pas hein, je me suis lavé ce matin, c’est que du maquillage.
    _ Ca m’inquiète pas, imbécile … réussit-elle à souffler. C’est mon père que tu suivais, non ?
    _ Harry Mayers oui, et tu sais très bien qu’il n’est plus ton père, pourquoi tu t’obstines ?
    Julia s’éloigna de lui de quelques pas, croisa les bras dans son dos et le regarda.

     

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    _ Il m’a élevé, il m’a accueilli quand personne n’a voulu de moi et je ne veux pas m’arrêter aux seuls mauvais souvenirs. J’ai quand même eu neuf ans de bonheur dans ce foyer avant que maman ne meure, j’ai pas vraiment envie d’effacer tout ça.
    _ Avant qu’il ne tue ta mère Julia, qu’il ne tue les parents de Andy et Eliott, qu’il ne séquestre Eliott et Delphes, qu’il ne te viole … Cet homme ne mérite pas ta gentillesse Julia.
    _ Je sais. Mais je ne veux pas vivre dans la haine. La haine apporte la haine, et je ne veux pas vivre dans le besoin perpétuel de le haïr. Je préfère aimer l’homme qu’il a été quand j’étais enfant, c’est plus dur à faire, mais je suis beaucoup plus sereine.
    Elle esquissa un très charmant sourire sur son visage tout en le regardant. Il était resté bouche bée. Elle était tout le contraire de William qui lui pestait dès qu’il le pouvait contre son père, en reniant jusqu’à ses origines, alors qu’il était son fils naturel et qu’il n’avait rien subit si ce n’est un coup de poing dans le visage une fois quand il eut décidé de quitter la maison familial. Elle avait tellement plus vécu, elle avait tellement plus souffert, et elle continuait à l’appeler Papa et à l’aimer pour ce qu’il a été.

     

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    _ J’espère quand même qu’il ne se porte pas trop mal, et tu me le dirais s’il manigançait encore quelque chose, n’est-ce pas ?
    _ Bien sûr, je vais pas te laisser à sa merci, je ferais tout ce que je peux pour l’empêcher de vous faire du mal à tous les quatre.
    _ Merci. Je te souhaite une bonne filature Mathieu, sourit-elle.
    _ Au fait, si tu me croises à nouveau durant une filature, commença-t-il en remettant perruque et bonnet.
    _ Oui ?
    _ Appelle moi Arthur, c’est mon nom de couverture. Ce sera moins flagrant, d’accord ?
    _ Aucun souci, à une prochaine fois, Arthur.
    Et elle tourna les talons pour reprendre la route de l’hôpital ou elle était attendue impatiemment en ce début d’après-midi.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Et la voici cette MaJ que je n'espérais plus ! Bonjour à tous ! Ici Zhu' qui est bel et bien en vie après ... 7 longs mois sans MaJ, dont cinq sans nouvelles ! *tend le fouet pour se faire battre* Et encore, ça aurait pu être pire, si je n'avais pas fait de promesse écrite à Waly, j'aurais pris bien plus on temps et la MaJ ne serait pas là avant Pâques ♥ 

    Voici donc la MaJ 4. J'espère qu'elle vous a plu ;) Elle peut vous sembler courte, et c'est le cas puisque vous n'avez en réalité que la moitié (71 photos quand même) de la vraie MaJ 4. Mais il m'aurait été impossible de la faire en entier pour aujourd'hui. Je vais essayer de faire la seconde moitié de cette MaJ pour la fin de l'année, après tout, j'ai a peine mis dix jours pour tout faire dans celle-ci, je vais bien y arriver en un mois, non ? :p

    Que dire sur cette MaJ ?

    - Visiblement, chez les Handers y'a de l'eau dans le gaz parce que Mossieur Nate préfère son entreprise à sa famille et il a même pas tenu sa promesse d'avoir un troisième enfant. Waly, divorce je te dis, cet homme est le mal incarné, en plus il est chauve ! *sort*

    - Le petit article, que dis-je, le GROS article, d'Emma et Georg. Il trame quelque chose notre GK national, et Emma n'est pas dupe. Heureusement que les copines sont là pour y voir plus clair, et que Chris Hemsworth la soutiendra lors de son roadtrip ! Un vrai calvaire pour moi cet article avec ces saloperies de chansons qui veulent pas s'uploader u__u Enfin bon, on en saura plus sur Georg dans la MaJ suivante (pas la seconde moitié de la 4, mais dans la 5 :p)

    - An et Jayn, surtout Jayn d'ailleurs. Un vrai petit démon, et elle n'a que onze ans. Je vais adorer jouer avec elle. Quand à An, elle va peut-être accepter la proposition de Gabe, ce serait bien, non ? :p Suite dans la seconde moitié !

    - Et enfin, le retour d'Eliott. Ayé, tout est clair, mais rien n'est arrangé bien sûr : Eliott travaille sous la menace de Harry *câlin son bébé* Décidément, il en aura souffert à cause de Harry celui-là. D'autant plus qu'il va avoir un bébé, je sens que je vais m'éclater-le-retour ! Et notre petit Mathieu qui ressort Arthur pour résoudre des enquêtes sous le manteau, c'est pas très bien. Julia est au courant, à savoir si ça va changer les choses ou pas ... *regard très mystérieux*

    A très bientôt tout le monde, je vous z'aime ♥

     

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    (Zhu qui essayait de MaJer hier soir, et qui a du uploader 10 fois chaque image avant d'y arriver ...)

     


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    Le soleil perçait au travers des rideaux de la petite chambre sous pente. Le jeune homme s’éveillait doucement, un rayon s’amusant à courir sur son visage encore ensommeillé. Une petite grimace suivi d’un léger étirement suffit à finir de le réveiller. Son regard fixa le plafond en face de lui où miroitaient deux yeux bleus qu’il n’avait pas réussi à oublier depuis qu’ils les avaient vus il y a de ça quelques jours déjà. Et pourtant le reste de son visage avait disparu. Ne restaient que ses yeux bleus et son prénom : Kellan. Il se demandait d’ailleurs comment il avait pu réussir à oublier le reste du visage du nouveau locataire de ses parents, après tout, ils avaient partagé un repas tous ensemble ce soir là. Mais peut-être était-ce autre chose qui l’avait gêné. Cette attirance qu’il avait clairement ressentie mais qu’il trouvait totalement ... anormale.

     

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    Il se redressa légèrement dans son lit pour jeter un regard à la pièce, mais quelque chose entravait ses mouvements. Un poids sur sa poitrine. Il baissa les yeux et se rappela. Il se rappela de la nuit dernière, et de ce qu’il s’était passé. Ce qui n’aurait pas du se passer. Il avait pourtant dit à son meilleur ami qu’il laissait tout ça derrière lui. Mais elle était arrivée plutôt que prévu, avait battu des cils devant lui, s’était rapprochée … et il n’avait pas pu résister quand elle avait posé ses lèvres sur les siennes. Comme il pouvait être faible face à la tentation de la chair ! Il s’était pourtant décidé à tout lui expliquer, à lui parler … pour la millième fois. C’était un peu comme un jeu, parfois lassant, où la séparation se produisait, qu’elle le soulageait d’un poids avant qu’elle ne revienne une autrefois, demandant une autre chance, qu’elle se rattrapera. Comment lui résister quand elle lui fait du charme ? Et cette fois-ci, il n’avait même pas été question de se quereller. Peut-être avait-elle anticipé et sauté à la case réconciliation sur l’oreiller ? N’était-elle plus dupe des manigances de celui qu’elle présente encore comme son petit-ami, son meilleur ami, l’homme de sa vie …

     

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    Il tourna la tête pour la regarder, il passa même sa main gauche dans ses cheveux, jouant avec doucement. Il s’en voulait presque de réagir comme ça quand elle était endormie. Elle était une toute autre personne, il avait peut-être tort d’agir comme il le faisait, se disait-il. Elle ne pouvait pas être si terrible que ça, c’est peut-être à ça que ressemble une relation normale, c’est peut-être lui qui n’est pas normal de ne pas comprendre.

    Son regard fila sur les dessins qui parcouraient le corps de Charlie, se souvenant de chacun. Adolescente, elle ne possédait qu’une étoile sur l’avant bras droit, tout le reste était apparu au cours de leur relation et Xander avait été présent à chacune de leur naissance. C’était son devoir de petit ami d’être présent quand Charlie avait besoin de soutien. Il sait qu’il n’oubliera jamais le visage humain de la jeune femme quand elle se retrouvait en position de faiblesse, après tout, elle aussi est vulnérable. Ce n’est pas une méchante sorcière, ce n’est pas un monstre. Elle est normale, c’est lui qui est bizarre, qui ne la comprend pas, qui ne la soutient pas assez, qui n’est pas un bon compagnon.

    Elle commença à bouger, et Xander, pour éviter une confrontation trop matinale, préféra se tourner doucement sur le côté opposé, voulant lui faire croire qu’il dormait encore. Il n’avait pas le courage de lui parler ce matin.

     

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    Finalement, la jeune femme se réveilla et s’assit en tailleur, toujours sous les couvertures. Xander mimait tant bien que mal le sommeil du juste, un bras replié sous sa tête. Charlie s’étira et chercha l’heure du regard, surprise d’être réveillée aussi tôt alors qu’ils s’étaient couchés tard. A peine sept heures. Elle soupira longuement. Connaissant la maisonnée, les parents de Xander, Zélie et Alexis, ainsi que sa sœur Chloé, ne serait pas réveillés avant une bonne heure, c’est le weekend après tout. Doucement, elle se pencha au dessus de Xander, voulant tenter de le réveiller sans qu’il ne croit que ce soit de sa faute à elle, mais rien n’y faisait, il continuait de dormir. C’est boudeuse qu’elle posa alors ses deux pieds au sol, voulant trouver une occupation pour l’heure qui promettait d’être longue. Elle était dans une chambre de garçon, elle allait sûrement trouver quelque chose, ne serait-ce qu’un magazine porno, après tout, c’est de son âge, et elle, ça l’amuserait. Mais rien de tout ça dans son périmètre proche, elle se rabattit alors sur la bibliothèque en face d’elle, qui regorgeait de livres universitaires, sur le droit. Barbant, mais au moins, elle pourrait tourner des pages pour s’occuper.

    Xander perçut le mouvement de la jeune femme et se douta qu’elle fouillait dans sa chambre, à la recherche de il-ne-sait-quoi. De peur qu’elle ne trouve quelque chose qui risquait de faire exploserune dispute matinale, il commença à se mouvoir pour signaler à Charlie qu’il était réveillé. Elle posa alors le livre qu’elle avait dans la main et se tourna vers Xander qui s’asseyait sur le lit.

     

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    _ Eh eh ! Salut toi ! lui lança-t-elle joyeusement. Je t’ai réveillé ? Je suis désolée, je cherchais de quoi m’occuper …

    _ Salut, répondit très sobrement Xander. Non, je me suis réveillé seul.

    Sujet-verbe-complément était une devise que Xander aimait suivre au bout de la lettre, pas très friand des phrases à rallonge. Il a toujours trouvé ça inutile et ridicule de trop en dire dans ces phrases, il allait à l’essentiel. Sauf avec Emilien, c’était plus facile de s’épancher avec lui, où quand il était contrarié. Mais avec Charlie, ça n’a guère été plus que des phrases simples. Et comme d’habitude, elle prit la mouche, n’aimant guère la rudesse de Xander.

    _ Tu pourrais y mettre un peu plus d’entrain, bouda-t-elle. J’ai l’air de te faire chier, ce n’est pas l’impression que tu m’as donné hier soir.

    _ Parler n’était pas utile hier soir, dit-il finalement après quelques secondes de silence.

    Charlie se rembrunit et fronça les sourcils. Elle n’aimait vraiment pas quand il lui répondait de cette manière tel un homme sortit tout droit du Moyen-Age. Elle avait l’impression d’avoir à faire à un homme sans sentiment.

    _ Si tu n’as pas envie de parler, tu n’as qu’à me sauter dessus !

     

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    Et voilà, c’était parti, elle boudait. Elle avait détourné son visage de celui de Xander et se mordait la lèvre inférieure. La voir ainsi n’allait pas aider le jeune homme dans ses objectifs de la quitter. Il n’aime pas voir les autres dans l’embarras, encore plus si c’est par sa faute, encore plus si c’est elle. Alors, pour une énième fois, il s’excusera et lui promettra de faire un peu plus d’effort pour que leur couple fonctionne, parce que il n’y a rien qui devrait l’en empêcher. Après tout, ils s’entendaient plutôt bien, avaient les mêmes intérêts pour les arts graphiques même s’ils n’aimaient pas les mêmes artistes, ils avaient grandis dans la même ville, avaient parfois les mêmes délires, et même physiquement ils étaient compatibles. Pourquoi alors ça ne marcherait pas entre eux ? Tout était là pour que ça dure, leur problème, c’était lui, se disait-il à longueur de temps. Lui qui ne se sentait pas à sa place, qui avait l’impression de vivre l’histoire de quelqu’un d’autre. Pensait-il peut-être ne pas avoir mérité qu’une fille comme Charlie ne s’intéresse à lui et l’aime ? Alors il devait faire en sorte de la mériter, il devait faire des efforts.

     

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    _ Excuse moi Charlie, finit-il par lui souffler en la regardant. Je ne pensais pas te vexer.

    _ Pas me vexer ? Alors que tu me dis clairement que ça sert à rien de parler avec moi et que me sauter ça te suffit, comment veux-tu que je ne sois pas vexée ?

    Xander lâcha un profond soupir intérieur. Comme s’il avait vraiment envie de parler de ça avec elle ce matin. Il essaya pourtant d’accrocher son regard en baissant un peu la tête pour essayer de croiser ses yeux aux teintes dorées, et elle mordit à l’hameçon.

    _ Je suis vraiment désolé. Ce n’est pas ce que j’entendais par ça. Tu me connais. Je ne parle pas. Peu. Ca ne veut pas dire que je ne t’aime pas.

    Elle redressa un peu la tête à l’écoute de ce « je t’aime » dissimulé qu’elle comprit et que Xander avait su habilement placer sans le lui dire clairement. Il n’a jamais voulu lui dire ces trois mots, il ne les pensait pas encore destinés à Charlie. Il s’arrangeait juste pour qu’elle le croit.

    _ Pourquoi tu m’as dit ça alors ? reprit-elle, toujours un peu hargneuse mais un peu plus apaisée.

    _ Car tu me comprends sans que je te parle. Même si tu penses le contraire.

    Charlie lui sourit, et voilà, le tour était joué. Il lui avait rappelé à quel point elle pouvait être importante pour lui et la dispute s’achèvera de cette manière, enfin presque, car il ne fallait pas oublier le détail important qui clôt chaque dispute : les charmes de la demoiselle.

     

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    Charlie se pencha alors vers Xander, à genoux sur le lit, et passa ses bras autour du coup de son petit-ami. Il ferma aussitôt les yeux, cherchant mentalement un moyen de passer à côté de cette nouvelle réconciliation qu’il n’avait pas envie de terminer de cette manière, enfin, pas vraiment envie. Mais comme il était faible face à elle, il posa malgré tout ses mains dans le dos de Charlie, les passant sous son haut, tandis qu’elle l’embrassait doucement en se rapprochant encore plus de lui. Et alors qu’il s’apprêtait à retourner sous les couvertures avec la jeune femme, une sonnerie de téléphone retentit. Si Charlie en faisait fi, Xander reconnut celle de son téléphone portable et repoussa doucement la jeune femme pour aller décrocher.

     

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    _ Allô ?

    Charlie s’était assise en tailleurs sur le lit, affichant très clairement sa mine des mauvais jour. Non, elle n’aimait pas être contrariée, encore moins dérangée quand elle voulait un peu d’intimité avec Xander. Celui-ci par contre, était étrangement soulagé d’avoir été sauvé par le gong mais il se gardait bien de le lui montrer.

    _ C’est Rob, entendit-il de l’autre côté du téléphone. Je te dérange ?

    _ Non. Un problème ?

    Ce que Xander aimait avec Rob Taylor, c’est qu’il faisait partie lui aussi du club des utilisateurs du sujet-verbe-complément, membre encore plus assidu car il était encore moins bavard que lui. Ça évitait au moins les longues discussions pour ne rien dire, ils allaient toujours à l’essentiel.

    _ Non. Au sujet de l’inscription, on peut se voir une heure avant ? Au café devant.

    L’inscription en question était celle qu’ils espéraient obtenir pour une école réputée dans le design, notamment de personnages de jeux vidéos et d’animations. Il n’y en avait que quelques unes dans le pays, mais une en particulier avait attiré l’attention de Xander : celle de Houlton, dans le Maine. Le Maine, l’état où il était né et d’où provenait la croix qu’il avait au cou, du moins, c’est ce qu’indiquait le coffret.

    _ Pas de souci, ça me donne une heure.

     

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    Charlie comprit bien ce qu’il se passait. Son Jules allait filer en douce, plus ou moins, pour aller rejoindre quelqu’un d’autre. Elle commença à se renfrogner et le fit savoir à Xander par sa plus belle tête des mines peu réjouies. Comme s’il allait avoir le choix de refuser.

    _ Ca t’ennuie que je vienne avec quelqu’un ? Ma copine est en vacances ici, demanda-t-il bien qu’il connaisse la réponse en avance.

    _ Elle peut venir. See ya.

    Et il raccrocha. Xander posa alors son téléphone sur le bureau sur lequel il était appuyé.

     

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    _ On a une heure pour se laver, s’habiller et rejoindre la fac qui est à vingt minutes de bus d’ici. Je te laisse la salle de bain. Je vais en bas.

    Charlie écarquilla presque instantanément les yeux, il avait enfin prononcé plus de deux mots à suivre. Cependant, elle ne se laissa pas avoir par ça, elle voulait savoir.

    _ Et on va y faire quoi à ton université ? questionna-t-elle.

    _ Rejoindre un ami, Robbie. Tu n’es pas obligée de venir, continua-t-il. Mais ta présence ne le dérange pas.

     

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    Charlie se redressa d’un mouvement sec et le regarda.

    _ Je viens ! Nan mais oh, si tu crois m’échapper comme ça, et puis c’est l’occasion de faire du tourisme.

    _ Comme tu voudras, reprit-il. Je t’y paye le petit déjeuner.

    Xander se redressa et prit quelques affaires dans son armoire pour rejoindre la salle de bain du rez-de-chaussée afin de se doucher rapidement. Mais la jeune femme ne l’entendit pas de cette oreille et lui attrapa l’avant bras.

    _ Je ne suis pas contre une douche avec toi, et promis, je garderais le timing, et mes mains dans mon dos.

    D’un signe de tête, Xander lui donna son accord avant de rejoindre la salle de bain, Charlie sur ses talons, continuant de se marteler le crâne que tout était normal, que Charlie agissait normalement, et qu’il n’avait rien à craindre : ce n’est pas une sorcière, ce n’est pas un monstre, c’est une fille.

    Et à cette pensée, à nouveau, il vit deux yeux bleus flotter devant ses yeux. C’est lui qui n’est pas normal, c’est lui qui est un sorcier, c’est lui qui est attiré par ce qu’il ne devrait pas.