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     Vers seize heures, Harry vient de déposer sa fille chérie au bar où elle travaille, non sans lui lancer un regard noir à faire pâlir les morts, un regard qui en disait long sur ses intentions : « ne t’approche pas de ce con ! »

     

     

     En effet, Harry était tout sauf un homme bête et avait bien remarqué que sa fille allait travailler avec un étrange sourire sur ses lèvres, un éclat brillant dans le fond de ses yeux. Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que sa fille était en train de tomber amoureuse du premier parvenu du coin. Mais quoi qu’il arrivait, ce « petit merdeux » allait finir dans l’incapacité de s’occuper agréablement avec une femme s’il continuait à tourner autour de sa précieuse Julia, il ne l’emportera pas comme ça.

     

     

     Quand Harry s’engouffra dans sa voiture, Julia entra dans le café et rejoint Mikael, assis dans un des fauteuils de l’étage. En effet, elle avait demandé à Jena et Liam, les deux autres artistes du bar, de prendre le début de soirée, afin qu’elle papote avec Mika, au sujet de sa « maladie » comme le répétait le jeune homme.

     

     

     Il était affalé sur le canapé, mains derrière la tête, attendant désespérément la jeune femme, qui arriva finalement, un large sourire étiré sur son visage de poupée de porcelaine.

    _ Bonjour, lui dit le jeune homme sans se lever pour autant.

    Pour toute réponse, Julia hocha la tête avant de s’asseoir tout près de lui, le regardant droit dans les yeux.

    « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda le regard de l'adolescente.

     

     

     En très peu de temps, le jeune homme était parvenu à déchiffrer les expressions de Julia, et sut aussitôt ce à quoi elle pensait.

    _ J’ai parlé à Kris, débuta-t-il, et j’ai son accord. Il ne dira rien à ton père.

    Julia tourna la tête, ne comprenant décidément pas grand-chose.

    _ J’ai pris rendez-vous pour toi au médecin qui habite le quartier …

     

     

     Le visage de Julia se figea, elle était totalement tétanisée.

    _ Je refuse de te voir dans cet état, tu m’entends ? Tu ne m’as pas l’air décidée à consulter, alors je t’ai pris un rendez vous.

    Doucement, il déposa un baiser sur le front de l’adolescente, dont les larmes commencèrent à perler au coin de ses yeux.

    _ Je vais rester avec toi Julia, ne panique pas, la rassura-t-il. Je vais rester avec toi.

     


  •  

     

     _Ahem … débuta Will.

    La brunette était enfin seule, son amie blonde lui avait autorisé à parler à ce mec louche avec ses tatouages partout, ses piercings et par-dessus tout, ses cheveux bleus.

    _ C’est pourquoi ? Tu as perdu le code de l’immeuble.

     

     

     *sbaaaaf* Will venait de se gifler pour la première fois, et les autres allait très vite arriver à ce rythme là. Il fallait qu’il ouvre la bouche, mais il perdait toute son assurance de beau parleur face à cette jeune femme, qui n’était pas impressionnante pour deux sous. Il se dit même qu’il aurait été plus simple de parler à Darth Vader, vraiment plus simple.

     

     

     _ Euh, non … j’ai pas perdu le code.

    Bieeeen ! Demain on passe à « comment ça va ? » ! Will se sentait terriblement idiot face à elle, qui n’était pourtant qu’une jeune femme merde !

    _ Je … je suis ton voisin de pallier, tu sais, William.

    _ Oui, je me rappelle de toi qui t’accrochais avec Mimi. J’ai aussi appris que vous avez fini dans le même lit, il y a peu. Les nouvelles vont très vite dans l’immeuble.

     

     

     Le jeune homme se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux, c’est bien la première fois que son passé de dévergondé le rattrapait à ce point, pour lui faire affreusement mal, comme un couteau en plein de les tripes. Il est temps de se gifler une deuxième fois, non ? *sbaaaaaaf*, une baffe, une !

     

     

     _ Ne croit pas trop ce qu’on peut entendre …

    _ Oh, je ne fais pas confiance aux racontars, dit-elle.

    William se sentit tout de suite plus léger. Si elle pouvait oublier cinq minutes le statut de coureur de jupons de Will, ça l’arrangerait plutôt bien.

    _ … je fais surtout confiance à Mimi, elle est une bonne amie.

    *sbaaaaaaaaaaf* Jamais deux sans trois. Il se sentait terriblement stupide en cet instant, face à la jeune femme, mais il n’allait pas se laisser marcher sur les pieds.

     

     

     _ Tu cachais bien ton jeu l’autre jour, tu faisais ta timide, clama Will en souriant.

    _ Nan, j’avais promis à Mimi de me taire … Je peux être méchante dans mes propos. Comme par exemple, et je le pense, tu devrais aller prendre des cours de drague illico presto, tu patauges dans la semoule là.

    *sbaaaaaaaaaf* La quatrième, on la sent même plus finalement. William venait de se faire descendre en flèche par une fille à l’air gracile.

     

     

     _ Tu as un sacré sens de la repartie, rit-il nerveusement.

    _ Et un sacré sens des responsabilité. Je t’attends demain soir 20h devant chez moi. Tu me payes le restau bien sûr, ajouta-t-elle dans un sourire avant de tourner les talons vers la résidence, et son appartement.

     

     

     William resta là, les bras ballant, venant de se prendre la plus belle claque de toute sa vie : une fille à l’aspect fragile venait de le détrôner de son poste de roi de la drague. Il en restai coi et ne bougea pas pendant dix longues minutes, avant de se ruer chez lui sur le premier annuaire du coin, afin de trouver un restaurant chic qui puisse entrer dans ses moyens. Autrement dire, mission impossible, appelez Ethan Hunt en urgence !

     


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     L'ambiance était tout à fait autre dans un autre coin de la ville, dans le quartier commercial, près du café où travaillait tous les jours Julia Mayers. En effet, la jeune femme avait déserté de son poste, avec l'accord de son supérieur, poussée par son nouveau petit ami, Mikael, afin qu'elle aille consulter un médecin généraliste de toute urgence.

     

     

     Le docteur Campbell venait de terminer d'ausculter sa jeune patiente et les deux amoureux étaient assis devant le bureau du médecin, attendant impatiemment que celui ci leur réponde, et le plus vite possible, ce n'est pas que Julia est prise par les horaires, mais c'est tout comme.

    _ Alors ? S'impatienta Mikael. On aimerait bien savoir ce qui se passe.

    _ Toutes mes félicitations mademoiselle, vous attendez un heureux évènement, répondit le médecin, tout sourire, ne sachant pas que ses paroles étaient plus douloureuses que bénéfiques.

     

     

     _ Vous êtes sûr de vous ? Insista Mikael.

    _ Bien évidemment, il faudra bien sûr passer des examens plus poussés par un spécialiste d'obstétrique, mais je peux vous assurer, monsieur, que votre jeune compagne est bel et bien enceinte, et de deux mois.

     

     

     Julia baissa la tête, de grosses larmes roulant sur ses joues pâles. Instinctivement, elle posa sa main sur son bas ventre, ne pouvant que haïr cet être qui grandissait en elle, un enfant issu d'inceste, et ça, elle le savait. Contrairement à ce qu'en disait Harry, Julia était loin d'être bête, et elle connaissait déjà l'avenir de son enfant : entre hôpitaux et maison familiale.

     

     

     Mika tourna la tête vers la blondinette, comprenant sa détresse, et son désir de ne pas le mettre au monde. Il se doutait, vu la faiblesse émotionnelle de Julia que cet enfant était tout sauf issu d'une relation amoureuse.

    _ Il lui reste combien de temps pour pouvoir avorter ?

     

     

     Julia ouvrit de grands yeux et dévisagea Mikael. Avorter ? C'est bien ce qu'il venait de suggérer à l'instant ? Elle se caressa le bas ventre. Non, pour elle, avorter est tout sauf envisageable. Ce n'est pas à cet enfant de mourir pour soulager sa mère. Il n'a rien fait ce petit être qui grandit en elle, et il est hors de question de le tuer. Elle secoua donc vivement la tête, sous le regard étonné de Mikael et du médecin.

     

     

     _ Vous êtes sûre de vouloir le garder mademoiselle ? Un bébé, ce n'est pas juste mignon, il faut s'en occuper, et vous n'avez que seize ans.

    Julia ferma les yeux et secoua vivement la tête. Oh que oui, hors de question de le tuer ce bébé, c'était son bébé, peut-être le seul être qui empêchera Harry de continuer à lui faire du mal, et ça, elle en avait parfaitement conscience.

     

     

     Julia ne pouvait se résigner à en parler à Harry, il ne comprendrait rien, la battrait d'avoir été incapable de se protéger. Et pendant combien de temps pourra-t-elle cacher son état à son géniteur ? Son ventre finirait bien par s'arrondir un jour ou l'autre, bien que là, il soit relativement plat, et encore dissimulable.

     

      

     Mikael remercia le médecin et paya la consultation, avant de sortir du cabinet, tenant Julia, immobile, par la main. Il dessinait sur le dos de la main de la jeune femme des cercles de son pouce, soulageant la blondinette, qui espérait compter à l'avenir sur cette main.

     

      

     Mikael se retourna pour faire face à Julia une fois qu'ils furent dans la rue. Il prit la jeune femme dans ses bras, lui embrassa doucement les lèvres, lui montrer tout simplement qu'il était là pour elle, quoi qu'il arrive.

    _ Tu veux me raconter ? Demanda-t-il.

     

     

     Julia baissa les yeux pour qu'ils se plantent dans ceux de son interlocuteur, suppliants. Elle tira alors un calepin de son sac, et y griffonna deux trois mots, mots qu'elle ne saurait retranscrire dans ses yeux.

     

     

     « Promets moi d'être toujours là pour moi Mika, je t'en prie »

    A la vue de la tablette, Mikael ne put que sourire doucement et acquiescer d'un hochement de tête.

    _ Je te le promets Julia, tu as ma parole, je ne te laisserais pas tomber.

    Alors, délicatement, il posa une main sur le bas ventre de la jeune femme avant de l'embrasser sur le front.

     


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     /! Les images qui vont suivre n'ont aucun lien avec l'histoire et ne changent pas le déroulement de l'histoire. C'est un gag !

     

     Alors que Will rentrait chez lui pour trouver un annuaire, une jeune femme brune l'attendait. C'est que l'Hagen Dazs permet d'avoir la pêche et de se venger.

    _ Ah, te voilà ignoble monstre ! Sans coeur ?

    _ Gné ?

     

     

     Après un coup de pied bien placé, Mimi décide de ne pas se laisser faire et sors de ses poches - blouson piqué à Marry Poppins - une hache !

    _ Vengeance ! hurle-t-elle

     

     

     _ Enfer & Damnation ! hurle la brunette.

    Et oui, elle n'avait pas prévue que j'avais encore besoin de mon sims et j'ai remplacé sa hache par une simple hache en mousse.

    _ Et ma veangeance Maïe ? gronda la brunette.

    _ Je t'aime créa !! piailla Will

    Mimi jeta sa hache derrière elle, et bougonna.

    _ La guerre est loin d'être finie !

     

     

     Courage Will, on te retrouve dans la MaJ 10 ! Enfin, si Mimi te laisse en vie !

     


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    Trois semaines plus tard

     

     

     Depuis la dernière fois, un froid digne de l'Antarctique régnait sur la collocation de Emilie et Nate. Ils ne se parlaient guère plus, hormis « passe moi le sel » de temps en temps, ou « t'es dans la salle de bain ?». Non pas que Nate ne fasse pas d'effort, plutôt qu'Emilie est du genre rancunière sur les bords. Et il est hors de question pour la jeune femme d'enterrer la hache de guerre.

     

     

     Ce matin là, tout deux étaient dans la cuisine. Emilie était en train de préparer le café, elle était encore en pyjama, tandis que Nate entrait en baillant dans la cuisine, habillé, lui. En effet, aussitôt son petit déjeuner pris, et sa cigarette du matin fumée, il repartait pour les agences d'emploi, à la recherche de quelque chose pour ne pas se retrouver sous les ponts, car vu l'état actuel d'Emilie, elle n'aurait aucun regret à l'éjecter si le beau brun payait sa partie du loyer en retard, puisqu'il avait été viré de son emploi, trouvé deux semaines plus tôt.

     

     

     _ Bonjour ! Comment va ? salua Nate, espérant que sa colocataire daigne lui répondre, avec autre chose que « lut ».

    Emilie ne décrocha pas son regard de la cafetière, tout en répondant à Nate.

    _ Hello, ça irait mieux si j'étais pas enrhumée, je n'aime pas l'automne.

     

     

     Nate ouvrit des yeux écarquillés. Emilie n'avait pas coupé sa langue pour la vendre, miracle ! Il décida donc de continuer dans sa lancée, peut-être que cet hiver mauvais allait amorcer un début de re-nouveau d'amitié entre les deux jeunes gens.

    _ T'es pas sortie de l'auberge avant fin mars tu sais … continua-t-il.

    _Parle pas de malheur, soupira-t-elle. Je vais m'enfuir au Sahara à ce train là !

    _ Je suis de si mauvaise compagnie que ça ? Rétorqua Nate sur le ton de la boutade.

     

     

     Emilie se renfrogna et se dirigea vers la table de la salle à manger, mug en main. Nate soupira, flûte, il a sorti ce qu'il aurait du garder dans sa bouche. Tant pis, on va pas retourner en arrière.

    _ Je me posai la question depuis trois semaines, reprit Emilie, mais c'est quoi ce collier ? C'est affreux !

     

     

     Nate leva les yeux et rejoignit Emily avec un bol de céréales. Elle s'était installée dos à lui, ce qui agaça un peu Nate. Une des choses qu'il ne supportait pas, c'était bien de parler à un dos, ou qu'un dos lui parle.

    _ Te moque pas de mon pendentif, c'est sentimental.

    _ C'est à ton ex, hein ?

     

     

     Nate ne dit rien et se concentra sur son bol de céréales.

    _ Pas la peine de te planquer dans ton bol, je suis pas encore sourde. J'ai entendu l'autre coup que tu avais le pendentif de ton ex, et depuis, tu le portes.

    _ Elle me l'a donné, conclut Nate, bien décidé à éviter le sujet.

     

     

     _ Elle veut le récupérer aussi, appuya la jeune femme.

    _ Elle peut toujours se brosser. Donner c'est donner, reprendre, c'est voler.

    _ On dirait un môme de huit ans, rit Emilie.

    _ J'ai un caractère de gosse, tu ne t'en étais pas encore rendue compte.

     

     

     _ Ah, au fait, pour y'a trois semaines … débuta Emilie avant d'être interrompue par la sonnette de la porte d'entrée.

    Nate fit comme s'il n'avait rien entendu et se dirigea vers la porte.

    _ Qu'est-ce que tu fous ? S'estomaqua Emilie.

    _ Tu comptes te présenter à ton visiteur en pyjama ? S'amusa Nate. Je pense que non, alors laisse moi faire, j'habite ici aussi que je sache.

     

     

     Emilie se renfrogna et Nate ouvrit le porte d'entrée sur un homme d'à peine trente ans, roux, le cheveu fin et en bataille. Pas de doute pour Nate, il s'agit de l'ex de sa colocataire. Il tombe bien mal celui là tiens.

    _ Oui, c'est pourquoi ? Demanda Nate.

    On peut toujours espérer que ça ne soit pas le dénommé Emiel.

     

     

     _ Je m'appelle Emiel – merde – et je voudrais voir Emilie, si possible.

    _ Enchanté, je suis Nate, le nouveau colocataire de Emilie.

    Le roux le regarda, sévère, craignant qu'il y ait entre eux deux, plus que de la simple collocation, ce que Nate avait su lire sur le visage du médecin.