• ▪ 120 ▪

     

    Quand Sienna ouvrit les yeux ce matin-là, elle eut un instant d’incompréhension. En face d’elle, des murs blancs. Enfin, blanc était un mot un peu trop pur pour la couleur des murs de cette pièce. Et puis, elle se rappela que, trop bourrée pour rentrer chez elle, elle était restée dormir chez Nate et William. Ses deux meilleurs amis, en parfait gentlemen, lui avait laissé la chambre, et elle y avait très bien dormi d’ailleurs. Elle s’assit alors en tailleur, s’étira brièvement et s’assit sur le bord du lit. Sa robe gisait au sol, à côté de ses chaussures et une tache qui ne lui disait rien qui vaille s’y développait.

    Ah oui. Elle avait vomi.

     

    ▪ 120 ▪

     

    Elle réprima une grimace. Cette robe était bonne à jeter si ça se trouve, et c’était une de ses préférées. Merde. Elle se leva, évita l’objet purulent et ouvrit en grand l’armoire en face d’elle. C’était la chambre de William, elle trouverait donc quelque chose de simple sans trop avoir à fouiller. Ce qui n’aurait pas été le cas si elle avait dû fouiller dans les affaires de Nate. Elle en tira alors un tee-shirt et un pantalon un peu trop grand pour elle. Elle passa brièvement une main dans ses cheveux, et sortit de la chambre, sans faire de bruit.

     

    ▪ 120 ▪

    ▪ 120 ▪

     

    Mais les garçons étaient déjà levés. Nate était dans le salon, un ordinateur sur les genoux, et sur l’ordinateur, tout un tas de chiffres et de tableaux. William était debout dans la cuisine, torse nu, et finissait de faire du café.

    - Salut les gars, dit-elle finalement en sortant franchement de la pièce.

    Nate lui répondit assez brièvement un « salut » digne des plus grandes périodes de concentration de sa vie. William revint vers elle, avec un sourire béat, qui aussitôt migra en rire moqueur.

    - Tu fouilles dans mon armoire ?

    - Je n’allais quand même pas sortir en sous-vêtements, rétorqua-t-elle.

    - Non pas que ça nous dérangerait, lui répondit Nate en levant enfin les yeux avec un air taquin.

     

    ▪ 120 ▪

     

    - Eurk. T’as pas mieux à faire que de vouloir me reluquer ?

    - Non, lui répondit aussi Nate avant qu’elle ne lui lance encore une fois qu’il pouvait s’occuper de ses filles, de sa femme et de son bébé à naître.

    Il n’avait pas vraiment envie d’y penser, il avait bien mieux à faire. Il voulait comprendre absolument ce qui lui était arrivé, du moins, à son entreprise. Donc depuis hier soir, il fouillait les relevés de compte de sa compagnie, espérant trouver quoi que ce soit d’étrange. Mais ces lignes de compte étaient interminables, et son cerveau s’épuisait. Il revint à la civilisation quand il vit un café fumant apparaître dans son champ de vision. Il referma son ordinateur, et le posa au sol avant d’accepter la tasse que lui tendait Sienna.

    - Merci.

    - Mais je t’en prie. Tu cherches la fuite ? demanda-t-elle en pointant l’ordinateur au sol.

     

    ▪ 120 ▪

     

    Il acquiesça d’un mouvement de tête en prenant une gorgée de la boisson salvatrice. Il serra ensuite la tasse entre ses mains, et regarda son contenu. Il n’osait pas relever la tête et regarder Sienna. Il n’avait pas été très correct avec elle dernièrement. Ni avec William d’ailleurs.

    - Je suis désolé, dit-il finalement sans relever la tête. Pardonnez-moi, tous les deux. Je suis complètement à côté du fauteuil en ce moment, et vous en pâtissez.

    Sienna haussa les épaules, mouvement que Nate perçut. Il releva la tête. Ce n’était pas une attitude comme quoi elle s’en foutait. Elle était bien trop sage et réfléchie pour refuser des excuses sincères. C’était plus un haussement d’épaule type « j’accepte tes excuses, mais franchement, t’avais pas besoin d’en donner ». Ça le fit sourire. William, qui s’était rhabillé entre temps d’un tee-shirt propre, quant à lui, balaya la situation d’un mouvement de la main.

     

    ▪ 120 ▪

     

    - Sérieux les gars, engueulez-moi là, finit-il par dire. J’ai l’air ridicule.

    - Pourquoi t’engueuler ? répondit Sienna. Ça ne sert à rien. Tu as compris que tu avais fait une connerie, tu t’es excusé même si franchement t’as des circonstances atténuantes valables, et je suis sûre que tu t’en veux. Pas besoin de remuer le couteau dans la plaie.

    - Comme elle a dit la rouquine.

     

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    William se laissa tomber à côté d’eux. Il se vautra comme à son habitude dans le canapé. Il aurait bien attrapé la manette de la console, mais elle était un peu loin. Et il n’avait pas envie de passer pour le gamin de service en demandant la manette à Sienna.

    - Bon, écoute. Je n’ai vraiment pas apprécié que tu me sortes que ça ne faisait que deux semaines que j’étais plus avec Julia.

    - La même avec tes allusions sur Mathieu, compléta Sienna. C’était déplacé.

    - Et je comprends, poursuivit William. Ça te passe au-dessus du crâne, mais tu n’es pas le seul à vivre des trucs difficiles. On n’a pas la même peine, et puis ça ne se compare pas, mais là, tous les trois, on a plus besoin de se serrer les coudes que de s’engueuler constamment. Et ça vaut pour toi aussi Sien’.

    - Quoi ? rétorqua la rousse après avoir posé sa tasse sur la table basse.

    - Arrête de dire constamment à Nate de retourner vers Marine. S’il n’a pas saisi hier, il ne le saisira pas demain non plus.

    - N’importe quoi ! argua-t-elle.

     

    ▪ 120 ▪

     

    Nate la regarda directement dans les yeux, et Sienna comprit assez vite quand elle croisa les yeux sombres de Nate. Il n’était pas fier de son départ de la maison. Il ne savait pas vraiment comment y retourner sans se faire énucléer par son épouse, ni comment accepter la naissance de cet enfant qu’il n’avait pas du tout calculé. Et tout ça, même s’il savait pertinemment que sa place n’était pas ici, mais chez lui, à soutenir Marine dans ces épreuves. Celle où ils risquaient tous les deux de perdre espoir si ce bébé n’était pas viable comme les précédents ; et la menace pesante d’un retour en prison. Quand bien même il était dehors aujourd’hui, son retour derrière les barreaux était inéluctable.

     

    ▪ 120 ▪

     

    - Très bien, j’ai saisi, abdiqua Sienna. Il faut donc commencer par attraper ce fils de chien qui vole tes clients en ton nom.

    - Oui, dit Nate. Sinon, je retourne en prison. Il en est hors de question. Je ne veux pas revivre ça, et je ne veux pas leur imposer ça.

    William et Sienna ne relevèrent pas la dernière phrase de Nate. Ils avaient bien compris que Nate ne restait pas ici par gaieté de cœur, même si c’était plus simple de fuir que d’affronter la réalité. La fuite, ça a toujours été la meilleure solution à ses problèmes. Et la fuite, c’était génétique chez les Handers.

    Ses parents avaient fui leur famille californienne pour le Maine, Nate avait fui Andy à l’annonce du décès de ses parents, il avait fui Emilie plutôt que d’accepter les sentiments de sa sex-friend. Et là, de nouveau, il fuyait son futur enfant et ce que tout cela induisait.

    Mais ses problèmes financiers, il préférait les affronter après les avoir laissés derrière lui. Il devait bien commencer quelque part, et les chiffres avaient une logique qu’il pouvait comprendre. Comprendre plus facilement que la logique d’une femme enceinte bafouée.

     

    ▪ 120 ▪

     

    - On va t’aider, dit Sienna calmement. Elle en dit quoi ton avocate ?

    - Elle pense que cette personne n’a pas vraiment de grief contre moi. Sinon, elle se serait arrangée pour que je reste en taule, ou que je m’y fasse tuer. Pour le moment, je suis encore en vie, et à moins qu’un tueur à gage m’attende au coin de la rue, il y a peu de chance que je me fasse descendre.

    - Tu nous l’annonces comme ça ?

    Sienna gronda. Comme si on annonçait qu’on risquait de se faire tuer en sortant dans la rue avec un calme aussi olympien que celui dont Nate faisait preuve. Elle pouvait le claquer ?

    - Tu veux que je l’annonce comment ? rétorqua Nate. Sérieux Sienna, tu es la plus intelligente du groupe. Pourquoi à ton avis quelqu’un en aurait après mon argent ?

     

    ▪ 120 ▪

     

    - Pour s’acheter une villa ? osa William en entrant dans la conversation.

    Nate se retint de lancer à William que c’est à cause de ce genre de réponse qu’il avait demandé à Sienna de répondre. Cette dernière ne dit rien, réfléchit un instant. Avec l’histoire de la ville où ils vivaient depuis toujours, il n’y avait aucune autre explication que la pègre qui lui venait à l’esprit. C’était ce qu’il y avait de plus évident dès qu’un crime crapuleux avait lieu par ici. Et Nate vit sur le visage de son amie qu’elle avait trouvé la réponse.

    - Voilà, t’as compris. Je te laisse me donner le nom du coupable, tu vas voir, ça va couler de source après.

    - Harry. Mais pourq…

    - PARDON ?! écuma William en se levant d’un coup.

     

    ▪ 120 ▪

     

    Ça devenait trop pour lui. Harry était à l’origine de beaucoup trop de choses dans leur entourage, dans le sien tout du moins, et voilà qu’il s’attaquait désormais à ses amis. Ils ne s’en sortiraient donc jamais.

    - Comment tu sais que c’est lui ? demanda William plus posément.

    - Les virements ont commencé il y a quatre ans. Harry est sorti de prison, il y a quatre ans. En plus, Eliott a refusé de me défendre …

    - … et on l’appelle l’Avocat du Diable, compléta Sienna. Il ne pouvait pas défendre ton dossier car il est avec Harry.

    - Non, lâcha le tatoué.

     

    ▪ 120 ▪

     

    William fit face à ses amis, la mine plus sérieuse que jamais. Contrairement à ce que certains pensaient, il n’était pas né avec la moitié d’un cerveau. Et il comptait bien le leur rappeler.

    - Si Eliott est avec Harry, il t’aurait pris comme client pour s’assurer que tu restes en taule. Harry aurait accepté. Si Eliott refuse, c’est parce que … bon, là je ne sais pas. Parce qu’il veut t’aider ? c’est lui qui t’a envoyé Chelsea après tout.

    - Chelsea ?

    - Elle a demandé à ce que je l’appelle par son prénom, expliqua Nate. Elle veut être la plus discrète possible, et ne pas qu’on comprenne qu’elle est mon avocate. Le dossier est épineux, elle a besoin d’une marge de manœuvre assez importante. Si on se croise comme des amis, ça a l’air moins étrange si on se fait épier.

    Sienna fit la moue. Elle ne comprenait pas trop la logique, mais après tout pourquoi pas. Si ça marchait, ce n’était pas plus mal. Et à sa tête, Nate se dit qu’elle avait besoin d’un peu plus d’explication.

    - Elle bosse sur ce dossier sur son temps libre. Elle ne peut pas le faire à découvert. Harry a des yeux et des oreilles partout. Donc on fait comme si on avait sympathisé lors de mon passage en prison, et plus si on doit donner l’illusion de plus.

     

    ▪ 120 ▪

     

    Ce fut au tour de Sienna de se lever et de faire les cents pas. Elle aurait bien aimé avoir Mathieu avec elle sous le coude en ce moment, il l’aurait aidé à y voir plus clair avec ses années de travail dans la mafia locale. Mais elle allait devoir se débrouiller seule.

    - Bon, de quoi tu as besoin ? demanda Sienna, signant ainsi sa participation à l’entreprise folle de Nate.

    - Mes dossiers. Ils sont dans le bureau, à la maison. Mais je ne peux pas y aller. Ils vont comprendre que j’y vais pour les récupérer, et Marine ne sera pas discrète quand je rentrerai.

    - J’irais les récupérer, finit par dire William.

    - Et moi aussi. Ce sera plus discret si on donne tous les deux une visite de courtoisie à Marine. On ne ressortira pas de là-bas avec des kilos de papier.

    - Merci, répondit Nate. Vous êtes des potes.

     

    ▪ 120 ▪

     

    - Non ducon, on est ta famille, siffla William. Rappelle-t’en la prochaine fois que tu décideras de nous insulter.

    - C’est promis.

    - Un message à transmettre à ta dulcinée ? lui dit Sienna avec un sourire tendre.

    - Non. Tout ce que je pourrais te dire sonnera faux à ses oreilles. J’irai m’excuser moi-même, quand tout ça sera fini.

    - Tarde pas trop, lui dit William. Ou tu ne pourras plus faire machine arrière.

     

     

     

     

     

     


  • Quelques jours plus tard

     

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    ♪ The Best Day of My Life – American Authors

     

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    Le réveil aussitôt assommé, Camille se redressa sur son matelas. Il avait les cheveux en bataille, le visage fané et sentait même qu’un filet de bave avait séché sur le coin de sa bouche. Il n’avait jamais aussi bien dormi que la nuit dernière, résultat d’un décalage horaire suivi d’un samedi soir traîné de concert en bars. Il avait passé presque toute sa journée du dimanche, allongé sur son lit, à comater tout en répondant aux messages de son ami virtuel. Un ami virtuel qui n’allait pas rester virtuel bien longtemps car aujourd’hui il entrait au lycée de Cameron, et il espérait faire grande impression.

     

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    Un sourire débile lui barra le visage et il envoya ses draps de l’autre côté du matelas pour sortir de son lit d’un bond. Il fouilla dans sa valise jetée au sol pour en tirer une tenue propre puis il disparut dans la salle de bain, et plus particulièrement sous la douche.

     

    I had a dream so big and loud || J’ai fait un rêve si grand et si fort
    I jumped so high I touched the clouds || J’ai sauté si haut que j’ai touché les nuages
    Wo-o-o-o-o-oh [x2]
    I stretched my hands out to the sky || J’ai étendu mes mains droit vers le ciel
    We danced with monsters through the night || Nous avons dansé avec les monstres toute la nuit
    Wo-o-o-o-o-oh [x2]

     

    ▪ 121 ▪

     

    Dans la chambre juste à côté, Georg essayait tant bien que mal de poursuivre sa nuit. Il ne se réveillait pas aussitôt en temps normal. Mais avec un coloc aussi bruyant de si bon matin, il pouvait rayer la grasse matinée de ses projets. Il se concentrait malgré tout jusqu’à ce qu’il entendît un « ZBAAAM » d’une rare violence dans la salle de bain. Il tendit l’oreille, et perçut les grognements de Camille. Bon, il était encore en vie. Il attrapa un oreiller et le posa sur sa tête, voulant étouffer les bruits de balourds de son meilleur ami. Une dizaine de minutes plus tard, il était parfaitement réveillé. Il gronda de plus belle, balança le coussin de l’autre côté de la pièce et se leva pour rejoindre la cuisine et son amie la cafetière. C’est à ce moment-là que Camille sortit de la salle de bain, frais comme un gardon.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Oo-o-o-o-oo
    This is gonna be the best day of my life || Ce sera le Meilleur jour de ma vie
    My li-i-i-ife || De ma vie
    Oo-o-o-o-oo
    This is gonna be the best day of my life || Ce sera le meilleur jour de ma vie
    My li-i-i-ife || De ma vie

     

    ▪ 121 ▪

     

    - Hey GK ! Déjà débout ? Tu commences à dix heures, non ?

    - La faute à qui, lança le musicien, acerbe. Je n’avais pas réalisé que je vivais avec un pachyderme !

    - Arrête, j’ai pas fait de bruit, siffla Camille.

    Georg s’arrêta dans ce qu’il faisait, leva la tête vers son meilleur ami et lui lança un regard noir, ce qui fit l’effet d’une douche froide sur Camille. Il n’ajouta rien de plus, transpercé par l’aura noire et dévastatrice de GK.

    - Et tu ferais mieux de parler français, lui dit Georg dans la langue de Molière. Tu commences le lycée aujourd’hui, non ?

    Camille regarda Georg, arquant un sourcil et ne comprenant pas un traître mot de ce qu’il pouvait lui dire. Il a compris lycée quand même, donc il lui disait d’aller au lycée ? Non, de parler français et d’aller au lycée. Voilà, c’était ça. Alors il nia vivement de la tête.

     

    ▪ 121 ▪

     

    - Je souhaite apprendre directement sur le terrain, affirma-t-il dans son anglais natal.

    - Sur le terrain, reprit GK avant de rire. Pauvre Cameron, il va en avoir le cul troué de te voir débarquer avec toutes tes attentions. Tu me diras, ton objectif final, ce sera de la lui faire à l’envers, non ?

    - Vas-y, prends-moi pour un queutard toi aussi.

    - C’est ce que tu es, je n’invente rien.

    - Je suis là pour apprendre le français et rendre ma mère fière de moi, dit-il en bombant le torse tel un coq tout fier.

    Georg regarda Camille faire le fier. Il haussa les épaules, s’empara de sa tasse de café et s’assit à la table de la cuisine. Il pointa la machine à café du doigt pour que Camille n’oublie pas d’aller se servir. Ce dernier alla donc prendre une tasse, et rejoignit son ami à table, après avoir attrapé un croissant dans le panier.

     

    ▪ 121 ▪

     

     

    - Qui est-ce que tu fuis ? Tu ne me l’as pas dit. Cloud veut te passer la bague au doigt ?

    Il rit tout seul de sa blague dans son café. Il n’avait pas vraiment échangé avec Camille sur les raisons de son installation en France, mais l’urgence dans laquelle tout cela c’était passé lui faisait comprendre que quelqu’un, ou quelque chose, poursuivait Camille.

    - Nan. C’est Elizabeth.

    - Ah bah oui. C’est sûr qu’elle ne va pas t’attraper de ce côté-ci du globe. Encore vingt ans à passer ici, et tu devrais être tranquille.

    - Et en plus ça se croit drôle.

    - Ouais. Je m’entraîne pour chauffer la salle avant mon futur concert. J’ai envie de ramasser un max d’applaudissements pour les détrôner tous.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Camille ne rajouta rien, il était complètement largué quand Georg parlait de musique. Il passait dans un autre monde, avec des étoiles dans les yeux, des paillettes dans le cul et des licornes qui dansent la rumba derrière lui. Et tout ça, c’était genre très loin de lui. Il préféra vérifier son téléphone, et nota qu’il avait déjà reçu un texto de Cameron. Matinal celui-là. Il se retint de lui répondre, il fallait entretenir l’illusion du décalage horaire.

    - Sérieux, vu la gueule de ton sourire, je vais regretter de pas te suivre au lycée pour assister à la rencontre. Je te connaîtrai pas, je dirais que t’es déjà amoureux de ce type.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Camille fit une grimace de dégoût. Amoureux ? Lui ? Ça ne lui était jamais arrivé et il espérait bien que ça ne lui arriverait jamais. Les sentiments, ça n’apporte que des complications dans sa vie de fun et de libertés. Il suffisait de voir comment Cloud prenait la mouche avec lui quand il allait voir ailleurs. Cloud était amoureux de lui, et ça le rendait jaloux. Alors il n’avait pas vraiment envie de finir comme ça, comme un benêt ridicule.

    - J’ai plutôt hâte de le voir en vrai et de préparer un plan d’attaque.

    - J’ai le droit de me répéter ou bien ? rit Georg en terminant son café.

    - Je vais plutôt partir pour le lycée, comme ça tu pourras te concentrer sur autre chose.

     

    I hear it calling outside my window || Je l’entends appeler au dehors
    I feel it in my soul (soul) || Je le sens au plus profond de mon âme
    The stars were burning so bright || Les étoiles brûlaient si fort
    The sun was out 'til midnight || Que le soleil brillait toujours à minuit
    I say we lose control (control) || Je dis que nous perdons le contrôle

     

    Il se leva alors, posa sa tasse dans l’évier et récupéra son sac de cours. Il salua GK de la main et il prit la direction de son nouveau lycée. Il avait hâte d’arriver. Pas d’arriver en cours, il se fichait de ses études comme d’une guigne, pas besoin de faire une étude de cas à son sujet : tout le monde le savait.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Mais il avait tellement hâte de rencontrer Cameron. Après tout, c’était son meilleur ami. Georg, il le considérait davantage comme son frère. Tous autant qu’ils étaient, ils avaient grandi constamment ensemble, partageant tout. D’aucuns diraient qu’ils étaient au mieux cousins, car la fratrie était composée de leurs parents. Mais le terme cousin n’était pas assez fort pour définir le lien qui les unissait tous les six. Alors fratrie était le meilleur choix, et ça convenait à tout le monde dans le concept. Mais alors, Emma et GK, c’était de l’inceste ?

    - Urk.

    Ce qui faisait qu’il n’avait qu’un meilleur ami, et celui-ci était Cameron. Ils s’étaient rencontrés il y a cinq ans, sur un vieux forum tout pourri sur lequel GK avait inscrit Camille de force, suite à un pari raté. Il avait donc dû se créer un profil, suivi de son petit avatar, et il avait du aller vers les gens et discuter avec eux. Ça avait été son gage, et c’est là qu’il avait rencontré Cameron. Par contre, lui, il était sur ce forum débile de son plein gré. Il pouvait mettre sur le compte de la naïveté de Cameron à l’époque, après tout, il est plus jeune que lui d’un an.

     

     ▪ 121 ▪

     

    Et depuis ? Inséparables ! Il lui avait raconté pratiquement tout de sa vie, et cette période coïncidait avec celle ou Camille découvrait qu’il était gay. Alors, autant dire que Cameron avait été aux premières loges des interrogations et décisions de Camille, et il se disait même parfois qu’il avait initié Cameron à son « art » : celui de collectionner les mecs, sans attachement. Bon, pour Cameron, il n’était sûr de rien, il n’avait jamais rien vu de croustillant. Mais depuis leur dernière face cam, et bien … il se disait que c’était fort probable qu’il ait un essaim de mecs en rut à lui tourner au tour.

    Il fronça les sourcils. Il n’a pas très envie d’assister à tout ça. Si ça se trouve, il allait se retrouver larguer au milieu de tout ça, et se prendre la claque de sa vie. Il était venu en France sur un coup de poker, et même une intuition : celle que Cameron serait content de le voir. Si ça se trouve, Cameron n’attache pas plus d’importance à Camille qu’à une borne d’arcade capable de lui parler.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Il arriva finalement, après cette lutte dans ses pensées, devant le lycée. Il regarda les bâtiments devant lui, et il soupira, un petit sourire sur les lèvres au final. Allez, encore un pas, et ce sera sûrement un des meilleurs jours de sa vie.

     

    ▪ 121 ▪

     

    This is gonna be, this is gonna be, this is gotta be || Ce sera, ce sera ce sera,
    The best day of my life || Le meilleur jour de ma vie
    Everything is looking up, everybody up now || Tout regarde en l’air, tout le monde debout maintenant,
    This is gonna be the best day of my life || Ce sera le meilleur jour de ma vie
    My li-i-i-ife || De ma vie

     

    ▪ 121 ▪

     

    Après être entré dans le bâtiment vide – les cours avaient déjà commencé – il rejoignit le bureau du CPE. Celui-ci lui fit remplir tout un tas de papiers relatifs à son inscription, et Camille mit bien plus de temps que la normale pour tout relire, compléter et signer. Et tout ceci amusa bien le CPE. Il n’avait pas été très dupe quand il avait reçu la candidature de cet étudiant, mais il se disait que chaque personne méritait sa chance, celui-ci peut-être plus qu’un autre vu le mal qu’il s’était donné pour intégrer leur établissement.

    Une fois les documents remplis, Camille les lui tendit avec un petit sourire pincé. Manquerait plus qu’il se soit trompé. Il regrettait beaucoup de ne pas avoir suivi les cours de Nate et Marine avec un peu plus d’attention quand il était enfants : ses capacités en français étaient vraiment très limitées.

    - Très bien Camille, suis-moi, lui dit le CPE en détachant les mots comme il faut pour lui faciliter la vie.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Camille acquiesça, penaud. Il récupéra son sac, et il suivit le CPE dans le lycée, jusqu’à une classe située au premier étage. Il pouvait entendre derrière la porte la voix masculine d’un prof donner des consignes. Ses mains se firent moites, il resserra l’anse de son sac, et son cœur fit une embardée. Montée de stress en flèche, vite qu’on en termine.

    Le conseiller ouvrit la porte de la classe, et Camille suivit. Il ne laissa rien paraître de son stress. Il affichait son habituelle désinvolture toute américaine, à la cool, et avec son sourire léger et amusé.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Et au fond de la classe, vautré sur une chaise, il le vit. Le Cameron de leur séance caméra. Son sourire s’accentua un peu plus : il était dans sa classe, la chance de dingue ! Mais il quitta sa cible de vue quand le professeur l’interpella en anglais.

    - Camille donc, peux-tu te présenter en quelques mots ? En anglais bien sûr.

    - Quoique, d’après ta lettre de motivation, tu parles sacrément bien français, non ? rajouta le CPE avec un sourie amusé.

     

    ▪ 121 ▪

     

    Camille regarda les profs, acquiesça et fit face à la classe pour se présenter. Il ne lâcha pas du regard le jeune homme au fond de la classe quand il fit sa présentation, et ce qu’il vit dans son regard lui plut : la surprise était réelle, et grandement appréciée.

    C’était vraiment le meilleur jour de sa vie !

     

    [Suite de la scène chez Waly, hé hé hé ♥ ~> ça se lit par ici]

     

     

     

     

     


  • ▪ 122 ▪

     

    Finalement, impossible pour GK de retourner se coucher après le vacarme causé par la bonne humeur de son meilleur ami et colocataire. Et dire qu’il y a quelques mois encore Camille aurait fait des pieds et des mains pour ne pas arriver au lycée en avance ou avec un sourire béat. Ça durera tant que Cameron lui servira de nouvelle attraction, d’ici quelques semaines, il devrait changer de chanson.

    Toujours est-il que GK avait donc poursuivi sa matinée comme s’il allait travailler tôt également. Douche, habillage, fin de petit déjeuner. Il était prêt pour neuf heures. Il prenait son poste à la boutique à dix heures aujourd’hui, jusqu’à midi, avant de filer en cours pour le reste de l’après-midi. Mais Méandre serait là dès neuf heures, c’était l’occasion de cuisiner sa collègue sur son appartenance à Alive! et sur sa propre débilité.

     

    ▪ 122 ▪

     

    Il arriva au magasin une dizaine de minutes plus tard. Méandre était accroupie dans un coin du magasin, à faire le tour des rayonnages en chantonnant. Il entra alors, fit tinter la petite clochette qui indiquait la présence d’un nouveau client. Méandre se redressa, et s’approcha du comptoir avant d’hausser un sourcil en reconnaissant l’américain.

     

    ▪ 122 ▪

     

    - Salut GK. Tu es en décalage horaire ? Tu commences à dix heures.

    - Bonjour. Oui, je sais que je suis en avance, je ne viens pas bosser, mais pour parler.

    - Parler ?

    Méandre fit le tour du comptoir pour s’installer sur la petite chaise derrière l’ordinateur. Elle ouvrit un fichier dans l’ordinateur, le registre d’ouverture pour s’assurer que tout était en place. GK savait que ce n’était pas une tâche qui demandait beaucoup de concentration, donc il put poursuivre sans trop la déranger.

    - Tu fais partie des Alive! ? demanda-t-il, même si c’était une évidence.

    - Oui, répondit la rouquine sans quitter son écran des yeux.

    - Pourquoi je l’ai appris sur scène ? poursuivit-il. Tu savais que j’allais aux Battles. Je me suis senti plutôt bête. Je me sens bête même : je t’ai invitée à y aller !

    - Eh bien.

     

    ▪ 122 ▪

     

    Elle releva la tête et le regarda avec un sourire un peu bête. Elle avait le droit de lui dire qu’il était aveugle et un peu bête ? Peut-être pas, il se vexerait. Alors plutôt que de lui dire l’évidence à l’oral, elle pointa du doigt l’affiche des battles derrière elle où le quintette était bien visible, elle notamment.

    - On ne dirait pas toi, rajouta Georg en croisant les bras.

    Elle haussa un sourcil. Et en plus, il était de mauvaise foi. C’était un cas perdu, aveugle et débile. C’était dommage, elle commençait vraiment à l’apprécier. Elle haussa les épaules et retourna à la saisie de son fichier. Georg la suivit du regard, et se pencha par-dessus le comptoir pour regarder ce qu’elle faisait. Imperturbable, Méandre travailla assidument, quand bien même GK faisait de son mieux pour la déconcentrer avec des mimiques de chiot battu. Elle finit fatalement par croiser son regard et ne put s’empêcher d’exploser de rire. Elle fit pivoter la chaise vers GK et le regard, toujours amusé.

     

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    - Je suis aveugle, ok. J’avoue ma nullité et je m’excuse.

    - Excuses acceptées.

    - Tu étais vraiment géniale sur scène, enfin, toi et le groupe, les Alive! quoi, ajouta-t-il rapidement.

    Cette précipitation à se rattraper fit sourire la jeune femme. Elle le trouvait mignon dans ce genre de circonstances. Bon, elle trouvait vraiment GK mignon en toutes circonstances, et elle pouvait ajouter à cette qualité que son collègue était charmant, drôle et gentil. Le tout était assez rare pour être souligné.

    - Merci beaucoup. Ça t’a donné envie de t’inscrire, avec ta seule guitare acoustique ?

     

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    - Oui, et non. Je veux m’inscrire, mais pas en acoustique. Ce n’est pas le genre de la salle si j’ai bien compris, rebondit aussitôt GK, ravi que Méandre tournait la conversation vers un autre sujet.

    - En effet, ce n’est pas le genre de la salle. Mais pour un mec solo, il n’y a pas beaucoup d’autres solutions. Sauf si tu fais du beat box, et ça ne marcherait pas vraiment, à moins que tu me dises être MB14 dans une autre vie.

    - Je ne fais pas de beat box, non, désolé.

    - Tu as trouvé des musiciens en ville ?

    - Pas vraiment, éluda Georg.

    Cette fois-ci, ce fut à Méandre de croiser les bras et de regarder Georg comme si c’était une bête curieuse. Il ne comptait même pas demander à Méandre de le rejoindre dans son « groupe » foireux ?

    Georg lut assez facilement les pensées de Méandre sur son visage, et il s’empressa de lui faire non de la tête. Il savait bien que Méandre ne pourrait pas participer vu qu’elle fait partie des Alive! et puis il n’avait pas la prétention de croire qu’elle souhaiterait ne serait-ce que se joindre à son projet. Lui-même comptait bien se débrouiller seul, ou presque.

     

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    - Mes musiciens, c’est ma sœur et son mec. Mais ils ne sont pas là.

    - Ils sont où ?

    - Chez moi, dit Georg. Aux Etats-Unis.

    Il pointa dans une direction imaginaire pour lui faire comprendre qu’ils étaient loin, et même très loin. Donc hors de portée des battles. Mais Zhoo avait réussi à convaincre Robbie juste après leur appel, et ils devaient se voir ce soir pour bosser tous les deux sur les compos déjà existantes qu’elle connaissait, pour voir si Robbie s’y adapterait sans gêne. Mais il était assez confiant, si Zhoo disait que son copain assurerait cette partie-là, il lui faisait confiance.

    - Je ne vois pas le rapport. Les battles ont lieu à Bergerac, pas à Big City.

    - Je vais les enregistrer et les diffuser. J’ai réussi à trouver une sample box, à la paramétrer sur un clavier que j’ai trouvé d’occasion, et il me manque juste la capacité vidéo du Rocksane.

    - Attends, du playback ? Non, ça ne passera pas. Tu seras disqualifié.

    - Je m’en fiche d’être disqualifié, et ce n’est pas du playback. La voix et la guitare, ce sera moi, en direct, mais ni la batterie ni la basse ne seront sur place. Je n’ai pas confiance en internet pour proposer une presta’ quali’ en direct devant une fosse. Pas besoin qu’ils le sachent. J’aimerai que personne ne le sache d’ailleurs, pas même les autres participants. Je vais faire une mise en scène, les faire interagir avec le public pour créer l’illusion. Tout ce que j’ai besoin de savoir, c’est si je peux avoir le contrôle de projos vidéo en salle, ou d’écrans ou je ne sais pas quoi sur lesquels je puisse diffuser Zhoo et Robbie en duplex.

     

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    Méandre écarquilla les yeux à chaque mot de GK. Son idée était complètement irréelle. Il fallait non seulement des moyens techniques assez importants, mais aussi des compétences et des moyens humains en logistique audio-visuelle. Et il comptait faire ça tout seul ? Mais ça n’allait pas bien dans sa tête ! Ça n’allait jamais marcher, et elle ne se retint pas pour le lui dire aussitôt.

    - Il me semble t’avoir dit que la musique n’était pas mon seul talent, Méandre. Sans vouloir me vanter.

    - Oui, mais faire du montage vidéo dans ta chambre en hobby ne va pas avoir le même rendu que sur un écran géant. Tu as les yeux plus gros que le ventre, et tu vas te faire huer si ça plante.

     

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    Georg soupira, avant de se pencher vers la jeune femme. Il avait le visage fermé, très sérieux. Il comprenait l’incompréhension de sa collègue, d’autres qui ne le connaissait pas en ferait tout autant. Mais il avait envie de lui faire comprendre que ce qu’il disait, ce n’était pas juste une lubie. C’était réellement possible, et il pouvait tout gérer seul, les enregistrements, le montage et son show. Et il le voyait déjà incroyable.

    - J’ai juste besoin de ton aide pour une chose Méandre. Juste une.

    - Demande toujours.

    - J’aurais besoin d’entrer dans le Rocksane pour faire des tests sons et vidéos quand mes duplex seront prêts. Tu pourras assister à ces « repètes » si tu veux, je te demanderai juste de garder ça pour toi. S’il te plaît. J’ai envie de vous couper la chique à tous. Passe-moi en hors qualification si t’as pas le choix, je comprends que les enregistrements ça ne rentre pas dans le règlement. Mais j’ai vraiment envie d’essayer ce que je t’avance, et tu vas en prendre plein les yeux et les oreilles.

     

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    Il gratifia sa dernière phrase d’un sourire charmeur, qui était censé amuser Méandre. Mais cette dernière rougit d’abord avant de sourire un peu plus franchement. Rien qu’avec ses paroles, il envoyait du rêve. Elle avait très envie d’en faire partie, de voir ça de ses propres yeux et, le cas échéant, voir la salle s’extasier d’une prestation qui s’annonçait assez incroyable et hors normes pour être notifiée.

    - Très bien. Je te sors un bulletin d’inscription. Mais je te préviens, si ça foire, je ne veux pas t’entendre pleurer.

    - Je note, et puis de toute façon, je le ferai exploser votre applaudimètre.

     

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    - Tu ne connais pas la modestie ? lui dit Méandre en riant tout en sortant le feuillet d’inscription.

    GK nia de la tête en riant, puis il se pencha sur le document pour le compléter. Il y avait une liste de dates possibles, et il fixa celle du 13 octobre. Ça lui laissait quatre semaines, ce qui était suffisant au vu du travail qu’il avait déjà et ce qu’il lui restait à faire. Il compléta le tout consciencieusement, nota le nombre de trois chansons à l’endroit indiqué et nomma son « groupe » d’un simple GK à défaut de mieux. Puis, il se dit qu’il jouait avec sa sœur, et grâce à sa sœur, alors il raya son nom seul et y inscrit Kay’s Maze. C’était le nom de leur mini groupe quand ils étaient enfants, quand ils jouaient à faire les grands. Il espérait que sa sœur apprécierait le clin d’œil.

    - La fausse modestie est un des pires défauts de l’humanité à mes yeux. Quand tu es sûr de toi, ça ne sert à rien de le minimiser. Au contraire, si tu veux arriver quelque part avec tes seules compétences, ne compte pas sur les autres pour te dire que tu es douée, ou que tu peux le faire. Sois confiante en tes propres capacités, et ta réussite sera la tienne, à toi et à toi seule. Ton premier fan, ça doit être toi.

     

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    - Tu es souvent philosophe comme ça ? demanda-t-elle en récupérant le dossier de GK et en vérifiant que tout y était rempli.

    - Non. Je le tiens d’un homme qui me sert de modèle dans la vie.

    - Laisse-moi deviner, s’il est si peu modeste, c’est parce qu’il est arrogant, présomptueux et qu’il a réussi tout ce qu’il a entrepris sans aucune anicroche. Il a désormais une vie parfaite, avec la célébrité et l’argent, c’est ça ?

     

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    - Pas vraiment, dit GK avec un petit sourire. Mais je n’ai jamais vu mon père malheureux de ses choix.

    Il haussa un sourcil amusé, puis fila à l’étage du magasin pour y poser ses affaires personnelles en vue de préparer sa journée.