• - 188 -

     

    Ma vision s'était figée à l'instant même où Raise avait tourné sa tête dans ma direction, du moins, je le pensais. Il ne bougeait pas, son visage uniquement vers moi, sans le moindre mouvement. Tout était statique, ni même le vent ne faisait bouger les feuilles des arbres ou les cheveux de mon oncle. Non, tout était comme arrêté, pour que je profite de cet instant, cet instant que j'avais tant chéri dans mes rêves, que j'avais tant espéré. Tout me permettait de le regarder dans le moindre détail. De la droiture de sa stature à l'entremêlement de ses cheveux, les traits clairement définis de son visage, la couleur de son teint, juste tannée comme il faut et ses cheveux roux et noirs, à la fois ordonnés et dans un état de guerre inavouable.

     

    - 188 -

     

    Il me semblait que cela faisait des minutes, des heures même, que je détaillais mon oncle devant cette tombe. Le temps me sembla s'écouler tellement hors du temps. Comme si je n'étais plus que dans une bulle où seuls lui et moi comptaient. Lui, la seule figure masculine que j'eus toujours considérée comme paternelle, éloignée de moi pendant plus de six ans. Et un mot explosa ma bulle d'insouciance.
    _ Mélie ? Questionna-t-il en se tournant de toute sa personne vers moi. C'est vraiment toi?

     

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    Je ne pus que hocher d'un mouvement de tête à cette question, les mots n'arrivant pas à monter le long de ma gorge jusqu'à ma bouche. Ils y étaient coincés, engourdis par l'excitation et la peur de cette rencontre. Je tentais de déglutir pour pouvoir prononcer ne serait-ce que la moindre syllabe, mais rien à y faire, j'étais muette, comme une tombe, et comme cela tombait bien, nous étions entourés de muets.
    Je vis Raise s'approcher de moi à grandes enjambées, et sans que je n'ai eus le temps d'esquisser le moindre mouvement, il s'empara de ma taille dans ses larges mains pour me soulever dans les airs et me serrer contre son torse d'une manière si forte que j'en eus le souffle coupé. Mais qu'importe.

     

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    J'agrippais mes mains à son pull, comme pour m'assurer qu'il ne s'enfuirait pas, qu'il était bien réel juste devant moi, à m'écraser entre ses bras.
    _ Tu m'as tellement manqué Mélie, si tu savais. J'arrive pas à croire que c'est toi.
    Je remarquai alors que mon oncle avait quelques soubresauts. Je dégageai ma tête de son étreinte comme je pouvais et pus remarquer qu'il pleurait, à chaudes larmes, comme un véritable enfant, ce qui m'étonna et fit redoubler les miennes.

     

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    Nous étions deux véritables fontaines au milieu de ce cimetière et je suis sûre que Papa était assis au sommet de sa tombe en riant devant deux crétins pareils qui se mettaient dans des états pas possibles dans un lieu public, un cimetière qui plus est. « Bande de niais » qu'il dirait, j'en suis sûre !
    _ Aaron doit se moquer de nous où qu'il soit, dit Raise comme un écho à mes pensées.

     

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    Il recula un peu, encadrant mon visage de ses mains. Je levais les yeux vers lui, voulant m'imprégner de ce moment, de cet instant. Garder son visage dans ma mémoire. Il essuya mes larmes de ses pouces sur mes joues, il esquissa un petit sourire fier en me détaillant à son tour du regard.
    _ Tu es devenue une magnifique jeune femme Mélie. Tu as presque tout de ta mère, c'est impressionnant.
    _ J'aimerais avoir tellement plus de choses de Papa que de Maman.
    _ Tu as les yeux d'Aaron, c'est déjà beaucoup. Tu peux en être fière tout comme je suis fier de toi.

     

    - 188 -

     

    A nouveau, il esquissa ce sourire de fierté paternelle en me regardant. Et c'est incroyable à quel point j'aimais ce sourire, que je n'ai jamais vu sur les lèvres de Drew, ni même de Maman. Il n'y avait que Raise pour être comme ça. Pour me faire sentir spéciale aux yeux de quelqu'un. Et alors que je pensais mes larmes taries, elles redoublèrent sur mes joues, réalisant tout ce que j'avais manqué pendant neuf ans.

     

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    Je cachai mon visage dans mes mains, ne voulant pas m'afficher encore plus devant mon oncle. Je tressautai, n'arrivant pas à me calmer, à me faire entendre raison. Tout ce qui me revenait, c'était des vidéos de ma vie, le départ de Raise, Maman avouant à Drew qu'elle brûlait tout de lui, Iris qui m'annonçait son retour. Et surtout, Heaven, ma mère, celle qui me connaît mieux que quiconque, me crachant sa haine de Raise sur le visage, comme s'il n'était qu'un monstre assoiffé de sang, sur le point de me faire subir le même sort qu'à sa mère. Et pourtant, c'est le même homme qui m'a élevé lors des six premières années de ma vie, qui m'a portée sur ses épaules, qui m'a consolé, raconté des histoires, m'a bordé, m'a considéré comme sa fille. A ce moment là aussi, il avait été le monstre qui avait tué sa mère, pourquoi m'en avoir éloigné ? Il est toujours resté le même. Toujours ce Raise avec le même sourire, le même regard protecteur, les mêmes bras chaleureux. Il était mon oncle, non pas ce monstre que Heaven dépeignait depuis des années. Il n'a jamais été ce monstre.
    _ Un problème Mélie ?

     

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    Je redressai la tête et découvris mon visage de mes mains. Il était juste en face de moi, tout prêt, et son regard avait changé. Il était inquiet. Il ne devait pas se rappeler que sa nièce était à ce point pleurnicheuse, il devait croire que j'étais quelqu'un de fort, d'inébranlable.
    _ Quand est-ce que tu repars à Saint-Louis ? Demandai-je voulant changer de sujet.

     

    - 188 -

     

    _ Oh, dans quelques jours, mercredi ou jeudi. Mais je peux rester plus longtemps pour toi si tu le souhaites, ne te fais pas de soucis pour ça.
    _ Maman ne veut plus de toi. Elle te déteste, elle m'a empêché de te contacter et m'a fait croire que tu ne voulais plus de moi. Elle a tout brûlé, elle a jeté Iris dehors. Pour elle tu n'es qu'un monstre, un type qui a tué quelqu'un et qui n'hésitera pas à recommencer, parce qu'un animal qui a goûté au sang ne se calmera jamais …
    _ Mais toi, tu penses quoi de tout ça ? Tu es d'accord avec elle ?

     

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    _ Non ! Bien sûr que non. Enfin, je sais à peu près toute l'histoire maintenant, pourquoi tu as fait … enfin, à Jose, mais c'était légitime. Tu avais tes raisons, et … je sais que tu ne me feras jamais de mal, je sais qu'elle se trompe. T'es comme un père pour moi, alors je préfère oublier tout ce que tu as fait pour que tu puisses rester avec moi.
    Il me prit sans ses bras, et j'eus juste le temps de le voir me sourire.
    _ Merci Mélie.

     

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    Nous restâmes ainsi quelques longues minutes, sans rien dire ou ajouter. Je voulais juste faire durer cet instant avec mon oncle, parce que je sais bien que le temps m'est compté. Dès que maman saura où je suis, elle viendra me chercher en crachant son venin sur Raise, et l'empêchera de revenir, tout en m'empêchant de prendre contact avec lui, allant jusqu'à me coincer dans ma chambre jusqu'à ce que je me « raisonne ». Le temps nous est compté, alors je voulais surtout pas le gaspiller.
    _ Je me disais bien que je t'avais reconnu Raise. Tu n'as pas changé depuis la dernière fois. Cela fait presque vingt ans, non ?

     

    - 188 -


  • - 189 -

     

    Mon oncle s'éloigna de moi, et nous tournâmes nos têtes de concert vers la voix qui nous avait interrompu. Il s'agissait d'une femme aux cheveux châtains courts et légèrement ondulés. Vêtue d'une robe noire, elle avait des rangers aux pieds, comme si elle s'apprêtait à aller faire de la randonnée. Elle nous sourit avant de s'approcher de nous d'une démarche posée. A notre hauteur, elle regarda la tombe de Papa, baissa les yeux devant elle et se recueillit quelques instant avant de se tourner vers nous.

     

    - 189 -

     

    _ Meredith ? Souffla Raise en regardant la femme. C'est toi, n'est-ce pas ?
    Elle opina du chef puis me regarda. Quelque chose me semblait familier chez elle, mais impossible de déterminer ce que c'était. J'étais en face de Meredith Anforth, le seul et unique amour de mon père. Je la voyais en face, et elle était aussi belle que dans mon imagination. Sans que je ne réalise ce qu'il se passe, elle tendit la main vers moi.
    _ Bonjour. Tu dois être Mélie, n'est-ce pas ? Je suis ravie de te rencontrer, je m'appelle Meredith Anforth.
    _ Je …

     

    - 189 -

     

    J'étais complètement absorbée par son visage, par son doux sourire et ses yeux rieurs. Mais cet intérêt familier ne me lâcha pas. Comme si je l'avais toujours connue. L'avais-je déjà rencontrée ? Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui m'interloquait chez elle. Je ne cessai de la fixer, je cherchais l'illumination. Elle devait arriver, je le savais.
    _ J'ai beaucoup entendu parler de toi tu sais. Tu as fait très bonne impression à Emilien.
    _ Emilien ?!

     

    - 189 -

     

    Je clignai des yeux. C'est ça que je percevais chez elle, c'est ça qu'il me semblait tellement naturel et familier. Elle était liée à Emilien. Meredith était la mère de mon binôme de mathématiques. Je me sentais tellement ridicule de n'avoir rien remarqué plus vite.
    _ Oui, mon fils.

     

    - 189 -

     

    Elle me sourit, penchant la tête sur le côté, telle un ange, une fée ou une autre créature dotée de bonté. J'étais persuadée alors à l'instant de ce qui avait attiré mon père vers elle à l'époque. Elle n'était pas seulement belle, elle n'avait pas seulement des problèmes qu'il fallait résoudre. Elle avait une bonté infinie, elle avait la carrure de quelqu'un qui pouvait nous tirer vers de meilleurs horizons. Elle avait les épaules pour nous pousser vers l'avant. Elle avait le cœur que mon père avait perdu.

    - 189 -

     

    Comme si cela aussi avait été naturel, j'allais dans ses bras. Je ne me sentais jamais aussi proche de mon père qu'à cet instant, entouré de ceux qu'il avait le mieux connu, aimé. Pour lesquels il s'était sacrifié, loin de ma mère pour qui il avait tout donné. Eux avaient souffert sans retour, sans qu'il ne leur offre quoi que ce soit d'autre, si ce n'est la promesse d'une vie meilleure ailleurs.

     

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    _ On te croyait tous morte.
    Mon oncle coupa ainsi le silence, et je reculai de Meredith, rougissante. Elle se tourna alors vers mon oncle, croisant ses bras sous sa poitrine. Un brise passa et défigea la scène. Papa était là, il nous regardait.

     

    - 189 -

     

    _ Je ne voulais pas que vous ayez pitié de moi. Après tout, c'était Heaven qu'il avait choisi. Alors j'ai choisi de refaire ma vie ailleurs. J'ai pris le nom de jeune fille de ma mère, j'ai travaillé dur et racheté la compagnie de mon père, qui s'appelle Enoran aujourd'hui. Qui étais-je pour m'imposer dans votre douleur ? Je n'ai été que sa petite amie qu'à peine un an. Je n'étais rien.
    _ Il vous aimait, cinglai-je, abasourdie d'une telle réponse de sa part. Vous ne pouvez pas dire que vous n'étiez rien.
    _ Je le sais bien, et plus d'une fois il me l'a prouvé. Mais je n'ai pas eu le courage de l'attendre. Je n'ai pas eu le courage de supporter son absence. Je l'ai trahi, alors qu'il avait une entière confiance en moi. Je me suis laissée allée à la facilité, et il ne méritait pas ça. Alors c'était mieux que je m'éloigne et que je vous laisse vivre.

     

    - 189 -

    _ Tu es une lâche en somme, rétorqua Raise très calmement cependant.
    _ Et je l'assume entièrement. Vous êtes tout pour lui, alors j'ai avancé loin de lui, sans me retourner.
    Une question me brûlait les lèvres, et je ne pouvais tenir plus longtemps sans la lui poser. Je serrai des poings, et la regardait de la façon la plus convaincante qu'il soit.
    _ Est-ce que Emilien est mon demi-frère ?

     

    - 189 -

     

    Raise fit volte face et me regarda, déboussolé. Visiblement, pour lui, cela ne semblait pas possible, mais je doutais, depuis des mois. Je voulais absolument savoir si tout ce que je ressentais n'était qu'une illusion de ma part.
    Elle me sourit tendrement.
    _ Non, il n'est pas le fils d'Aaron. Tu n'as pas d'inquiétude à avoir, tu es sa seule enfant. J'aimerais que tu continues de le considérer comme un ami qui t'es cher, car je sais que je peux te faire confiance, contrairement à ses autres amis. Tu me le promets ?

     

    - 189 -

     

    Je restais muette. Je ne la croyais pas. Il ne lui ressemblait tellement pas. Et les réactions d'Emilien me tambourinaient le cerveau. Pourquoi avoir reculé de cette façon avant de m'embrasser si ce n'est qu'il avait décelé un quelconque lien ? Je doute fort que c'est pour que la fille d'Aaron n'ait pas de lien avec le fils de Meredith, pour effacer toute trace de son passage. Non, il y a bien quelque chose de plus fort que ça entre Emilien et moi, j'en étais persuadée. Cependant, je ne rajoutais rien, ne voulant pas la mettre dans l'embarras. Savoir qui elle était me permettra de la questionner plus tard, aujourd'hui, j'étais obnubilée par mon oncle, et seulement par lui.

     

    - 189 -

     

    _ Je vais vous laisser, nous dit Meredith. J'espère que nous nous reverrons Mélie, je demanderai à Emilien de t'inviter à dîner un de ces soirs. Bonne journée. Ravie de t'avoir revu Raise, je serais ravie de t'avoir à dîner toi aussi. Ton éloquence m'avait manqué.
    _ Ta verve aussi Méré, lui répondit mon oncle en souriant.
    _ Je suis toujours à l'appartement, pas besoin que je te redonne l'adresse, n'est-ce pas ?
    _ Non, ce ne sera pas nécessaire.

     

    - 189 -

     

    Elle sourit une dernière fois, puis tourna les talons, me laissant seule avec mon oncle. Une fois qu'elle fut sortie du cimetière, je levai la tête vers mon oncle, et celui-ci baissa la sienne vers moi. Il tendit la main vers moi, et je la lui pris.

     

    - 189 -

     

    _ Je t'offre un chocolat chaud à la maison ? Me demanda-t-il.
    _ Un café plutôt si tu as, lui dis-je.
    _ Oh oui, tu as grandi, c'est vrai.

     

    - 189 -

     

    Il me fit un large sourire, qui m'envoya un élan nostalgique en plein dans le cœur. A nouveau, je me sentais avoir six ans, et je lui demandai finalement un chocolat. J'ai bien le droit d'être encore une enfant avec lui, je pouvais me le permettre. On avait tant de temps à rattraper nous deux.


  • - 190 -

     

    Je regardai le petit papier que je tenais dans le creux de ma main et qu'il m'avait donné la dernière fois que je l'avais vu. Il m'avait alors rappelé quelle tête de linotte, quel poisson rouge, j'étais et que j'étais capable de me perdre dans ma propre maison. Ce qui du reste, n'est pas complètement faux. La dernière fois, il m'avait accompagné, donc je n'avais pas trop fait attention au chemin, et puis, cela faisait maintenant plus de deux mois que je n'étais pas revenue. Et il avait raison, je m'étais belle et bien perdue, je n'ai pas du tourner à la bonne intersection, et je ne savais plus où j'étais. Je ne suis qu'une imbécile, c'est pas vrai. J'enfonçais ma main dans ma poche arrière pour en sortir mon téléphone portable, et appelait le numéro qui était griffonné sur le papier qu'il m'avait donné.

     

    - 190 -

     

    Une tonalité. Deux tonalités. Trois tonalités.
    _ Oui, allô ?
    _ C'est Mélie. Devine pas quoi, je me suis perdue.
    _ Je m'en doutais !
    Il se mit à rire à gorge déployée, ce qui ne fit rien faire d'autre que soupirer le plus longuement que je pouvais. Il se calma assez vite, me demandant ce que je voyais de là où j'étais.

     

    - 190 -

     

    _ Une église, c'est pas mal déjà, non ? Lui dis-je.
    _ Regarde à ta droite, je suis à la fenêtre !
    Je tournai ma tête comme il me l'avait dit, le cherchant à l'une des fenêtres, quand je le vis me faire de grands signes depuis sa fenêtre. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un rire devant un tel spectacle. Il m'indiqua la porte qui se trouvait un étage en dessous de lui, et c'est donc ainsi que je m'y dirigeais.

     

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    Je passai la porte, escaladai la volée de marche à la vitesse d'un mollusque puis allait tambouriner à sa porte. Il ne se passa que quelques secondes jusqu'à ce que je vois ses cheveux noirs s'agiter devant mes yeux. Je ne pus m'empêcher de sourire quand je distinguais enfin son visage de statue grecque.

     

    - 190 -

     

    _ Tu étais chez Raise juste avant, non ?
    _ Exact ! Pourquoi cette question ?
    _ Parce que le trajet que tu viens de faire est exactement le même, à une porte près, que celui que ton père faisait pour aller voir Heaven. Boulette !
    _ Ah, c'est vrai que maman a vécu ici, j'avais presque oublié.
    Il se dégagea pour me permettre d'entrer dans son modeste appartement, et referma la porte à double tour derrière nous. Je m'avançai vers le canapé, où j'y posai mon sac, et finalement m'y assis.

     

    - 190 -


    _ Et au fait, comment va ta mère ?
    _ La baleine se porte comme un charme. Son ventre lui permet de repérer les portes, elle va finir couverte de bleus à ce rythme. Mais elle se déplace encore, donc ça va. J'ai encore quelques semaines de tranquillité, ça va être dur après.
    _ Tu pourras venir squatter ici autant que tu voudras.

     

    - 190 -


    Je le regardai, ma tête balancée sur mon épaule, en haussant un sourcil. Il eut un léger mouvement de recul, se rendant sûrement compte de ce qu'il venait de me dire. Je ramenais mes jambes sous moi, m'installant en tailleur sur son vieux canapé.
    _ Bon, ok, je retire ce que j'ai dit. Je te jure que c'était juste une invitation amicale Mélie, me dit-il en s'asseyant à son tour.
    _ Ne t'inquiète pas pour ça, je me doute bien. Mais je retiens que tu m'as invitée, si jamais le microbe me casse les reins, je viendrais te faire chier. Tu peux compter dessus.

     

    - 190 -


    Je fermai les yeux, inclinant ma tête vers l'arrière, appuyée sur le dossier du canapé. Il y a un peu plus de trois mois, Priam était venu me chercher dans le parc alors que j'étais avec Emilien, pour s'excuser de s'être comporté comme il l'a fait en me trompant avec Olympe. Il avait alors espéré que je lui redonne sa chance, qu'il s'en voulait d'avoir été le premier des imbéciles, des connards je dirais même, mais je ne la lui ai pas donné, il pouvait toujours courir. Alors il était rentré chez lui, de la même façon qu'il était arrivé, mais quand j'ai voulu rejoindre Emilien, c'est celui-ci qui s'était alors enfui à son tour.

     

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    J'ouvris un œil, et le regardai en coin. Il avait les yeux fixés sur l'écran de télévision, et ne s'occupait pas du tout de moi, et j'en profitai pour le regarder sans me gêner. Après tout, ce serait dommage de ne pas en profiter. C'est la même réflexion que j'ai eu il y a deux mois quand il est venu me voir à la maison, complètement changé, pour m'annoncer qu'il avait déménagé dans le centre ville, et qu'il m'invitait à passer le week-end chez lui. J'avais accepté, je ne pouvais pas résister à sa bouille de chiot battu, et voici où nous en sommes.

     

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    Priam et moi. Moi et Priam. Assis dans le canapé chez lui, à regarder la télévision, car aucun de nous n'ose faire le premier pas pour nous sortir de cette histoire ambiguë. On se voit, le plus souvent en public puisque ce n'est que la deuxième fois que je viens ici, on s'amuse comme autrefois, on se cherche un peu, on flirte légèrement, mais on n'a jamais rien réglé. Et ça me ronge de rester dans cette situation. Non pas que je lui pardonne ce qu'il m'a fait, mais c'est la première fois que ce genre de chose m'arrive. Après tout, Priam ne m'a jamais dragué, je n'ai jamais fait de même. Il a juste décidé de m'embrasser, j'y ai répondu, et voilà comment nous sommes sortis ensemble. Cette fois-ci, on s'amuse, on pense à autre chose qu'à nous deux, puisqu'il pense à lui et moi à ma propre personne.

     

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    Il m'a grillé.
    Son visage venait de se tourner vers le mien, et j'ouvris entièrement les yeux cette fois-ci. Il était immobile, ne disait rien, se contentait de me regarder. La télévision continuer de tourner, tel un bourdonnement sonore et je m'empressai de me lever pour aller la couper. Je me tins devant celle-ci, et transperçai Priam de mon regard.

     

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    _ Bon, je ne sais pas, mais fait quelque chose, c'est plutôt oppressant là comme situation, sérieusement.
    _ Pourquoi ce serait à moi de faire quelque chose ? Ce n'est pas moi qui t'ai repoussée et qui doit te pardonner ? Comment tu veux que je fasse quoi que ce soit ?
    Il se leva et fit un pas vers moi. Je continuai de le regarder.

     

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    _Parce que c'est toi qui viens vers moi à chaque fois peut-être ? Tu viens me chercher à la maison, tu me demandes de venir chez toi, tu me donnes rendez-vous au parc … La liste est longue comme ça.
    Je fis un pas en avant, les poings serrés le long de mon corps.
    _ Parce que tu serais venue de toi même peut-être ?
    Nouveau pas en avant de sa part.
    _ Pourquoi pas ?! Tu crois que je suis capable d'aucune volonté ?! Génial !

     

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    J'avançais encore. Je serrais encore. Je parlais plus fort, encore. On allait se disputer, encore.
    _ Pourquoi tu es venue alors si tu penses que je te force ?
    Il avança encore, il était tout près de moi, je sentais son souffle sur mon visage. Je le crispai, je montrais les dents, j'étais énervée de m'énerver contre lui, encore et encore, à croire que l'on ne s'entendra jamais.
    _ Je fais encore ce que je veux merde !
    _ Moi aussi !

     

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    Et sur ces deux mots prononcés avec hargne, il plaqua violemment sa main dans le creux de mon dos pour me coller à son torse. Il fondit avidement sur mon visage avant de m'embrasser à pleine bouche, n'y allant pas de main morte. Sa deuxième main était enserrée sur mon avant bras, dernier maillon pour m'empêcher de m'enfuir, de le frapper. Et comme s'il avait entendu le dernier mot de mes pensées, il avança son genou entre mes jambes, pour m'empêcher de m'en servir pour lui donner mon très célèbre coup de genou dans les parties.

     

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    Surprise, je ne savais plus quoi faire à sa réaction, quoi répondre. Et comme toujours quand je suis perdue dans ce genre de tourbillon émotionnel, mon corps répondit à ma place. Et mes bras s'enroulèrent autour de son cou. Ma bouche se fit encore plus avide sur la sienne. Mes pieds se dressèrent pour me rapprocher encore plus de lui, pour le sentir entièrement contre moi.
    Et comme une invitation à prolonger notre étreinte, il passa sa main sous mon tee-shirt dans mon dos. Poursuivant sur ma lancée, je lui retirai son haut. Il me regarda, j'avais le visage très certainement rouge, ma respiration était haletante, je sentais une goutter de sueur perler sur mon front mais qu'importe. À la place, il me prit dans ses bras, me soulevant du sol et m'aidant à enrouler mes jambes autour de son bassin.

     

    - 190 -

     


    Il s'approcha du mur contre lequel il m'appuya de la façon la plus douce possible, continuant de m'embrasser. Je n'avais aucune envie que ce moment s'arrête, j'eus espéré qu'il dure le plus longtemps possible, jamais je n'aurais espéré ce genre d'attention de la part d'un garçon … d'un homme. Mes mains se resserrèrent sur son dos, voulant qu'il continue, voulant l'empêcher de prendre la moindre pause qui pourrait me faire changer d'avis. Non, je voulais que tout cela continue indéfiniment.

     

    - 190 -

     

    Et cependant, il s'arrêta, et me regarda un instant, cherchant à reprendre sa respiration. J'eus un léger mouvement de panique à la moindre idée de ce qui pouvait se passer. Il glissa sa main le long de mon bras pour la loger sur mon cou, qu'il caressa tendrement. Je m'avançais vers lui, l'embrassait furtivement sur le bout des lèvres, et retirai mon tee-shirt aussi, voulant à tout prix qu'il reprenne ce qu'il avait commencé. Je le voulais, je le voulais, je le voulais. Je le voulais plus que tout autre chose. Et je savais que cette pensée était réciproque. Il déboutonna alors mon pantalon, déroula mes jambes de son bassin pour le faire tomber au sol.

     

    - 190 -


    Soudainement, dans cette tenue,je me sentais vulnérable, et je ne pus m'empêcher de rougir comme la lycéenne que j'étais. Je gardai mon regard fixe sur son torse, sa main caressa mon bras et il m'embrassa sur le front.
    _ Tu es sûre ? Me questionna-t-il.
    _ Promets quelque chose …
    _ Ce que tu voudras Mélie …
    _ On ne se cache plus.

     

    - 190 -


    J'appuyai ma demande du regard, et dans une telle situation, dans une telle tenue, il ne pouvait pas me refuser cette requête. Sa main remonta sur la joue, et il m'embrassa tendrement, et me murmura un léger « d'accord » au creux de mon oreille. J'enroulai mes bras autour de lui, pour cueillir cette journée qui nous appartenait pleinement.

     

    - 190 -


    La pluie accompagnait nos souffles saccadés, nos battements de cœur, le bruissement des draps. La pluie lavait tous mes malheurs, toutes mes rancunes, tout ce pourquoi je lui en voulais. Elle rinçait mon cœur de tous ces maux qui me faisaient tant mal, et pour la première fois depuis bien longtemps, j'avais pu dire adieu à mes angoisses.


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    Le mois de juin est finalement arrivé, avec ses grandes chaleurs, ses soirées en perspective, et par dessus tout, les examens de fin d'année. Et il faut avouer que même moi, je ne pouvais pas ne pas y passer. Me voilà donc là, nez dans mes bouquins alors que je viens à peine de mettre les pieds en dehors du lycée.
    _ Est-ce que je peux savoir pourquoi est-ce que c'est chez moi que tu as choisi de réviser ? Demanda mon hébergeur pour la fin d'après-midi.

     

    - 191 -

     

    _ Parce que toi, tu révises aussi, et donc tu ne m'embêteras pas.
    _ Raise aurait pu être à même de te prêter une table et une chaise.
    _ Il est à Saint Louis, je suis obligé de te rappeler combien de fois que Jade est née et qu'il préfère sa fille à sa nièce. C'est normal non ?

     

    - 191 -

     

    Et oui, j'ai une petite cousine, et je suis trop contente pour mon oncle d'ailleurs. Surtout qu'il m'a choisit pour être la marraine de sa dernière, donc ça me rend encore plus fière que tout ce que j'ai pu faire dans toute ma petite vie. Jade est née il y a deux semaines, et c'est une rouquine, à la plus grande joie de son papa, enfin quelque chose qu'il a réussit à transmettre à ses enfants. Donc, pour l'instant il est au chevet de sa petite famille, et m'envoie des photos régulièrement, pour me donner de leurs nouvelles, et également se renseigner sur ma petite vie tranquille.

     

    - 191 -

     

    _ Et je suppose que les hormones de future maman de ta chère et tendre mère t'empêchent aussi de travailler tranquillement, je me trompe ?
    _ C'est exactement ça. L'accouchement est prévu pendant mes examens, ça me rend chèvre. Je suis bien mieux ici, et chut j'ai dit, je travaille mon devoir.
    _ Je dis plus rien.

     

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    Un long silence, studieux bien sûr, s'installa entre nous, et discrètement, je me tournais vers la droite, pour y voir celui avec qui je sortais officiellement depuis deux mois en train de préparer du café.. Saint Priam.Je posai alors mon livre sur la table basse et le regardai. Il ne bougeait plus. Aurait-il remarqué mon regard insistant ? Il se ressaisit finalement, remplit deux mugs de café qu'il vint poser sur la table basse avant de s'asseoir à côté de moi.

     

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    _ Il y a un problème ? Me demanda-t-il en me regardant.
    _ Aucun, je me posai juste une question, lui dis-je en prenant le mug et en m'asseyant en tailleur sur le canapé.
    Il fit comme moi, en lâchant un profond soupir, et me regarda, quelque peu inquiet.

     

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    _ Je suppose que je n'ai pas le choix de l'écouter, et encore moins d'y répondre ?
    _ Exactement, fis-je en souriant. Mais je te rassure, ceci est une pure curiosité de ma part.
    _ Vas-y.
    Il soupira une deuxième fois et porta le mug à ses lèvres avant d'en boire une longue gorgée, que je lui laissai le temps d'avaler, ne voulant pas finir couverte de café comme dans les comédies romantiques. J'ai pas de vêtements de rechange ici en plus.
    _ Je voudrais savoir pourquoi tu étais aussi pressant juste avant que je te plaque ?

     

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    Et comme je m'y attendais, il écarquilla les yeux et manqua de s'étouffer avec sa salive. Heureusement que j'ai attendu un peu. Il resta comme ça un petit moment, et finalement se ressaisit, esquissa un petit rire derrière ses joues qui s'empourpraient.
    _ C'est une question piège ? Me demanda-t-il en toussant.
    _ En quoi elle serait un piège ? Je veux savoir, c'est tout. C'est un truc de mec de vouloir coucher avec une fille sans attendre la permission de celle-ci ? Je te jure, je suis juste curieuse. C'est pas comme si notre relation dépendait de ta réponse, au point où nous en sommes …

     

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    _ Tu es devenue plus mature, et je t'assure que c'est pas une question de coupe de cheveux.
    Je souriais, flattée, me joues durent rougir un peu elles aussi sous le coup, mais de mon regard, j'insistai pour qu'il continue. De nouveau, je bus une gorgée de mon café.
    _ C'était complètement ridicule comme raison, et j'en suis vraiment pas fier en plus, me dit-il.
    _ Mais je veux savoir, allez Priam, s'il te plaît.

     

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    _ J'étais jaloux d'Emilien, avoua-t-il finalement en baissant la tête.
    Cette annonce me fit d'abord l'effet d'un choc, que j'encaissais dans la seconde tellement c'était puéril, et je m'esclaffai de rire sous son nez, posant mon mug sur la table basse pour éviter d'en foutre partout. C'est vrai, je voyais mal comment Priam pouvait être jaloux d'Emilien.
    _ Te marre pas, c'est vraiment pas drôle, souffla-t-il en détournant le regard.
    _ Si, ça l'est. T'avais rien à craindre en plus.
    _ Et maintenant ?
    _ Encore moins ! Lui dis-je en grimpant sur ses genoux afin de m'y installer. Mais ça ne répond pas à ma question. Tu étais donc jaloux d'Emilien, donc tu t'es dit « vite, je dois coucher avec Mélie et je ne serais plus jaloux ! » ?

     

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    Il me regarda, blasé, ce qui me fit sourire.
    _ Tu crois quand même pas à cette conclusion complètement débile ? Je veux bien croire que mon raisonnement était totalement bête, mais il était un peu plus réfléchi.
    _ Développe, l'encourageai-je alors.
    _ Eh bien …
    Il se tritura les doigts, tout en évitant bien soigneusement de me regarder.

     

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    _ Je me disais que ça allait t'empêcher d'aller voir ailleurs, voilà.
    Il tourna franchement la tête, et je vis qu'il avait les oreilles rouges, ce qui me fit rire d'autant plus. Je lui attrapai le lobe, et tirait légèrement dessus pour qu'il tourne sa tête vers moi. Et il ne voulait visiblement pas se laisser faire le bougre, et insister ne fut franchement pas aisé.

     

    - 191 -

     

    _ Ok, ok … J'arrête de rire, c'est promis. Mais ton raisonnement était vraiment pourri, tu sais … Surtout que forcer les choses allait me faire déguerpir à la vitesse de l'éclair …
    _ Ouais, je sais que j'ai vraiment pas géré … mais je me suis excusé hein, alors on peut arrêter d'en parler.
    _ Ouais, on arrête.
    Je souris, l'embrassai furtivement sur la joue avant de descendre de ses genoux et d'empoigner mon livre de mathématiques pour essayer d'apprendre ses fichus théorèmes. Il ne dit rien de plus, se contenta de me regarder, au lieu de réviser pour ses propres examens, et pas besoin de le voir pour le savoir, j'avais une très bonne intuition dans ce domaine.

     

    - 191 -

     

    Ça ne tarda pas d'ailleurs, puisqu'il glissa sur mes genoux, et y resta sans me déranger pour autant, il avait l'air visiblement heureux de s'être installé ici, et je préférais l'y laisser, il ne m'embêtait pas, et j'appréciais ce contact, alors pourquoi s'en priver.
    _ Mélie ? Me demanda-t-il après plusieurs longues minutes durant lesquelles j'essayais en vain de mémoriser Thalès et autre Pythagore.
    _ Mmh ?

     

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    Je passai mes bras autour de son visage, le serrant contre moi doucement, comme on serrerait une peluche contre soi. J'en avais même abandonné mon ouvrage sur l'accoudoir.
    _ Je t'aime.
    Je me contentai de sourire, avant de glisser un timide moi aussi, heureuse de l'avoir auprès de moi, après toute cette galère pour retrouver le Priam de mon enfance.


  • ♫ Laura - Cerena y Nek

     

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    Laura non c'è, è andata via // Laura n'est pas là, elle est partie
    Laura non è più cosa mia. // Laura n'est plus à moi
    E te che sei qua,e mi chiedi perchè // Et toi qui est là, et qui me demandes pourquoi
    L'amo se niente più mi da. // Je l'aime si elle me donne plus rien

     

    - 192 -


    Mi manca da spezzare il fiato, // Elle réussit presque à me couper le souffle
    Fa male e non lo sa, // Ca fait mal et elle ne le sait pas
    Chè non mi è mai passata. // Qu'elle ne m'est jamais passée

     

    - 192 -

     

    Laura ne sait pas que j'existe,
    Elle se refuse, elle te résiste,
    Et tu m'entraînes encore là ou Laura te plaît,
    Je ne veux pas vivre d'un reflet.

     

    - 192 -


    Dans le jeu cruel de nos désirs,
    On s'accroche à des souvenirs,
    Mais un jour tu devras choisir.

     

    - 192 -

     

    Se vuoi ci amiamo adesso se vuoi // Si tu veux on s'aime maintenant, si tu veux
    Pero non è lo stesso tra di noi // Mais ce n'est pas pareil entre nous

     

    - 192 -

     

    Je n'ai que mon amour pour te guérir,
    Donne-moi ton coeur brûlé par le désir

     

    - 192 -

     

    Laura dov'è, mi manca sai, // Laura ou est-ce qu'elle est ? Elle me manque tu sais
    Magari c'è un altro accanto a lei. // Peut-être qu'il y en a un autre avec elle

     

    - 192 -

     

    Deux coeurs perdus, se sont trouvés,
    Malgré les blessures du passé.
    Les silences de ta vie derrière toi,
    Ce n'est pas à moi de les trahir.

     

    - 192 -

     

    E io cosi non c'è la faccio. // Et moi comme ça, je ne supporte plus
    Se vuoi ci amiamo adesso se vuoi, // Si tu veux, on s'aime maintenant, si tu veux
    Pero non è lo stesso tra di noi. // Mais ce n'est pas pareil entre nous

     

    - 192 -

     

    Je n'ai que mon amour pour te guérir,
    Donne-moi ton coeur brulé par le désir. 
    Pour Laura, tu donnerais le ciel,
    Et, pour moi, un peu de larmes.

     

    - 192 -

     

    Credo che sià logico, // Je crois que c'est logique
    Per quanto io provi a scappare lei c'è // Que bien que j'essaie de fuir, elle soit là
    Non vorrei che tu fossi un' emergenza, // Je ne voudrais pas que tu ne sois qu'une passade 
    Ne refusons pas notre avenir.
    Solo Laura è la mia coscienza. // Uniquement Laura et ma conscience

     

    - 192 -

     

    C'est un amour qui vient pour te guérir,
    J'ai vu ton coeur brûlé par le désir. 
    C'è ancora il suo riflesso tra me e te // Il y a encore son reflet entre moi et toi
    Mi dispiace ma non posso Laura c'è. // Désolé mais je ne peux pas, il y a Laura

     

     - 192 -

     

    Je n'ai que mon amour pour te guérir,
    J'ai vu ton coeur brûlé par le désir.

     

    - 192 -

     

    C'è ancora il suo riflesso tra me e te // Il y a encore son reflet entre moi et toi
    Mi dispiace ma non posso Laura c'è, Laura c'é. // Désolé mais je ne peux pas, il y a Laura, il y a Laura